Chapitre 31 : L'enfleurage

Notes de l’auteur : Je vous avoue être impatiente d'avoir votre avis particulièrement sur ce chapitre (énormément inspiré dans ouvrage...). En espérant que la réponse apportée dans ce chapitre vous plaise :).

Tremblante, Bérénice tendit la clé à Dimitri. Celui-ci la repoussa avec douceur, l'invitant à ouvrir la porte :

— Non Bérénice, c’est à vous. C’est votre moment.

Les yeux baissés sur cette lourde et ancienne clé, Bérénice avait l’impression, pour la première fois, de toucher des doigts le souvenir de son père. Elle inspira et releva la tête :

— Vous avez raison.

Elle glissa la clé dans la serrure et débloqua le loquet. La porte s'ouvrit dans un grincement. Pas de ruses d'Habiles, pas d'artifice.

 Bérénice accueillit cette normalité avec bonheur. C'était l'œuvre de son père, un vieil homme simple, et non celle d'un des plus grands Habiles de France. Elle pénétra la première dans la pièce, tandis qu'Icare s'échappait pour profiter des hauteurs sous le plafond.

Bérénice perçut une forte senteur de jasmin et de musc.

La pièce était vaste. Elle devait recouvrir une grande partie de la surface de la scène, des dizaines de mètres plus bas. Le parquet en point de Hongrie avait besoin d’être raboté, la poussière s’accumulait partout et d’immenses tentures masquaient la lune à travers le vitrage. Des étagères croulant sous le poids des livres se faisaient face.

Mais plus surprenant encore, Bérénice reconnut des objets qui n’avaient pas leur place ici, dans l’Opéra de Paris.

 Aux centres de la pièce, sur des tréteaux ou à même le sol, s’étalaient des châssis non loin d’un alambic colossal relié à des tuyaux et bonbonnes :

— Ce sont des alambics ! Et des bains-marie ! Et là des flacons ! Regardez Dimitri, ici, on voit des châssis ! Et là, une malle avec des affaires de toilette !

Comment Antoine Savary avait-il pu se procurer à Paris tout ce matériel de parfumeurs grassois ?

Bérénice allait d'un objet à l'autre, fascinée en pointant du doigt tout ce qu’elle reconnaissait :

— Ici, c'est de la graisse ! Et là, l'alcool ! C'est incroyable ! Un orgue à parfums ! C’est la boite, là. Elle contient dans chaque étui l’ensemble des senteurs que l’on peut associer. Regardez, les tamis !

— Mais qu'est-ce que vous racontez ? Je ne comprends rien.

Bérénice se tourna vers Dimitri, toujours à la porte :

— C’est pourtant évident. Nous ne sommes pas dans l'antre d'un Habile mais dans l'atelier d'un parfumeur !   

— Le gardien s’est donc trompé ?

Dimitri fit tomber l’un de ses sacs sur le sol, souffla et s’assit sur un coffre. Il laissa tomber sa tête entre les mains et poussa un cri de rage :

— Nous sommes d’une naïveté ! Nous avons été tournés en ridicule !

Bérénice l’ignora :

— Dimitri, les voiles sur les vitres réduisent l’altération du parfum par le soleil.

Dimitri ne cilla pas. Il n’était pas d’humeur à comprendre ces nouvelles énigmes.

— Et alors ? En quoi cela peut bien nous intéresser ? Mon frère part en guerre, mais il va vaincre, car il sera parfumé ! fit-il avec cynisme.

— Vous croyez que le gardien s'est trompé ? Non, nous sommes bel et bien dans l'atelier de mon père.

— Lysandre sera le candidat au trône le plus élégant, c’est déjà un plus ! reprit-il en prenant à peine le temps de l’écouter.

Dimitri la scrutait comme si tout d'un coup les rôles s'étaient inversés : elle était devenue l'Habile et lui un imposteur. Bérénice reprit montrant des boites ouvertes, desquelles étaient perceptibles des flacons anciens :

— Lavande, Tubéreuse, Rose, musc, Jasmin, fleurs d'Oranger, cire d'Abeille, Violette, Iris…Ne sentez-vous pas ces parfums du sud ? Nous avons vécu des années à Grasse. Là-bas, pendant des siècles, les parfumeurs ont appris à capter les odeurs. Étrange coïncidence que de découvrir ici un atelier de parfumeur alors que mon père a passé les quinze dernières années de sa vie dans cette ville ! 

Sceptique, Dimitri s'approcha d'un bureau sur lequel s'entassaient des documents et se plongea dans la lecture.

— Bérénice !

Dimitri lui tendit une photographie.

