Chapitre 32 : La guerre

Notes de l’auteur : A vous de me donner votre avis, les chapitres guerriers ne sont pas faciles :) des bisous

Bérénice rebroussa chemin à toute vitesse. L’Opéra était déserté. Elle se concentrait pour suivre le gardien qui filait à travers les corridors et salons. Seuls les domestiques rangeaient les vestiges des repas avec indifférence.

 Ils atteignirent le deuxième étage et Bérénice arrêta le gardien d’un geste. Elle se dirigea vers l’immense balcon qui donnait sur la place de l’Opéra.

Quelques mètres en-dessous de la terrasse, les deux armées se faisaient face.

Aux côtés de Bérénice demeuraient quelques spectateurs, richement vêtus, la cigarette à la bouche, un verre de whisky à la main. Certains pariaient, comme s’ils étaient dans les gradins d’une course hippique.

Quelques hommes lui lancèrent un regard, surpris qu’une domestique prenne autant de libertés. Bérénice scrutait la scène, le souffle coupé :

— C'est de la folie ! Que s'est-il passé pour que les ouvriers se retrouvent ici ?

L'un de ses voisins s'esclaffa sans lui répondre, les autres l'ignorèrent, mais une femme, en robe de soie et épaisse fourrure se posta à ses côtés. Elle agita son verre d'alcool et s’appuya contre la balustrade, présentant son dos-nu aux deux armées :

— L’empereur avait prévu d’attaquer les ouvriers durant la représentation à l’Opéra. Toute son armée se dirigeait vers les quartiers populaires…Mais il semblerait que le jeune Coeurderoy l'ait appris. J’ai entendu dire qu’il avait des informateurs dans la garde impériale. 

— Et ? la pressa Bérénice.

— Lysandre Coeurderoy a pris l’empereur à son propre jeu.

Les troupes de l’empereur tournaient le dos à l’Opéra. En face de Bérénice, de chaque avenue venaient des ouvriers. A chaque minute un peu plus nombreux et menaçants.

Sur un cheval, Lysandre était flanqué de chaque côté par des soldats de la garde impériale et des ouvriers du Faubourg Saint-Antoine. À chaque retrouvaille avec Lysandre, Bérénice le voyait un peu plus devenir cet empereur qu’il rêvait d’incarner.

Quant à ses hommes… Quelle armée disparate ! Les tabliers en cuir côtoyaient les uniformes militaires ; les marteaux côtoyaient les sabres. On apercevait des visages juvéniles, d’autres bien trop âgés pour ces combats. Parmi leurs rangs s’entendaient des clameurs.

Sous la terrasse de l’Opéra, on avait installé une estrade de fortune. Dessus reposait l’empereur dans un décor fastueux. A ses pieds, ses généraux et leurs emblèmes tempêtaient. Bérénice reconnut parmi eux Marco, Oscar et Decas. En rang serrés, les soldats, aux uniformes lustrés et aux visages de marbre, ressemblaient à une armée de fantômes.

Les uns étaient aussi vibrants que les autres insipides.

Les cris et éclats entendus des combles de l’Opéra provenaient des balcons d’où les Parisiens jetaient des fleurs à Lysandre et son armée. Lysandre se figea au cœur de la place. Il leva la main et les troupes s’arrêtèrent. Contrairement à son oncle, protégé derrière son armée, Lysandre faisait face à l’ennemi. Bérénice reconnut à ses côtés Léopold et Honoré. Un chevreuil mécanique frôlait le cheval de Léopold. Bérénice reconnut là son emblème.

C'est alors qu'Icare s'éleva dans les airs, sans l'accord de Bérénice. A tir d'ailes, il traversa la place sous le regard de tous et se posa sur l'épaule de Lysandre. Effrayés, certains soldats de l'empereur s'écrièrent :

— Un emblème ! Regardez, il a un emblème !

— Même pas ! lança Oscar dans un rire glaçant, en tournant son cheval vers ses troupes. Il est désespéré au point qu'on lui prête un emblème ! Ce n’est qu’un petit empereur…L’empereur des ouvriers. Pathétique.

Lysandre leva la main, réclamant le silence et s’adressa aux soldats de l’empereur. Même ce dernier tendit l’oreille :

— Il y a vingt ans mon oncle a pris le pouvoir par ambition. Aujourd’hui, c’est pour cet homme que vous vous battez. Corruption. Arbitraire. Pauvreté. Exploitation. Déshonneur. Voilà le bilan de son règne ! Regardez-le, à l’abri des combats ! Moi, Lysandre Coeurderoy, ne veux pas être un usurpateur. Défendre l’intérêt de mon peuple est ma seule préoccupation. Soldats ! Nous, nobles, avons des responsabilités, je n'oublie pas les miennes !

