Chapitre 9

Par tiyphe

_ Comment ça responsable de l’accident qui a causé la mort de mes parents ??

Alice n’en croyait pas ses oreilles. Comment Loïc pouvait penser une chose pareille ? Éric était le garçon le plus adorable qu’elle n’ait jamais connu. Même si depuis quelques jours elle s’était mise à douter de lui, elle ne le pensait pas capable de tuer quelqu’un ou d’en être responsable. Cette réflexion braqua Alice.

_ Je crois que je vais retourner me coucher, demain on se lève tôt.

_ Non Alice, tu dois me croire ! Mon frère n’est pas celui qu’il prétend être !

Cette dernière phrase, Alice l’avait à peine entendue. Elle était retournée dans sa chambre rapidement sans se retourner. Pendant la nuit, elle eut du mal à dormir. Elle se réveillait souvent avec de mauvaises pensées en tête. Et si Loïc avait raison. Et si Éric n’était pas celui qu’elle pensait être.

Le matin elle se réveilla difficilement quand Jeanne vint ouvrir les volets de la chambre.

_ Il est onze heures Alice. J’ai pensé que tu aurais envie de te lever pour faire quelque chose de ta journée. Tu sais, de mon temps, nous disions beaucoup : l’avenir appartient à ceux qui se lève…

_ Tôt…

_ Exactement ! Je te laisse t’habiller, tu pourras nous rejoindre dans la cuisine.

                La vieille dame sortie de la pièce avec le sourire. Alice ne l’avait pas vraiment écoutée. Elle avait parlé de façon machinale. Elle avait l’habitude de cette expression, sa mère la disait souvent. Surtout les matins où Alice faisait des grasse-matinées. Enfin, ça c’était quand elle était jeune. Depuis l’accident, elle avait l’impression d’avoir pris dix ans, comme une grande claque qui veut dire : « Maintenant tu es seule, débrouille-toi » ou bien « Bienvenue dans la dure réalité des adultes ».

                La jeune fille enfila un jean et un tee-shirt, qu’elle avait déniché dans sa valise, puis descendit dans la cuisine. Lorsqu’elle ouvrit la porte, elle vit Loïc et Éric assis l’un à côté de l’autre à table, ils épluchaient des pommes de terre. Ils levèrent leur tête en même temps et lui sourirent. Alice remarqua alors la ressemblance entre les deux frères. Le plus jeune était plus grand mais sinon ils avaient la même couleur de cheveux bruns foncés, les yeux marrons clairs tirants un peu sur le vert et un nez assez allongé. Et puis elle se souvint les évènements de la nuit.

_ Alice tu as bien dormi.

_ Euh… Non… Oui… Ça va…

Comment Éric pouvait-il faire comme s’il ne s’était rient passé ? Il l’avait embrassée. Et puis Loïc non plus ne semblait transparaître aucune émotion. Alors qu’elle était à nouveau dans ses pensées troublées de questions, le jeune frère fit un petit geste de sa main comme pour la réveiller.

_ Ça va Alice ? Tu as l’air fatiguée, tu n’as pas bien dormi ?

_ Non non ça va, j’ai bien dormi.

                Elle se secoua et s’assit en face des garçons. Elle prit une pomme de terre et un couteau et commença à éplucher le légume.

_ Avec Loïc on se disait que nous pourrions aller faire un tour dans la montagne. Il y a un lac à une heure de marche. Ça te dit ?

_ Pourquoi pas, ça me changera les idées. J’ai besoin de penser à autre chose.

                Après manger, Alice et les deux frères se préparèrent à faire une randonnée. Éric lui avait parlé d’un lac, alors elle se mit en maillot de bain sous un short court et un débardeur assez décolleté. Elle n’avait pas pour but de séduire qui que ce soit, mais elle avait envie de se faire belle pour une fois depuis tout ce temps, elle avait envie de prendre soin d’elle et d’être remarquée. Elle se mit un petit coup de crayon noir sous les yeux pour souligner son regard. Dans le miroir de la salle de bain, ce qu’elle voyait, elle avait du mal à croire que c’était elle. Son sourire avait disparu, ses pommettes n’étaient plus aussi rebondies qu’avant et des cernes commençaient à se creuser sous ses yeux. Elle descendit dans le hall, là où les garçons l’attendaient.

_ Alice, tu es magnifique.

                Éric lui sourit et fit mine de lui donner son bras pour sortir du chalet. Alice le prit avec méfiance. Loïc, les yeux pétillants, ne dit rien et suivi les deux autres dehors.

                C’était un joli après-midi d’été, le soleil était haut, il faisait chaud mais un petit vent frais circulait dans la vallée et rafraichissait les jeunes. Alice sortit ses lunettes de soleil de son sac à dos pour protéger ses yeux clairs.

                La marche dura environ une heure comme l’avait prévu Éric. Ils arrivèrent au bord d’un lac d’une eau bleue turquoise magnifique. Alice fut éblouie par la beauté de ce qu’elle avait devant les yeux. Le lac s’étendait sur plusieurs dizaines de mètres, des arbres l’entouraient comme une grande clairière. L’eau semblait peu profonde, mais il était possible de nager et de faire des longueurs. Il n’y avait personne, pas un enfant criant et courant dans tous les sens, pas une femme criant sur son mari ou des jeunes faisant trop de bruit. Tout était calme et reposant. Alice inspira une grande bouchée d’air, de cet air pur de la montagne.

                Alors que les deux jeunes garçons se posait sur des galets, Alice marcha jusqu’à l’eau. Elle enleva ses chaussures, les posa l’une à côté de l’autre et trempa ses pieds dans le lac. L’eau était fraiche mais agréable. La jeune fille se déshabilla et entra tout doucement dans l’eau. A chaque parcelle de son corps qui entrait en contact avec l’eau, elle ressentait un frisson. Mais c’était un frisson de plaisir, de bonheur. Cette eau semblait la laver de tout ce qui lui pesait sur le cœur et sur le dos. Elle se sentait bien, elle oubliait tout, tous ses problèmes : la mort de ses parents, de son frère, sa fuite, le comportement nouveau d’Éric, celui plus étrange de Loïc. Tout cela était loin, enfoui profondément au fond du lac. Et elle, elle flottait au-dessus, et rien de tout cela ne pouvait l’atteindre.

                La jeune fille fit quelques longueurs, et lorsqu’elle revint sur la plage, Éric et son frère était en train de se disputer. Cela la ramena immédiatement à la réalité.

_ C’est quoi cette réaction Loïc, tu es jaloux c’est ça ?

_ Hein ? Mais n’importe quoi, ça n’a rien à voir !

                Alice, n’avait pas envie de participer à un différend opposant deux frères. Elle se sécha tranquillement et remit ses vêtements. Alors qu’elle revenait vers les garçons, elle vit Éric lever le poing devant son frère et le menacer.

_ Si tu dis la moindre chose, t’es mort !

***

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