Elle s’assit pour contempler un visage qu’elle n’avait que très rarement vu en photographie. Sophie, sa mère, posait sur un banc, avec la cathédrale Notre-Dame en arrière-plan. Elle était jeune, et lui ressemblait : ses mêmes cheveux très sombres, cette peau brune, les yeux sages mais à l’affut. On devinait Bérénice dans ses bras, âgée de quelques mois. Sur la photographie était inscrit cette phrase récurrente qui mettait ses nerfs à rude épreuve : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme ».

— Mon père a définitivement le sens de l’humour. Je déteste lire cette phrase partout et ne pas en comprendre le sens !

A croire que son père la narguait d’outre-tombe.

— Il n’y a rien à comprendre. Un Habile doit juste utiliser sa raison. Voilà tout ! Votre père transmet plus un message au ministère qu’à vous !

— Vraiment ? Dans ce cas pourquoi l’aurait-il écrit sur une photographie de ma mère et moi ? répondit Bérénice du tac-au-tac, les bras serrés contre la poitrine.

Dimitri haussa les épaules et retourna à sa lecture. Bérénice reprit l’étude des matériaux dans la pièce.

— Vous n'avez peut-être pas tort, articula Dimitri.

— A quel propos ?

— Votre père. C’est vraiment son atelier !

Dimitri sortit ses carnets de son sac et compara les documents.

— En plus de la photographie, lisez les documents ! C’est son écriture ! Peut-être que finalement, nous ne sommes pas vraiment sur la mauvaise piste ! 

Bérénice s'approcha de Dimitri, lisant par-dessus son épaule :

— « L'enfleurage, technique et usage pour capturer les odeurs. »

— Savez-vous de quoi il s'agit ?

— Bien sûr, répondit Bérénice en se détournant du document. C’est une des deux techniques qu’il existe pour conserver les odeurs et faire un parfum.

Elle se dirigea vers les châssis et en tendit un à Dimitri. Entre deux morceaux de verre, les fleurs reposaient avec de la graisse animale.

— La première technique est l’enfleurage. Ces instruments que vous voyez-là sont utilisés par des générations de parfumeurs. C'est une technique qui permet d'absorber en douceur les senteurs. Les fleurs sont disposées sur les châssis et recouvertes de graisse. La graisse prélève leurs senteurs et il n’y a plus qu’à la distiller pour que ne reste qu’un liquide parfumé. Ainsi, on n’abîme pas les fleurs les plus fragiles.

— Et comment fait-on pour les plus robustes ?

— La chaleur, lâcha Bérénice en se rapprochant de l’alambic.

Il faisait quasiment sa taille. Avec plusieurs tuyaux et des récipients, l’alambic était ancien. Sur sa carapace en cuivre, Bérénice lut la date de sa création : 1720.

— C’est la deuxième technique. Pour les fleurs qui peuvent le supporter, on les plonge dans la cuve brûlante et on met de l’alcool. La cuve monte jusqu’à plus de soixante degrés. Avec la vapeur d’eau et la macération, la fleur et l’alcool fusionnent. Ensuite, la vapeur d’eau permet aux senteurs de monter ce tuyau, se transformer en liquide et du dernier tube sort l’essence du parfum. Mais l’alambic n’est pas la meilleure solution. Tous les grands parfumeurs lui préfèrent l’enfleurage, finit-elle en montrant les châssis.

Dimitri hocha la tête et Bérénice se tourna vers la bibliothèque de son père. Des ouvrages de philosophes recouvraient les planches : Homère, Platon, Cicéron, Saint-Augustin, Machiavel…. Comme un double de leur bibliothèque à Grasse, celle qu'elle avait dévorée aux côtés de son père, celle qui lui avait permis d’apprendre l’art, la littérature, l’histoire.

— Tout ce mal pour du parfum ! dit Dimitri en se laissant tomber sur la chaise du bureau et en se massant les tempes.

 Bérénice laissa son regard vagabonder sur la pièce. Elle reprit son étude des alambics et notamment le plus imposant. Elle l’avait trouvé vieux, ancien, poussiéreux et avait mis cela sur le compte des années passées, mais peut-être la raison était toute autre :

—  Tout ce mal pour du parfum… C’est ce que vous venez de dire, n’est-ce pas ? Si vous faites attention, les alambics sont délaissés dans un coin de l'atelier, fit-elle en les pointant du doigt. Mon père les a lui-même mis sur le côté en jugeant qu’il ne pouvait pas les utiliser.

— C’est vrai ! Seuls les châssis sont restés au centre de la pièce.

— Comme s'il voulait conserver l’enfleurage qui capture mieux l’essence, l’âme, de la fleur. La technique la moins abrasive. 

