Un écuyer exemplaire

 

Des tentures bariolées claquaient au vent, des pieux solidement enfoncés dans le sol calcaire maintenaient les toiles comme navires à leur quai contre les rafales. Malgré les intempéries, les chapiteaux fièrement dressés parsemaient le paysage de tâches vives, comme bourgeons printaniers bien en avance sur la saisonnalité. Une fourmilière humaine s'animait vigoureusement sur le flanc d'une colline rocailleuse. Chèvres et cochons regardaient depuis leur enclos, les petites mains d'une armée en marche aiguiser les couteaux qui les embrocheraient sous peu. Étalons de guerre, soigneusement brossés et décrottés, s'ébrouaient dans leurs abris de fortune. Des troufions malchanceux chargés du tour de garde courbaient l'échine sous les premières gouttes de pluie glacées. Dans les allées étroites, leurs souffles condensés se mêlaient à la chaleur des braseros. Au-dessus de leurs têtes, l'oriflamme du Grand Maréchal rayonnait sur le camp et veillait sur ce petit monde discipliné.

Assis sur une caisse renversée, Bulle de Savon voyait grandir à ses pieds un monticule d'épluchures de navets. Masque relevé sur son sourire figé, il délestait les légumes de leur peau rêche pour les faire cuire dans un chaudron bouillonnant. Commis à la corvée, il écoutait d'un air amusé son acolyte se plaindre de leur situation :

— À quoi sommes-nous réduits, Savonnette ? De roi des Ténèbres me voilà rétrogradé à la portion congrue, écuyer d'une Justicière ! Elle s'est bien payé ma poire mais, Parole de Fil, mon obscur éclat éblouira bientôt ce monde aveuglé !

Bulle de Savon répétait comme un automate son geste précis. Les pelures s'accumulaient proportionnellement à l'agacement de son partenaire. Minutieux et taquin, il murmura derrière son cuir :

— Cher écuyer, si votre maîtresse vous laisse beaucoup de temps libre, voyez que, pauvre marmiton que je suis, je n'ai pas votre chance. Si l'envie vous prend, tenez ce couteau et montrez-moi la souplesse de votre poignet.

— Savonnette ! Tu es irrécupérable !

Fil s'empara d'une carotte épluchée et la croqua. La bouche pleine et l'irritation dans le verbe, il ressassa les événements incriminés qui avaient suivi leur excursion dans le port de Manidres :

— Le paternel de l'Auguste dormeur piétine avec sa cavalerie les restes de mon œuvre démoniaque. Il s'accapare les honneurs et la gloire de ma victoire ! Dis-moi Savonnette, cette spoliation indigne peut-elle rester sans réponse de notre part ? Grand Maréchal ou Petit ferrailleur, nul ne doit égratigner la splendeur du roi d'Outremonde !

Bulle de Savon lança un nouveau légume dans l'eau et se saisit d'une botte de carottes sableuses. Son souffle obstrué répondit à ce récit entendu pour la dixième fois depuis la veille. Pour la dixième fois également, il posa la même question :

— Pourquoi avoir laissé la Justicière ouvrir les portes de Manidres au Maréchal si Fil le merveilleux maîtrisait pleinement les politesses avec les guerriers de l'Émissaire ?

Un nouveau grognement introduisit la réponse d'un Fil bougon :

— Quand l'Gamin ne roupille pas, il bave devant les longs cils et la poitrine pommelée de cette pie-grièche d’Ombelyne. La mijaurée a distillé son venin nauséabond et l'a enrobé des parfums de l'amour pubère ; le pire des arsenics. Au beau milieu de la bataille, alors que des milliers de guerriers de l’Empereur ravageaient la ville, il n’a pas voulu la quitter ! Avec la pimbêche dans les pattes, on était condamnés ; un millier des guerriers de l'Empire ravageait encore la ville haute.

Bulle contint un rire face à l’absence de réponse de Fil. Les gouttes de pluie tapotaient la toile tendue. La vapeur de la cuisson, en plus de diffuser ses aromates, réchauffait les deux compères. Le petit bonhomme se permit de relancer son ami sur le sujet :

— Serait-ce l'attitude de Krone qui démangerait notre roi guerrier ou la gloire volée par le Grand Maréchal ?

— Ma horde se disloque sous mes yeux ! La sœurette n'est pas mieux. Entendant les sabots de son père à l'horizon, sa fidélité filiale a achevé notre supériorité numérique ! Que pouvais-je faire d'autre, mon armée amputée de la moitié de ses forces ? Ça me coûte de le reconnaître mais, sans l'arrivée du Grand Maréchal, la ville aurait été perdue.

Fil cracha par terre son dédain en même temps qu'un bout de carotte mal lavé. Sa langue engourdie par le sable, il s'empressa d'attraper une outre dans laquelle il but abondamment. Les yeux pétillants de Bulle de Savon n'échappèrent pas à son attention :

— À quoi penses-tu malicieux garnement ? Est-ce ma nouvelle tunique qui émoustille ta jovialité ?

— Non, Marquis déchu. Mais reconnaissez que grâce à la sœurette et à sa proposition, tu te retrouves dans une armée plus puissante que jamais.

— Tu parles d'une proposition, j'la qualifie d'escroquerie ! Elle ne nous livre pas à la Justice le temps de l'invasion car nos Dons lui sont utiles. Là encore, la contrainte a forcé ma résignation. L'Gamin ne voulait plus la quitter. Une donzelle n'était pas suffisante, fallait-il qu'il s'encombre d'une seconde. Qu'aurais-je dû faire ? Partir sans lui ? Notre véritable identité est préservée, certes. La Justicière nous surveille, nous garde sous la main et se sert de nous. Quand viendra l'heure des grandes batailles, marmiton et écuyer deviendront ses meilleures armes.