Les ouvriers crièrent, levèrent leurs outils de forgerons, menuisiers, miniers vers le ciel, acclamant Lysandre :

— Soldats, ouvriers, Parisiens ! Regardez-les ! Regardez vos nobles ! fit Lysandre en pointant du doigt les généraux de son oncle. A l'image de leurs emblèmes, ils sont devenus indolents, lâches, paresseux ! Quant à vous, chers nobles, où sont les rêves de nos aïeux ? Comment avez-vous pu délaisser la vertu, l'honneur et le devoir ?

— Qui es-tu, toi ? Qui es-tu pour prétendre au trône ? Un misérable fils d'empereur, qui ne connait rien à la politique et au pouvoir ! s’exclama Oscar avec hostilité.

Il transmettait une telle haine et une telle hostilité que son cheval était prêt à charger. Lysandre braqua son regard sérieux vers lui. Là où Oscar était survolté, Lysandre conservait un calme mystique :

— A vos yeux je ne suis pas digne de cette fonction ? Que je vous rassure, je ne me sens pas prêt non plus ! Mais je refuse le despotisme. Lorsqu’on naît d'un tel lignage, fit-il en regardant les nobles, on a des devoirs envers le trône, envers le pays, envers son peuple ! Ce soir, ma place est auprès d'une armée de fidèles, sans armure, sans emblème prêts à se battre pour la France ! Mes compagnons ! Notre cause est juste !

            Bérénice ressentit un mélange de fierté et d'angoisse en voyant Lysandre et ses hommes, si courageux.

            C'est à ce moment précis qu’Oscar perdit le contrôle de son cheval et que ses soldats réagirent au quart de tour. Ils brandirent leurs armes sur les ouvriers et sans attendre, attaquèrent.

Les hommes de Lysandre répliquèrent avec autant de force. Chaque armée chargea vers l'ennemi. Du côté de l'empereur, les soldats cognèrent contre les ouvriers, les Habiles tirèrent, usant d'artifices redoutables, mais pire encore…les emblèmes s'éveillèrent.

Bien que moins puissants qu'Icare, ils plongèrent dans le combat avec la même férocité que leur maître. Bérénice aperçut griffons, loups, coqs, cerfs, lions, hérissons, taureaux, serpents, chevaux... Même une tortue s'élança vers les troupes opposées. Tous étaient redoutables avec leurs griffes, becs, piquants, sabots, cornes, carapaces... Sans peur, les emblèmes abattaient leur corps puissant contre les phalanges des ouvriers. Ces derniers, malgré tout leur courage et les tactiques des généraux de Lysandre reculaient, surpassés.

— Je ne donne pas cher de leur peau ! lança l'un des hommes à côté de Bérénice. Dans une demi-heure, le spectacle sera achevé et on rentrera à la maison.

— Cet enfant va apprendre une bonne leçon. Quelle impertinence ! renchérit un autre.

— Pourquoi ne pas tirer une balle dans le cœur de ce gamin ? demanda un troisième.

Les poings fermés, Bérénice bouillonnait de colère. L’un d’eux reprit :

— Pourquoi gâcher le plaisir ? Non, ils doivent se battre à la régulière ! C'est une leçon de toute-puissance. Admirez !

En effet, Bérénice ne pouvait rater une miette du terrifiant spectacle…tout comme l'empereur qui se délectait.

Même avec toute leur bravoure, les ouvriers ne faisaient pas le poids face aux soldats de métiers, aux Habiles et aux emblèmes.

Icare attaquait avec force ses ennemis, défendant bec et griffes Lysandre des autres emblèmes.

De chaque côté du prince impérial, Honoré et Léopold luttaient. Le premier projetait son marteau avec une force brute, tandis que le second, habituellement si lourd, dansait avec grâce, rythmé par la pointe de son épée.

Oscar et Emilien Decas se rapprochaient dangereusement de la garde de Lysandre, alors que Marco fuyait la bataille. Bérénice jura entre ses lèvres :

— Toujours aussi lâche celui-là. Il fuit en Égypte, il fuit à Paris…

Elle devait y aller ! Elle devait les aider. Bérénice quitta le balcon et reprit sa course. Elle traversa l'Opéra, le couloir dérobé et la banque. C'était le seul moyen pour rejoindre le bon côté des troupes. Dans la banque, derrière la porte barricadée, le gardien et ses employés surveillaient les combats.

— Poussez-vous ! s’écria Bérénice sans ménagement en se délestant de son tablier de serveuse.

Le gardien hésita, mais Bérénice bondit vers les combats. Elle remonta les premiers rangs qui dans la mêlée n'étaient plus formés.

Certains soldats la reconnurent et l'attaquèrent. Elle esquiva une attaque et courut à travers le champ de bataille. Tout d'un coup, un bras puissant l'attira avec violence. Elle se laissa emporter, malgré elle.

