Mon père me disait, que son père à lui, Le Créateur, était un tantinet possessif, qu'il avait tendance à vouloir tout contrôler. Normal dans un sens, c'est un peu à lui tout ce fabuleux chef d’œuvre qu'est la vie, l'univers et tout le reste.
Et mon père était fier d'être son fils, d'être à son service. Ils s'aimaient beaucoup ces deux là, à mon avis, mais ils se sont disputés. C'est dommage.
Le Créateur dit un jour à mon père qu'il avait créé la Terre, il était très excité, mais il avait aussi créé les humains, et il fallait les surveiller. Alors, Le Créateur demanda à mon père de le faire, discrètement.
Mon père était aux anges, un véritable enfant. Il regardait les humains jouer dans le jardin qu'il leur avait été dédié. Ils s'ébattaient avec une insouciance bienfaisante, tout en recevant l'attention et l'amour du Créateur. Mon père se dit que sa fratrie venait de s’agrandir et son cœur déborda de joie. Mais il ne pouvait pas se montrer, il ne pouvait pas jouer avec eux. Et son père ne lui apportait plus autant d'attention qu'auparavant.
Par un mélange d'ennui, de jalousie et d'amusement enfantin, mon père décida de faire une farce à son frère et à sa sœurs. Il se déguisa en serpent et alla leur dire bonjour. Ils jouèrent un peu ensemble, en bons gamins qu'ils étaient ; puis mon père les encouragea à goûter aux fruits de la connaissance.
Ils ne le devaient pas, cela le leur avait été interdit, mais mon père avait confiance en le sien : il les disputera sans doute, mais il leur pardonnera. Ce n'était qu'une blague après tout.
Ils croquèrent dans la pomme tous les trois. Mais dès la première bouchée, Le Créateur apparu dans une colère noire. Il châtia les humains et les expulsa du paradis. Mon père, affolé, reprit sa forme humaine et essaya de le raisonner, il rejeta la faute sur lui, il affirma qu'il ne s'agissait que d'une blague.
« Tu es trop vieux pour faire des blagues Lucifer, grandis un peu ! » Et Le Créateur plongea sa main dans le corps de mon père, et il en retira sa jeunesse. Il la jeta sur l'arbre de la connaissance, les pommes tombèrent au sol et rebondirent, comme des ballons, et à la place il y poussa un fruit jaune et acide, comme si celui ci ne devait jamais mûrir : le citron.
Mon père perdit son innocence et sa désinvolture. Il grandit et vieillit en un instant, et devint un vieillard au cœur lourd.
Il ne comprit pas ce qui venait de se passer, mais c'était de sa faute, et il versa de grosses larmes de regret.
Le Créateur lui dit que sa tâche n'était pas terminée, qu'il devait toujours surveiller les humains, qu'il était toujours son fils mais qu'il l'avait trahi et déçu. Il devait regagner sa confiance, et sa pénitence commençait dès à présent. Mon père baissa la tête et partit derrière son frère et sa sœur. Ceux ci lui tournèrent le dos, par colère et par peur.
C'est ainsi que mon père posa la première fois les pieds sur Terre : dans la honte et la solitude.
Pfiou... un peu disparue la légèreté de certaines histoires... une genèse ici racontée de façon tout aussi amère que le citron. Pauvre Lucifer, pas de chance d'avoir un père pareil !
Une toute petite incohérence me chiffonne : les humains sont plusieurs, puis seulement deux, puis à nouveau plusieurs.
Ce texte a été une grosse surprise. Je ne m'attendais pas du tout à une reprise du mythe biblique de Lucifer. Vu le ton enfantin et guilleret d'Hirondelle au précédent chapitre, je m'étais imaginer un Diable plus "classique" dans son côté démoniaque. La traitement plus humain et luciférien est une grosse surprise.
Mais après j'avoue que j'ai été un peu déçu... En premier lieu j'avais beaucoup d'espoir dans le personnage d'Hirondelle. Je pensais vraiment qu'elle allait avoir un impact dans la narration des contes. Mais dans ce texte, et bien sa présence est vraiment peu notable (à part au début peut-être, quand elle introduit la relation de Lucifer et du Créateur).
Ayant beaucoup aimé le personnalité nouvelle d'hirondelle dans le précédent chapitre, j'ai vraiment été déçu de ne pas la revoir ici.
Ensuite je trouve que tu a perdu de ce qui faisait parmi la plus grande qualité de tous tes contes : ta créativité. L'idée de reprendre l'épisode de la Pomme de la connaissance est une bonne idée de départ, mais après j'ai trouvé que tu es restée trop fidèle à la l'histoire d'origine. À part la personnalité de Lucifer, l'histoire reste la même, ce qui a enlevé toute imprévisibilité et a rendu l'histoire plus ennuyeuse pour moi.
Enfin le citron. J'ai bien aimé le paragraphe qui voit l'arrivée de cet aliment. La liaison avec l'histoire est pertinente. MAIS cela vient beaucoup trop tard et cela se raccroche très peu avec tout le reste du texte. On aurait pu enlevé le passage du citron et le récit de Lucifer et du Créateur n'aura pas du tout changé. Dommage.
Enfin, voilà, déception pour moi dans le début de cette "mini-série" qui pourtant m'avait bien intrigué au départ.
Mais l'écriture est toujours fluide. Et j'ai hâte de voir comment Hirondelle va se manifester et comment l'histoire de Lucifer va se rattacher avec ta superbe créativité "alimentaire" qui a fait pour moi tout le sel de tes contes.
Continue !
En vrai ça me fait un peu mal, mais je survis très bien au choc car tu n'es pas resté sur ta fin et tu as voulu continuer à lire et à poster des commentaires, ça me fait plaisir.
C'est le 3eme commentaire que je te laisse (parce que logique backword, j'ai commencé à te répondre au chapitre 3, fuck la logique =), donc le mieux à faire est de lire jusqu'au chapitre 3, ou de lire le reste du conte qui se poste ce soir et de lire les commentaires après.
La seule chose que je n'ai pas expliqué, c'est l'importance réduite des aliments dans ces histoires. Et cela a une raison précise : c'est Hirondelle qui parle, et elle, ce qu'elle a surtout envie de raconter, c'est l'histoire de son père, les aliments ne sont qu'un prétexte. La Mousse écrit un conte, elle, elle passe par là. Et puis zut, elle l'aime son père =)