Pour la première fois, Bulle de Savon fit une pause dans sa corvée pour appuyer davantage ses propos :

— Je le répète : te voilà en possession d'une armée digne de ce nom.

— En simple troufion ? Depuis quand un écuyer peut se targuer de commander un bataillon ! J’suis condamné à servir dans les forces du Parakoï, pour le protéger lui et son œuvre écœurante : quelle ineptie !

Le couteau aiguisé reprit son va-et-vient. Des bulles débordèrent du chaudron trop rempli. Fil s'étira bruyamment et allongea ses jambes sur les caisses de légumes encore terreux. Bulle de Savon aussi calme que Fil était contrarié, éclaira leur situation sous une lumière nouvelle :

— Ne voulais-tu pas te cacher dans l'antre du loup en intégrant la cour de Bassus ? Là, tu seras les crocs de ce prédateur, implanté dans le cœur même de la bête que tu veux abattre. Pouvais-tu rêver meilleure voie ?

— En étant l'écuyer de celle qui m'a hypothétiquement assassiné ? J'espérais mieux comme galon ! Pouvait-elle au moins me faire lieutenant avec des troupes sous mon commandement ! Tu fais un merveilleux marmiton très discret, j'aurais été un général de qualité !

— Bien qu'elle soit Justicière, elle ne peut promouvoir un inconnu à un tel rang dans l'ost du Grand Maréchal. Ces prérogatives, toute fille dévouée qu’elle est, sont de l'apanage unique du paternel Clarens. Elle a pu tous nous intégrer sans nous dévoiler, soyons satisfaits de cette immersion réussie. Qui de la Justicière ou qui du roi d'Outremonde sort grandi sur le chemin de leurs ambitions ? Bassus et sa cour partis en fumée, le Marquis se retrouvait dans une impasse. Sous les traits de l'écuyer, le roi d'Outremonde réussit son entrée. Qui peut imaginer que le prince des démons se cache derrière l'éplucheur compulsif ?

— J'sais bien Savonnette ! Si je n’suis qu'un sous-fifre, j'n'ai rien perdu de mon génie ! Nous ne pouvions rêver meilleure couverture avec en prime, l'adoubement d'une Justicière en personne. Quoi de plus naturel à ce qu'un jour simple écuyer devienne le plus grand des chevaliers ? En espérant que l'Gamin retrouve son bon sens et que ne lui vienne à l'esprit l'envie de se confronter à ce père aimant.

Soudain, le nouvel écuyer de la Justicière étira ses bras engourdis. Il se leva d'un bond particulièrement enjoué. Sa mauvaise humeur chassée par une perspective heureuse, il salua Bulle le marmiton. Il prit congé avec des mots légers :

— J'te laisse à tes racines Savonnette. J'ai cru apercevoir une tablée d'inconscients taper le carton et lancer les dés.

 Fil écarta la voilure, unit sa carrure ramassée au vent et à la pluie. Un forgeron martelait des fers encore rouges. Le tintement si particulier du marteau sur l'enclume s'invita dans les allées du campement, pouls d'acier dans un organisme vivant. Deux jeunes, sortis tout juste de l'adolescence, s'appropriaient des armes qu'ils n'avaient certainement jamais touché de leur courte vie. Les coups d'estoc maladroits et les postures improvisées révélaient leur inexpérience. Une semaine plus tôt ils avaient troqué leur fourche pour une épée de mauvais acier ; tomberaient-ils en première ligne comme vulgaires bûches sous des coups de hache expérimentés. La solde devait valoir le sacrifice. Fil eut de la peine pour ces deux gamins pris dans un tourbillon si immense qu'ils n'en voyaient que l’œil calme.

L'écuyer se laissa guider par le tumulte joyeux émanant d'une tente à l'orée du camp. Toute cette naïveté ambiante s'envolerait bientôt sur le champ de bataille des vertueux.

 

***

Sous la tente, coincé sur un banc entre deux colosses impressionnants, une jeune recrue, aussi frêle qu'arbrisseau nouveau, peinait à bouger ses bras. Pourtant, dans cette position inconfortable Théodult Gantus se sentait invincible. Ses deux gardes du corps ne le lâchaient pas d'une semelle. Leurs ombres terrifiantes tenaient à distance tout opportun qui oserait s'approcher du respecté Général Gantus. Dans son combat contre l'armée du maléfique Famine, la plume bleue qu'il avait piquée à son pourpoint s'était révélée être un artefact magique de piètre qualité. Quand le Parakoï s'était présenté en personne dans sa villégiature pour le supplier d'intégrer à nouveau ses rangs, son cœur, sensible au désespoir du plus Grand des hommes, avait capitulé. Le ventre gargouillant de Théodult l'avait convaincu de répondre à l'appel aux armes du Grand Maréchal. L'armée avait l'avantage de remplir les ventres. Ainsi, dans une bataille épique, entre daube et navets en soupe, Général Gantus avait pu défaire le terrible Famine. Finie la rancœur envers le Parakoï. Sa fille, à nouveau promise, enchantait le plus accompli des guerriers. Entouré de soldats prêts à donner leur vie pour le servir, Général Gantus revivait.