— La fausse Habile ! Elle se croit des nôtres ! fit une voix contre son oreille.

 Elle sentait quelque chose enserrer son cou ! Un fil tailladait sa peau. De toutes ses forces, elle essaya de le retirer, mais c’était impossible tant il s'enfonçait en elle. Sa vision se troubla. Elle asphyxiait, se sentait mourir et lâcha dans un dernier souffle :

— A moi !

Bérénice s'écroula sur le sol et regagna un peu d’air. Elle sentit le poids du corps mort de l'Habile contre le sien et du sang chaud coula contre sa nuque.

Avec force, le corps de son attaquant fut repoussé et Bérénice toussa. Elle put se relever et on lui enleva le cordage métallique. Elle reconnut les yeux de glace de Pierre. Elle passa la main contre son cou. Les premières douleurs se firent sentir. Elle devina les marques autour de son cou. En reconnaissant l’uniforme des Habiles sur son agresseur, elle souffla avec difficulté :

— Merci, celui-là m'en voulait vraiment ! Est-il mort ?

— Totalement mort ! Ce n'est pas à moi que l'on doit cette œuvre, fit Pierre en pointant du doigt Icare qui volait au-dessus de leurs têtes. Cet oiseau vous a dans la peau. Dès qu'il vous a vu, il a volé à votre secours.

Bérénice vit qu'Icare s'était cogné contre le dos de l'Habile et celui-ci s'était écroulé contre le trottoir. Le coup l'avait tué immédiatement.

— Pierre ! s’écria Lysandre en progressant vers eux, couvert de sang et de sueur, l'épée à la main. Tu es revenu à temps avec les troupes !

Bérénice s'aperçut qu'en effet, des soldats agrandissaient les rangs des ouvriers et chargeaient les troupes de l'empereur. Aucun moyen de reconnaître un soldat allié d'un ennemi. Le combat se complexifiait.

— Ce sont les hommes recrutés en province ? Ceux qui se sont ralliés à vous ces dernières semaines ? articula Bérénice, soulagée.

Pierre hocha la tête, l'ombre d'un sourire sur ses lèvres. L'espoir revenait parmi les ouvriers. Ils redoublèrent d'efforts. Un soldat attaqua Bérénice. Elle prit une des épées et le contra, aidée de Pierre. Ses gestes étaient rouillés, maladroits, mais elle rendait chaque coup :

— Lysandre ! Vous devez rejoindre votre frère dans l'Opéra ! s’exclama-t-elle. Il a trouvé un moyen pour faire votre emblème !

— Comment ? C'est impossible ! Je ne peux pas fuir. Avez-vous perdu la tête ? lui répondit Lysandre en poursuivant son duel. 

— C'est nécessaire ! Nous avons trouvé le secret des emblèmes ! Or, pour vous en créer un, il faut absolument que vous soyez là !

— Dimitri est fou ! Nous avons des chances de battre mon oncle, mais si je pars, ces chances sont réduites à néant. Et je refuse de quitter la bataille ! Je ne suis pas un lâche !

Bérénice recula d'un pas, déstabilisée par les paroles de Lysandre. Pierre reprit la main et porta un coup fatal au soldat.

— Attention ! Bérénice !

Bérénice se retourna. Un cerf la chargeait. Son corps d'acier et ses bois comme des lances se précipitaient dans sa direction. Elle ferma les yeux lors de l'impact.

— Oh! Ma chère Bérénice, enfin une occasion de vous prouver notre valeur ! lança la voix guillerette de Léopold.

Bérénice tétanisée, ouvrit les yeux pour voir Léopold, le corps tendu vers l'emblème, la lame de son épée en travers des bois du cerf. L’homme et l’animal projetaient toutes leurs forces dans ce combat. Pierre et Lysandre vinrent à sa rescousse, tandis que Bérénice ramassait un pistolet au sol. Elle se précipita en biais de l'animal, leva son arme et tira à plusieurs reprises. Elle atteignit le cœur, là où devait se cacher le cœur de l'emblème. Lysandre traversa la carapace de métal de son épée. Finalement la bête s'effondra sur elle-même. Bérénice se retourna et aperçut au loin un noble qui hurlait au désespoir en apercevant son emblème à terre. Il se précipita vers eux, mais Léopold l’arrêta, aidé de son emblème.

Bérénice inspira et lâcha :

— Lysandre ! Venez avec moi ! Cette bataille ne sera certainement pas gagnée si vous n'avez pas d'emblème !

— Bérénice ! Je n'ai pas le temps pour les petites expériences que vous menez avec mon frère. Comment voulez-vous qu'on gagne si je ne suis pas là ! C'est symbolique ! Ces hommes ont besoin d'un chef ! fit-il en reprenant son souffle.

