Chapitre 11

Par tiyphe

Éric frappa son frère à l’œil. Il frappa, frappa, jusqu’à ce qu’une main lui retienne le bras. Il était tellement en colère qu’il n’avait pas entendu les cris d’Alice. Et maintenant qu’il se calmait, il entendit clairement ce qu’elle cria.

_ Non mais ça va pas la tête ! T’es malade ou quoi ?! Tu veux le tuer c’est ça ?

Loïc était complètement étourdi. Son visage était couvert de sang, et s’il ne gémissait pas, on aurait pu croire qu’il était inconscient. Il avait le nez cassé, l’arcade sourcilière droite ouverte et la lèvre enflée. Éric se leva en repoussant doucement Alice. Son frère l’avait mérité. Il n’avait qu’à se taire. Qu’est-ce que cela pourrait lui apporter de dire la vérité à Alice, à part déjouer ses plans. Il fallait qu’elle ne se doute de rien. Tout était si parfait jusqu’à présent. Et puis si tout se passait comme il l’avait prévu, Loïc aussi y gagnerait. Avec tout l’argent en jeu, ils avaient de quoi reconstruire le chalet pour accueillir à nouveau des touristes.

_ Tu m’expliques Éric ?

                Alice attendait une réponse. Il devait trouver quoi lui dire. Il fallait que ce soit crédible. Sauf que même la vérité ne semblait pas crédible.

_ Je lui ai dit que je t’avais embrassée, il s’est mis en colère, on s’est disputé comme deux frères c’est tout. C’est de la jalousie.

Alice rougit puis se ressaisit.

_ Tu te moques de moi ? Si je ne t’avais pas arrêté, tu l’aurais tué. Tu appelles ça de la jalousie ?

_ Alice… Alice … écoute pas

Loïc essayait de parler. Mais du sang sortait de sa bouche et il avait du mal à respirer. Il cracha un filet rouge et releva la tête vers la jeune fille. Ses yeux s’entre ouvraient difficilement. Il réussit tout de même à articuler.

_ Alice, ne l’écoute pas… Il ment…

                Éric ne savait pas quoi faire. S’il le frappait à nouveau pour le faire taire, Alice se douterai de quelque chose, mais s’il le laissait parler…

_ Excuse-moi Loïc, je me suis emporté. Venez, rentrons. Il faut qu’on te soigne.

_ Attends Éric, je suis curieuse de savoir ce que ton frère veut dire par là.

_ Bon et bien laisse-moi lui laver le visage avec l’eau du lac au moins.

                Éric attrapa son frère sans ménagement et le traina jusqu’au lac. Il devait en finir, faire passer cela pour un accident, ça il savait faire. Mais son frère ne devait surtout pas parler. Il le prit par le col et lui mit la tête sous l’eau. Loïc était faible, il ne devrait pas se débattre longtemps.

                C’était sans compter sur Alice. Il ne l’avait pas vu mais elle l’avait suivi dans l’eau, elle lui prit Loïc des mains et le retourna dans l’autre sens pour lui laver le visage.

_ Qu’est-ce que tu me caches Éric ? Et ne me prends pas pour une imbécile, il n’a jamais été question de nous deux. Dis-moi ce qui te pousse à tuer ton frère pour qu’il se taise.

Elle était trop maline la gamine. Et pour cela il l’aimait bien. En fait, il commençait à ressentir de réels sentiments pour la jeune fille. Il ne s’en rendait pas compte car la colère était bien plus présente.

_ Ça ne te regarde pas !

_ Je crois au contraire que si vu qu’il s’agit de mes parents et qu’ils ont été tués.

                Elle était d’un calme qui faisait presque peur. Elle voulait des réponses et Éric savait qu’elle ne lâcherait pas. Il la connaissait, elle était persévérante. Seulement c’était beaucoup trop tôt pour lui dire la vérité. Il devait la séduire d’abord et la trahir au dernier moment. Mais là, elle n’avait pas du tout l’air sous son charme. Bien au contraire. Elle ne lui faisait pas confiance.

_ Rentrons, nous verrons au chalet. Il commence à faire nuit.

Il fallait qu’il gagne du temps.

_ D’accord. Mais ne compte pas sur moi pour lâcher l’affaire, tu me dois des explications. Et qu’est-ce que tu comptes dire à ta mère ?

_ Qu’il est tombé d’un rocher.

                Alice n’ajouta rien. Éric prit son frère, mit son bras par-dessus son épaule et l’aida à marcher jusqu’au chalet. Loïc était à demi endormi. Il était faible et le porter fut long. Après deux heures de marche et les premières étoiles dans le ciel, les trois jeunes arrivèrent devant la maison de bois. Jeanne accourut.

_ Que s’est-il passé ?

_ Il est tombé d’un rocher, mais ça va, il va survivre.

                Éric lâcha son frère dans les bras de leur mère et alors qu’il s’apprêtait à entrer, Jeanne se tourna vers la jeune fille.

_ Alice, il y a des personnes pour toi. Deux hommes et une jeune femme.

***

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