L'ODORAT

Notes de l’auteur : Ce chapitre aborde l'un des cinq sens.
Sens qui guideront les quelques chapitres suivants et tourmenteront les émotions de notre héroïne.

Bonne lecture et à votre clavier !

— Allez décroche... décroche...

Si Elly filtre cet appel, je serai condamnée à monter dans le pick-up garé un peu plus loin. Pendant que ma matière grise carbure à plein régime, mes jambes évacuent ma nervosité dans des allers-retours.

Un vrai travail d'équipe entre le corps et l'esprit.

Punaise, mais pourquoi ne décroche-t-elle pas !

— Allô ?

— Elly ? J'essaye de te joindre depuis dix minutes !

— C'est donc toi l'harceleuse qui perturbe ma partie de beach-volley ? Alors, comment se passe ta forma...

— Ibrahim vient de me libérer, passe me prendre maintenant ! Je suis avec mes valises devant un salon de barbier, la coupé-je pressée par le temps.

— T'es sûre que tout va bien, mon cœur ? Je te sens légèrement agitée...

— Rappliques au plus vite il ne va pas tarder à sortir Elly rhabille-toi en vitesse j'ai été incapable de dire non à Ibrahim alors si tu ne ramènes pas tes fesses sur-le-champ d'une minute à l'autre je vais me retrouver au pied du mur sans échelle !

— De quoi ? Qui va sortir ? Tu peux arrêter deux secondes de donner le tournis à la clientèle de Sam. Je peux te sentir d'ici, gigoter et fendre l’air avec tes bras dans tous les sens. Recommence en me racontant quelque chose de censé, sans oublier les points et les virgules. Tu peux faire ça, Sawyer ?

Je m'arrête brusquement, me retourne pour constater que des hommes munis d'un coupe-choux m'observent étrangement. Dans l'espoir de canaliser cette marée de stress en phase montante, déboulant par vagues de panique, je me frotte l'arête du nez et reprends mon sang-froid.

Encouragée par mon amie à poursuivre mon récit, je lâche l’info.

— Son neveu est là.

— Ah.

— Moi aussi je peux entrevoir ton sourire derrière le combiné. Ne glousse pas comme ça ! Ibrahim l’a chargé de me raccompagner juste après lui avoir proposé de dîner avec nous ce soir.

— Et donc ?

— Et donc on s'en tient au plan. Celui de base était que tu viennes me chercher et le plan de secours est que tu le fasses rapido-presto !

— Pas plus tard qu’hier, mon épave ne roulait-elle pas trop vite ? raille-t-elle. Et puis tu sais quoi, il fait beau aujourd'hui, Sawyer. Vraiment beau. Un temps à se tanner la silhouette sur la plage, tu ne trouves pas ? On est même sur le point de gagner la partie, alors...

— N’y pense même pas !

— Ne sois pas comme ça, Mon cœur. Il n'y a pas de quoi paniquer. Ce n'est vraiment pas comme si tu venais juste de prendre conscience qu'il était beau mec. Du genre, représentation parfaite de l'archétype de l'étalon sauvage.

— Elly Wyatt... formulé-je sur ton de menace, je te conseille d’arrêter de faire l'enfant, freiner ton ironie et piquer une tête dans ton short immonde !

Ce n’est pas mon genre de m’emporter. D’ordinaire, je suis le portrait conforme de l’inoffensivité. Mais ma rencontre officielle avec une jeune femme capable de porter un short juste assez grand pour couvrir les fesses d’une fillette, est sur le point de chasser mon calme. C’est à se demander si elle n’a pas perdu un pari. Ce vêtement est un manquement au code de la dignité, un condensé d’écailles arc-en-ciel et de pins kawaii. Autant de manifestations excessives et c’est le bon sens quelle éclabousse.  La folie de cette fille est dangereuse pour la santé, j’en suis persuadée.

— Bien que la menace te rend encore plus intéressante, tu me vois contrainte de rejeter ta demande.

Les gars m'attendent, je t'écris ce soir. Ciao Bella.

— Elly ? Elizabeth Wyatt ! Tu es aussi détestable que ce hamburger à la pizza que tu m’as fait manger hier soir ! Même mon estomac te hait !

Je proteste sans public intéressé puisqu’il n’y a plus d'oreille ingrate à l’autre bout du fil. Elly a coupé la communication. Comme un interrupteur, elle peut passer de « sympa » à « méprisable » en un claquement de doigts.