Dimitri se releva précipitamment, faisant tomber sa chaise :

— Qu'avez-vous ? Redites ce que vous venez de dire ! Mot pour mot.

Bérénice leva les yeux au ciel, réfléchit quelques instants et reprit avec hésitation :

— Les alambics sont au coin…

— Non, pas cela, la coupa Dimitri. Votre dernière phrase.

— Comme s'il voulait conserver l’enfleurage qui capture mieux l’essence, l’âme, de la fleur ; La technique la moins abrasive. 

Dimitri sortit de son sac la structure interne de l'emblème de Lysandre. Elle ressemblait aux schémas des muscles du corps humain que Bérénice avait vu dans les livres de science : les fils d’or et d’argent se torsadaient pour former des muscles et des nerfs, imiter les tissus de la chaire.

Au niveau du cœur, l’espace était toujours vide, comme si Dimitri n’osait y mettre les pierres volées par Armand.

Pendant ce temps, Bérénice s'était approchée du bureau pour y lire les documents. Chacun d’eux évoquait les propriétés d'absorption des senteurs par les différents matériaux. Dimitri lui expliqua :

— Votre père a fait des expériences. Beaucoup d'expérience ! Attendez !  On dirait qu'il s'est servi de son propre corps comme sujet d'expérience. Il s'est servi de son corps, comme pour en récolter…son odeur ! Comme si son corps était une fleur ! Ce n’est pas possible, n’est-ce pas ?

Dimitri se rapprocha d'elle, tandis que sur le visage de Bérénice se dessinait du dégoût. Mais qu'avait donc fait son père ? 

— Techniquement ? Oui.

Bérénice avait soufflé ses mots avec fatalisme et lut un extrait des notes de son père :

— « Les Égyptiens sont les premiers à avoir découvert l'enfleurage. Trois mille ans avant notre ère, ils ont élaboré cette technique. Cela correspond historiquement à la naissance des ancêtres des premiers emblèmes. Quelle civilisation prodigieuse ! Je me demande si les Égyptiens utilisaient l'enfleurage pour capturer leur essence et l'insérer dans leurs emblèmes, je pourrais faire de même. Il ne me suffit plus que d'essayer ! »

— « Quelle joie ! Cela fonctionne ! » lut Dimitri sur une autre feuille. « J'ai utilisé les bandes imbibées de graisse d'animaux et les ai enrubannées autour de mon ventre et de mes jambes. Une fois certain qu'elles se soient imprégnées de mon essence, j’ai séparé la graisse des bandes et l’ai distillée pour en faire un parfum unique, le mien. »

— « Au creux de chaque emblème se cache une trappe », poursuivit Bérénice. « Nous avons toujours cru que cet espace permettait d’y dissimuler un objet sacré, précieux que protégerait l'emblème. Une pierre précieuse, une mèche de cheveux de l’être aimé… Aujourd'hui, je n’en suis pas sûr, car pour tous les emblèmes, cet espace est vide. J'en ai la certitude, cette trappe permet d'y glisser l'essence de celui qui possède l'emblème. Le lien se forme ainsi entre l'emblème et son maître… créant une intime connexion entre un être humain et une machine. » acheva Bérénice de lire.

Elle songea à l'indolent renard des Lépine, à l’aigle des Harcourt...

— Dimitri, Avons-nous découvert la géographie de l’âme ?

—  « Ma petite Bérénice », lut Dimitri. « Je te transmets notre emblème, le premier créé depuis des générations d'Habile. Il est ma plus grande fierté après toi. Cet oiseau est ton cadeau, ton héritage. Conserve-le précieusement, car tant qu'il sera à tes côtés, une part de moi veillera toujours sur toi. »

Bérénice se sentit fondre de l'intérieur, ses yeux s'embuèrent de larmes. Elle qui avait tant cherché son père à travers ce jeu de pistes ; elle qui avait tant pesté contre son absence de lettres, de messages… Lui qui ne lui avait jamais dit adieu.

Antoine ne lui avait jamais dit adieu, parce qu'il n'était jamais vraiment parti.

Elle leva les yeux vers Icare qui se tenait sur l'étagère la plus proche de son visage. Comment n'avait-elle pas reconnu à travers ces yeux de glace et ce caractère trempé, son père. Il l'avait consolée dans son chagrin après sa mort, guidée jusqu'à Paris, puis dans chacune de ses aventures. Il l'avait même aidée à décrypter l'exocarte ! Bérénice sourit à Icare et l'oiseau baissa la tête en signe de reconnaissance.

Des exclamations se firent entendre, puis des sifflements et le tonnerre. Dimitri et Bérénice relevèrent la tête vers la fenêtre d’où provenaient des cris et des rires à l’extérieur :

— Des feux d’artifice ? s’enquit Bérénice.

