15. Tensions

Par tiyphe

Louise

Le sang battait contre ses tempes, son dos la faisait souffrir et des fourmillements lui parcouraient les membres. Elle ouvrit difficilement les paupières. Ne pouvant bouger sa tête, de peur d’amplifier sa puissante migraine, elle observa le plafond sombre et terreux au-dessus d’elle. Cela ressemblait fortement à une grotte. Elle réussit à mouvoir le bout de ses doigts et sentit un matelas peu confortable sous elle. Il était posé sur de la pierre froide et sûrement aussi humide que les murs.

Une tête apparut vivement dans son champ de vision. C’était Jeanne. Son visage s’apaisa lorsque la femme croisa le regard, qui devait être vitreux, de la jeune Créatrice.

— Oh, Mademoiselle Louise, j’étais si inquiète, couina sa grande amie.

La concernée ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Elle essaya de nouveau :

— ...eau.

Jeanne se pencha un peu plus et l’invita à répéter d’un regard.

— D... eau... De... l’eau.

La femme afficha un air surpris. Louise recommença doucement, mais plus clairement :

— Je veux de l’eau.

Malgré son étonnement, Jeanne ne perdit pas de temps et l’instant suivant, elle approchait un verre rempli près de la bouche de la jeune femme. Elle lui versa le contenu transparent sur les lèvres. Cela faisait 472 ans que la Princesse n’avait pas bu une goutte d’eau pour combler sa soif. Les perceptions qu’elle ressentit lui remémorèrent celles de son vivant. L’agréable sensation d’hydratation, la fraîcheur du liquide qui s’insinue le long de l’œsophage, la pureté du goût lui redonnèrent de l’énergie. Louise remercia son amie d’un faible hochement de tête. La femme l’aida à se relever sur quelques coussins qu’elle venait de créer.

La Princesse aperçut alors Lucas dans un coin de la pièce. Il était assis négligemment sur un banc de pierre accolé au mur. Il tenait un objet étrange dans ses mains qu’il regardait avec concentration. Louise reporta son attention sur Jeanne qui s’installait sur sa banquette. Toujours un peu faible, elle réussit à prononcer :

— Où suis-je ?

La grande femme sembla s’agiter avant de répondre :

— Vous être dans les souterrains, Mademoiselle Louise.

La Princesse ne préféra pas relever le manque d’informations que lui délivrait son amie. Elle ressentait facilement son mal-être. Jeanne ne lui avait jamais parlé de ces galeries sous le château, il devait y avoir une raison à cela, mais ce n’était pas le plus important pour le moment.

— Que s’est-il passé ? choisit-elle de demander.

La femme soupira et laissa un silence s’installer. Lucas alors leva le nez de son objet, remarquant enfin le réveil de la jeune Créatrice. Il se redressa, mit l’appareil noir dans sa poche et s’approcha du lit. Ses yeux étaient glacials, l’étincelle d’admiration ou de prétention n’apparaissait plus. Jeanne fit un signe de tête autorisant le garçon à raconter ce qu’il s’était passé le soir des 472 ans. D’une voix plate, il relata :

— Sibylle - à ce prénom, Louise tressaillit - et moi étions dans la boîte de nuit du château, pas très loin, dans les souterrains. On s’amusait bien, on dansait...

— Viens-en aux faits, Lucas, l’interrompit Jeanne froidement.

Il se reprit un instant avant de continuer :

— Bref, d’un seul coup, tout est devenu obscur. Nous avons tous été fauchés par une rafale de vent chaud. J’ai perdu Sibylle dans la foule, tout le monde criait, les gens se marchaient dessus, c’était le chaos. Il faisait noir comme dans un four, mais l’air était glacé et effrayant. C’était oppressant. Je me suis fait bousculer plusieurs fois, j’ai attendu que ça se calme pour me glisser doucement et chercher un mur. J’avais l’impression de piétiner des personnes, je ne voyais rien. Au bout d’un moment, il y avait des bruits bizarres comme si des choses se déplaçaient, mais en même temps, j’avais le sentiment que plus personne ne respirait, que tout le monde était immobile.

Semblant avoir tout dit d’une traite, en apnée, il s’arrêta pour reprendre son souffle. Jeanne le relaya :

— Dans la cour, les spots se sont également éteints. C’était la panique, vous savez bien. J’ai dû rétablir la luminosité rapidement en créant de nouvelles installations pour rassurer les Occupants, surtout ceux qui n’ont jamais vu les ombres. Je leur ai fourni des lampes torches pour qu’ils rentrent sereinement chez eux. Les lampadaires étaient coupés jusqu’au dortoir. La gare a été épargnée. Johny est venu me trouver pendant ma distribution. Il était affolé et parlait très vite. Il m’a raconté dans quel désordre étaient les souterrains plongés dans le noir. Quand je suis arrivée sur les lieux, tout était silencieux, c’était particulièrement inquiétant. Les Occupants patientaient assis pendant que certains étaient pétrifiés ; on a dû attendre le levé de la lumière. Je vous ai trouvé sur la mezzanine, évanouie. J’ai eu très peur.