— Justement ! Regardez vos hommes ! Des soldats et des ouvriers qui luttent face à des Habiles, des emblèmes et des soldats bien mieux formés ! Il vous faut un emblème, il vous faut notre aide ! Nous sommes encore désavantagés. Dimitri ne joue pas !

Icare était sur tous les fronts, les ouvriers épuisés rendaient les coups avec moins de vigueur et les armées supplémentaires percevaient l'inégalité dans le combat face aux Habiles et leurs armes redoutables.

— Bérénice a raison, Lysandre ! reprit Pierre. Vous devez absolument y aller. Nous tiendrons. Vos hommes comprendront !

— Je viens avec vous ! s’exclama une voix derrière Bérénice. Je ne serai pas de trop !

Cette dernière se retourna et aperçut Armand qui évitait les corps sur le champ de bataille et progressait vers eux, avec maladresse. Dans ses vêtements immaculés avec ses outils, il détonnait.

Bérénice acquiesça et attrapa le bras de Lysandre qui cette fois-ci se laissa entraîner. Ils pénétrèrent dans la banque sous le regard effrayé de ceux qui s'y étaient réfugiés. Ils reconnurent tous Lysandre Coeurderoy. Certains se courbèrent, d'autres restèrent pantois.

— Fermez la porte et ne laissez personne pénétrer ! s’écria Bérénice à l'adresse du gardien.

Elle guida Lysandre dans le dédale de l'Opéra qui se laissait faire, mais bouillonnait à l'intérieur. Ses hommes mouraient et lui les abandonnait !

Ils atteignirent l'atelier d'Antoine. Armand se précipita vers Dimitri et sa machine qui trônait au cœur de la pièce. L'Habile se tenait devant le matériel et les pièces. Armand comprit immédiatement en jetant un coup d'œil aux plans.

— Tu sais quoi faire ? demanda Dimitri, manches retroussées, couvert de suie et épuisé.

— Bien sûr ! fit Armand en se mettant au travail sur l’emblème et en assemblant les différentes composantes.

Le sourire aux lèvres, Dimitri se redressa et reprit à l’adresse de son frère :

— Lysandre ! Merveilleux. Viens ici et déshabille-toi !

Bérénice et Lysandre fusillèrent Dimitri du regard. Voilà qui n’aidait pas Lysandre à le prendre davantage au sérieux.

— Pardon ? C'est pour ça que vous m'avez fait venir ? gronda Lysandre en reculant.

— Tu as raison, il vaut mieux d'abord que tu prennes un bain. Tu sens le combat, cher frère !

Menaçant, Lysandre brassa son épée dans tous les sens. Bérénice posa une main apaisante sur son bras et expliqua en jetant des regards appuyés sur l'Habile :

— Ce que Dimitri veut dire, c'est qu'il a besoin de votre odeur pour en imprégner votre emblème. C’est ainsi que l'emblème reconnaît son maître. Je vous remplis un bain, Dimitri expliquez-lui en détail !

Bérénice fit couler l’eau dans la baignoire où une vingtaine d'années plus tôt son père avait dû réaliser la même expérience avec Icare. Elle s’éloigna ensuite pour laisser à Lysandre de l'intimité. Ce dernier inspira en se glissant dans l'eau froide et Dimitri s'en amusa, la tête plongée dans des bocaux de graisses et des bandelettes. 

— Comment est-ce en bas ? s’enquit-il. J’imagine qu'à l'heure qu'il est, notre oncle est au champagne.

Bérénice leva les yeux au ciel, faisant face au mur. Dimitri et ses taquineries. Lysandre était définitivement le plus mature des deux.

— Tiens, prends cette serviette, reprit Dimitri. Et à présent, le moment que j'attendais le plus… Nous allons momifier le futur empereur, vive l'empereur !

— Dimitri ! lança Bérénice, toujours le dos tourné. Ne soyez pas cruel !

— Si je l'étais, répondit-il, je prendrais des photographies. Comment procède-t-on, Bérénice ?

— Appliquez la graisse sur la peau, puis enrubanner les parties du corps où l'odeur est la plus concentrée, c’est-à-dire le cou, les jambes, les genoux et les aisselles.

Bérénice entendit le bruit de la graisse appliquée et réprima un frisson de dégoût. Elle n'aurait pour rien au monde échangé sa place avec Lysandre.

Assise sur la chaise du bureau, elle retrouva la photographie de sa mère. Elle farfouilla dans son sac et en ressortit celle que Dimitri lui avait donné le soir de l'attentat contre Lysandre où figuraient leurs deux familles réunies. Elle les fixa, reconnaissant dans les traits de sa mère, ses propres traits.

— Au fait, fit Dimitri en relevant la tête, où est cette chère mademoiselle Lépine ? D'habitude, elle est toujours dans les pattes de l'un de vous deux !

