Le jour où... Je t'ai vu par la vitre du métro

Par Fy_

  Journée grisée... Jusqu'à ce que je t'aperçoive -- croisements de regards...

 

  Ciel gris, nuages volumineux qui voilent l’atmosphère... Je soupire, debout sur le quai, j'attends que vienne le métro. Je regarde partout. Je cherche. Je te cherche... Jamais je n'ai vu ton visage. Mais je saurai te reconnaître. À l'instant même où nos regards se croiseront, je saurai que c'est toi. J'en suis convaincue. Convaincue que c'est bien toi-même si je ne t'ai encore jamais vu. Jamais abordé. Jamais connu. Je n'ai jamais su lequel d'entre eux exactement tu étais.

  Crissement des rails. Grondement du tunnel. Je vois ses phares jaunes apparaître dans l'obscurité du sous-terrain. La rame arrive et s'arrête devant moi dans un crissement de rail aigu. Je m'engouffre dedans, les portes se referment derrière moi dans un claquement usé. Je vais me mettre près de la vitre pour voir défiler les arrêts. J'aime bien regarder le décor passer devant mes yeux, se dérouler comme une interminable fresque animée.

  La rame repart, chargée de passagers pressés. Je suis lasse. Lasse parce que je sais que tu es quelque part dans ce monde, mais que je ne sais pas où tu te trouves. Je te cherche partout. Qui es-tu ? Je l'ignore. Lasse de chercher un visage que j'imagine. Lasse parce que ce vide qui emplit mon cœur m'empêche d'avancer. Lasse de chercher celui qui saura m'aider. Mais qui es-tu ? Lequel d'entre eux ? Quel est, parmi tous ces gens, celui que je cherche ? Toi. Tu es toi et tu es pour l'instant ma seule raison de vivre. Je te cherche. Je te cherche partout, jour et nuit, mon âme en peine, les silences plus insoutenables les uns que les autres. Un vide se creuse, emplit mon cœur de cette mélancolie qui me ronge.

  Je ne veux plus. Plus me débattre avec mes pensées, plus essayer de garder le sourire, plus montrer ce masque radieux qui cache mon vrai visage, plus travailler, plus rien. Je ne veux plus rien, j'ai perdu ma motivation. Si.

   Si, il y a quelque chose que je veux par-dessus tout. Te trouver. Mais où te caches-tu ?

 

  Le métro ralentit, une voix monotone annonce une station. Autour de moi, les gens s'activent, se préparent à descendre à leur arrêt. Moi, je n'ai pas d'arrêt. Je déambule sans autre but que voir un miracle se produire. Le quai apparaît. Un garçon se tient debout. Il lève la tête. Croisement de regards. Et c'est là. Là que je te reconnais. Toi, oui, toi, celui que je cherche depuis des mois. Nos regards viennent de se croiser, je t'ai reconnu. Je sais que c'est toi que je cherche, c'est toi, oui, c'est bien toi ! Mon cœur s'affole. Je suis tétanisée. Tu me fixes de tes yeux verts qui m'électrisent sur place.  C'est toi. C'est toi, c'est toi, c'est toi ! Une vague d'espoir s'empare de moi, je t'ai trouvé ! J'ai la certitude que c'est toi que je cherche, toi que j'ai toujours cherché. 

  Les portes s'ouvrent, je me mets à courir, bousculant au passage quelques passagers, je sors de la rame et m'élance sur le quai. Tout me pousse vers toi, mon cœur bat si vite, j'ai mal. Une douleur m'emplit mais je m'en fiche. Je ne la sens presque pas. Rien n'est plus important que toi. Il n'y a que toi, toi et toi qui comptes en cet instant même. Tu te demandes qui court vers toi. Tu ne me connais pas. Tu te détournes en croyant avoir rêvé. Je sais que tu l'as ressenti. Je sais !!! J'ai mal, je souffre, je vais m'effondrer, je ne peux plus courir... Je sais que tu l'as éprouvée, cette impression d'être lié. Lié à mon âme. Je le sais parce que j'ai ressenti la même chose quand nos regards se sont croisés.

  Je cours, épuisant mes dernières forces pour te retrouver. J'arrive vers toi, tu marches, me tournant le dos. Je te prends par l'épaule et tu te retournes, surpris. Nos regards se croisent à nouveau.

