Chapitre 7 : Une nouvelle place au Conseil

Une tempête ravagea l’île tout le reste de la semaine, n’offrant d’autres choix à Ewin que de rester enfermé dans la maison avec pour seule compagnie la gouvernante et les livres de la bibliothèque. Avec une pointe de déception, il dut remettre à plus tard son excursion dans la forêt.

Heureusement, les caprices du ciel finirent par se calmer et Ewin put retrouver la douce sensation de la chaleur du soleil contre sa peau. L’éclaircie dans le ciel tumultueux permit au jeune garçon de sortir le bout de son nez dehors. Si l’on tendait l’oreille, il était possible de distinguer le sifflotement des oiseaux à travers le bruit, encore assez fort, du souffle du vent. Alors qu’il respirait l’air frais et agréable de ce début de matinée, une bourrasque décoiffa Ewin. Il avait toujours apprécié sentir le contact du vent sur son visage, cela lui donnait l’impression de pouvoir respirer de grandes bouffées d’oxygène. Il descendit la colline assez rapidement, et atteint l’orée de la forêt, si l’on pouvait appeler ça une forêt. À peine avait-il pénétré à l’intérieur, qu’il pouvait déjà apercevoir la clairière. Au milieu de celle-ci, un imposant arbre, semblable en tout point à celui sur le tableau. L’aspect atypique de l’arbre n’était donc pas une extravagance de l’artiste.

Ewin s’approcha de celui-ci et sentit une vilaine cicatrice sur le tronc lorsqu’il palpa l’écorce de sa paume. Le garçon baissa la tête et s’aperçut que cette cicatrice prenait, elle aussi, la forme d’une étoile. Encore cette mystérieuse étoile, ne put-il s’empêcher de penser. Il se mit à genoux, et approcha la tête du tronc. Au centre de l’étoile, un trou, semblable à une serrure. Ewin sortit la petite clé en bronze qu’il avait gardé dans sa poche et l’introduisit dans la serrure.

Avec un petit déclic, la serrure se déverrouilla et le tronc de l’arbre pivota pour laisser place à un escalier de pierre qui descendait abruptement dans le sol. Arrivé en bas de l’escalier, Ewin découvrit une vaste pièce. Un froid glacial le saisit et le garçon commença à sentir ses membres frissonner.

Contrairement au grenier, tout était parfaitement rangé. Apposée au mur, une longue table, carrelée de blanc soutenait de nombreux tubes à essai, flacons, éprouvettes, pipettes, gants en plastiques et une multitude d’autres ustensiles qu’un chimiste aurait pu utiliser. Les flacons et les tubes à essai contenaient des solutions chacune plus explosives en couleurs que les autres. De plus petits flacons étaient rangés dans une boite, sur laquelle s’inscrivait en rouge vif : « Ne pas toucher, danger de mort ». À l’extrême opposé de la pièce, se trouvait un lit improvisé avec, à la tête du lit, une table de chevet dont l’unique tiroir était entrouvert. Ewin s’assit sur le lit et ouvrit le tiroir.

- Le voici le trésor, s’exclama-t-il, ne pouvant retenir plus longtemps sa joie.

Une magnifique dague sertie d’un diamant brut énorme dormait dans ce tiroir modeste. La pierre était éblouissante. La lumière blanche de la pièce se réfléchissait sur les facettes de la pierre et lui donnait un éclat particulier. À elle seule, la dague devait avoir plus de valeur que l’île toute entière. Cependant, un curieux anneau attira aussi l’attention et la curiosité d’Ewin. Le matériau dans lequel il était fabriqué ne semblait pas venir de Vaganz. D’un blanc immaculé, l’anneau ne réfléchissait pas la lumière comme le diamant, mais semblait l’absorber. Pris d’une intuition soudaine, il porta l’anneau juste en dessous de la lumière quelques instants, puis il éteignit la lumière. Comme il s’y attendait, l’anneau dégagea alors une faible luminosité.

- Intéressant. Cet anneau réagit comme la lune, comprit le jeune garçon, fasciné.

Il reporta sa concentration sur le fond du tiroir, vérifiant qu’il n’y avait rien d’autre de précieux et tomba sur une pièce cabossée, affublée d’un étrange symbole. Au premier abord, elle ne sembla pas être d’une grande valeur, mais le garçon décida de la conserver quand même.