J'insuffle une grande inspiration et souffle un bon coup. Après tout, Aristote a dit un jour « Le courage est le juste milieu entre la peur et l'audace ».

Désormais adossée à la portière du côté qui m'est réservé, j'adopte au mieux une posture naturelle et détendue, en contraste avec le plan d'action qui s'opère dans mon esprit. Le bar ayant réouvert ses portes au public dès la fin de mon enseignement, je surveille les entrées et les sorties. Prête à ordonner à mes jambes de battre en retraite si mon instinct flair un danger.

La porte du Bebek s'ouvre sur le propriétaire de ce véhicule. Il semblerait que son ombre ait pris l'apparence d'un félin. Allure élancée, démarche assurée, une étude révélerait sûrement que c'est un meneur.

Il me jette un bref coup d'œil avant d'installer mes valises sur la banquette arrière. Lorsque je prends place, j'inhale instantanément le parfum imprégnant l'habitacle. Un mélange brut aux effluves d'une masculinité franche. Une fragrance addictive.

Aussitôt comble-t-il l’espace vide derrière le volant, je sens l’appréhension envahir mes veines, mes mains empotées luttent pour tirer la ceinture bloquée à chacune de mes tentatives. Je lance un compte à rebours en silence quant à déterminer le temps qu'il me faudra, cette fois-ci, pour me ridiculiser.

C'est alors qu'un bras m’effleure. D’un mouvement ralenti, il saisit ma sangle de sécurité d'une main adroite. Mon corps se tend, tandis qu'un arôme sauvage vient de nouveau charmer mes narines. Sans précipitation, je pivote mon visage. Mes yeux plongent une nouvelle fois dans un océan où même le plus émérite des navires éprouverait difficultés à garder son cap. Alors qu'il me considère avec intensité, je suis en mesure de discerner avec précision les reflets dorés dans ses iris tellement nous sommes proches. Désarmée par son initiative, je me laisse faire. Il glisse la ceinture le long de mon buste sans jamais rompre l’échange visuel. Le cliquetis indique ma sécurité.

Sans un mot, il rompt notre connexion, tourne le contact et s'engage sur la voie.

— Merci.

C’est à peu près tout ce que mon cerveau est à même de formuler. Lui se limite à un hochement de tête. Un moment d’une rare éloquence. De quoi me donner la sensation d’être une cargaison pas très futée à transporter.

En vue de retrouver une respiration régulière, je tourne volontairement mon profil à l'opposé du sien. Cet homme est étrangement hypnotique. Mon corps a de nouveau réagi en sa présence, mes yeux se sont verrouillés aux siens. Pire, mon odorat est galvanisé par ce qu’il respire. C’est inattendu et violent. Pour autant, je n'apprécie pas ses manières, celles de sonder des inconnus d'un regard habité par une intensité frôlant l'irrespect.

 

Dans mon champ de vision, se précise les contours de la banlieue chic d’Elly. Le véhicule ralentit devant une maison inspirée du style pavillonnaire. La façade est bardée de bois tout de blanc vêtu et surmontée d’une toiture complexe. Il y a un vaste porche avec un garage attenant. Donnant sur rue sans aucune barrière à pique, elle dispose d’un espace vert tondu au millimètre près. Et du calme.

Un village dans une ville.

Je m’attends presque à croiser l’une des quatres desperate housewives de la série télévisée.

Le temps de récupérer mon sac à dos dans la cabine, Yeux Hypnotiques m'ouvre la portière. Si la parole est habituellement d’argent, ici, elle est d’or et le silence de perle. Il nous préserve d’un échange de banalités que ni lui, ni moi n’a semblé vouloir s’encombrer. S’il est bon de parler, il est parfois meilleur de se taire. Qui plus est, j’apprécie la réserve de sa bouche, cent fois plus que chacune des libertés dont s’est autorisé son corps.

Je remarque qu'il prend la peine de descendre et porter mes valises.

À peine je lève l’index pour sonner, Karen apparaît, le visage illuminé par un grand sourire. Elle ne retient pas son enthousiasme et m'enlace. Mon chauffeur hérite de la même étreinte avant de s'éclipser dans une entrée à la surface généreuse. Conservant cette même expression chaleureuse, elle me fait visiter sa demeure. Je devine assez vite que la chambre qui m'est destinée était autrefois celle de l’Explorateur.

