Chapitre 8 : Franchir les limites

Priam observa l'arène du haut du balcon. Il aurait préféré regarder la chasse de sa loge mais la loi des affaires se décidait en ces lieux. Il porta un verre de vin à ses lèvres, l'esprit en ébullition. Le jeune héritier n'avait pas encore proposé de mise. Il attendait de voir le résultat de cette chasse avant de proposer quoi que ce soit. A quoi bon parier si son pion était éjecté dés les premières minutes de jeu ?

A ses débuts, Priam avait fait l'erreur de miser à la première épreuve. La dixième n'avait même pas tenu cinq minutes avant de succomber à la gueule de l'animal. Il s'était alors retrouvé ridiculisé aux yeux des autres Maisons. Un événement que son « père » ne cessait de lui rappeler à la moindre de ses incartades. Treize était sa seconde chance. Sa réparation suite à ce désastre, un an plus tôt.

- Huum... Où l'avez-vous dénichée cette nouvelle lionne ? Elle est tout à fait à mon goût.

Le jeune homme fit tout son possible pour garder un visage impassible. Le dégoût qu'il éprouvait pour cet individu à ses côtés n'était plus à prouver.

Monsieur Abraham Kirsteein.

Un vieux pervers notoire qui prenait plaisir à collectionner les femmes. Ce vieillard ne prenait même pas la peine de connaître l'âge de ses « amantes ». Étaient-elles seulement consentantes ? Priam ravala la bile qui s'accumulait dans sa gorge. Imaginer son amie d'enfance entre les mains dodues de ce monstre... Non, Eléane ne pouvait pas se trouver dans son harem.

- Elle n'est encore qu'au stade de lionceau, Monsieur Kirsteein, répondit Priam avec un sourire qui lui brûla les lèvres. Vous avez déjà misé ?

- Il faut toujours miser à la dernière minute, mon petit. Si on veut éviter la catastrophe de la dernière fois, c'est ce qu'il y a de mieux à faire.

L'héritier se garda de formuler la moindre réplique acerbe. Cet homme était au sommet de l'arène. La Reine était sous son joug. Son regard se porta immédiatement sur la jeune femme vêtue d'une armure dorée. Niké, renommée ainsi par son Maître lui-même. La Déesse de la Victoire. Ce nom n'avait pas été choisi au hasard : la guerrière avait remporté chacun de ses combats, soit onze au total.

- Une simple erreur de parcours, souffla Priam, son attention désormais rivée sur Treize. Les plus grands hommes ont échoué à un moment dans leur vie. Mais ce qui a fait d'eux des grands hommes, c'est justement cette capacité à surmonter les échecs.

Épées, poignards et couteaux furent abandonnés au sol. L'héritier vit sa lionne se précipiter sur l'un d'eux. Armée d'un poignard, Cera se tint à l'écart de la bête. Son objectif allait à l'encontre des règles du jeu : elle voulait simplement survivre. Elle ne comptait pas prendre part au combat et laisserait ses adverses amasser les points comme bon leur semblaient.

Le jeune homme serra des poings face à son comportement. Elle survivrait mais jusqu'à quand ? Jusqu'au prochain combat où elle ne sera munie que de ses bras pour attaquer ? Il ferma un instant les yeux et essaya de se défendre.

- Elle n'a pas l'air très courageuse votre gladiatrice, commenta une voix à sa droite.

Robert Patry. Apparition assez curieuse puisqu'il n'avait aucune lionne dans l'arène. Sa représentante était décédée d'un coup dans la tête, la semaine précédente. La gagnante de ce duel ? China de la Maison Argonaute. Une adversaire de plus dont il devait se méfier. Argument appuyé quand il vit la jeune femme aux origines kiniques donner un coup de couteau dans le flan de l'animal. Elle était petite mais aussi agile qu'un chat.

- Un fin tacticien analyse son champ de bataille avant de s'y jeter, rétorqua Priam, le rouge aux oreilles.

L'homme aux yeux orageux croisa les bras sur sa poitrine et appuya discrètement sur la commande à l'intérieur de sa pochette. Toutes les femmes à son service reçurent une décharge. Cera, quant à elle, releva la tête dans sa direction. Dépêche-toi de faire quelque chose ! Urgea-t-il mentalement en serrant la mâchoire.