— On dirait.

Les sourcils froncés, Dimitri reprit son inspection d’Icare. Il attrapa l’oiseau mécanique, puis le tourna sur le dos et ouvrit son ventre sans ménagement :

— Mais qu'est-ce que vous faites ? s’exclama Bérénice, choquée. Plus doucement !

Elle attrapa son bras, mais Dimitri se tourna vers elle :

— Je vérifie que tout soit vrai !

Dimitri délogea la pierre diorite de son antre, rendant Icare inerte. Sous l'emplacement réservé à la pierre, était logée une trappe pas plus grosse qu'un pouce. Une fois ouverte, Dimitri et Bérénice se penchèrent pour apercevoir quelques gouttes du précieux liquide, l'essence d'Antoine Savary.

—Voilà pourquoi Icare est si fort. L'emblème des Harcourt avec ses pierres diorites est puissant lorsque leur famille est en danger. Cela réveille les quelques gouttes d’essence qui restent. Mais face à Icare qui est un jeune emblème, il ne fait pas le poids. Pour les Harcourt, comme pour les autres nobles, le dernier donneur d'essence a vécu plusieurs siècles auparavant…Parce que l'essence d'Antoine est plus récente, Icare est plus fort.

Bérénice acquiesça. Cela avait du sens.

— Mon père a compris que, comme l’Homme, l’emblème est à prendre comme un tout. Il a donné à Icare des émotions, les siennes.

On frappa à la porte.

Dimitri et Bérénice échangèrent un regard. Bérénice glissa le plus silencieusement possible sur les lattes du planché.

— C’est moi ! s’écria la voix du gardien.

Bérénice souffla et vint lui ouvrir. Derrière lui, se trouvait son neveu. Tous deux, l’air inquiet se glissèrent dans la pièce :

— L’empereur a quitté la représentation de toute urgence ! Nous avons pensé vous prévenir. Dehors, il y a la guerre !

— La guerre ? lancèrent de concert Dimitri et Bérénice.

La jeune femme prit une des échelles sur l’étagère, la posa contre le mur sous la fenêtre et grimpa. Elle retira le voile aux fenêtres et planta son visage contre la vitre.

Deux armées se faisaient face. La place devant l’Opéra avait été envahie par des hommes armés. Les soldats de l’empereurs, sur des chevaux, pour certains accompagnés de leurs emblèmes, faisaient face aux ouvriers, armés de leurs outils. Le combat était absolument inégal : les soldats en rang serrés dominaient la scène de leurs montures. Leurs armes et leurs emblèmes étaient rutilantes. Ils étaient accompagnés de certains Habiles, reconnaissables à leurs uniformes bleus. Ces derniers combattaient pour l’empereur, à qui ils devaient leur loyauté. Ce que Bérénice et Dimitri avaient pris pour des feux d’artifice étaient en fait le bruit des canons de guerre ; les rires, ceux des généraux.

Bérénice raconta ce qu’elle voyait et redescendit précipitamment les escaliers. Elle s’approcha de Dimitri :

— Vous, restez ici pour étudier tout ça. Moi, j’y vais avec Icare !

— Non ! C’est une mauvaise idée. L’empereur vous connait !

— Parce que vous, son neveu, il ne vous connait pas ? fit-elle sceptique. Nous n’avons pas le choix, l’un de nous doit rester.

— J’ai besoin de mon frère pour pouvoir prélever son essence. Sans cela, l’emblème ne vaut rien.

— Je me charge de vous ramener votre frère ici ! Vous, construisez l’emblème.

