Chapitre 9

Dès le réveil, plusieurs mauvaises nouvelles me tombèrent dessus.

Déjà, j'avais oublié de mettre mon réveil la veille et j'étais donc officiellement en retard pour mon travail. J'avais déjà quelques messages et appels de divers collègues, dont beaucoup avaient fini par comprendre que je dormais encore. Autant dire qu'ils allaient me narguer pendant un bon bout de temps vu comment ça ne m'arrivait jamais.

Ensuite, je sentais quelques légers contrecoups de l'alcool de la veille. Un brin de fatigue avait pris le dessus et ma tête était lourde. Heureusement, je savais que ça passerait au cours de la journée.

Pour continuer, Rey était partie assez tôt ce matin. Du moins, c'était ce que je pouvais en déduire de son absence. Plus aucune affaire à elle dans le coin. Mis à part peut-être ma chemise.

Enfin, elle n'était pas partie sans laisser de trace, je le constatai dans le miroir quand j'entrepris de me raser après ma douche. J'avais quelques suçons sur mon cou, signe de nos ébats de la veille. J'espérais vraiment avoir une écharpe qui ferait l'affaire. Heureusement qu'on était en hiver.

Après m'être habillé, je répondis aux messages plus ou moins inquiets ou moqueurs de mes collègues pour leur prévenir que je viendrais dans les bureaux cette après-midi. Ça me laissait le temps de manger avant de partir et ça m'éviterait des tas de questions pendant la pause déjeuner, quand bien même je la passai rarement avec mes collègues.

Je venais à peine de finir de cuisiner quelques pâtes quand je vérifiai une énième fois mes messages. Rien provenant de Rey, assez étonnant. Même pas un petit message pour me prévenir qu'elle était bien rentrée. J'avais comme l'impression d'être relégué à un vulgaire plan cul qu'elle avait tenté de se débarrasser dans la foulée.

Alors que je venais à peine de commencer à manger, je composai son numéro en espérant qu'elle ne m'ignore pas. Après tout, si elle voulait juste une partie de jambes en l'air sans que ça n'aille plus loin, pourquoi pas.

Heureusement pour moi, elle décrocha assez rapidement.

— Je suis quand même étonné que tu sois partie ce matin sans même prendre un petit-déjeuner, lui fis-je remarquer d'une manière extrêmement frontale.

Elle laissa échapper un petit rire et quelques minutes de silence. Comme toujours, elle maîtrisait la situation, et hier, j'avais pu m'apercevoir que le sexe pouvait en faire partie.

— Je n'allais quand même pas tout te donner tout de suite, me lança-t-elle d'une voix enjôleuse.

— Pourtant, pour certaines personnes, coucher ensemble, ce serait déjà tout donner.

— Mais pas pour toi, sinon tu ne m'aurais pas rappelé.

Je sentais son sourire à travers mon téléphone. Elle jubilait de la situation. Elle se jouait totalement de moi, mais depuis hier, elle ne s'en cachait même plus. Elle pouvait se permettre les attaques bien plus frontales pour me déstabiliser et me provoquer.

— D'ailleurs, il y a deux choses dont on doit discuter mademoiselle, lançai-je d'un ton déterminé. Je ne trouve plus ma chemise, ne l'aurais-tu pas embarquée avec toi ?

— Complètement. J'avais un peu froid même avec mon manteau et ma robe. Et il faut avouer qu'elle est très agréable. C'est vraiment de la qualité. Certes, tu n'as pas une garde-robe très diversifiée, mais je dois te reconnaître ce point.

Même quand j'essayai de reprendre le dessus, elle recommençait de plus belle. Pour cette fois-ci, je décidai de ne pas relever et enchaînai sur mon second problème :

— Ensuite, dans mon cou, tu t'es bien défoulée.

— Oui, pourquoi ? lâcha-t-elle, désinvolte.

— Je n'ai pas de maquillage pour camoufler ça. Je vais devoir me contenter d'une écharpe.

— Serait-ce un joker que tu serais en train de sortir ?

Je pris quelques secondes pour réfléchir sérieusement à cette proposition. Dans le fond, était-ce réellement grave ? Peut-être pas tant que ça, mais je n'avais pas non plus envie que les gens en fassent des déductions.

Dire qu'à la base, je me rapprochai d'elle pour un article, pas pour quelques coucheries — même si c'était très plaisant. Désormais, j'ignorais où toute cette histoire allait me mener. Parce que, pour le moment, tout ce que je découvrais, c'était sa vie sexuelle. Un domaine qui était plus épicé que je ne le pensais.

— Non, pas de joker, finis-je par me rabattre.

— Alors, j'aurais pu te faire bien pire... Remercie d'avoir été plutôt douce alors.

— Je ne suis pas sûr de vouloir voir ça.

— On verra si tu utiliseras ou pas un joker le moment venu.

Je pris quelques secondes de réflexion. Des secondes où elle ne chercha pas à relancer la conversation. Juste quelques secondes où je pus observer l'horizon.

— Par contre, je vais devoir te laisser, annonça-t-elle. J'ai une vidéo à monter. Je te ferai signe quand j'aurai un peu de temps...