  "C'est toi, n'est-ce pas ?" je te demande, haletante, les yeux remplis de larmes. Tu ouvres la bouche pour répondre, mais je te serre fort dans mes bras. Pris de court, tu te figes, puis tes muscles se détendent et tu passes tes bras autour de ma taille. Tu me chuchotes "Et toi, c'est bien toi, hein, que je cherchais ?" Oui ! Oui, c'est moi ! J'aimerais crier mais j'ai perdu ma voix. Je t'ai trouvé. Toi...

  À travers mes larmes, je souris. Je souris parce que je t'ai trouvé.

 

Fy

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mediator6688
Posté le 29/06/2021
C'est affolant comme un sentiment peut faire aussi mal...
La sensation intense de trouver LA personne qui partagera, au moins sur un petit bout de chemin, un bonheur entretenu, est souvent dur à décrire !
Mais là tu y parviens d'une belle manière, bravo !
Fy_
Posté le 01/07/2021
Je suis d'accord avec toi et c'est justement ce que j'ai voulu décrire, je suis contente d'avoir réussi alors ^^
Merci et bonne continuation !
Fy
liloucheturner
Posté le 21/06/2021
J’ai adoré. J’ai couru avec toi vers celui qu’elle chercherait c’est magnifique j’adore. J’adore ton style tu écris très bien. C’est vraiment superbe ce romantisme que tu mets cette urgence. Et on cours avec toi vraiment c’est super joli je t’encourage à continuer !
Fy_
Posté le 21/06/2021
Merci ! Ton gentil commentaire me fait très plaisir ! ^^
Merci aussi pour tes encouragements, que l'inspiration soit toujours avec toi ;)
Fy
Fannie
Posté le 22/04/2021
L’évolution des émotions de la narratrice est très bien rendue : de la lassitude, elle passe au sentiment d’urgence inspiré par la crainte de manquer le bon moment, peut-être l’unique occasion de rencontrer celui qu’elle cherche depuis si longtemps. Tu nous entraînes dans sa quête, qui devient une sorte de poursuite, et on est emporté par ses sentiments.
Les répétitions sont visiblement utilisées comme effet de style à certains endroits, mais je trouve que malgré tout, il y en a trop (en plus de celles que je te signale ci-dessous).
Coquilles et remarques :
Il faudrait mettre la ligature « œ » à toutes les occurrences de « coeur ».
— Jusqu'à ce que je t'aperçoive -croisements de regards… [Il manque l’espace après le tiret, qui devrait être un cadratin ou un demi-cadratin.]
— Convaincue que c'est bien toi même [toi-même]
— si je ne t'ai encore jamais vu. Jamais parlé. Jamais connu. Jamais su lequel d'entre eux exactement tu étais. [Ici, il y a une différence de « régimes » qui interdit d’employer le même auxiliaire pour toute la série de verbes. Tu peux écrire « si je ne t'ai encore jamais vu. Jamais connu » parce que les deux verbes se construisent avec un COD. Le verbe « parler » se construit avec un COI, donc il faudrait répéter l’auxiliaire. Avec « Jamais su », l’enchaînement est impossible parce que c’est « je n’ai jamais su » et pas « je ne t’ai jamais su ». Je propose donc : « si je ne t'ai encore jamais vu. Jamais abordé/approché. Jamais connu. Je n’ai jamais su lequel d'entre eux (...) »]
— J'aime bien regarder passer le décor devant mes yeux, se dérouler comme une interminable fresque animée. [Ici, l’enchaînement ne se fait pas bien à cause de la position du premier verbe. Je propose : « regarder le décor passer devant mes yeux, se dérouler ».]
— Qui es tu ? Je l'ignore. / Mais qui es tu ? [es-tu]
— Quel est celui, parmi tous ces gens, qui est celui que je cherche ?  [« celui (…) qui est celui » ne passe vraiment pas ; je propose : « Quel est, parmi tous ces gens, celui que je cherche ? »]
— plus essayer de garder le sourire, plus montrer ce masque souriant [Répétition de « sourire/souriant » ; je propose « ce masque radieux/rieur/jovial ».]
— Si, il y a quelque chose que je veux par dessus tout [par-dessus tout]
— Mais où te caches tu ? [où te caches-tu]
 — Je déambule sans autre but qu'un miracle se produise. [Qu’un miracle se produise ne peut pas être un but pour elle puisqu’elle ne peut pas le provoquer. Je propose quelque chose comme « sans autre but que voir un miracle se produire » ou « sans autre but qu'invoquer/appeler (de mes vœux) un miracle ».]
— c'est toi oui c'est bien toi ! [Il faudrait placer « oui » entre deux virgules.]
— Une douleur m'emplit mais je m'en fiche. Je ne la sens pas. [Si une douleur l’emplit, elle la sent forcément. Je propose « Je ne la sens presque/quasiment pas » ou « Je la sens à peine ».]
— Je sais que tu l'as ressentie, cette sensation d'être lié / parce que j'ai ressenti la même chose [Il y a répétition de « ressentie/ressenti », et la combinaison « ressentir une sensation » est aussi perçue comme une répétition ; je propose : « Je sais que tu l'as éprouvée, cette impression d'être lié / parce que j'ai ressenti la même chose ».]
— Je cours, épuisant me dernières forces [mes]
— "C'est toi n'est-ce pas ?" [Virgule après « C'est toi ».]
— "Et toi, c'est bien toi hein, que je cherchais ?" [Il faudrait placer « hein » entre deux virgules.]
— Oui ! Oui c'est moi ! [Virgule après le deuxième « Oui ».]
Fy_
Posté le 24/04/2021
Aaahhh maudites répétitions ! >.<
Je vais retravailler cet écrit.
Merci pour le temps que tu as passé à commenter mon recueil, ça fait plaisir ^^