— Pousse-toi moucheron. C'est pas pour les enfants ici.

— Oui m'sieur.

Théodult céda sa place, la tête basse. Les deux colosses s'écartèrent sous les rires de l'assemblée pour que l'invité profitât de la tablée généreuse. Général Gantus appréciait la bonne entente de son ost. La convivialité se muerait en solidarité quand les heures sombres s'imposeraient. La survie de ses troupes dépendait de ces liens qui se tissaient dans ces banquets débordants. Général Gantus décida de se retirer dans ses appartements privés, laissant ses subalternes aux joies simples des festivités. Qui sait, le Parakoï aurait peut-être envoyé une récompense à consommer. La chaleur d'un corps contre le blizzard du mage fou ne serait pas du superflu. Avant ce réconfort mérité, Général Gantus voulait profiter d'un plaisir bien personnel.

Promu Général depuis peu, le vétéran Gantus jouissait de privilèges exclusifs. Ainsi, Théodult approcha de son poste réservé et, devant une bassine remplie de vaisselle diverse, il reprit la plonge qu'il avait momentanément délaissée.

La première écuelle de bois prise dans les mains de Théodult brillait d'éclats merveilleux dans les yeux du Général Gantus. Les restes de légumes encore collés sur le fond, comme des diamants étincelants, accrochaient son œil pétillant. Gobelets, cuillères et cruches dans sa main chanceuse devenaient calices d'or, broches en argent et vases en porcelaine. Quel honneur était-ce de se voir confier ces trésors fabuleux, ces prises de guerre. La confiance que le Parakoï lui témoignait l'emplissait d'une reconnaissance sincère.

— Moi ? Tricher ? Grand nigaud ! Ta bêtise est plus grosse que toi ! Elle t'empêche de contempler le génie des jeux qui se dresse devant toi ! Relance le dé, Parole d'écuyer exemplaire, j'mise une bourse pleine que tu r'tombes sur le point unique. En prime, j't'offre un dîner en tête à tête avec la nouvelle scribe de ma maîtresse, une demoiselle à un grand esprit que tu apprécieras vu l'imbécilité qui vous unit.

Théodult émergea de son monde fantasmé, ramené à la surface des réalités par cette voix énergique. Habitué au grabuge des échanges soldatesques, il n'en fut pas moins étonné. Des insultes, mêmes soufflées dans des vapeurs alcoolisées, désertaient habituellement les camps militaires disciplinés. Car pareille provocation dans un univers d'hommes en armes, débouchait inexorablement dans des débats où les poings remplaçaient les langues. Théodult s'inquiétait des conséquences d'un tel échange. Il ne voulait pas se retrouver embarquer dans les remous d'une bagarre générale où il risquait de se prendre un mauvais coup par mégarde. Général Gantus, lui, voyait dans cette rébellion à venir, une occasion d'éprouver ses hommes, leur fidélité et leur qualité au combat. Il resterait tout de même à l'écart pour superviser ces jeux d'arènes, où chacun voudrait briller devant son illustre image.

Courageusement donc, une écuelle toujours à la main, Théodult prit la tangente en espérant que sa sortie passât inaperçue pendant que les insultes fusaient bon train.

Soudain, par un maléfice bien trop réel, la gamelle lui échappa des mains et vola à travers la salle. Dans un bruit bien trop audible, elle percuta un des deux colosses à la tempe. Le projectile vola en éclats. Le colosse, plus abasourdi qu'étourdi, tourna la tête vers le responsable d'un tel outrage. Théodult resta pétrifié devant la masse imposante qui se levait. Gantus, lui, l'avait abandonné lâchement. Le sol tremblait sous le pas terrible du colosse. À moins que ce ne fût la peur qui le faisait chevroter de la tête aux pieds. Ses fantasmes héroïques prenaient une consistance bien trop dangereuse. Nul besoin de travestir la réalité, la bête qui marchait sur lui était bien plus terrifiante que son imagination fertile pouvait concevoir. Les poings crispés par la colère valaient chacun une massue. Les épaules surdimensionnées rivalisaient avec celle d'un taureau. Le gringalet devait affronter le géant. La brindille devait abattre le chêne.

— Comment oses-tu vaurien ?

Sa seule personne pour unique soutien et les regards ahuris en témoins, Théodult ne parvint pas à balbutier une défense inutile. L’assemblée retenait son souffle. Malgré la compassion silencieuse de certains, tous attendaient, sourires en coin, le pugilat, le massacre.

L'ombre avançait vers Théodult jusqu'à ce que la tente, malgré le grand jour, lui semblât plongée dans le noir.

— Hey l'butor ! Est-ce ton échappatoire ? T'en prendre à un foutriquet au moment de vider ta bourse ? J'en ai connu des dérobades mais celle-là est digne du roi des pleutres.

Dans l'assistance, les murmures catastrophés complétèrent les regards ahuris. Le colosse s'arrêta. Sans se retourner, les veines du front gonflées, il grogna sèchement :

— Sois patient. Ton dû arrive. J'ai beaucoup à donner. Bien assez pour le maigrichon et le rondouillard.

Dans un réflexe pitoyable, Théodult leva les mains pour se protéger le visage, comme si les deux brindilles qui lui servaient de bras pouvaient encaisser la force rageuse du mastodonte. Dans un cri pathétique, il ferma les yeux et attendit le choc. Théodult pria pour une mort indolore. Son vœu, pensa-t-il, s'exauça car il ne sentit rien. Le passage dans ce sommeil éternel n’était pas aussi terrible que la croyance populaire l'entendait.