— Cela fait des années que Can a déserté cette chambre, je suis enchantée de la revoir occupée ! Installe-toi, prend possession de la pièce, je vais préparer le dîner. Descends quand tu le souhaiteras, Arizona. On a tous hâte de faire ta connaissance.

— Merci, Karen. Ma mère sera rassurée de me savoir si bien accueillie. Vous permettez que je prenne une douche ?

— Absolument ! Tu es ici comme chez-toi, c'est ce que stipule le contrat. Emménage tes affaires, je vais te préparer du linge de toilette.

Je referme la porte derrière moi et ce n’est que lorsque je pose ma valise sur le lit, que je remarque l'affiche de Coast Guard accroché derrière. Un classique du cinéma que mon père et moi adorions regarder ensemble. Cette histoire d'héroïsme en mer nous passionnait, et chaque visionnage était un rendez-vous de complicité.

Ma peau se couvre de frissons. Le choc imprime mes traits alors que je fixe ce poster dans cette chambre qui m'est destinée, au moment où je suis à des milliers de kilomètres de chez moi. Et je réalise maintenant qu’au plus profond de moi, j’attendais un signe. Une sorte de confirmation que je suis sur la bonne voie, que j'ai pris la bonne décision en venant ici, même si c'était difficile de quitter ma mère et de voyager seule avec mes foutues angoisses.

C’est comme si le destin avait préparé mon arrivée.

Les placards emplis de mes vêtements, mon journal de bord soigneusement posé sur la table de chevet et mes quelques photos souvenirs de mes parents, Jérémy et moi épinglées au mur, je m'approprie les lieux.

La seule ouverture laisse entrer la lumière, baignant la pièce de chaleur. Par contre, les volets, bien qu'existants, ont la déconvenue d’être factices. Ce qui n’est pas le cas de ce « bow window » qui me charme immédiatement. Dans les séries américaines, j’ai toujours envié les jeunes filles d’avoir cette banquette typique sous la fenêtre. Quant au reste de la décoration, elle est simple et cosy. En tout et pour tout, un lit, une armoire et un bureau.

 

Sortie de la salle de bain, je descends Sa Majesté l’escalier. Une délicate odeur de fumet guide mon appétit dans la cuisine.

De dos, une stature aux mensurations herculéennes s’affaire derrière les fourneaux aux côtés de Karen.

Durant le repas, entre deux verres de vin, Ibrahim et Karen ont la merveilleuse idée d’inviter mon voisin de table à narrer ses aventures autour du globe. Je les contemple, témoin de toute la fierté qu'ils lui portent. Jamais épuisés d’écouter une nouvelle fois ses exploits.

J'écoute le récit de ses derniers mois. Attentive, fascinée par cette facilité avec laquelle il captive les convives. Il est passionné, intrépide, mène une vie absolument hors du commun. J'en finis par perdre le fil de la conversation à raison que mon attention se polarise sur sa personne. Observant la manière dont il passe ses doigts sur l'ovale de son visage, je m'attarde en particularité sur les traits de sa mâchoire. Lignes naturelles dissimulées derrière une barbe sauvage, plus légère sur les joues et légèrement dépeignée au menton. Je continue mon examen du portrait et découvre la finesse de grandes mains soignées, puis le mouvement que forme ses lèvres pleines lorsqu’elles s’entrouvrent, pour me perdre dans ses yeux.

— Et toi, Arizona ? Parle-nous un peu de toi, demande Ibrahim.

Arizona ? Celle-là même avec une vie banale en France ou bien l’abêtie subissant une machination diabolique sous les traits d’un aventurier aux usages déroutants ?

Faut croire que j’ai chopé le même syndrome que l’Explorateur, je suis incapable de ciller. Sans parler de ce mélange aux notes boisées et épicées se mêlant à celles plus gourmandes du repas. L’Explorateur irradie d'une aura si marquante qu'à lui seul, son parfum domine l'air ambiant. Cette odeur distinctive cherche à s’emparer de force de ma mémoire comme le ferait un vieux tube entêtant des années 80.

 Ça m’agace tout particulièrement.

« Et toi, Arizona ? Parle-nous un peu de toi. »

Une simple question. Elle est courtoise, bienvenue dans la conversation et pourtant. Pourtant, que puis-je leur répondre ? Mon CV se résume qu'à l'obtention de mon master. Ma vie sociale n'a d'yeux que pour deux amis dont l'un est en plein coming-out et l'autre était jusqu'à quelques jours, virtuel. Dois-je préciser ma cohabitation sous le même toit que ma mère ?