 

La chasseuse pouvait presque apercevoir son Maître rougir de colère. Elle aurait pu en rire si la menace d'une nouvelle décharge ne pendait pas au dessus de sa tête. La jeune femme remonta son brassard métallique sur son bras dans un geste mécanique. Ce dernier ne cessait de glisser de son biceps, trop maigre encore pour véritablement le porter.

Elle s'intéressa ensuite à la bête qui mâchouillait le bras de l'une de ses concurrentes. Une grimace de dégoût déforma son visage en entendant les hurlements et en percevant les restes de son bras disparaître dans la gueule de l'animal. Ce dernier était dos à elle. Elle se faufila comme elle le put derrière lui. Des plaies recouvraient sa fourrure brune.

Cera leva sa lame, prête à l'enfoncer dans son corps immense. Mais un mouvement près d'elle l’interrompit dans son geste. Althea planta son propre poignard dans le dos du monstre qui rugit de douleur. L'instigatrice s'écarta aussitôt, un sourire coupable sur les lèvres.

La chasseuse se retrouva face à la bête qui n'avait pas du tout l'air d'arborer des sentiments sympathiques à son égard. La brune retint son souffle. Son instinct la poussait à s'écarter du danger mais la peur ta retenait sur place. Son regard resta fixé sur ses énormes crocs. Elle allait mourir.

Elle resserra sa prise sur le brassard, à nouveau tombé au niveau de son poignet et le lança dans la gueule de l'animal grande ouverte. Cera glissa sur le côté pour éviter la patte poilu de l'animal. Elle saisit son poignard de la main gauche pour donner le coup fatal. Seulement, la lame d'une épée lui subtilisa la manœuvre. La tête du monstre fut tranchée sous ses yeux et une pluie de sang se déversa sur sa peau. Cera resta un moment, pétrifiée devant le cadavre de l'animal.

Elle releva le visage pour admirer le soleil se refléter sur cette armure fait d'or.

- Merci pour le coup de main, lança la belle blonde avant de se détourner d'elle pour recevoir les acclamations du public.

La brune essayait toujours de mettre de l'ordre dans ses idées. Elle revoyait le regard fou du monstre avant qu'il ne s'éteigne à jamais. Du désespoir à l'état pur... La gorge serrée, la jeune femme se pencha pour récupérer le brassard qui gisait près de sa gueule ouverte. Pour une chasseuse, Cera n'aimait vraiment pas la chasse. Elle adressa une prière muette à la bête, victime de l'égoïsme des hommes.

Elle en voulut aussitôt à son Maître pour l'avoir forcée à participer à ce massacre. Sans lui, elle n'aurait probablement pas tout ce sang sur ses mains.

-On dirait que t'as participé à une offrande, c'est flippant quand même, commenta Dix en lui donnant une serviette.

L'assistante n'avait pas lâché l'écran du regard. Elle s'était attendue à ce que la brune fonce tête baissée dans la mêlée et meure dans d'atroces souffrances... Dix fut cependant agréablement surprise de la voir debout et bien vivante. Le visage fermé de sa collègue ne l'inquiéta pas outre mesure. Plus tôt elle comprendra les rouages tordus de ce monde, plus vite elle s'y conditionnera. Dix l'avait appris à ses dépens : les espoirs ne menaient qu'au désespoir.

- Ta tentative avec le brassard était plutôt pas mal mais elle ne t'a accordée aucun point. C'est un zéro pointé.

Cera resserra sa prise sur l'instrument qui l'avait sauvé. Elle avait été à deux doigts de rejoindre les Déesses. La brune s'essuya le front et regarda autour d'elle. Les autres concurrentes étaient en train de se pomponner le visage ou de remettre leurs boucles en place. Il n'y avait plus aucune trace de cette femme qui avait perdu son bras dans la bataille. Aucune réaction, aucune émotion la concernant, comme si elle n'avait jamais existé.

