Chapitre 1

Les fleurs frémissaient alors que le vent venait caresser les joues de Perséphone soulevant ses cheveux comme pour lui dire bonjour. Elle entrouvrit un œil et aperçut le Soleil levant à travers sa fenêtre qu’elle avait laissée ouverte. En cette fin d’été le temps est plutôt doux. Elle finit de se tirer du sommeil en observant un oiseau nourrir ses oisillons. Elle lança un coup d'œil à son reflet dans son grand miroir mural en se mettant debout ; elle ressemblait vaguement à celle qu’elle était en réalité : la déesse du Printemps. Elle reçut un message d’Ariana, sa meilleure amie :

« Salut poulette, bon courage pour aujourd’hui ! Désolée mais ce midi on peut pas manger ensemble on se voit demain promis ! »

Aujourd’hui était un grand jour : son premier jour à l’Université d’Athènes. Elle avait tanné sa mère pendant des mois et avait finalement obtenu l’autorisation d’étudier dans l’école de son choix et non de sa mère. Elle se saisit d’une brosse à cheveux en souriant et entreprit de coiffer sa longue chevelure rousse, non sans difficultés. Elle se frotta ensuite le visage pour ranimer chaque parcelle de son visage puis s’habilla de sa robe de chambre en satin obtenue lors de son dix-neuvième anniversaire un mois plus tôt. Cette robe elle l’aimait énormément car elle était le seul « vrai cadeau » de sa mère, jusque-là elle ne lui offrait que des cadeaux bénéfiques à Demeter et elle seule.

Comme chaque matin, Perséphone était seule chez elle, sa mère Demeter étant partie travailler à l’Olympe ce qui l’arrangeait pas mal, sa mère avait toujours plus ou moins été sa Némésis ; elle décida donc de se faire un petit déjeuner avec les fruits du jardin. Elle s’installa sur les marches devant sa maison et dégusta le contenu de son bol. Le Soleil avait commencé son ascension dans le ciel et ses rayons venaient se poser sur les fossettes de la jeune déesse. Une fois son plat terminé, elle se lava. Les matins comme celui-là avait toujours été les préférés de Perséphone car elle se sentait libre.

Elle se vêtue ensuite de sa nouvelle robe cousue par ses soins et enfila ses sandales. Elle mit dans son sac un bloc note, son ordinateur tout neuf et une trousse de crayons. Elle ferma ensuite derrière elle et se dirigea vers le centre-ville redécouvrant la ville comme si c’était la première fois qu’elle y allait or elle y était déjà allée mais si peu dans une vie qu’elle n’avait pas pu imprimer chaque détail.

Les odeurs de la ville envahirent soudain ses narines, caressant chacun de ses sens. L’odeur du café et du pain frais, les discussions des gens sur les terrasses. Il n’était que sept heure et quart et pourtant, Athènes était déjà pleine de vie. Elle se paya un café, qu’elle adore, dans la célèbre enseigne athénienne avec le peu d’argent que Demeter avait daigné lui donner. Elle le sirota le long de son trajet jusqu’à son école.

Son école se détachait du paysage par ses grandes colonnes et son grand grillage orné d’or autour de son enceinte. La cour était remplie d’élève, certains semblaient comme elle déboussolés face à la grandeur de l’université tandis que d’autres paraissaient totalement à l’aise et discutaient joyeusement. Elle chercha sa salle dans le dédale de couloirs et pu enfin s’assoir à une place. Elle sortit ses affaires et mit un message à sa mère

« Je suis bien à l’école, on se retrouve ce soir chez Leny ? »

« Leny » était leur lieu de rencontre habituel pour discuter tout en mangeant leur repas. Perséphone aimait cet endroit car la déco lui donnait l’impression d’être dans une grotte, mais une grotte accueillante. Elle adorait les lieux aux abords renfermés mais qui par la suite se révélait magnifique et mystérieux notamment les grottes. Petite, elle s’amusait à se cacher dans les renfoncements des rochers près de leur maison.

Son professeur entra et le cours commença. Perséphone fut tout de suite absorbée par les propos de l’enseignant et elle ne vit pas passer l’heure. La matinée s’enchaîna ainsi et bientôt se fut l’heure du déjeuner. Elle sortit et avec son téléphone, neuf également, elle chercha un endroit où manger.