— Tant mieux, je risque d'être un peu pris de mon côté aussi, lâchai-je pour calmer ses ardeurs.

— Permets-moi d'en douter.

Elle laissa s'écouler quelques secondes avant de raccrocher. Même pas un au revoir, rien de plus. Cette femme était très perturbante. Peut-être un peu trop.

 

*

 

Dès que je franchis le seuil de mon bureau, Armie s'y précipita, tout sourire.

— Ben Solo, depuis quand tu te pointes en retard ? Qu'est-ce qu'il s'est passé hier ?

— J'étais juste à fond sur la rédaction d'un article et j'ai pas vu l'heure tourner, prétendis-je en évitant son regard.

— Pourquoi ai-je du mal à y croire ?

J'enlevai mon manteau et par un réflexe, je faillis me débarrasser de mon écharpe, mais m'arrêtai à temps. Ce bref geste lui fit arquer un sourcil.

— Des fois, je peux chambouler mes habitudes, y compris travailler toute la nuit et me réveiller tardivement un peu le lendemain. La preuve, je viens parfois manger avec toi et Phasma alors que ce n'est vraiment pas dans mes habitudes.

— Mais il y a une importance différence entre "jamais" et "presque jamais" selon tes standards.

J'ignorais ce à quoi il s'attendait réellement de cette conversation. Il savait que j'étais assez porté sur le fait de découvrir quelque chose sur Rey, cette fameuse influenceuse, mais il ramenait toujours bien le sujet pour se moquer de moi plutôt que pour m'encourager.

Je m'assis sur mon fauteuil alors que Armitage ne bougeait pas d'un pouce. Il mit ses mains dans les poches de son pantalon, presque gêné. Il s'attendait vraiment à ce que je lui parle de quelque chose.

— Quoi encore ?

— T'en as fini avec ton influenceuse ?

J'aurais dû m'en douter... Dire que j'espérais qu'il ait oublié ce sujet.

— Rien de nouveau et je n'ai pas eu l'occasion de la recontacter pour le moment.

— Ou serait-ce parce que tu ne trouves rien et que tu ne vas rien trouver ?

J'avais comme la sensation qu'il se réjouissait déjà à l'idée que j'échoue. Peut-être un peu trop.

— Je peux t'assurer que je finirais bien par trouver quelque chose, le contraire m'étonnerait.

— Tu as l'air un peu trop sûr de toi... Tu n'aurais pas déjà une piste ?

— Peut-être bien... Mais il va falloir que je la recontacte.

Il s'approcha de mon bureau, tout sourire.

— Je crois avoir quelque chose pour toi. Demain, il y a une soirée caritative pour une association que Rey semble beaucoup apprécier et soutenir.

Aux premiers abords, cette soirée me semblait sans intérêt. Je pouvais l'appeler à tout moment et échanger assez facilement avec elle — même si elle pouvait prendre la fuite le lendemain matin. Puis, en y repensant, ce pouvait être bien plus intéressant que je ne le pensais.

Contrairement à nos derniers échanges, nous nous retrouverions totalement plongés dans son milieu et surtout, nous serions surveillés. Alors, chacun de ses faits et gestes serait d'autant plus calculé. Je m'attendais déjà à voir une autre facette de sa personnalité, bien plus éloignée que celle que je découvrais jour après jour.

— Parfait ! Si t'as les informations, ça m'intéresse du coup.

— Je te les donnerai plus tard. On ira ensemble, affirma-t-il en enlevant les mains de ses poches.

Il ajouta aussitôt — probablement à cause de mes sourcils froncés :

— Je commence à devenir curieux moi aussi à force de te voir acharné à ce point.

Cette idée me paraissait assez... dangereuse. Mais je n'avais pas vraiment le choix, surtout si je ne voulais rien laisser transparaître. Déjà que je galérais avec quelques suçons dans le cou, je n'allais pas me rajouter quelques difficultés dans le lot.

— Très bien... Mais tu me laisses prendre les devants, lui ordonnai-je le pointant de mon index et en me penchant sur mon bureau. Tu ne feras qu'observer.

— D'accord, accepta-t-il comme si de rien n'était. Enfin, sauf si je ne trouve pas quelque chose avant toi.

Il ne me laissa pas le temps de répliquer.

Venait-il vraiment de lancer une compétition entre nous ?

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Enaelyork
Posté le 13/02/2021
Alors là si Armie s’en mêle ça risque de mal tourner. Je suis impatiente de voir cette rivalité et l’impact qu’elle va avoir sur la relation Ben/Rey =]
MissRedInHell
Posté le 30/03/2021
Toujours ! Il faut toujours ramener des gens pour foutre le bordel ! Et j'aime trop écrire des rivalités en plus... xD
ManonSeguin
Posté le 26/01/2021
Ouiii Hux entre dans la partie ! :D Je n'en attendais pas moins de Armie. Et leur échange de bon matin, on dirait presque un couple déjà rodé :') C'est mignon, la dynamique s'installe progressivement entre ces deux-là et j'ai hâte de voir jusqu'où tu vas la pousser :)
MissRedInHell
Posté le 26/01/2021
Toujours une petite pointe de Kylux au passage haha, je peux pas m'en empêcher XD
Hehe surprise c:
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