Alors qu’il s’apprêtait à fouiller de fond en comble ce laboratoire, caché à la vue de tous et qui recelait tant de merveilles, il se rendit compte que le temps lui manquait. Son grand-père allait arriver d’une minute à l’autre et il ne pouvait s’attarder plus longtemps ici. D’un pas vif, Ewin rejoignit la maison, monta jusqu’au grenier pour y déposer ses trouvailles. Il attrapa un livre dans la bibliothèque en redescendant et rejoignit la terrasse, qui lui offrait une vue panoramique sur la mer. Tout en lisant, il pourrait ainsi surveiller les bateaux qui s’approcheraient de l’île.

Moins d’une heure après, Ewin aperçu au loin, un petit yacht noir chromé qui naviguait à vive allure, les moteurs à pleine puissance. Puis le bateau ralentit à l’approche de l’île et accosta délicatement au niveau du quai.

Son grand-père et Jim posèrent pied l’un après l’autre sur les planches du ponton. Jim portait exactement le même costume que lorsqu’il était parti. Comme à son habitude, il passa une main dans ses cheveux et dépoussiéra son costume. Dagan, lui, se distinguait dans son nouvel accoutrement. Un élégant chapeau melon bleu turquoise le coiffait. Dans sa main, une canne à pommeau d’aigle contribuait davantage à son image qu’à le soutenir. Pourtant, la plus étonnante association vestimentaire concernait la redingote noire classique accouplée à un short à fleurs rose et bleu. Ewin parvint avec difficulté à réprimer un fou rire lorsque son grand-père arriva à sa hauteur.

- Cette île est un vrai paradis, s’exclama Dagan en pointant le soleil de sa canne. Elle est située dans le nord et pourtant le climat y est vraiment agréable. J’allais presque oublier, bonjour, rajouta Dagan à l’attention de son petit-fils.

- Bonjour grand-père. On commence quand ? S’impatienta le jeune garçon.

- Commencer quoi ?

- Le test, bien sûr ! Tu m’as dit qu’à ton retour, tu me ferais passer un test.

D’un hochement de tête, Dagan lui indiqua qu’il n’avait pas oublié.

- Plus tard, trancha le vieil homme. Profitons d’abord de ce beau soleil. Veux-tu des gâteaux ? Demanda-t-il d’une voix soudainement plus douce et mielleuse accompagné d’un sourire forcé.

- Je n’aime pas les gâteaux, bougonna Ewin.

Que son grand-père ne se rappelle pas de cela le vexait énormément, cependant le garçon fit mine de ne pas s’outrer pour si peu.

Ils s’installèrent sur la terrasse, dans de confortables chaises longues, de nombreux gâteaux et autres gourmandises à côté d’eux.

- Je dois te parler de quelque chose d’important. Ca a un rapport avec le test que je voulais te faire passer.

Ewin le regarda avec surprise. Dagan affichait rarement un air aussi grave. Ce dernier le fixait maintenant avec intensité.

- Que sais-tu à propos du Conseil ?

Il appuya les paumes sur ses genoux. Ewin prit le temps nécessaire avant de formuler sa réponse.

- Pas grand-chose. Je sais seulement que mon père et ma mère en faisaient partie.

Une ombre de contrariété traversa les yeux de Dagan.

- C’est tout ?

- Oui. Mais je ne vois pas le rapport avec le test, observa Ewin.

Il ne comprenait décidément pas où son grand-père voulait en venir et encore moins pourquoi il abordait ce sujet avec autant de solennité, lui qui, d’habitude, se démarquait plutôt par sa frivolité.

- À cause des récents évènements, j’ai été nommé Chancelier.

- L’ancien poste de mon père, compléta le garçon.

Le Chancelier avait d’énormes responsabilités et ce poste était considéré comme le plus puissant du Conseil.

- Une autre place au Conseil s’est libérée, continua Dagan sans se laisser distraire. Celle de Juge.

- Je ne vois toujours pas le rapport avec le test, commença à s’impatienter le jeune homme.

- Tu as été choisi pour être le Juge.