Dix s'occupa de lui essuyer le visage. Selon elle, le sang sur ses vêtements lui donnait fière allure. Comment pouvaient-elles considérer ces événements comme normaux ? La chasseuse était complètement dépassée. Elle ne parvenait pas à comprendre. La frustration qu'elle ressentait à cet instant lui donnait presque envie de pleurer.

- Ne pleure pas, le maquillage n'est pas waterproof.

- Tais-toi s'il-te-plait.

Cera était à deux doigts de perdre la tête ou plutôt, de lui faire perdre la sienne. Si Dix ne voulait pas finir comme cette pauvre bête, elle ferait mieux de se taire. La brune ferma les yeux et essaya d'oublier le monde autour d'elle. Elle voulait oublier. Elle voulait juste oublier...

« Fais-la venir dans le couloir. »

Une tape sur son épaule. La jeune femme rouvrit les yeux et se dirigea à l'extérieur à la suite de Dix. Priam ne cilla pas face au regard rouge de larmes trop retenues. Il avait des choses plus importantes à penser.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé là-bas ? Je ne t'ai pas acheté pour que tu puisses faire ce que tu viens de faire ! Lança-t-il, la colère à peine contenue. Je veux te voir gagner.

Il avait été proche de subir l'humiliation de sa vie. Perdre une première fois pouvait être considéré comme une erreur de début, perdre une seconde fois cependant... Cette éventualité n'entrait pas dans ses plans.

- C'est facile de regarder et de critiquer du haut de sa tour, Maître, siffla Cera avec autant de hargne. J'étais en bas en train de me battre pour ma vie. Pas toi.

Priam n'aima pas du tout la façon dont elle le regardait et l'apostrophait.

- Je suis ton-

- Mon Maître, ça je l'ai compris. Mais qu'est-ce que tu vas faire ? Me punir ? T'as besoin de moi pour combattre.

Cera continua à le défier du regard. Les yeux du jeune homme promettait la tempête et elle était prête à l'affronter pour se faire entendre. Elle n'avait qu'une vie sur terre. Elle ne voulait pas la passer en courbant le dos à chacun de ses mots.

- Tu n'es pas indispensable, Treize. Tu as actuellement plus besoin de moi que moi je n'ai besoin de toi, répliqua-t-il d'une voix polaire. Aux mains de tout autre homme, tu ne serais bonne qu'à baiser ou à abuser. Je te loge, je te nourris et je te laisse tranquille sur le plan physique. Et tu oses t'insurger pour quelques gouttes de sang sur le corps ? Je devrais peut-être t'envoyer quelques jours au chevet de mon père... Tu apprendras alors à apprécier ce que je veux bien t'offrir.

La jeune femme frémit en l'entendant mentionner le Grand Maître de la Maison. Les femmes avec qui elle partageait le dortoir l'avaient mise en garde contre cet homme. Elle se souvenait toujours du regard éteint de Trois, pour qui le plaisir rimait davantage avec souffrir.

- Tu ne peux pas-

- Tu vas me tutoyer et tu vas baisser le regard. Tu n'as vraiment pas envie de franchir les limites avec moi...

Cera avala difficilement sa salive. Son corps tremblait d'être ainsi contenu. Elle avait envie de crier, de hurler l'injustice dont elle était victime. Elle eut toutefois la conscience de baisser la tête. La peur prédominait sur la colère. La jeune femme ne pouvait pas finir comme Trois.

- Maintenant, tu vas retourner auprès de Dix et tu vas suivre ses instructions, est-ce que c'est bien compris ?

La chasseuse serra les poings et revint aux côtés de sa collègue qui attendait près de la coiffeuse. Une fois assise sur son siège, elle rumina chacun des mots qu'elle n'avait pas dits. Elle rêvait de lui envoyer son poing en pleine figure. Face à elle, il ne ferait certainement pas le poids...

- C'est bien... Quoi que tu aies en tête, garde cet état d'esprit. Ça pourrait te servir lors du combat.

Aurait-elle le même discours si elle savait vers qui ses pensées meurtrières étaient adressées ? Cera préféra ne pas demander. Elle avait bien vu l'absence de ressentiment envers Priam. Dix l'appréciait, pour une raison qui échappait totalement à la brune. Son regard orageux était bien la seule chose qu'elle trouva charmante chez lui.