Elle finit par opter pour un restaurant abordable avec sa faible somme. Elle rentra et fut assailli par une bonne odeur de cuisine française. Parmi ses nombreuses passion, Perséphone avait une vraie passion pour la culture française. Elle observa l’intérieur : il était décoré de plantes et de guirlandes lumineuses qui donnait au lieu une atmosphère douce et calme ce qui était amplifié par la douce musique. Elle fut accueillie par un jeune serveur qui l’installa près d’une des fenêtres. Elle remarqua rapidement les tulipes noires sur sa table. Elle les huma et fit une remarque au serveur :

—  Connaissez-vous la signification des tulipes noires ? J’ai toujours adoré ces fleurs.

Il bafouilla, rougissant face au regard insistant de la déesse.

— J’ai entendu dire que cela signifiait la mort mais je ne suis pas sûr…

Elle sourit. Elle allait le corriger quand elle fut interrompue par un homme.

— Enfaite cela signifie l’amour éternel ! On ne vous apprend rien à l’école ? rétorqua-t-il

— Hum, désolé monsieur. balbutia le serveur en partant.

Perséphone s’offusqua face au comportement de l’homme fraichement arrivé :

— Vous avez été un peu dur avec ce jeune homme, ce n’est pas de sa faute s’il ne le sait pas !

— C’est pourtant évident, toutes les tulipes signifient l’amour. dit-il calmement

Elle l’étudia. Il était grand et portait une belle chemise noire qui laissait deviner une forte carrure. Ses cheveux lui arrivaient aux épaules et il portait de fines lunettes rondes. Ses yeux étaient d’un brun presque noir où elle manqua de se perdre face à leur intensité. Elle ne se rendit compte du temps qui était passé que lorsque l’inconnu reprit la parole.

— Alors, on est éblouie ? ricana-t-il

Elle secoua la tête pour reprendre ses esprits puis rétorqua qu’elle cherchait juste à savoir à qui elle avait à faire mais face au sourire narquois de l’homme, sa fin de phrase fut marmonnée. Il eut un air surpris, ayant tout de même entendu sa fin de phrase puis son visage se durcit en regardant lui aussi son apparence. Elle remarqua qu’il s’était attardé sur son tote bag rempli d’affaires de cours avec un sticker de l’Université.

— Je pense que tu sauras rapidement qui je suis. Dit-il en partant en rogne

— Je ne vous permet pas de me tutoyer ! cria-t-elle alertant les clients du restaurant.

Elle soupira en le voyant s’éloigner dans la rue. Elle se dit qu’il était très malpoli et que si elle le revoyait elle ne manquerait pas de le corriger comme il faut, appliquant les leçons de sa mère. Demeter lui avait enseigné comment de défendre face à un homme insistant ou tout autre type d’homme ennuyant.

Elle commanda son plat et observa les fleurs en attendant d’être servie. Les tulipes étaient les fleurs favorites de la déesse mais elle fut étonnée d’en voir à cette saison. Normalement elles fleurissaient entre mars et avril, or ils n’étaient qu’en septembre. Lorsque son plat arriva elle interpella la serveuse.

— Où est-ce que vous vous fournissez en tulipes ? D’habitude elles ne sont pas de cette saison, je me demande où elles peuvent bien fleurir ainsi.

— Nous nous fournissons chez le fleuriste trois rues plus loin. expliqua-t-elle en souriant franchement. Ils sont sponsorisés par Chloris, la nymphe des fleurs. ajouta-t-elle

Perséphone hocha la tête puis dégusta son repas en se promettant d’aller jeter un coup d’œil à ce fleuriste une fois ses cours terminés. Elle ne fut pas déçue par son choix, son assiette était délicieuse. Elle reviendrait sûrement un autre jour. Elle sortit et se dirigea vers l’école. En chemin elle manqua de percuter une femme.

— Oh excusez-moi ! s’excusa Perséphone

La femme la toisa puis marmonna une excuse puis s’éloigna. Sa chevelure argentée la démarquant du reste de la foule. Perséphone resta figée un instant, frappée par la beauté sévère de l’inconnue. Durant le reste du trajet, elle se demanda pourquoi cette femme avait agi ainsi et ce qu’elle avait fait de mal en s’excusant. Une fois arrivée à l’école, elle fut arrêtée par une jeune fille.

— Hey ! Salut ! J’ai vu qu’on était dans le même court de Littératures étrangères. Tu avais l’air nouvelle en ville, comme moi. Donc je me suis dit qu’on pourrait peut-être traîné ensemble si ça te dit ? proposa-t-elle en souriant

— Pourquoi pas mais… Comment as-tu su que j’étais nouvelle en ville ?