Tout cela paraissait surréaliste pour Ewin, à tel point qu’il eut presque envie de rigoler au visage de son grand-père. Le Conseil prenait des décisions vitales au bon fonctionnement du pays et Ewin ne comprenait pas pourquoi il aurait été choisi pour occuper un tel rôle. Le garçon chercha les signes d’une blague sur le visage de Dagan, cependant tout ce qu’il remarqua fut les traits tirés de son grand-père.

- Je ne peux pas faire partie du Conseil, je n’ai même pas encore fini mes études. Et puis je n’ai aucune expérience.

- Ce n’est pas un poste très important au sein du Conseil et puis je serais là pour te soutenir et te conseiller. Mais avant que tu ne prennes officiellement tes fonctions, il faut que tu passes un petit test.

- Mais je ne suis pas prêt. Je ne sais même pas sur quoi va porter ce test, se plaignit le garçon.

- Ne t’inquiète pas, il n’y a rien de très compliqué. Ce n’est qu’un test pour vérifier tes aptitudes mentales et s’assurer que tu es en bonne santé. Mais ça devrait être rapide.

Le test se révéla, en effet, assez rudimentaire. La plupart des questions demandaient un bon esprit d’analyse et Ewin avait toujours été plus ou moins doué pour cela. Le reste portait sur la capacité de prendre des décisions, et le garçon pensait avoir été plutôt bon dans ses réponses.

- Comme je m’y attendais, le test ne t’a pas posé de problèmes. Et vu que tu es en bonne santé, tu vas devenir le prochain Juge. Toutes mes félicitations, poursuivit-il.

À ce moment, Ewin ne sut pas si cette place au Conseil était une bonne ou mauvaise nouvelle. Il se sentait dépassé par les choix qu’il prenait, lui qui aimait toujours décider de tout longtemps à l’avance.

- Nous repartons demain pour Litury, déclara Dagan, toujours aussi pragmatique.

- Vous repartez encore ? Et quand revenez-vous ?

- Non, tu m’as mal compris. Tu viens avec nous. Je n’allais pas te laisser ici toute ta vie.

- Et ma sécurité ? Je croyais que cette île fantôme était l’idéal pour rester cacher.

- Oui, mais il n’y a plus aucun risque à Litury. Et puis, je serais là, donc ne t’inquiètes pas.

Dagan retourna ensuite s’enfermer dans son bureau, comme il en avait pris l’habitude sur l’île, et en ressortit seulement le lendemain matin. Sa valise faite, Ewin embarqua sur le yacht et regarda l’île s’éloigner progressivement à mesure que le bateau avançait. Un pincement au cœur, il regrettait presque de ne pouvoir rester. Il s’était habitué à farfouiller chaque recoin de la maison et y avait découvert de mystérieux objets appartenant à l’un de ses ancêtres. Il aurait aimé en apprendre plus sur ce Nicola Hoffenhelm qui avait laissé explicitement des indices pour que quelqu’un les trouve et découvre le trésor de l’île. Ewin l’avait trouvé ce trésor. Enfin, il n’en était pas totalement convaincu. Son intuition lui répétait sans cesse que quelque chose de plus grand se cachait derrière ces énigmes, mais il n’avait pas eu le temps de mettre la main dessus.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
DraikoPinpix
Posté le 23/04/2020
Je suis de retour ! (Oui, enfin !)
J'ai les mêmes remarques que les précédentes fois : quelques répétitions (des mots qui reviennent dans des phrases à la suite) et des phrases qui méritent d'être retravaillées. En revanche, je me retrouve très vite dans ton univers : il est facile d'accès tout en étant intéressant. J'ai hâte de voir le nouveau rôle d'Ewin :)
A bientôt !
clemesgar
Posté le 01/05/2020
Coucou DraikoPinpix,
Heureux que tu sois de retour pour me conseiller.
En effet, je vais retravailler le texte, tes conseils m'aident beaucoup ;)
clemesgar
Posté le 01/05/2020
Et je suis heureux de voir que mon univers te plait ^^
DraikoPinpix
Posté le 01/05/2020
Je suis heureuse de t'aider ! N'hésite pas à me demander des conseils, si tu en as besoin. J'essaierai d'être à la hauteur :)
Vous lisez