- Oh non... t'es vraiment tombée sur le pire tirage qui soit...

Une bulle renfermait des boules qui s'écoulaient une à une à travers un unique trou. Le présentateur ouvrait chacune d'entre elle avant de laisser l'étrange appareil retransmettre l'image sur un grand écran.

Cera attendit que sa collègue développe son propos :

- T'es tombée sur China de la Maison Argonaute.

Le nom lui évoquait vaguement un visage, celui d'une petite poupée agile. La chasseuse commença à appréhender cette rencontre. Elle jeta un bref coup d’œil dans la salle et fut presque rassurée de constater l'absence de la plus jeune.

- Comme c'est ton jour d'introduction, tu as l'honneur de passer première.

Un honneur... La brune n'avait clairement pas la même définition de l'honneur. Tuer pour la gloire n'avait rien de noble ni de vaillant. Elle souffla lorsqu'on la dirigea vers les portes de l'arène. Cera rêvait de faire demi-tour et de s'enfuir en courant. Pourtant, la menace de Priam pesait sur ses épaules. Si elle se faisait prendre... Une vague de frissons l'envahit à cette pensée.

« Gentlemen, faîtes du bruit pour la toute nouvelle brebis à rejoindre l'arène... TREIZE DE LA MAISON EMRYS ! »

La brune fut contrainte de quitter la pièce sous l’insistance de Dix. Elle utilisa sa main en visière pour se protéger du soleil.

« Face à elle se dresse CHINA DE LA MAISON ARGONAUTE. Un beau match en perspective quand on connaît les prouesses de la jeune femme qui cumule déjà quatre victoires à son palmarès. Parviendra-t-elle à obtenir une cinquième victoire ? La réponse, c'est tout de suite après cette courte page de pub. »

Des hommes vinrent installer des boîtes de verre qui renfermaient une quantité d'armes impressionnantes. Du couteau de boucher au poignard, en passant par l'épée et le bouclier... Cera sentit son cœur se serrer devant cette vision. Elle observa, bouche ouverte, sa concurrente s'emparer d'un long bâton de bois pourvu d'une lame à l’extrémité.

« LA NAGINATA EST LA ! Hurla le présentateur, hystérique. Aurons-nous le droit à une nouvelle brochette humaine ?! »

« Malheureusement, l'absence de points de la petite nouvelle ne lui permet pas de récupérer la moindre arme... Le public sera-t-il suffisamment généreux pour lui accorder la moindre chance ? »

La jeune femme baignait dans la confusion et la peur face aux cris qui la surplombaient. Les mots de Eric Crow embrasait la foule d'inconnus. Que pouvait-il bien dire ? Son accent particulier continuait de la tenir à distance.

Cera vit deux barres s'afficher sur le grand écran : l'une d'entre elle était blanche et l'autre était noire. La colonne noire surplombait largement sa voisine. Le destin de la brune venait d'être scellé sans qu'elle ne le sache.

« La décision du public a comme qui dirait condamné la vie de cette jolie gladiatrice. »

Les vitrines furent déplacées et la brune se retrouva face à son adversaire. La lame de son naginata brillait sous le soleil, semblant narguer les mains vides de la chasseuse. Comment gagner contre ça ? La moindre proximité avec son adversaire signait sa mort. Cera était déjà en train de regretter sa passivité du combat précédent.

Le bruit d'une corne résonna dans l'arène. La brune observa son adversaire s'approcher d'elle, l'air menaçant. Elle recula afin d'éviter l'affrontement.

Son cœur cogna bruyamment dans sa poitrine. Elle ouvrit la bouche pour inspirer l'air qui commençait à lui manquer. La peur de mourir l'empêchait de penser correctement. Les mots ne s'alignaient plus dans sa tête. Elle ne voyait plus que cette lame et la main qui la possédait. Cera n'avait jamais eu affaire à pareille situation. Elle continua de fuir le combat en longeant le mur de l'arène. La chasseuse n'essaya même plus de déchiffrer la voix qui faisait vibrer les spectateurs.