— Qu'aimeriez-vous savoir ?

— D'où te vient cette incroyable faculté à tout mémoriser en moins de temps qu'il ne faut pour le dire, par exemple ?

— Oh eh bien, j'ai très jeune démontré la disposition d'un bon sens de l'orientation. Tout comme la mémorisation de textes, l'énumération de chaque détail d'un objet, d'une image ou encore les traits physiques d'une personne...

Alors même que je prononce cette phrase, mes yeux, semblables à des papillons attirés par une lumière, ne peuvent s’empêcher de lorgner discrètement mon voisin de table. Bien qu'il reste silencieux et peu bavard à mon égard, j'ai l'impression qu'il est plus attentif qu'il n'y paraît. Peut-être est-ce dû à son fin sourire.

—Mon cerveau imprimait aussitôt, poursuivé-je. En grandissant, j'ai appris à l'entraîner. Elle...

Une vibration provenant du téléphone à ma gauche me coupe dans mon récit. Son propriétaire y jette un coup d'œil et le retourne face contre table.

— Elle m'a permis de décrocher une très bonne mention. Aujourd'hui...

Une nouvelle vibration. Je fronce les sourcils, un poil agacée d'être entrecoupée à chaque instant.

— Excusez-moi, je dois prendre cet appel, annonce leur neveu en se levant de table.

Alors, je me doute bien que ma petite vie n'est pas très attrayante comparée à son cursus international, mais la moindre des politesses aurait été de me laisser finir.

Manifestement, j’ai flatté la réalité, l’Explorateur ne semble guère intéressé par ma présence.

Quand il quitte la pièce, Ibrahim et son épouse n'ont pas l'air étonnés par cette interruption. Devant mon incrédulité, Karen prend la parole :

— Il faut l’excuser. Can n'est pas revenu depuis longtemps, c’est normal que ses amis cherchent à le revoir. À son retour ce matin, sa priorité a été de se rendre ici. Puis retrouver son oncle dans le bar qui l’a vu grandir. Nous restons sa famille.

— Et ses parents ?

— Mon frère a perdu la vie lors d'un accident de voiture, intervient Ibrahim. Et avec elle, celle de sa femme. Can n'était encore qu'un enfant. Lui offrir notre foyer nous a permis de surmonter ce deuil à tous les trois. Si la nature nous a sacrifié le droit d'avoir un enfant, la vie nous a fait grâce de Can. C’est mon neveu aussi bien qu’un fils. Mon frère et son épouse gagnaient bien leur vie, Can a eu les ressources nécessaires à sa majorité pour quitter la maison. Le reste il ne le doit qu'à lui. Peu importe les voyages, les semaines sans nouvelles, il revient toujours. Toujours plus accompli et plus grand de cœur.

Forcément, il est plus dur d'être contrariée après ces révélations. Ce sont des gens bien. Dommage que leur neveu ne leur donne pas l'attention qu'ils méritent.

Lorsque ce dernier daigne refaire son apparition, c'est pour nous faire part de son départ. Rendre fier sa famille lui donne donc le pouvoir d’interrompre le dîner d'où il était l'invité. Parce que ses amis ne peuvent pas attendre, c'est évident...

Enfilant sa veste, il se heurte à mon regard chargé de sous-entendus dont les qualificatifs lui sont moyennement favorables. Absolument pas décontenancé par ma moue renfrognée, il tire les coins de sa bouche.

— Le repas vaut-il cette bouteille de vin ? m’interroge-t-il soudainement.

Son insinuation quant à ma faculté d’avoir avalé les verres comme on mangerait des cacahuètes - par trois ou quatre – fait apparaître ma ride du lion. Après la nourriture, boire a été certainement la seconde façon de gérer mon stress ce soir.

— Je ne pense pas terminer mon assiette...l'informé-je ponctué d'un sourire pincé.

Comme tu ne m'as pas laissé finir ma phrase.

Il hausse un sourcil. Il faut dire que le ton de ma voix laisse entendre un mécontentement plus très sobre.

L'étincelle nichée au cœur de ses iris hypnotiques avant de quitter notre compagnie, me contraint à reboire une gorgée de cette délicieuse bouteille de vin qu'Ibrahim à débouché pour l'occasion.