Théodult se risqua à ouvrir un œil pour découvrir ce nouveau royaume à explorer.

Le colosse avait les bras levés au-dessus de la tête. Une grimace de douleur lui déformait le visage. Son index, tordu en un angle surnaturel virait au violacé comme si un garrot invisible tenaillait la dernière phalange martyrisée et coupait sa circulation sanguine. Théodult resta pantois devant ce prodige, il n’était même pas mort. Général Gantus revint alors en soutien dans ce duel épique en même temps qu'un espoir de victoire. Si un ogre menaçait de dévorer les marmots d'un village démuni, son honneur l'obligeait à combattre, à terrasser le monstre.

Le bout du doigt du colosse devint alors noir. Il se pliait, comme attiré en arrière par une attraction irrésistible. Le mangeur d'enfants hurlait ; un craquement acheva la fougue bagarreuse du colosse. L'index pendouillait anormalement de la poigne phénoménale. Théodult, comme toute l'assistance, ne saisissait l'origine de ce mal. Général Gantus, quant à lui, comprit que l'ogre ployait sous la force de son aura merveilleuse.

Le colosse tomba à genoux. Devant ce triomphe, le Général Gantus outrepassa son univers vaporeux et s'immisça dans le monde des décisions concrètes de Théodult. Il observa le monstre blessé au sol. La voix de stentor du Général résonna dans l'esprit de Théodult, mais ce fut bien un filet timide qui sortit de la gorge tremblotante du jeune homme :

— Ne t'avise plus de me provoquer.

La stupéfaction générale qu'engendra cette menace improbable signa le début de la légende du commis à la plonge. Le quiproquo ne fut pas levé par le seul détenteur du secret de ce miracle. Le rondouillard, toujours à sa table de jeux, figé comme un bloc de granit, murmura simplement pour lui-même :

— J'l'aime bien ce p'tit.

 

Fil sortit. Le friselis du vent succéda aux borborygmes qui emplissaient la tente aux miracles. De ses lancés de dés, il ne récolta que de petites pièces et un grand antagonisme avec le colosse. Humilié par le petit plongeur, il déverserait son courroux sur le provocateur qu'il avait été. Fil ne s'en inquiétait guère. Confronté au souffle glacé, il réservait ses pensées pour le défunt cocher.

La sépulture qu'il lui avait offerte n'était pas digne de son sacrifice. Une âme de plus rejoignait son épaule. Elle l'épierait depuis un autre monde pour peser sur sa conscience. Après le travailleur des champs envoyé au gibet à cause de son impulsivité, les nombreux innocents envolés dans l'incendie de Myr, la Dame, son protégé et bien d'autres encore, le cocher rejoignait la longue procession mortuaire dont il était responsable. Enterré à la hâte au pied du cerisier hivernal, Fil n’avait pu lui rendre un hommage à la hauteur de la confiance que le jeune éprouvé lui avait portée.

Combien de plumes bleues subiraient le même sort, galvanisées par ses discours appelant à la révolte ? Toutes ces morts, il en était en partie responsable. Quand la nuit invitait à une introspection morale, son âme sanglotait. Après hommes et femmes, mêmes les bêtes les plus fidèles subissaient, à son contact, un sort non moins enviable comme Joyeuse et sa crinière en cascade, brutalement abattue. Il se réconforta alors en pensant aux magnifiques chevaux attelés au carrosse du Marquis, indignement abandonnés. Ces étalons, de belle race, incompatibles avec son nouveau statut d'écuyer, avaient trouvé cependant bon accueil dans le haras du Grand Maréchal, trop heureux de mettre la main sur ces spécimens que personne ne réclamait. Cette fin acceptable ne compensait pas tous les malheurs qu'il laissait dans ses pas. Fil le Nécromancien devenait à mesure que le temps passait, Fil le semeur de morts. Ses pérégrinations et ses idéaux en point de mire renversaient l'innocence dans des ultimes sacrifices. Il en connaissait le prix ; payé par autrui, il en devenait particulièrement douloureux.

Ses pas funestes le traînèrent jusqu'à la tente de la Justicière, grande toile mauve surmontée de l'étendard au glaive de Justice. En raison du rang de son occupante, elle se tenait à l'écart du camp. Cette distance désirée par Velya révélait l'état de la relation des moins chaleureuses qui unissait le père et la fille. Au moins Krone, s'il passait les voir, ne risquait pas de croiser inopinément le Grand Maréchal.

En écuyer exemplaire, Fil avait posé son ballot et ses maigres possessions à proximité de la tente de sa maîtresse. Un piquet vertical soutenait une toile tendue qui lui offrait un abri précaire contre la pluie et le vent. Pour le peu qu’il en avait joui, le confort du Marquis appartenait à un passé révolu. Le sol pour couche authentique ravivait des douleurs dorsales depuis quelques temps oubliées. Ces conditions importaient peu au maraudeur invétéré qu'il était, il en avait connues des plus rudes. En revanche, savoir que la Demoiselle de Pastelbour partageait le confort agréable de la tente de la Justicière, deux toises plus loin, agaçait son orgueil.