« La gladiatrice est en mauvaise posture. La shinigami des temps modernes n'est pas loin de la renvoyer en Enfer ! »

Ses paumes parcoururent le mur, à la recherche d'une issue. Le contact froid contre ses mains ne parvenait pas à apaiser la chaleur qui recouvrait sa peau. Elle allait mourir.

Elle allait mourir sous le regard de tous ces inconnus.

Elle allait mourir misérable et massacrée sous les cris hystériques de la foule.

Elle allait partir en laissant derrière elle tous les espoirs de Luna...

Cera vit une ombre et son corps réagit immédiatement en s'éloignant du danger. Elle expira l'air contenu dans ses poumons pour aviser la lame à quelques centimètres de son visage. Prostrée entre le mur et le sol, elle sentit les larmes apparaître. La jeune femme croisa son propre regard effrayé avant de se saisir du manche en bois. Elle serra de toutes ses forces cet instrument qui voulait l'envoyer directement dans les étoiles. Si elle lâchait, il en était fini d'elle.

- Lâche ! Hurla-t-elle de rage.

L'ordre la poussa à serrer les poings encore plus fort. Vivre ou mourir. Le choix laissait peu de place à la réflexion. Ses mains prirent l'ascendant sur China qui vira au rouge. Les frottements de la lame contre la pierre ne lui laissait que peu de place pour manœuvrer.

Un coup de pied manqua de lui faire rendre son déjeuner. Cera déglutit avant de s'emparer du naginata. Elle avisa la jeune fille face à elle qui peinait à se remettre du coup. Elle ne voulait pas l'attaquer.

- Tu peux te rendre... proposa Cera, incertaine.

Sa remarque insurgea la plus jeune qui se redressa pour lui asséner un regard noir et déclarer :

- Plutôt mourir.

L'inconsciente se rapprocha dangereusement de la lame désormais aux mains de la chasseuse. Cette dernière dirigea le bout tranchant vers le ciel et tenta de tenir son adversaire éloigner.

- Je ne veux pas te tuer.

- Et je ne peux pas me rendre.

« La tension est à son comble Messieurs ! Qui va gagner ? Les paris sont lancés! »

China profita de cette hésitation pour attaquer. En réponse, Cera donna un coup de bâton à son visage. Elle espérait l'assommer ou l'étourdir suffisamment pour l'empêcher de combattre. Personne ne mourrait à l'issue de cette confrontation. Sa concurrente pensait qu'il n'y avait pas d'échappatoire mais la jeune femme savait qu'elles pouvaient toutes les deux survivre. La brune devait tenir.

Malheureusement, dans sa lutte, elle ne remarqua que trop tard l'aiguille fendre l'air pour venir se planter dans son bras. La piqûre lui provoqua des vertiges. Elle ferma les paupières un instant et sentit ses muscles se détendre. Sa prise sur le naginata se relâcha.

Cera vit l'ombre de son adversaire se rapprochait d'elle, menaçante. La mort venait la chercher. Un froid polaire vint la saisir tandis que le soleil continuait à dominer le ciel. Avant qu'elle ne perde complètement le contrôle d'elle-même, elle laissa sa main dominante glisser le long de la manche.

La lame reçut une dernière fois les rayons du soleil avant de disparaître dans des profondeurs plus sombres. Ni les gémissements de China, ni les hurlements du public ne détournèrent la chasseuse de son objectif. Elle n'accorda qu'un seul regard à la jeune fille accompagné d'excuses à peine entendue.

Elle devait vivre, pensa-t-elle. Cera devait tenir sa promesse auprès de Luna et de ses camarades. Il lui restait une vengeance à accomplir. Une première larme coula, puis une seconde. La brune voulut s'effondrer par terre pour se reposer et laisser libre court à sa tristesse, mais une main la retint.

Eric Crow leva son bras en l'air avant de déclarer à l'arène :

« VICTOIRE DE LA GLADIATRICE ! TREIZE DE LA MAISON EMRYS! »

La jeune femme n'avait rien d'une gagnante. Elle avait cédé à sa peur de mourir.

Elle venait de tuer une femme.

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