   *

    *      *

Dans ma chambre, assise sur le coussin de banquette, je relate la journée dans mon journal. Une reprise de « Linkin Park » sur une petite enceinte Bluetooth, la main dans un sachet de graines de tournesol, je décris mon humeur fluctuante d’aujourd’hui. Soumise aux variations d'un ascenseur d'émotions.

Le nom s'affichant sur mon mobile ne se fait pas prier pour que je décroche :

— Tu m'as raccroché au nez, tout à l'heure !

— Tu ne veux pas savoir si j'ai gagné la partie, Sawyer ?

— Tu l'as gagnée ?

— Vingt-cinq à douze ? Ils étaient nuls.

— Heureuse d'apprendre que me poser un lapin t'ait été bénéfique.

— Tellement que je ne dors pas seule ce soir. L'un des membres de l'équipe adverse souhaite être réconforté.

— Je croyais qu'ils étaient nuls ?

— Oh mais ils le sont, mais je ne crois pas avoir spécifié qu'ils étaient moches...

Je m'esclaffe. C’est un fait, Elly possède le talent de me faire oublier toute rancœur.

— Quel don de soi !

— J'ai dix minutes devant moi avant qu'il nous ramène de quoi prendre des forces avant un marathon du sexe. Raconte-moi tout depuis que je t'ai déposée devant le Bebek.

Je commence mon monologue pour en arriver au déroulement de ce repas.

— Donc tu es vexée, conclue-t-elle.

— Je ne suis pas vexée, je trouve son comportement irrespectueux.

— Si, tu boudes.

— Mais je ne boude pas ! J'ai de la peine pour les Özkan, leur neveu s’est comporté de manière très malpolie.

— Leur neveu, hein ? Rappelle-moi comment il s’appelle ?

— Comment ça ?

— C'est une question simple, Mon cœur.

— Je sais bien comment il s'appelle ! m'agacé-je.

— Donc prononcer son prénom ne devrait pas être un problème ?

— Il...

C'est la meilleure celle-là ! Je me rends compte que je n'utilise jamais son prénom.

— Il s'appelle Cannn. Tu entends comme son nom roule sur ma langue, Sawyer ? « C » comme Charismatique, « A » comme Appétissant et « N » comme Nom d'un putain de Dieu du sex-appeal ! L’acoustique de son prénom est une invitation à la jouissance. Ton esprit doit en savoir quelque chose, il a dû passer l’après-midi à se régaler. Ça doit lui changer de tes bouquins et compagnie.

— Je débute le service demain. Ibrahim m'a informé qu'il y aurait un groupe de musique qui organise un blind test.

— Va falloir revoir ta subtilité du changement de sujet, Mon cœur. C’est l’une des soirées célibataires. Chaque vendredi soir, il y a une soirée spéciale appelée « l’Apéro du vendredi ». Pour celle de demain, une inscription a eu lieu cinq jours auparavant, puis un tirage au sort le soir même défini les partenaires. Chaque couple s'installe à une table ; à chaque manche une élimination. Le couple gagnant repart avec le lot défini en début de partie et plus si affinité... Le Bebek fait souvent du chiffre pendant ce genre d'événement.

— C'est malin mais ça n'arrange clairement pas ma quiétude. J'imaginais mes premières heures de travail plus tranquilles.

— Bienvenue en Amérique, Sawyer ! Autant te mettre au parfum tout de suite, ici les étés sont chauds. Il est probable que tu te retrouves immergée dans un monde d’excès en tout genre, ne te laisse pas impressionner.

— C'est censé me mettre plus à l'aise ?

— Ne t'inquiète pas, je serai présente demain.

— Ne me dis pas que...

— Que je suis inscrite au blind test ? Et comment ! Puis, Sawyer ? Je ne manquerai ton premier service pour rien au monde. Je serai la fille canon aux cheveux gris dans la salle.

Je souris à sa dernière phrase. Je sais qu'à sa manière, elle me prépare à un univers qui m'est inconnu.

— Bonne nuit, Elly-croqueuse-d’hommes.

— Fais de beaux rêves La-fille-sympa-mais-un-peu-coincée.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
AmandineQ
Posté le 26/08/2022
Coucou,

Si je peux me permettre, la citation c'est "la parole est d'argent mais le silence est d'or" après la perle c'est nettement plus jolie, je te le confirme.

Et bien on peut dire que ce n'est pas gagné entre Can et Arizona. En revanche les échanges visuels ne trompent pas .
D’ailleurs, pourquoi ce chapitre s'appelle t-il l'odorat alors qu'il y est bien plus mentionné la vue à mon sens ?