La Justicière avait proposé à la jeune fille de retourner chez son père, innocentée de toutes les charges qui pesaient sur elle. Pourtant, elle avait rejeté l'offre d'un bloc. Sa réputation, en l'état, était irrécupérable. La catastrophe qu’avait été la soirée du Seigneur de Pierrelevée et le rapt organisé par les démons dont elle avait été la victime alimentaient les discussions et les moqueries dans les beaux salons et les tavernes rustiques. Derrière ce refus compréhensible, Fil la soupçonnait, comme depuis toujours, de manigancer pour ses ambitions personnelles et vénales. Sur demande de son frère, Velya avait envisagé l'infortunée comme scribe. Elle jouissait depuis quelques jours d'une aisance des plus acceptables et du malin plaisir d'observer ce Marquis si souvent désagréable, vivre en misérable.

Au moment où Fil passa devant la tente de la Justicière, Ombelyne en sortait, vêtue d'une pèlerine en toile épaisse doublée d'une fourrure de martres. Fil s'étonna de voir la Demoiselle s'aventurer à l’extérieur par un temps si maussade. Il s'apprêtait à lancer un aiguillon camouflé derrière une politesse quand il aperçut, entre deux voiles, Krone à l'intérieur de la tente. Fil se ravisa et ravala son mot bien choisi. S'il s'était engagé à ne plus tourmenter la jeune demoiselle, du moins en présence de Krone, Fil n'escomptait pas simuler une amitié impossible. Il feignit de l'avoir vue et passa devant elle, sans un mot. Il s'assit sur sa toile de jute, s'emmitoufla dans l'épaisseur de sa couverture et contempla la pluie tomber en compagnie de ses ruminations.

Les gouttes clapotaient sur des roches polies par des averses ancestrales. Des filets sinuaient dans le sens de la pente entre des cailloux pour se perdre au loin, dans une aventure mémorable. Là, seul sous sa toile, Fil espérait que cette eau lave la peine qu'il sentait poindre en lui. Apercevoir le jeune homme dans la tente de la Justicière piqua des craintes inavouées. Que faisait-il là-bas ? Il aurait voulu qu'il soit là, avec lui, sous cette toile qui menaçait à tout instant de s'effondrer sur son crâne vieillissant. Que pesaient donc leurs quinze années partagées ? Apparemment pas grand chose comparé à ces deux dames et les quelques journées passées à leurs côtés. Ce lien qu'il croyait indéfectible, patiemment construit depuis cette nuit où Krone s'était imposé dans sa vie, s'effilocherait-il ? Romprait-il ? Un petit minois, des battements de cils charmeurs et une sœur retrouvée les éloigneraient-ils l'un de l'autre ? Cela commençait toujours par des moments partagés qui le devenaient moins et finalement, plus du tout. Peut-être cela prendrait-il des semaines, des mois mais inévitablement, le fil se casserait. Un fils s'émancipait toujours de son père. Un fils quittait inexorablement un jour la maisonnée. En de rares occasions, il visiterait le paternel meurtri puis, années après années, le vieux débris finirait par compter sur les doigts d'une main les manifestations de son gamin. La pluie tombait. Son cœur pleurait.

Était-ce le début de la fin de leurs magouilles et de leur compagnonnage ? La solitude, cet ennemi qui sapait lentement, mais sûrement, le plus robuste des hommes, investissait-elle son nouveau champ de bataille jusqu'à ce que la mort inéluctable parachevât son œuvre ? Le petit morveux qui s'était jeté sur ses jambes, quinze années auparavant, et qui semblait s'être accroché à lui comme à une bouée en pleine mer, le lâcherait-il pour l'abandonner, lui, dans le flot des turpitudes de la vie ? Derrière son caractère bravache, sa faiblesse vibrait, petit carillon sensible. Le branle menaçait. Ses craintes accouchaient certainement de fabulations. Ce doute profondément enraciné ne demandait qu'à grandir, qu'à l'asphyxier.

Une ombre apparut alors derrière le rideau d'eau et prit une forme plus consistante à mesure qu'elle approchait. Fil connaissait cette silhouette par cœur pour l'avoir vue grandir d'hivers en étés, de fièvres bénignes en estafilades profondes. Marmot éternel à ses yeux, un homme accompli se présentait à lui avec deux gobelets à la main. Plus que l'odeur du vin chaud qui s'en dégageait, cette vision le réconforta. Fil saisit un récipient et grommela un remerciement. Krone s'assit à côté de son aîné. Il soupira :

— Permets-tu ? Je n'ai jamais été friand des baraquements collectifs.

— Puisque ton derrière est déjà posé dans ma suite royale, j't'en prie.

Fil sentit un poids s'envoler. Sa crainte en sourdine l'autorisa à profiter de cet instant privilégié. Ce silence apaisant qui les avait accompagné sur les routes des Trois pays, s'invita sous la toile. Entre deux gorgées, sous le tambourinement de la pluie, Krone interrogea son compagnon :

— Sommes-nous obligés à tout cela ? Intégrer l'armée de notre ennemi était si indispensable ? Je me sentais tellement mieux à vadrouiller à travers la campagne en ta compagnie.

Aucun autre mot n'aurait pu soulager davantage le vieux briscard. Il réchauffa ses mains marquées par une vie d'errance contre le gobelet et savoura sa félicité. Un haussement d'épaules introduisit sa réponse :

— Et si à la fin de toute cette tambouse, nous nous posions enfin ? Un chez nous. Un vrai.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Syanelys
Posté le 06/05/2023
Hey Clem' !

Beaucoup d'ascenceurs sociaux dans ton chapitre. Si tu souhaitais un lecteur qui se moque allègrement de Fil, je vais te servir ! L'écuyer rondouillard dont le nouveau meilleur ami se nomme Théodult ? C'est juste parfait ! Il ne pouvait pas tomber plus bas en rencontrant ta version de JD !