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Fannie
Posté le 10/02/2021
Même si tu t’es inspirée d’un livre et d’un film, il fallait déjà avoir l’idée du parfum, et elle est excellente. Tout comme celle d’associer l’essence (le parfum) à l’essence (la nature profonde, la quintessence) de l’âme. C’est merveilleux qu’une part d’Antoine vive en Icare pour accompagner et protéger Bérénice.
C’était tellement inattendu qu’on comprend que nos amis aient mis du temps à faire le lien entre cet atelier et le travail d’un habile. Maintenant que la guerre a commencé, j’espère que Bérénice et Icare arriveront à rejoindre Lysandre et à l’amener à l’atelier sans encombre. Dimitri va devoir se dépêcher d’achever la construction de l’abeille.
Coquilles et remarques :
— Aux centres de la pièce, sur des tréteaux [Au centre ; il n’y en a qu’un.]
— Regardez Dimitri, ici, on voit des châssis ! [Virgule avant « Dimitri » ; ce n’est pas lui qu’on regarde.]
— Bérénice allait d'un objet à l'autre, fascinée en pointant du doigt [Il faudrait placer « fascinée » entre deux virgules.]
— Bérénice se tourna vers Dimitri, toujours à la porte [La formulation n’est pas claire ; je propose : « Dimitri, qui était toujours à la porte ».]
— Et alors ? En quoi cela peut bien nous intéresser ? [Normalement, c’est « peut-il », mais c’est un dialogue.]
— Bérénice reprit montrant des boites ouvertes [en montrant]
— Lavande, Tubéreuse, Rose, musc, Jasmin, fleurs d'Oranger, cire d'Abeille, Violette, Iris…Ne sentez-vous pas ces parfums du sud ? [Pas de majuscules aux noms de plantes, de fleurs et d’insectes / en revanche, il en faut une à « Sud ».]
— Elle était jeune, et lui ressemblait : ses mêmes cheveux très sombres, cette peau brune, les yeux sages mais à l’affut. [Pas de virgule avant « et » / ces mêmes cheveux / ces yeux.]
— Sur la photographie était inscrit cette phrase récurrente [inscrite]
— Mon père a définitivement le sens de l’humour. [Dans ce sens, « définitivement » est un anglicisme récent. Je propose « décidément ».]
— répondit Bérénice du tac-au-tac, les bras serrés contre la poitrine. [La locution « du tac au tac » (sans traits d’union) appartient au langage parlé. Des verbes comme « répartit », « répliqua » et « riposta » expriment la même chose sans avoir besoin de complément.]
— C’est une des deux techniques qu’il existe pour conserver les odeurs [qui existent]
— Ces instruments que vous voyez-là sont utilisés par des générations de parfumeurs [que vous voyez là ; sans trait d’union / « ont été utilisés par des générations de parfumeurs » ou « sont utilisés par les parfumeurs depuis des générations ».]
— et il n’y a plus qu’à la distiller pour que ne reste qu’un liquide parfumé [pour qu’il ne reste]
— Avec plusieurs tuyaux et des récipients, l’alambic était ancien. [Si tu disais « et ses récipients en (telle matière qu’on utilisait autrefois) », tu pourrais faire le lien avec l’âge de l’alambic.]
— Ensuite, la vapeur d’eau permet aux senteurs de monter ce tuyau, se transformer en liquide et du dernier tube sort l’essence du parfum [monter dans ce tuyau / de se transformer / virgule après « liquide »]
— dit Dimitri en se laissant tomber sur la chaise / Bérénice laissa son regard vagabonder sur la pièce. [Il y a deux fois le verbe « laisser ». / Je dirais « laissa vagabonder son regard ».]
— mais peut-être la raison était toute autre [tout autre ; ici, « tout » a valeur d’adverbe / « mais peut-être que la raison était tout autre » ou « mais peut-être la raison était-elle tout autre »]
— Qu'avez-vous ? Redites ce que vous venez de dire ! [Il faudrait remplacer les mots que Dimitri n’a pas formulés par des points de suspension (qui, dans un tel cas, peuvent précéder un point d’interrogation) : « Qu'avez-vous... ? ».]
— qui capture mieux l’essence, l’âme, de la fleur ; La technique la moins abrasive. [Point avant « La technique ».]
— Elle ressemblait aux schémas des muscles du corps humain que Bérénice avait vu dans les livres de science [avait vus]