Les yeux gris de la grande dirigeante s’embuaient de larmes avec l’émotion. Louise prit délicatement sa main.

— Tout va bien, Jeanne. Je vais déjà bien mieux. Dans quelques minutes, je suis sur pied.

Lucas s’était adossé au mur, les jambes croisées, il avait ressorti son étrange objet noir. De plus près, cela ressemblait à un petit écran de télévision. Louise en avait fabriqués quelques-uns pour des Occupants morts récemment. Le jeune homme surprit son regard. Il dit d’un ton neutre :

— J’ai eu le temps de m’entraîner à la Création pendant ton somme, Aurore au bois dormant.

Intriguée, Louise leva un sourcil. Quel nom étrange. Lucas ne lui donna pas la possibilité de l’interroger et se tourna vers Jeanne.

— Je dois me préparer pour demain, dit-il. Je vous laisse, je n’ai rien d’autre à lui dire.

La Princesse ouvrit la bouche, son nez se teintait de rouge tandis qu’elle réprimait une insulte. Comment osait ce petit prétentieux ? Comment se permettait-il de parler d’elle de façon aussi insolente ? Une fois de plus, ce garçon chamboulait son comportement, la rendant amère. Alors qu’elle allait intervenir, Jeanne ne lui en laissa pas le temps. La grande femme remercia Lucas qui hocha la tête et ignora superbement Louise sur sa banquette. Lorsqu’il fut assez éloigné, la Créatrice au chignon parfait se tourna de nouveau vers son amie qui fulminait.

— Comment ose-t-il parler de moi de la sorte alors que je suis là ? ragea la jeune femme.

Jeanne posa une main sur son épaule, tentant, par son geste, de l’apaiser.

— Mademoiselle Louise, calmez-vous. Lucas m’a été d’une grande aide pendant que vous étiez dans le coma. Il apprend vite et a su me seconder rapidement pour rétablir la luminosité et reconstruire les galeries effondrées des souterrains.

La femme marqua une pause. Elle lança un regard rassurant à la Princesse afin de demander :

— Vous rappelez-vous ce qu’il s’est passé ce soir-là ?

Louise réfléchit un instant, elle essaya de se remémorer ses derniers souvenirs. Elle venait de descendre dans les souterrains, elle était sur la mezzanine et... Son nez rougit de plus belle.

— La mijaurée ! cracha-t-elle. J’ai vu la mijaurée de Sibylle s’approcher de mon Conan et l’embrasser. J’étais en colère et... et...

— Mademoiselle Louise, calmez-vous, s’affola la grande dirigeante.

La jeune femme ne s’était pas rendu compte qu’elle s’était relevée en position assise et qu’un courant d’air électrisé l’entourait comme une bulle de protection. Jeanne s’était éloignée, effrayée. Louise vit la crainte dans le regard de son amie et la peur s’insinua en elle également.

— Jeanne, glapit-elle. Que se passe-t-il ?

Le nuage d’électricité se dissipa aussi rapidement qu’il était apparu. Cependant, la frayeur des deux femmes persista. C’est la cadette qui rompit le silence entre elles.

— C’est moi... C’est moi qui ai fait cela hier soir, balbutia-t-elle, inspectant son corps avec beaucoup d’angoisse.

Ce n’était pas une question. Maintenant, Louise se rappelait. Elle se souvenait de la sensation d’un vent puissant la parcourant jusqu’au bout des doigts, d’une tempête faisant rage en elle. Elle avait tout évacué sur son peuple à cause de sa colère et de sa jalousie. Elle n’avait pas su retenir ces sentiments qui l’avaient quittée depuis plusieurs siècles. Elle regarda ses mains. Elle avait peur d’elle-même à présent.

Jeanne ne dut pas saisir le trouble de la Princesse puisqu’elle lâcha :

— Ce n’était pas hier soir, Mademoiselle Louise. Vous avez été inconsciente pendant huit jours.

— Huit jours ? s’étrangla la jeune Créatrice.

Elle ne laissa pas le temps à son amie de répondre. Cédant face à ses émotions, Louise déchargea les craintes qui la tiraillaient depuis quelques jours. Des sanglots s’écoulèrent sur ses joues rosies alors qu’elle s’exprimait :

— Je ne comprends pas Jeanne, c’est comme si après toutes ces années, tous ces siècles, nous nous réveillions d’un long et pâle rêve. Comme si nous avions grandi dans un monde sans couleurs attendant le jour où quelque chose ou quelqu’un nous rapporterait ces teintes. J’ai peur, Jeanne… Qui sont Tom et Lucas ? Que vont-ils nous apporter ? La paix éternelle ou le chaos ? Pourquoi le Bien et le Mal nous mettent-ils face à de telles épreuves ? Quel est leur but ?

