Lui - Scène 13

Notes de l’auteur : Je reviens après une petite semaine de pause involontaire.
Belle lecture et merci à tous ceux et toutes celles qui me suivent :)

Ah l’UFR de sociologie. Ses couloirs qui ont été blancs un jour, ses néons qui grésillent, ses portes anti-incendie si lourdes à ouvrir, son absence totale d’étudiants. Heureusement personne n’a débranché le distributeur de café et Alexandre s’en prend une tasse en passant. Il est toujours aussi dégueulasse et ça lui fait étonnamment du bien, surtout après une semaine pas très drôle.

— Allez, vide ton sac…

Yasmina et lui se sont installés dans la bibliothèque des clubs, une espèce de grande salle de cours laissées aux associations étudiantes non syndicales, située au sous-sol. Café pour Alexandre, chocolat chaud pour Yasmina, et une boîte de cookies entre les deux. Et aussi leurs dossiers et leurs ordinateurs portables pour donner le change, au cas où.

Même si le bâtiment est quasi désert, sauf pour quelques chercheurs et doctorants qui se trainent l’âme en peine d’un bureau à l’autre.

— C’est pas moi qui devrai te motiver ?

Yasmina secoue la tête. Elle feuillette un livre sur la sociologie filmique. Quand ils se sont rencontrés officiellement en tant que tuteur et étudiante, elle lui a avoué qu’elle voulait faire une thèse sur les publics du cinéma féministe. Mais qu’elle s’orienterait sans doute plus vers un concours d’assistante sociale, histoire de travailler vite et de pouvoir quitter l’appartement de ses parents.

— Moi je voulais juste sortir de là et voir autre chose que les barres d’immeuble. Ça va sinon. J’initie même ma mère aux films. Hier soir on a regardé La Leçon de Piano. C’est vachement plus réactionnaire que le souvenir que j’en avais en fait. Et toi, comment ça va tout seul ?

— Je fais une liste ? Petit un : j’ai l’impression de me plaindre tout le temps. Petit deux : je n’ai toujours pas répondu à ma directrice de thèse alors que je risque de la croiser ici. Petit trois : j’ai foutu en l’air toute perspective d'avenir avec un mec.

— Ta vie est tellement malheureuse, Alex.

Le front du jeune homme opère une rencontre plus ou moins violente avec la table. Et s’il prenait vraiment ce billet de train pour l’Alsace ? Puis il finit par raconter sa rencontre avec Samuel, leur date où il n’a pas arrêté de se plaindre, et la froideur de son crush (eh oui un vrai de vrai) ensuite.

— Bon, déjà, il faut résoudre cette histoire de mémoire. C’était sur quoi ?

— Les contrats précaires.

— L’idée de ton copain n’est pas mauvaise du coup, pour que tu aies un point de vue plus original qu’une énième étude sur UberEats et Deliveroo. Tu as lu Leslie Feinberg ? Attends deux secondes, je crois qu’ils l’ont ici. Et Edouard Louis ? Ça pourrait t’intéresser.

Yasmina disparaît derrière un rayonnage. Alexandre en profite pour vérifier son téléphone. Pas de message depuis lundi. Enfin, surtout, il n'a pas répondu à Samuel.

— Couillon.

Il ouvre sa messagerie.

 

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Contesse
Posté le 03/06/2023
Hello !
Je continue ma lecture, je saute vite de chapitre en chapitre ahah !
Je rejoins Amusile : je trouve que tu retranscris bien les émotions avec des phrases simples, courtes et avec peu de mots. C'est peut-être justement la simplicité du dialogue et des pensées d'Alexandre qui rendent l'empathie si facile :)
En tout cas, c'est toujours agréable à lire !
Je reviendrai vite, à bientôt ;)
Amusile
Posté le 09/01/2022
J’adore toute la tendresse que tu mets dans les relation humaine et dans les interactions des personnages malgré ce format très court. Au final, en en restant très vite beaucoup avec peu de mots.
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