— imiter les tissus de la chaire [de la chair ; à ne pas confondre avec « la chaire »]
— Il s'est servi de son corps, comme pour en récolter…son odeur ! [Il faut choisir entre « pour en récolter…l’odeur » et « pour récolter…son odeur ».]
— Techniquement ? Oui. [Cette réponse ne colle pas avec la question. Il doit dire : « Techniquement ? Si ». L’adverbe « techniquement » convient seulement s’il veut vraiment dire que les techniques connues le permettent.]
— Je me demande si les Égyptiens utilisaient l'enfleurage pour capturer leur essence et l'insérer dans leurs emblèmes, je pourrais faire de même. [Tu ne peux pas enchaîner les propositions de cette façon. Si tu laisses « Je me demande si », il faut mettre un point ou un point-virgule avant « je pourrais faire de même ». Tu ne peux laisser la virgule que si tu enlèves « Je me demande si » pour commencer la phrase par « Si les Égyptiens ».]
— Il ne me suffit plus que d'essayer ! [Pléonasme ; « Il me suffit d'essayer ! » ou « Il ne me reste plus qu’à essayer ! ».]
— Une fois certain qu'elles se soient imprégnées de mon essence [qu’elles s’étaient imprégnées ; puisqu’il en est certain, il n’y a plus de doute, donc il faut un indicatif ; il faut également marquer l’antériorité]
— acheva Bérénice de lire. [Que tu écrives « acheva Bérénice de lire » ou « acheva de lire Bérénice », cette incise ne fonctionne pas. Si tu la gardais, tu pourrais mettre « acheva Bérénice ». Mais comme il y a déjà une incise au début de cet extrait, celle-ci est de trop et il faut la supprimer.]
— Dimitri, Avons-nous découvert la géographie de l’âme ? [avons-nous]
— Comment n'avait-elle pas reconnu à travers ces yeux de glace et ce caractère trempé, son père. [On dit « bien trempé ». / Il faudrait placer « à travers ces yeux de glace et ce caractère bien trempé » entre deux virgules ou mieux : « Comment n'avait-elle pas reconnu son père à travers ces yeux de glace et ce caractère bien trempé ? » / Il faut un point d’interrogation.]
— Il l'avait même aidée à décrypter l'exocarte ! [à déchiffrer ; le verbe « décrypter » n’existait pas]
— Il attrapa l’oiseau mécanique, puis le tourna sur le dos et ouvrit son ventre sans ménagement [Manipuler ce précieux emblème sans ménagement ne me paraît pas digne d’un habile. Je te propose plutôt de commencer la phrase par un adverbe comme « subitement » ou « promptement », qui indiquent une certaine précipitation.]
— Sous l'emplacement réservé à la pierre, était logée une trappe [Pas de virgule avant une inversion du sujet.]
— Une fois ouverte, Dimitri et Bérénice se penchèrent [Faute de syntaxe. Je propose : « Une fois qu’elle fut ouverte ».]
—Bérénice glissa le plus silencieusement possible sur les lattes du planché [du plancher]
— Derrière lui, se trouvait son neveu. Tous deux, l’air inquiet se glissèrent dans la pièce [Pas de virgule avant un sujet inversé. / Il faudrait placer « l’air inquiet » entre deux virgules, ou mieux, le placer au début de la phrase : « L’air inquiet, tous deux se glissèrent dans la pièce ».]
— Les soldats de l’empereurs [de l’empereur]
— les soldats en rang serrés dominaient la scène [en rangs serrés]
— Leurs armes et leurs emblèmes étaient rutilantes [rutilants ; « emblème » est masculin]
— Ce que Bérénice et Dimitri avaient pris pour des feux d’artifice étaient [était ; « ce que » est singulier]
— il ne vous connait pas ? fit-elle sceptique. [Virgule avant « sceptique ».]
Luna
Posté le 24/12/2020
Oh la la je ne l'avais pas vu venir le coup du parfum, quelle belle trouvaille encore une fois ! J'adore l'idée, lier machinerie et poésie. Ce chapitre m'a d'autant plus séduite qu'il m'a fait penser au Parfum de Patrick Süskind. Tout est rondement mené dans ce chapitre : le désarroi de Dimitri, la mélancolie de Bérénice qui se revoit à Grasse, le moment où tous deux commencent à comprendre et la conclusion qui nous dirige irrémédiablement vers un final qui dépote !