Après le chapitre du regard extérieur, j'ai bien aimé ta façon d'agencer les pièces de puzzles pour caler l'arrivée du Grand Maréchal après la déferlante démoniaque sur Manidres. C'est plaisant de se mettre à jour via un dialogue.

J'aurais aimé que la Justicière fasse une petite apparition pour me sortir de l'overdose de Fil, mais une fois de plus tu adores trop ton perso. J'ai essayé alors de suivre sa logique, de me mettre à sa place et je t'avoue que j'ai eu du mal à passer du roi frustré au gros sentimental.

S'il songeait vraiment présenter ses hommages à l'écuyer, pourquoi ne l'a-t-il pas nommé une seule fois par son prénom ? Ca sonnait faux du coup et ça m'a sorti un peu de ma lecture quand il passe en mode introspection concernant Krone. Au lieu de s'inquiéter de sa nouvelle vie, il va d'un coup retirer la confiance placée en lui au nom de deux jolies filles lui ayant fait tourné la tête. J'ai trouvé ce passage un peu creux, trop survolé par rapport au début de ton excellent chapitre.

C'est peut-être une volonté souhaitée, un petit écart dans les pensées du Fil mais je l'ai vécu comme une diversion hasardeuse pour qu'on oublie un peu le changement de statut de Krone. Son père est là, il vit avec sa soeur. Et au niveau du camp, sachant que la Justicière prend une grande distance avec les autres soldats, cela ne choque personne ?

Je veux dire : aucune rumeur, aucune interrogation sur ce jeune homme sorti de nulle part qui ressemble potentiellement à son géniteur ? Un amant trouvé dans les décombres de Manidres ?

Voilà pourquoi j'ai eu du mal à accrocher la transition entre la nostalgie de père du Fil et... l'appréciation du lecteur sur ce qu'est devenu Krone. À nous de trouver ? :p

En tout cas, hâte de lire la suite des aventures de Velya et d'Ombelyne :)

Petite coquille sinon : Avec la pimbêche dans les pattes, on était condamné ; un millier des guerriers de l'Empire ravageait encore la ville haute. -> le pronom "on" est ici un référent déterminé, un "nous" donc il faut marquer l'accord :)
ClementNobrad
Posté le 07/05/2023
Coucou !

Oui le retour de Théodult est assez réussi je pense ! A l'avenir, quand j'écrirai la suite - hmmm - je pense faire de lui un personnage récurrent, et pourquoi pas un nouveau membre du trio infernal. Sa vision des choses pourrait être rigolote à retranscrire. Du moins, je pense ^^

Pour la Justicière, promis, elle aura un chapitre rien que pour elle (dans deux chapitres) mais il est vrai que j'ai du mal à me détacher de Fil, définitivement ça restera mon chouchou. J'espère arriver à te le rendre plus sympathique pour la suite, ça sera ma mission !

"Au lieu de s'inquiéter de sa nouvelle vie, il va d'un coup retirer la confiance placée en lui au nom de deux jolies filles lui ayant fait tourné la tête. J'ai trouvé ce passage un peu creux, trop survolé par rapport au début de ton excellent chapitre." > J'ai voulu retranscrire une inquiétude de Fil, qu'elle soit censée ou non. Il voit Krone se détacher de plus en plus (depuis qu'Ombelyne a fait son coup du placard) et le voir comme ça, dans les pattes de sa soeur et d'Ombelyne, forcément, il a un doute. Alors est-ce un doute fondé ou non... Je pense qu'on peut se poser la question en tant que lecteur, et lui en tant que personnage attaché à Krone, c'est normal qu'il cogite comme ça. Du moins, c'est ce que je pense :)

"Et au niveau du camp, sachant que la Justicière prend une grande distance avec les autres soldats, cela ne choque personne ?" C'est une Première Justicière, personne n'est en mesure de se poser des questions sur ce qu'elle fait et pourquoi elle est à l'écart du camp. Vu qu'elle a son père en horreur (là encore tu le verras dans deux chapitres) il y a rien d'étonnant à ce qu'elle se tienne à l'écart.

"Je veux dire : aucune rumeur, aucune interrogation sur ce jeune homme sorti de nulle part qui ressemble potentiellement à son géniteur ? Un amant trouvé dans les décombres de Manidres ?" > Ma réponse sera un peu similaire, la première Justicière fait ce qu'elle veut, personne n'oserait s'interroger sur ce que fait une Première Justicière. Puis Krone, est un simple soldat. Tout le monde n'est pas en train de regarder tout le monde en détail. Le Maréchal à lever son ost et recruté tous les volontaires qui le voulait (en témoigne l'arrivée de Théodult dans l'armée) Krone n'est qu'un "troufion" lambda sorti de sa cambrousse... Bon c'est trop tiré par les cheveux ?

Merci pour les coquilles, j'essaie de les corriger de suite !
Camille Octavie
Posté le 30/03/2023
Bonjour :)

Je trouve ce chapitre intéressant et bien écrit mais j'ai quelques interrogations qui rejoignent d'autres commentaires ^^'

> On sent qu'il y a une bascule d'objectif, pour moi ce n'est pas forcément "opposé" à leur attitude des chapitres d'avant, mais ça mériterait d'être un peu plus explicité. En l'état, je me suis dit "ah ben oui, les héros vont participer à la guerre, normal, mais pourquoi tout ce début en mode brigands "? est-ce encore pour se rapprocher du Parakoi et le faire tomber ? est-ce pour "sauver la chine", toute politique mise temporairement de côté par la situation ?