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Fannie
Posté le 11/02/2021
Comme je suis une lectrice crédule, au premier abord, rien ne m’a dérangée dans ce chapitre. Mais en lisant le commentaire d’Alice_Lath, je me suis tout de suite rendu compte de sa pertinence. Si la bataille se déroule de cette façon, le camp de Lysandre n’a effectivement aucune chance et il sera même annihilé avant que son chef obtienne son emblème.
Personnellement, j’aime bien le discours de Lysandre et je trouverais dommage de le supprimer, mais il doit certainement se faire dans une autre situation. Je trouve intéressant aussi de voir grossir les rangs des partisans de Lysandre, mais avec des combattants qui changent de camp en plein milieu de la bataille, plus personne ne pourra s’y retrouver, d’autant plus qu’en réalité, il y a trois camps (celui de l’empereur actuel, celui de Harcourt et celui de Lysandre).
Ne crois-tu pas que les discours et les « conversions » devraient plutôt se faire durant sa campagne ? Qu’il effectue sa tournée et que de plus en plus de gens le rejoignent à chaque étape, pour finalement arriver en foule à Paris ? S’il doit vraiment y avoir une bataille rangée, il faut également qu’il y ait des militaires (ou anciens militaires) dans le camp de Lysandre, quelqu’un qui soit capable d’élaborer une vraie stratégie de guerre.
Ce qui me laisse perplexe, c’est qu’au début du chapitre, j’ai eu l’impression que Bérénice avait perdu de vue son objectif, qui était d’aller chercher Lysandre pour fabriquer l’âme de son emblème, pas de participer à la bataille. Ne crois-tu pas que ce serait bien de laisser le temps à nos héros de faire en sorte que Lysandre ait son emblème avant le début de la guerre ? Si personne d’autre que ce petit groupe n’est au courant, ce sera déjà une surprise de taille pour les camps adverses et même pour les partisans de Lysandre.
Au fait, Dimitri a raison : où est Héloïse ?
Coquilles et remarques :
— L’Opéra était déserté. [Il faudrait plutôt dire « L’Opéra était désert » ou « L’Opéra avait été déserté » .]
— Quelques mètres en-dessous de la terrasse [en dessous ; sans trait d’union]
— mais une femme, en robe de soie et épaisse fourrure se posta /, présentant son dos-nu aux deux armées [Pas de virgule avant « en robe » / son dos nu ; sans trait d’union.]
— Et ? la pressa Bérénice. [Cette incise ne fonctionne pas à cause du COD et du monosyllabe. Je propose quelque chose comme :« Et ? fit Bérénice sur un ton impatient ».]
— En face de Bérénice, de chaque avenue venaient des ouvriers. A chaque minute un peu plus nombreux et menaçants. [Je ne suis pas sûre que la répétition de « chaque » apporte quelque chose. « À chaque minute » donne une impression de saccade, alors que « de chaque avenue venaient des ouvriers » suggère un flot ininterrompu qui grossit progressivement. C’est cette dernière image qui me semble la plus appropriée.]
— Sur un cheval, Lysandre était flanqué de chaque côté par des soldats de la garde impériale et des ouvriers du Faubourg Saint-Antoine. [Cette tournure n’est pas correcte ; on dit « flanqué de », pas « flanqué par ». La mention « de chaque côté » est inutile. Je propose : « Lysandre était flanqué d’un groupe de soldats de la garde impériale et d’une bande d’ouvriers du Faubourg Saint-Antoine ».]
— À chaque retrouvaille avec Lysandre, Bérénice le voyait un peu plus devenir cet empereur qu’il rêvait d’incarner. [Il faudrait qu’« un peu plus » se rapporte clairement à « devenir » et non à « voyait ». « Bérénice le voyait devenir un peu plus cet empereur » serait déjà plus clair, mais ça ne me paraît pas vraiment satisfaisant non plus.]
– A ses pieds, ses généraux et leurs emblèmes tempêtaient. [À]
— En rang serrés, les soldats, aux uniformes lustrés et aux visages de marbre, ressemblaient à une armée de fantômes. [« En rangs serrés » / Pour éviter d’entrecouper la phrase, je propose : « En rangs serrés, les uniformes lustrés et les visages de marbre, les soldats ressemblaient à une armée de fantômes ».]
— Les uns étaient aussi vibrants que les autres insipides. [Il faudrait répéter le verbe : « aussi vibrants que les autres étaient insipides ».]
— A tir d'ailes, il traversa la place [À tire-d’aile]
— L’empereur des ouvriers. Pathétique. [Point d’exclamation après « Pathétique ». D’ailleurs, je crois que c’est sous l’influence de l’anglais que « pathétique » est devenu une insulte. Je propose « Pitoyable ! » ou « Lamentable ! ». À l’origine, « pathétique » signifiait « qui émeut fortement » et était surtout employé dans le domaine artistique ; cette connotation négative de « piteux, dérisoire, lamentable » est récente. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir constatée durant mon enfance ou mon adolescence.]
— A l'image de leurs emblèmes, ils sont devenus indolents [À]
— s’exclama Oscar avec hostilité. / Il transmettait une telle haine et une telle hostilité que son cheval était prêt à charger. [Répétition. Je te propose le synonyme « animosité ».]
— A vos yeux je ne suis pas digne de cette fonction ? [À]
— Ce soir, ma place est auprès d'une armée de fidèles, sans armure, sans emblème prêts à se battre pour la France ! [Virgule avant « prêts ».]