Après un silence partagé, elle enchaîna :

— Finalement, qu’est-ce qui est le mieux ? Exister dans un lieu fade, prisonniers d’une routine infinie, mais sans dangers ? Ou découvrir des nuances, alors insoupçonnées lors de notre vivant, incluant les plus sombres, celles qui nous font devenir ce que nous sommes au plus profond de nous ; des animaux ?

***

Lucas

Lucas sortit rapidement des souterrains en admirant au passage son travail. Jeanne avait pris le temps de lui apprendre un peu plus l’art de la Création et de lui donner des conseils concernant la construction. La conception de bâtiments ou d’objets lourds était bien plus difficile qu’une simple chaise. Cela demandait plus de concentration et de vigilance. L’erreur n’était pas à la même échelle que si le stylo-bille n’avait pas de bille.

Ce pouvoir était en fait bien plus complexe qu’il n’y paraissait. Imaginer les objets ne suffisait pas toujours, il fallait être minutieux dans les détails et ne pas omettre une pièce importante à la composition de l'invention. Pourtant, pour Lucas, il lui était possible de confectionner des choses sans en comprendre le fonctionnement exact. Alors que les Créatrices avaient dû étudier rigoureusement et méticuleusement les appareils qui n’appartenaient pas à leur siècle, le jeune homme était capable de faire apparaître un sabre laser. Il semblait posséder comme il aimait l’appeler la Création 2.0, une mise à jour de ce don avec de plus grandes possibilités.

Pendant ces huit derniers jours, Lucas avait particulièrement été contrarié et hérissé contre Louise. Dès le moment où il avait découvert que la jeune femme était évanouie et qu’elle ne se réveillait pas, il avait supposé qu’elle était la responsable. Mais ce sentiment n’était rien comparé à l’inquiétude qu’il éprouvait concernant la disparition de son petit frère.

Après s’être extirpé des souterrains, il avait cherché Tom dans l’enceinte du château. Personne n’avait vu le garçon à la tignasse dorée et aux grands yeux bleus. Lucas avait alors foncé au dortoir, fouillé chaque aile, chaque chambre. Il avait toqué à toutes les portes de toutes les maisons près du lac, était retourné à la gare où la Gardienne s’était excusée de ne pas l’avoir vu avant d’accueillir un nouvel Occupant.

Pendant deux jours, sans relâche, il avait parcouru une bonne partie du royaume, fait vingt fois le tour du lac, et visité les petits villages situés au Nord-Ouest de l’Entre-Deux. Le monde était si grand que Lucas ne pouvait couvrir tout le territoire seul. Le jeune Créateur avait alors laissé des affiches un peu partout, montrant l’adorable visage de l’enfant. Tom devait nécessairement être quelque part plus loin, au-delà des plaines vides au Sud, derrière les montagnes blanches de l’Est ou peut-être après la mer gelée de l’Ouest.

Ses recherches lui avaient permis de découvrir un peu plus l’environnement autour du royaume de l’Entre-Deux. Lors de son retour au château le troisième jour, il s’était fait la réflexion pour la première fois depuis son arrivée que la population n’était pas si conséquente, comparée au nombre de personnes qui mourraient chaque jour sur Terre. Il était impossible pour la Gardienne, seule à la Porte d’Argent, de gérer un aussi grand nombre de décès. Lucas se rappela le discours de Jeanne à son arrivée, peut-être les Êtres avaient menti concernant l’encombrement du Paradis et de l’Enfer.

Finalement, le jeune homme avait demandé à mener une expédition pour retrouver son frère. Si seul, il n’y parvenait pas, il était convaincu qu’avec de l’aide il pourrait rejoindre Tom. Il irait au-delà des plaines vides, des montagnes blanches et de la mer gelée s’il le fallait. Cependant, Jeanne l’en avait interdit tant que Louise ne se réveillait pas.

Maintenant que c’était le cas, la femme pouvait lui donner son autorisation. Sibylle l’accompagnerait, puisque son ancêtre avait également disparu. En premier lieu, Lucas avait accusé Jacques d’avoir enlevé son petit frère, mais la ravissante jeune fille aux cheveux roux l’avait ensorcelé et convaincu qu’il ne ferait jamais une chose pareille et il l’avait crue. Elle était la seule personne en qui il avait confiance dans ce monde. Il se méfiait de Jeanne, car il avait le sentiment qu’elle ne lui disait pas tout et il était toujours remonté contre Louise.