— Tes yeux, ils semblaient aussi perdus que les miens le sont et puis tu avais l’air sympa pas comme les autres qui sont aigris.

Elle pensa directement à la femme aux cheveux argentés.

— Je m’appelle Thalia et toi ? ajouta-t-elle en la regardant de ses yeux rieurs

— Perséphone. dit-elle éberluée

Thalia sourit et lui demanda dans quel cours elle allait. Les deux filles virent qu’elles allaient au même cours et décidèrent d’y aller ensemble en avance pour être sûre d’avoir une bonne place, pas comme Perséphone qui ce matin s’était retrouvée au fond. Les deux étudiantes se dirigèrent donc vers leur salle et s’assirent à deux places au milieu de la salle. Le cours était moins absorbant que ceux du matin mais n’en restait pas moins inintéressant. Les cours qui suivirent furent eux aussi intéressant et Perséphone put discuter avec Thalia. Thalia était Blonde avec des reflets rose et avait des yeux d’un brun noisette. Elle était très sociale et semblait à l’aise dans tout type de discussion.

Quand la fin des cours sonna, les deux filles se séparèrent et Perséphone se dirigea vers Leny. Elle n’eut pas de mal à trouver sa mère assise à une table.

— Alors, cette journée ? demanda-t-elle avec un sourire qui sonnait faux.

— Super, les cours son super et l’école est vraiment belle, elle est gigantesque comparée au bâtiment qui nous servait de lycée. exposa-t-elle enjouée.

Sa mère prit un air pincé et la jeune déesse s’arrêta.

— Pardon…

— Qu’as-tu mangé ce midi ? dit-elle en ignorant totalement les excuses de sa fille.

— Dans un restaurant français pas loin de l’école. C’est délicieux, on devrait y aller un jour !

— Je n’aime pas la nourriture française. dit-elle d’un ton ferme et sec coupant court à toute proposition de la part de Perséphone.

Celle-ci, gênée, se plongea dans le menu pour chercher un plat, bien qu’elle connaisse le menu presque par cœur. En réalité elle fuyait le regard de sa mère. Elle opta néanmoins pour son plat habituel : une Choriatiki. Elle adorait cette salade surtout en fin d’été. Elle commanda un Diabolo grenadine avec puis se força à affronter sa mère qui avait toujours son sourire faux plaquée sur le visage.

— Tu sais, si jamais ça se passe mal à ton « école », il est toujours possible de t’inscrire à l’école de l’Olympe.

— Non maman, tout se passera bien ! protesta-t-elle

Demeter soupira. Elle allait renchérir quand leurs plats arrivèrent. Elles commencèrent à manger en silence puis Perséphone brisa le silence :

— Il me faudrait un peu plus de sous que dix euros pour demain pour manger. Est-ce que tu pourrais me donner du liquide s’il te plaît.

— Bien sûr ma chérie, tant que tu ne le dépenses pas bêtement.

— Et qu’entends-tu par bêtement ? Que je fasse une liste de ce dont je dois me restreindre. demanda-t-elle innocemment

— Pas d’alcool, parce que je sais que dans ton « école » il y a des sortes de fêtes et je refuse que tu ailles à l’une d’entre elles.

Elle acquiesça se disant mentalement qu’elle ne comptait, de tout façon, pas y aller. Elles finirent leur plat dans un silence tendu tandis que Perséphone, entre deux bouchées lançait des regards intéressés au nouveau serveur qui avait son âge à peu près. Sa mère surprit ses regards et lança un regard sévère au serveur. Celui-ci se cacha dans les cuisines, semblant soudain très intéressé par le contenu des assiettes.

Quand elles rentrèrent chez elles, la nuit commençait à tomber et la ville se remplissait de touriste cherchant un endroit où manger. Une fois dans son lit, Perséphone ouvrit sa fenêtre et s’endormit.

Le lendemain, elle se hâta à l’université car elle s’était réveillée en retard à cause d’un orage soudain en pleine nuit qui l’avait empêchée de bien dormir. Elle retrouva Thalia puis elles se dirigèrent vers leur salle. Elles s’installèrent pile au moment où le professeur entrait. Perséphone fut frappée par la surprise. Son professeur de Géologie n’était autre que le malpoli de la veille.

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