Les Ozkan ont l'air d'avoir le cœur sur la main, quel dommage qu'ils n'aient pas d'enfant.
Alors Can, quel terrible secret caches-tu pour partir comme une flèche en plein repas?
Joy Quinn
Posté le 30/08/2022
Coucou,
J'ai toujours plaisir à te retrouver en commentaire.

Pour la citation, c'est voulu. Mais tu soulèves un point, je ne nuance pas assez les pensées de mon personnage ce qui peut amener à se méprendre sur mes écrits. D'ailleurs, tes impressions ont contribué à la réécriture les deux premiers chapitres. Ce ne sera pas la correction finale, mais tes pistes de réflexion m'ont poussé à m'y replonger.

Encore une fois, j'apprécie ta réflexion sur le sens de ce chapitre. En effet, la vue est très présente car ne travaillant que sur le point de vue de mon héroïne, j'ai besoin que vous le découvriez Lui à travers ELLE. Mais, sur le fond, il concerne l'odorat. Le parfum de Can est validé. Plus que ça, il produit une réaction chez elle. Elle aime définitivement son odeur.
AmandineQ
Posté le 31/08/2022
Ravie de pouvoir t'aider ^^
Zephililoute
Posté le 15/07/2022
La panique d'Arizona à ce début de chapitre j'adore. Cet échange avec Elly est top elles me font rire !
Joli l'échange non verbal entre Can et Arizona lorsqu'ils s'installent dans la voiture ! On imagine très bien la scène et on capte bien ce que ressent Arizona.

Rooo la banquette sous la fenêtre on adore !! Moi aussi j'en veux une !!!

Arizona part au quart de tour au moindre fait de Can. J'avoue que je ne comprend pas trop cette attitude quelle a. Remarque, peut-être qu'elle non plus ne comprend pas vraiment ^^
Le récit d'Ibrahim sur son neuve va peut-être la calmer un peu ... Le pauvre n'a pas eu la vie facile :S

Alors par contre la Elly, une nouvelle fois j'adore !! Bien sur que notre Arizona est vexée. J'aime beaucoup sa façon de la bousculée un peu ^^
Joy Quinn
Posté le 20/07/2022
La scène dans la voiture avait suscité des réactions positives chez mon lectorat. Le non-verbal est pas mal présent dans cette histoire du côté de Can. Tout le monde aimerait savoir ce qu'il pense ;)

On est d'accord, la banquette est un idéal chez un bon lecteur qui se respecte ! :D

Arizona le trouve particulier. Elle le juge sur sa manière de vivre, sur cette façon bien à lui d'étudier les gens, d'avoir attaché sa ceinture sans parole. Il n'est pas tout le monde et elle le sent. Le fait est qu'il est si spécial de ce qu'elle connaît habituellement, l'a poussé à être sur la défensive. Elle ne met pas encore de mots sur ses émotions.

Elly à trouvé une grande place dans le cœur de mes lecteurs ! C'est une jolie surprise pour moi. Continuez de la flattez, elle adore ça !!!
Maud14
Posté le 05/04/2022
Hello! Bon déjà, ça peut pareil bête, mais le banc sous la fenêtre de la chambre... I love it ahah! Tellement typique, mais on adore.
Encore beaucoup de mystères entourent Can, mais en tout cas, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il sait happer par les yeux autant que tes descriptions nous happent.
C'est joliment écrit, les mots sonnent, composent une mélodie. Tu nous offres une lecture très agréable.
La petite Arizona monte rapidement sur ses grands chevaux avec Can dans les parages, ça promet de futures scènes sympathiques!
Hâte de lire la suite :)
Joy Quinn
Posté le 05/04/2022
Si j'avais la possibilité, j'aurais une pièce dédié à la lecture et l'écriture avec cette fameuse banquette. Et un porche avec une balancelle. Peut-être même ce parquet typique au sol. Une vraie Desperate Housewive à Wisteria Lane ^^

Tes mots me font du bien car j'ai tendance à être une adepte des phrases alambiquées. Ce qui n'est pas franchement idéal pour la fluidité.

Arizona a du mal à contrôler ses réactions en présence de Can. Il l'a déroute. Justement parce qu'il est aussi mystérieux qu'intimidant.

Les scènes qui arrivent risquent de te faire sourire plus d'une fois. Et te faire aussi dresser les poils, j'espère !

A bientôt <3
Vous lisez