— Ils brandirent leurs armes sur les ouvriers et sans attendre, attaquèrent. [Il faudrait placer « sans attendre » entre deux virgules ou changer l’ordre : « et attaquèrent sans attendre ».]
— Chaque armée chargea vers l'ennemi. [Dans le sens d’attaquer, « charger » s’emploie absolument (c’est-à-dire sans complément) ou avec un COD : « chargea l'ennemi ».]
— Ces derniers, malgré tout leur courage et les tactiques des généraux de Lysandre reculaient, surpassés. [Cette tournure n’est pas très fluide. Je propose : « Sans peur, les emblèmes abattaient leur corps puissant contre les phalanges des ouvriers qui reculaient, malgré tout leur courage et malgré les tactiques des généraux de Lysandre ». On comprend bien qu’ils sont surpassés.]
— En effet, Bérénice ne pouvait rater une miette du terrifiant spectacle… [« manquer » serait préférable à « rater », qui est familier]
— les ouvriers ne faisaient pas le poids face aux soldats de métiers [de métier]
— Toujours aussi lâche celui-là. Il fuit en Égypte, il fuit à Paris… [Virgule avant « celui-là ».]
— Poussez-vous ! s’écria Bérénice sans ménagement [Outre le fait que l’expression « sans ménagement » revient un peu trop souvent, ici, elle n’est pas adéquate ; « sur un ton péremptoire (ou « impérieux ») », peut-être ?]
— Elle remonta les premiers rangs qui dans la mêlée n'étaient plus formés. [Il faudrait placer « dans la mêlée » ente deux virgules. / La formulation « n'étaient plus formés » me semble un peu maladroite ; « qui s’étaient désorganisés dans la mêlée », peut-être ?]
— A moi ! [À moi !]
— Bérénice s'écroula sur le sol et regagna un peu d’air [« retrouva un peu d’air », peut-être ?]
— Elle reconnut les yeux de glace de Pierre. Elle passa la main contre son cou. Les premières douleurs se firent sentir. Elle devina les marques autour de son cou. [Toutes ces phrases commencent par le sujet, presque toutes par « Elle ». Du point de vue du rythme, c’est un peu répétitif.]
— Dès qu'il vous a vu, il a volé à votre secours [vue]
— Aucun moyen de reconnaître un soldat allié d'un ennemi [« de distinguer » ou « de différencier » ; « reconnaître » me semble impropre]
— Le combat se complexifiait. [Le verbe « complexifier » date de 1951. De toute façon, ici, « se compliquait » est plus adéquat.]
— Bérénice tétanisée, ouvrit les yeux pour voir Léopold, le corps tendu vers l'emblème, la lame de son épée en travers des bois du cerf. [Cette phrase compte déjà beaucoup de virgules. Je propose : « Tétanisée, Bérénice ouvrit les yeux ».]
— Elle se précipita en biais de l'animal, leva son arme et tira à plusieurs reprises. [On ne peut pas dire « en biais de » ; « Elle se précipita obliquement vers l'animal », peut-être ?]
— Elle atteignit le cœur, là où devait se cacher le cœur de l'emblème [Répétition ; « l’âme de l’emblème », peut-être ? Entre ce passage et celui qui suit, tu répètes plusieurs fois le mot « emblème ».]
— Armand qui évitait les corps sur le champ de bataille et progressait vers eux, avec maladresse. [Pas de virgule avant « avec maladresse ».]
— Dans ses vêtements immaculés avec ses outils, il détonnait. [Cette phrase est bizarre. Je propose : « Avec ses vêtements immaculés et ses outils, il détonnait ».]
— Elle guida Lysandre dans le dédale de l'Opéra qui se laissait faire, mais bouillonnait à l'intérieur. [Ça ressemble à un janotisme : on dirait que c’est l’Opéra qui se laissait faire. Je propose : « Elle guida dans le dédale de l'Opéra Lysandre qui se laissait faire, mais bouillonnait à l'intérieur ». Comme le COD est complété par une proposition relative, on peut le placer après le complément circonstanciel. C’est une question d’intelligibilité du texte.]
— Bien sûr ! fit Armand en se mettant au travail sur l’emblème et en assemblant les différentes composantes. [Les différentes parties, les différentes pièces. En mécanique, les composantes sont des forces, si je ne m’abuse.]
— Elle s’éloigna ensuite pour laisser à Lysandre de l'intimité. [Ici, le COD devrait venir en premier : « pour laisser de l'intimité à Lysandre ».]
— Dimitri et ses taquineries. Lysandre était définitivement le plus mature des deux. [Point d’exclamation après « taquineries ». / Des anglicismes ! « décidément » (pas « définitivement », voir ici : http://www.academie-francaise.fr/definitivement) et « mûr » (pas « mature ») ; mature, qui était un archaïsme en parlant des humains, est revenu récemment dans l’usage sous l’influence de l’anglais. Je n’ai pas le souvenir de l’avoir entendu durant mon enfance et mon adolescence.]
— Appliquez la graisse sur la peau, puis enrubanner les parties du corps [enrubannez]
— Elle farfouilla dans son sac et en ressortit celle que Dimitri lui avait donné le soir de l'attentat contre Lysandre où figuraient leurs deux familles réunies [donnée / je propose « sur laquelle figuraient » parce qu’« où » peut être ambigu]
— Elle les fixa, reconnaissant dans les traits de sa mère, ses propres traits. [Ici aussi, le verbe « fixer » est ambigu ; je propose « les observa », « les examina » ou « les scruta ». / Cette tournure est bancale. Je propose : « reconnaissant ses propres traits dans ceux de sa mère ».]
Luna
Posté le 24/12/2020
Je la trouve plutôt bien cette scène de bataille ! Je suis loin d'être une experte en la matière, mais ça me paraissait plutôt clair.