Mais alors, ils vont enfleurer Lysandre pour lui réaliser son emblème ? xD J'imagine déjà la scène ha ha !

Allez je continue <3
Rachael
Posté le 12/06/2020
Il est parfait, ce chapitre. On sent qu’on entre là au cœur des mystères des emblèmes, et cette idée du parfum et de l’essence est vraiment bien trouvée. Je trouve que la découverte du mystère n’est absolument pas décevante, au contraire, c’est une belle idée qui explique bien des choses (la faiblesse des emblèmes anciens) et cette cache au cœur de l’Opéra a comme un côté poétique qui va bien avec la poésie du parfum. Franchement, tout ça fonctionne très bien et tu t’es surpassée dans ce chapitre. Et en plus on apprend plein de choses sur les parfums !

Détails
Sur la photographie était inscrit cette phrase : inscrite
C’est une des deux techniques qu’il existe : qui existe
sont utilisés par des générations de parfumeurs. : ont été utilisés ?
Avec plusieurs tuyaux et des récipients, l’alambic était ancien : phrase bizarre, car il n’y a pas de lien évident entre le fait d’être ancien et d’avoir plusieurs tuyaux
Bérénice reprit montrant des boites ouvertes : en montrant ?
dit Dimitri en se laissant tomber sur la chaise du bureau et en se massant les tempes : incise un peu lourde
mais peut-être la raison était toute autre : mais peut-être la raison était-elle tout autre
imiter les tissus de la chaire : chair
Une fois certain qu'elles se soient imprégnées de mon essence : qu’elle s’étaient ?
il ne me suffit plus que d'essayer : il ne me reste plus qu’à essayer ?
acheva Bérénice de lire : acheva de lire Bérénice.(mais je trouve cette incise inutile…)
Une fois ouverte, Dimitri et Bérénice se penchèrent : Une fois la trappe ouverte, Dimitri et Bérénice se penchèrent
sur les lattes du planché : plancher
Leurs armes et leurs emblèmes étaient rutilantes : rutilants
Repet : Bérénice glissa (…) Tous deux, l’air inquiet se glissèrent
Arabella
Posté le 30/06/2020
recoucou Rachael ! merci pour tes compliments qui font très chauds au coeur, ce chapitre me faisait particulièrement peur, car j'avais l'impression que soit on adorerait soit on détesterait et j'ai l'impression que du coup c'est du bon côté de la balance. Merci beaucoup et je suis contente que tout ça te plaise ! Je note encore les détails qui vont sacrément m'aider pour la dernière correction avant l'envoie aux béta lecteurs
Alice_Lath
Posté le 02/05/2020
Bon, je commence à avoir des pitites idées pour le cryptex moi aussi huhu. Et vraiment, très belle explication, à la fois savante et poétique, qui explique aussi beaucoup sur la psychologie des attachements des emblèmes, en effet. Tu as trouvé une magnifique raison qui explique beaucoup de choses et j'ai beaucoup apprécié cette partie, vraiment. Je n'ai rien à y redire, je me suis contentée de la savourer huhu, ne m'en veux pas
Arabella
Posté le 04/05/2020
Hihi, bon, tu m'as cramée héhé -_-, pffff, méchante va! (non en fait, BRAVOOOO) Je suis contente que ce chapitre te plaise, c'est un peu mon petit chouchou, le plus important à mon coeur, donc je suis vraiment RAVIE qu'il te plaise ! merci merci merci
Sorryf
Posté le 15/04/2020
Woaa ça fait combien de temps que je n'ai pas commenté ? Je suis vraiment désolée, je me suis noyée dans ma PAL, et pour espérer rattraper un jour, je lis tout d'un coup sans commenter :-( Enfin maintenant je suis de nouveau à jour sur ton histoire !
J'avais 6 ou 7 chapitres a rattraper, j'y suis allée avec mon petit carnet pour prendre des notes au fur et a mesure et... évidemment... au bout de 3 lignes j'ai été prise dans l'histoire, je n'ai rien trouvé a noter ! comme quand j'ai attaqué au début xD ! C'est vraiment super, l'ambiance, tout... Ces derniers chapitres étaient palpitants, le globe, la course poursuite, l'opéra...
Je suis fan d'Armand ! et comme Dimitri, j'adore comme il se lache un peu au fur et a mesure :3
et toute cette équipe, tous tellement différents, et tous utiles dans leur domaine, et réunis par un objectif commun, c'est si beau *v*
Alexandre m'a surprise ! je m'attendais tellement pas à ce qu'il aide comme ça ! bravo petit ! et j'espère que Dimitri va utiliser une pierre de Diorite (j'avais écrit "Durite" lol!) pour lui faire une belle prothèse !!
Et ce dernier chapitre, il était TROP BEAU, franchement, tellement émouvant ! l'idée que l'âme viennent de là, l'enfleurage (je connaissais pas du tout) je trouve ça brillant ! et que Icare ait l'âme du père... a chaque fois que Bérénice repense a son père ça me fait un petit quelque chose, d'ailleurs j'ai adoré ce passage... que je n'arrive pas à retrouver, flute T.T quand ils ouvrent la porte, et que la porte est "normale", alors Bérénice repense a son père mais comme elle l'a connu, pas comme le super habile qu'elle ignorait qu'il était T______T ça m'a flanqué les larmes aux yeux !