> Je ressens la peine de Fil comme un effet "goutte d'eau qui fait déborder le vase" : la mort du cocher (qui n'est pas à cause de Fil, d'ailleurs, mais je comprends qu'ils s'en sente responsable) vient révéler toutes les autres. Si c'est la façon dont tu souhaitais l'aborder, je pense que tu gagnerais à l'introduire littéralement comme ça. Là, comme jusqu'à présent il était en mode "je suis responsable mais je considère que c'est un sacrifice nécessaire, je l'assume", on ne voit pas bien pourquoi, maintenant, il n'assume plus. Ou alors, avec le début d'une guerre longue, il est percuté par l'impression que toutes ces morts, finalement, ne serviront pas ?

> Sous quelle identité Krone a-t-il été caché ? On peut imaginer qu'il ressemble à son père, des généraux pourraient le remarquer. Pourquoi Fil est-il surpris de le voir dans la tente s'il est aussi caché dans le camp ? Tu as décrit les couvertures de tout le monde sauf lui du coup ça donne l'impression d'un oubli ^^'
ClementNobrad
Posté le 30/03/2023
Coucou !

""ah ben oui, les héros vont participer à la guerre, normal, mais pourquoi tout ce début en mode brigands"?"

> Tout simplement car au début de l'histoire la guerre et l'invasion n'avaient pas encore débutées. Le trio a adapté ses "plans" en fonction de l'évolution de la situation dans les Trois pays. Ce qui manque en effet, j'en ai conscience, c'est une première tentative de Fil depuis tout ce temps pour essayer de se venger de Loren. Raconté comme ça, on a l'impression qu'il n'a jamais tenté sa chance alors que ça fait 30 ans qu'il est sur les routes... Tout arrive maintenant, sa volonté de renverser le ParakoÏ et celui d'enfin assouvir sa vengeance sur Loren....

Tu as parfaitement raison pour l'effet "goutte d'eau". Je pense qu'il y a encore cette incohérence sur le caractère de Fil, qui en avait un peu rien à faire des morts il y a quelques chapitres et qui, d'un coup, se met à culpabiliser. Faudra que je revois ça en effet....

Krone est un simple "soldat" dans l'armée. Il n'a pas d'autres couvertures. Je n'avais pas pensé à cet aspect "ressemblance éventuelle avec le père"... C'est vrai que ça peut être une limite à sa discrétion, faudra là aussi que je réfléchisse à quelque chose pour répondre à cette limite...

Merci beaucoup pour tout tes commentaires ! J'ai conscience que mon texte a des lacunes ! ;D Mais c'est toujours agréable d'avoir des retours, même pour pointer ce qui ne va pas :)
Camille Octavie
Posté le 30/03/2023
Mais de rien, et par ailleurs, ton texte est déjà très abouti :D
Je devrais le souligner plus souvent ^^
Peridotite
Posté le 06/03/2023
Coucou Clément,

Je ne comprends pas bien ce que fait le trio dans l’armée du Parakoi à présent. Pour moi, ça va à l’opposé de leur objectif de tout le roman.

Je n’ai pas bien saisi pourquoi Fil ressent soudain du remord pour tous ses meurtres. Aucun évènement ne vient l’expliquer, ni une évolution personnelle plus lente. Je trouve que ça tombe un peu comme un cheveux sur la soupe.

Par contre, j’ai bien aimé sa jalousie envers Krone, sa peur qu’il grandisse et le délaisse pour prendre femme.

Je me demande ce que tu nous réserves. Depuis quelques chapitres, on s’écarte complètement de l’objectif du trio. Vont-ils enfin réaliser que réaliser des attentats et tuer à tout va n’est pas la solution ? Vont-ils se ranger si facilement aux côtés du Parakoi ?

Mes notes de lecture :

« par le tumulte joyeux émanent d'une tente »
> « émanant » ?

« Toute cette naïveté ambiante s'envolerait bientôt sur le champ de bataille des vertueux, comme du jeu. »
> « comme du jeu » ? Comment ça ?

J’ai pas bien saisi où tu veux nous emmener avec cette histoire du commis sauvé par Fil. Pourquoi caser ça ici ? Perso, ça ne m’a pas hyper intéressée.

« à la hauteur de la confiance que le jeune éprouvé lui avait portée. »
> Il lui faisait tellement confiance ? On l’a à peine vu ce cocher. Et il a essayé de se faire la malle une fois. Donc je ne suis pas sûr qu’un lien indéfectible les unisse.

« Toutes ces morts, il en était en partie responsable. »
> Comment ça se fait qu’il pense ça maintenant ? Ça fait tout le roman qu’il s’en fiche. Et aucun élément ne l’a amené à de tels sentiments ?

« Ses pérégrinations et ses idéaux en point de mire renversaient l'innocence dans des ultimes sacrifices. Il en connaissait le prix ; payé par autrui, il en devenait particulièrement douloureux.”
> À qui referre le « il » de la dernière phrase ?
ClementNobrad
Posté le 09/03/2023
Coucou,

Leur objectif c'est de renverser le Parakoï pour instaurer une société plus juste. Or, les Trois pays de font attaquer, le trio choisit d'intégrer l'armée pour repousser l'envahisseur, une fois que ce sera fait - dans leur esprit - ils reprendront leur combat contre le Parakoi.