Bérénice est encore une fois un peu trop impulsive, se jetant ainsi dans la mêlée... il était évident qu'il allait lui arriver quelque chose. Je comprends la nécessité pour elle d'y aller pour forcer Lysandre à la suivre, mais je comprends un peu moins comment elle peut croire qu'elle changera quelque chose à l'issue de la bataille (il me semble que c'est son impulsion première : aller aider son camp). Mais bon, c'est un détail.

Lysandre était parfait ! On le sent prêt à endosser son rôle d'empereur après celui de meneur d'hommes. Moi qui le trouvais jusque-là encore un peu "enfantin" sur certains aspects, il semble enfin suffisamment mûr pour prendre les rênes.

J'ai adoré son entrée face à son frère Dimitri et le manque de sérieux de ce dernier, j'ai beaucoup rigolé xD tu arrives décidément à rendre tes personnages très attachants. <3
Rachael
Posté le 14/07/2020
Je ne suis pas non plus une pro des scènes de bataille, donc je ne pourrai pas t’aider sur les aspects techniques, mais rien ne m’a particulièrement choqué. J’ai trouvé que la bataille « passait » bien, et j’ai bien aimé le rythme du chapitre. J’ai juste trouvé un peu étrange que Lysandre quitte le champ de bataille « pour plusieurs heures », car cela va laisser le temps à ses troupes d’être mises en pièce, vu la tournure de la bataille.
Il y a quelques petits détails que je voudrais souligner :
- dans la « tirade de lysandre, j’ai trouvé bizarre qu’il dise « Que je vous rassure, je ne me sens pas prêt non plus ! ». C’est un peu trop subtil et modeste au moment de mener ses troupes au combat…
- quand Bérénice se fait charger par le cerf, j’ai trouvé étrange qu’elle ferme les yeux au moment de l’impact, et ensuite je n’ai pas bien compris s’il y a avait eu impact ou pas.