Et toutes ces belles révélations, on s'y croirait vraiment, avec le feu d'artifice juste à ce moment là \*v*/(oui bon... a ce stade je croyais vraiment que c'était un feu d'artifice)
Le dévouement de Dimitri pour son frère me fait complètement craquer <3!
AH, et après tous ces chapitres à ruminer intérieurement, je me sens prête à émettre une théorie ! File moi ce Cryptex ! je veux tenter ma chance avec... avec... je te dirai en mp :p
Arabella
Posté le 18/04/2020
Coucou Sorryf, ne t’inquiète pas, je comprends, je commente pas tout dans KEM non plus et puis c’est la folie des PAL héhé. Je comprends super bien (le mienne est vertigineuse)
Tu es choute avec ton carnet, je suis contente que tu sois prise dans le jeu comme ça et n’hésite pas à me remonter si tu te souviens de choses qui t’on chiffonnées (je sais que les chapitres sur le concours Decas et la résistance n’ont pas fait l’unanimité par exemple, j’hésite à les fusionner).
Héhé oui Armand est aussi mon petit chouchou discret, il est très bienveillant et je l’aime pour ça. (en vrai, je sais pas faire des personnages méchants  ) Ahah tu arrives à travers tes mots à faire de mon histoire un truc cool, je payerais bien tes services pour vendre mon bouquin.
Je suis particulièrement très très heureuse que ce dernier chapitre t’ait plus. J’y ai mis beaucoup de sang et de larmes (traduction je me suis arrachée les cheveux). Je suis pas très douée pour les sentiments. Je me suis grave inspirée du Parfum (le livre/film, je ne sais pas si tu connais, c’est une œuvre magistrale) mais donc du coup, j’étais stressée parce que si ce chapitre ne fonctionnait pas il fallait TOUT TOUT TOUT revoir. J’espère que la suite te plaira et je suis trop fière de toi pour le cryptex. Franchement, j’hésite à créer un acolyte de Bérénice qui s’appellerait Sorryf (ou sinon je lui donnerais un nom de fruit…Pomme, Cerise, Prune…)
Des bisous :)
peneplop
Posté le 15/04/2020
Coucou !
Le titre m'a laissé songeuse et tout s'est ensuite illuminé ! Je salue cette idée d'essence de l'âme <3 Je ne m'attendais pas du tout à trouver cela derrière cette porte mais alors je ne suis pas du tout déçue. Raaah, vraiment, c'est trop bien ! Vite, la suite :)
Arabella
Posté le 18/04/2020
coucou Peneplop ! merci beaucoup pour ton commentaire. Je suis contente que l'idée te plaise, j'avais très très peur, parce que c'est un peu risqué (après tout...on parle de jus d'Antoine héhé). En espérant que la suite te plaise également. Des bisous :)
Aryell84
Posté le 15/04/2020
Absolument trop bien! J'adore le fait que les emblèmes soit le fruits de techniques si diverses: l'enfleurage, la mécanique, la "géologie" avec les pierres diorites, c'est cohérent avec la complexité et la valeur des emblèmes! J'aime toujours autant la visite de Paris en suivant Bérénice. Et maintenant quel suspens !!
Arabella
Posté le 15/04/2020
coucou Aryell84, merci encore pour ton commentaire. Tu as mis sur le doigt sur quelque chose que je n'avais pas réalisé. En effet, les emblèmes sont le fruit de techniques bien différentes les unes des autres et c'est complètement lié aux valeurs des Habiles ! Tu l'as mieux dit que moi ! J'espère que la suite te plaira tout autant et je suis ravie que tu ne sois pas traumatisée par ce chapitre (car on parle un peu de "jus" d'Antoine héhé). Tchaou :)
Gabhany
Posté le 15/04/2020
MAIS C'EST GÉNIAL !!! Oh là là mais j'adooooooore de plus en plus tes idées, ton histoire ! On va de surprise en surprise ! J'ai juste eu une petite interrogation : comment les gouttes d'essence d'Antoine Savary ont été conservées ? Si elles étaient à l'air libre, elles devraient s'être évaporées non ? Il ne faudrait pas les laisser dans un petit récipient en verre, ou qu'elles imprégnant un petit moreau d'étoffe qui serait contenu dans la trappe ?
ET j'ai hâte de savoir ce qui s'est passé, pourquoi il y a une bataille ? Et au fait, quand est-ce que B et D vont opérer un rapprochement stratégique ? XD Bravo Arabella, l'histoire suit son cours de façon haletante, on ne s'ennuie pas une seconde, c'est extra !
Gabhany
Posté le 15/04/2020
Ah et super idée de s'inspirer du Parfum ;) je me disais bien que je connaissais le terme "enfleurage" !
Arabella
Posté le 15/04/2020
Coucou Gabhany, je te fais une réponse longue, mais du coup tu sais que ton commentaire m'a énormément rassurée et fait plaisir. OUIIIIII j'ai un peu beaucoup été inspirée par le Parfum (livre et film incroyable). Je vole ton idée d'étoffe qui me plait bien (je trouve ça romantique), mais techniquement l'essence est dans une petite trappe, sous la pierre diorite, qui est hermétique. Du coup, je crois que ça ne peut pas s'évaporer, non? Il y a une bataille parce que la guerre se prépare entre Lysandre et son oncle. Ahah pour le rapprochement stratégique, je suis une mamie pudique, mais ça va avancer, promis ! Je te fais des gros bisous, merci beaucoup encore une fois ! <3
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