Au plaisir de te lire !
Fy
mariedeloin
Posté le 19/01/2021
C'est magnifique cette description. J'adore cette idée qu'on sait déjà tout de l'être aimé et qu'on le "reconnaît" bien plus qu'on le "découvre" le jour de la rencontre.
C'est superbement amené, l'angoisse, la quête éperdue, puis la rencontre, évidente.
Bravo!

("Je déambule sans autre but qu'un miracle ne se produise" -->> "qu'un miracle se produise")
Fy_
Posté le 22/01/2021
Merci à toi, ton commentaire me fait sourire :)
Je vais chasser ce chenapan de "ne" qui se tape l'incruste dans la phrase, merci de l'avoir démasqué xD

Bonne continuation et à bientôt !
Fy
Prudence
Posté le 28/05/2020
Hello,

C'est très émouvant. Beaucoup d'émotions. Ce lien, quand tu en as fait allusion, ça m'a fait sourire.
Bon, si j'ai deux trois remarques à te faire, ce serait que le mot "emplit" et le mot "rail" se répètent un peu trop. Certaines phrases sont un peu longues et sont faciles à couper avec un point. (en gros, revoie peut-être la ponctuation) :-)

Tu écris vraiment très bien, et ce commentaire ne renvoie pas bien ce que je pense vraiment de ton travail. Donc... je veux simplement dire que tu as un indéniable talent.

A plus tard !
Prudence
Posté le 28/05/2020
Oh, et quelques majuscules se perdent en cours de route... ;-P
Fy_
Posté le 28/05/2020
Merci beaucoup, je vais retravailler tout ça ;p
Bon, tu as raison, vu que tu me connais, tu sais à peu près à quoi je fais allusion, mon état et à qui ça correspond mais bon ! :)

Merci, ça me touche énormément ;)
Bonne continuation,
Fy
arno_01
Posté le 27/05/2020
Ah ! le titre (presque) trombeur. en voyant le titre, et lisant le début. Je me suis dit : dommage mais tu ne le croise que de loin, quand le métro s'en va. Et bien non. Et ce pour notre plus grand plaisir (et peut-être le plaisir de ces deux-là).
J'aime bien la transition entre la lassitude du début, et l'urgence de la fin. Le rythme du récit change de manière très perceptible.

J'ai juste tiqué sur la phrase ' "C'est toi n'est-ce pas ? je lui demande" ; ce ne devrait pas être je te demande ? Car même elle ne fait que le tutoyer, avant, et après....

En tout cas merci pour cette belle note d'optimisme et de joie !
Fy_
Posté le 28/05/2020
Ooohh merci beaucoup pour ton commentaire !

Au départ, je pensais aussi faire qu'ils ne se retrouvent pas à la fin, qu'il soit dans le métro d'en face et qu'il la voie lui aussi par la vitre, mais ça m'a pris et j'ai changé mon idée en cours de route ^^

Je voulais en effet marquer l'effet que provoque cette rencontre, la détresse si elle ne parvient pas à le retrouver alors que c'est lui qu'elle cherche depuis toujours...

Merci d'avoir relevé cette petite coquille, tu as raison elle le tutoie tout le long, je vais changer ça :)

Eh bien merci à toi d'avoir pris le temps de me lire et de commenter, ça me fait super plaisir ! ;)
Bonne suite,
Fy
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