La Créatrice, au chignon impeccablement tenu, lui avait cependant donné des cours comme promis. Ils avaient eu le temps de s’entraîner dans la salle vide, à la reconstruction des souterrains, et Lucas s’était lui-même essayé seul à la Création, voulant tester les limites de ce curieux pouvoir. Il s’était fait deux téléphones portables, dont un qu’il avait donné à Sibylle. Il avait dû lui expliquer son fonctionnement, puisque la jeune femme était morte en 1995. De ce fait, ils pouvaient communiquer aisément. Jeanne avait été particulièrement impressionnée par ses rapides progrès, mais également par ses facilités et ses compétences à créer des choses sans en connaître parfaitement le fonctionnement.

Le nouveau Créateur avait alors essayé d’imaginer des objets plus complexes, même non existants. Il avait d’abord pensé à inventer un moyen de se téléporter. Ses tentatives furent toutes des échecs. Il réussit à matérialiser un casque de réalité augmentée et une pièce où les murs étaient recouverts d’écrans montrant différents paysages de la Terre selon la personne qui y entrait. Son plus grand succès fut une carte holographique et interactive de l’Entre-Deux. Sibylle l’aida à la concevoir en lui décrivant chaque recoin du royaume qu’elle connaissait. Le plan avait l’avantage d’être portatif, car il tenait dans le creux de la main.

Lucas arriva dans la cour du château où l'irrésistible femme au visage tacheté d’éphélides l’attendait. Elle lui sourit et l’embrassa tendrement. Un choc d’excitation dans le bas de son ventre déstabilisa le jeune homme.

— Louise s’est réveillée, lança-t-il, l’émotion passée. Nous allons pouvoir partir à la recherche de Tom et Jacques.

Sibylle ne répondit pas tout de suite. Elle lui fit un regard de biche, se lécha la lèvre inférieure comme si elle cherchait ses mots. Lucas avait du mal à garder ses yeux azur fixés dans ceux vert profond de sa partenaire. Ses pulsions prenaient vite le dessus lorsqu’il était proche de la jeune femme. Elle coupa ses ardeurs en minaudant :

— Très bien, je vais aller préparer mes affaires dans ce cas.

— Nous partons tous les deux, demain, aux premières lumières, annonça Lucas.

— Ça nous laisse toute la nuit, alors, répondit Sibylle avec un sourire et un clin d’œil explicite.

Elle déposa un fin baiser sur la tempe du jeune homme, dont les idées n’étaient plus très claires, avant de s’éclipser vers le lac. Lucas resta un instant, bêtement, à regarder les courbes de la femme se balancer au rythme de ses pas. Une onde électrique le sortit de sa rêverie. Il se tourna pour se trouver nez à nez avec une Louise de mauvaise humeur.

— Quoi encore ? fit-il avec cynisme.

— Je viens avec vous, annonça la Princesse.

Consterné, Lucas s’énerva :

— Quoi ? Mais il n’en est pas question !

— Ce n’est pas une question, c’est un ordre, parla plus fort Louise.

— Un ordre ? Tu sais ce que j’en fais de ton ordre ? C’est de mon petit frère qu’il s’agit, je n’ai aucune envie qu’une fille dangereuse comme toi nous accompagne pour le retrouver.

À peine avait-il fini sa phrase que sa joue brûlait de douleur. Le visage de Louise était rouge de colère, ses mains crépitaient d’électricité et une bulle de brouillard chargé l’entourait. Sa voix changea, devint plus métallique lorsqu’elle prononça :

— Comment oses-tu ?

Lucas se tenait la pommette, encore à vif de la gifle qu’il venait de recevoir. Il ne savait pas s’il devait avoir peur ou s’il devait tenter de l'apaiser. Il choisit la deuxième option, même s’il ne pouvait mourir, il n’avait pas envie d’essayer ou de ressentir tous ces volts dans son corps.

— Louise, calme-toi. OK, tu viendras avec nous. Mais pas dans cet état. Il faut vraiment que tu te calmes.

La jeune femme cligna des yeux. Le vent disparut. Elle perdit l’équilibre et tomba dans les bras de Lucas qui la rattrapa in extremis.

 ***

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Renarde
Posté le 11/08/2020
Coucou Tiyphe,

Tu m'étonnes qu'il préfère Sibylle... Cela m'a l'air bien mal barré pour Louise, qui fait plus princesse capricieuse incapable de se contrôler que souveraine réfléchie proche de ses sujets. Je me demande comment elle va réussir à inverser la vapeur !

Je me demande également à quel point Sibylle est au courant des manigances de son ancêtre et si elle sait à quel point il est violent avec Tom. Elle joue avec Lucas, mais peut être qu'elle a également des sentiments pour lui ? Le personnage est encore ambigu.
tiyphe
Posté le 15/08/2020
Re-coucou !

Mais Sibylle je la kiffe ahah ! Tu marques de bons points dans ton 2ème paragraphe, je n'en dis pas plus ;)

Merciiii <3
Vous lisez