Détails
présentant son dos-nu : dos nu
A chaque minute un peu plus nombreux et menaçants. : chaque minute
en rang serrés : en rangs serrés
Bérénice tétanisée, ouvrit les yeux pour voir Léopold : ce serait plus fluide avec une inversion : tétanisée, bérénice ouvrit…
Elle se précipita en biais de l'animal : « en biais de » n’est pas correct
puis enrubanner les parties du corps : enrubannez
Je vous remplis un bain, Dimitri expliquez-lui en détail ! ce serait plus clair avec une autre ponctuation : Je vous remplis un bain ; Dimitri, expliquez-lui en détail!
et en ressortit celle que Dimitri lui avait donné : donnée
Bérénice s'écroula sur le sol et regagna un peu d’air : regagner de l’air, c’est bizarre…
Arabella
Posté le 23/10/2020
coucou Rachael ! merci pour ton message ( et désolée pour la réponse tardive). Pour le fait que Lysandre parte pendant la bataille...lui aussi trouve cela étrange ahah, c'est pour ça qu'il s'y oppose fermement au début ! Il est absolument contre, mais il n'a pas le choix ! hihi
Je vais corriger les détails soulignés. Pour Bérénice qui ferme les yeux au moment où le cerf va pour l'attaquer, j'ai pensé que c'était un réflex. :) Merci pour ton passage et ta lecture
Rachael
Posté le 23/10/2020
Contente de te voir de retour ! Ca me fait penser qu'il faut que je finisse ton histoire !
Arabella
Posté le 26/10/2020
merci Rachael ! Quand tu peux, ce sera un plaisir :)
Rachael
Posté le 26/10/2020
Au fait, j'aime beaucoup ton nouveau titre ! Je n'étais pas fan de l'ancien, mais là, c'est un super titre !
Arabella
Posté le 27/10/2020
Oui carrément ! ahahahJe ramais à contre sens pour trouver un titre ! Je préfère aussi de loin celui-ci merci encore :)
Alice_Lath
Posté le 02/05/2020
Très bon chapitre, j'aurais juste un petit truc à soulever par rapport à la stratégie observée lors du combat. L'armée régulière est en effet entraînée et dotée, en 1900, d'armes à feu et même d'artillerie légère, face auxquelles des troupes désorganisées comme les ouvriers seraient balayées comme des fétus de paille lors d'une bataille bien rangée. De plus, Lysandre H24 en première ligne, c'est également très périlleux: le taux de mortalité y est très élevée et il n'y a plus personne pour coordonner la stratégie ni choisir les risques à prendre sur les divers fronts de la capitale. Pareil pour l'estrade, trop fixe, facile à prendre d'assaut et sur laquelle l'empereur serait en danger en cas de brusques mouvements ou de fuyards de sa troupe. Il s'agit plus de réflexes tactiques dans ce cas :) La seule chance des ouvriers, c'est une "guerre des partisans" face aux soldats, sinon ils courent droit au massacre. Pareil pour le discours de Lysandre: il faut imaginer une mêlée terriblement confuse, avec des blessés, des débandades de groupes entiers, de la poudre, des hurlements: impossible pour lui de faire une Rohan lors de la bataille du Gondor. À la rigueur, il peut lancer deux/trois phrases fortes, en montrant toute son énergie et sa bravoure, et qui soient faciles à dire, répéter, déformer parmi les rangs :)
Arabella
Posté le 04/05/2020
Alors, pour les ouvriers, c'était un peu voulu qu'ils soient dans cet état...tu le vois dans le chapitre que tu viens de commenter, ils prennent chers les ouvriers, parce qu'ils ne sont pas armés pour ça. Donc du coup, je voulais montrer cela, je voulais montrer que malgré toute leur bonne volonté, ça s'annonce mal. N'hésite pas à me dire du coup si tu penses que je peux laisser ça comme ça ou non. Pour Lysandre, je voulais montrer qu'il prend des risques, qu'il hésitait pas à se mettre devant, au coeur de la bataille car contrairement à Harcourt ou L'empereur qui se cachent. L'estrade, je peux changer (dommage, je kiffais bien cette idée). Ahaha j'ai trop rigolé en voyant ta comparaison avec la bataille du Gondor...j'avoue être totalement coupable...je me suis un peu beaucoup inspiré de ce discours. Pourtant je ne comprends pas pourquoi ce n'est pas possible, car au moment où Lysandre parle, la bataille n'a pas commencé, les armes se font face., il n'y a pas encore de sang, de poudre...si des hurlements mais pour encourager...N'hésite pas à me faire un retour, j'ai besoin d'experts militaires ahah.
Alice_Lath
Posté le 04/05/2020
On en reparlera sur didi à l'occas haha, un vocal sera plus simple. Mais en fait, une bataille rangée comme ça, les ouvriers sont pas en danger: ils sont annihilés huhu
Arabella
Posté le 04/05/2020
Arffff, ahah, va vraiment falloir que tu me donnes des cours de stratégie militaire. Ca marche, dès que je suis à nouveau en forme et que tu es dispo, je veux bien un cours. MERCIIII
Gabhany
Posté le 18/04/2020
Super chapitre ! Je trouve que le combat est bien rendu, on sent bien la tension entre les deux factions, j'ai trouvé Lysandre grandiose, parfaitement dans son rôle d'empereur, on a envie de le suivre ! J'ai bien aimé aussi qu'il ne veuille pas quitter le champ de bataille. J'ai hâte de voir son emblême, et je sens que l'absence d'Héloïse n'est pas très bon signe. Plein de bisous !
Arabella
Posté le 20/04/2020
coucou Gabhany ! Merci pour tes commentaires toujours aussi encourageants <3 J'avais peur pour ce chapitre, qu'il soit trop grandiloquent. Héhé on en apprend un peu plus sur Héloise au chapitre suivant. Bisouuuusss
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