De plus, Velya est avec eux maintenant, elle n'allait pas les laisser s'échapper sans rien dire. Elle les intègre à ses côtés pour les garder sous surveillance mais en contre partie ils ont son silence, elle ne les pourchasse plus, les menace pas de les mettre devant la Justice du Parakoï. (Le trio y trouve aussi son compte : en intégrant l'armée du Parakoï, ils s'en approchent aussi)

Donc non, ils ne sont pas pour le Parakoi, du moins ils ont mis leur combat.entre parenthèse le temps de repousser l'Émissaire.

"J’ai pas bien saisi où tu veux nous emmener avec cette histoire du commis sauvé par Fil. Pourquoi caser ça ici ? Perso, ça ne m’a pas hyper intéressée." > C'était pour introduire le personnage du colosse qu'on reverra, et retrouver Theodult Gantus, voir ce qu'il était devenu suite à la perte du courrier de la compagnie Metzger. Je regrette que tu n'aies pas apprécié ce passage :)

A très vite :)
Peridotite
Posté le 10/03/2023
Mais ne serait-ce pas plus logique qu'ils s'allient au contraire avec l'ennemi, étant donné qu'ils luttent depuis le début contre le fait que les porteurs du Don soient ostracisés par leur pays ? L'autre pays semble plus conciliant sur ce point. Il emploie même des porteurs du Don dans son armée (cf le type aux fioles), donc ils sont peut-être acceptés voire respectés dans d'autres corps de métier, exactement ce qu'ils cherchent (d'ailleurs, ils auraient pu émigrer là-bas, même si leur lutte est cohérente). Donc pour moi, cette attaque ennemie est en fait une aubaine pour Fil et Krone (enfin, c'est comme ça que je le vois). De plus, rien ne les lie à Velya ni ne les empêche de la trahir. Ce serait même plus logique et plus rocambolesque pour moi.

Oui, la longue description du jeu de carte et de Fil qui sauve le gamin est déconnectée du reste. Du coup, j'ai eu l'impression que tu avais casé ce bout de texte là un peu par hasard. En plus, il est long ce passage et il ne fait pas progresser l'intrigue ni n'apporte du lore. Je serais toi, moi je l'enlèverais ou je le caserais ailleurs.
Flammy
Posté le 05/03/2023
Ok, donc Fil qui se retrouve dans l'armée du Grand Maréchal, je ne m'y attendais pas ='D C'est bien le dernier endroit où je l'aurai imaginé, mais en même temps, c'est logique, la fuite avec Velya était compliquée, et de toute façon, quel meilleur endroit pour faire la guerre qu'une armée ? ^^' Bon, il a pas vraiment eu le choix en vrai, mais bon, comme le fait remarqué justement Bulle, c'était une très bonne solution aussi, et certes, Velya se sert d'eux, mais bon, elle pourrait être pire et elle vendra clairement pas Krone x)

Bon, le passage avec Théodus et Fil qui refait de la merde à mettre une victime innocente dans ses embrouille, j'avoue que j'ai été très énervée au début en mode "Encore ?! Ca lui a pas suffit de tuer une personne comme ça ?!" Bon, j'ai été très rassurée de voir qu'il est intervenu ensuite pour protéger Théodus, mais j'ai été un peu surprise du rythme de la scène. Ca m'a donné l'impression que la grosse brute restait un moment le doigt en l'air vu qu'on a le droit à une description assez précise des faits, mais si ça prend temps de temps que ça à casser le doigt, est-ce que la brute aurait pas juste eu le temps de reculer pour que le fil ne soit plus tendu et avoir moins mal ? S'il sent que son doigt est tiré en arrière, c'est la réaction logique de reculer, non ? Bon, et la réaction de Théodus à la fin, c'est bon, Fil a trouvé son nouveau fils spirituel ='D

Bon, et sinon, j'ai trouvé Fil touchant dans ses interrogations vis-à-vis de Krone et de la distance entre eux. Bon, il est très mélodramatique comme à son habitude, mais ça le rend humain de le voir douter sur ça, et surtout de bien mettre en avant à quel point il tient sincèrement à Krone. Et l'idée qu'il puisse vouloir se poser à la fin, je ne m'y attendais pas non plus, c'est pas bon signe pour ses chances de survie là =o Quand un perso dit ça, en général ça sent mauvais. Enfin bon, ya déjà un Parakoi et en empereur à renverser, il a du temps avant la retraite ^^'

Je suis très curieuse du coup de ce qui va se passer ensuite, est-ce que Krone va croiser son père, les premiers combats, est-ce qu'ils seront contre l'armée de l'Empereur ou contre Loren ? Ou les deux en vrai ^^" Et voir un peu ce que tout ça va donner, ça risque de pas être triste ^^'
ClementNobrad
Posté le 06/03/2023
Coucou,

Je trouvais la référence au premier chapitre avec le coup de la choppe sympa à faire justement ! Mais bon, Fil ne va pas faire deux fois le même coup, et effectivement, vient en aide à Théodult. Après, celui-ci ne risquait pas la mort hein, ce n'est pas un crieur écarlate qui a reçu le coup, juste un soldat un peu bourrin :D

Mais Fil a un coeur ! Pourquoi tout le monde en doute? Bien sûr qu'il est attaché à Krone, c'est comme son fils ! Il se le traîne dans les pattes depuis un paquet d'années. On a du mal à s'en défaire de ces petites vilaines choses :D

A très bientôt,

J'espère que la suite te plaira !
Vous lisez