C'était un soir différent,
Un soir où l'on fait de la route pour aller retrouver des gens,
Un soir où la musique emporte les pas et les visages,
Où les pensées sont ailleurs, dans le mélange des âges
Ce soir-là, j'étais assise et j'observais
Mon regard était fixé sur deux filles qui dansaient
Si tranquilles, si belles dans leurs mouvements,
Elles dansaient dans une autre langue, sur un arrêt du temps
Et tous les autres couples autour dansaient aussi,
Mais pas de la même manière, leurs pas étaient dépourvus de folie...
Et dans le chant des instruments, elles se suivaient des yeux
Tout était éclipsé par elles, elles n'étaient plus que deux
Libres et volatiles, délicates hirondelles
Dans leur ballet virevoltant, si douces et si belles.
Je ne pouvais détacher mon regard de leurs silhouettes,
Tandis qu'en moi grandissait l'envie secrète
De me lever, et de danser moi aussi jusqu'au matin...
Très vite mon voeu s'est exaucé, une fille est venue et m'a prise par la main
Son sourire était franc et ses cheveux blonds comme les blés
Je ne savais pas danser, je me suis laissé entraîner
Une main sur son épaule, l'autre dans la sienne,
Je suivais son mouvement, valse à trois temps qui s'égrène
Et autour de nous continuaient de danser les deux hirondelles,
Femmes-oiseaux au plumage si frêle
Je les voyais tournoyer, elles fermaient leurs paupières
Et mon regard venait croiser celui de ma partenaire
Nos deux êtres chaviraient dans cette danse effrénée
Et nos corps enivrés et parfaits venus se dessiner
Notes volées dans le flanc d'un violon,
Vol d'oiseaux sur les rebords du son
Pureté de l'air dans la flûte traversière,
Rêverie des corps envolés vers la mer...
Fy
J'ai lu aussi le commentaire de Prudence, et l'allégorie du fragment de fresque d'un vase me semble très pertinente ! ça me rappelle un proverbe, qui ressemble à peu près à "on ne peut engloutir tout l'océan, mais on peut se plonger dedans". Rapporté à l'écriture, on peut en retenir qu'il est impossible de rendre compte de l'infini dans son intégralité (très paradoxal, comme formulation xD), mais qu'il est toujours possible de le toucher du doigt.
En gros, le peu que tu donnes à lire ici est déjà énorme parce qu'il laisse deviner tellement d'autres choses ! Rien que "C'était un soir différent" : mais alors, les autres soirs ? Et celui-ci ? Et les prochains ?
Je pars loin xD Mais c'est que j'ai grave aimé :')
Sinon, c'est la première fois que tu proposes un morceau comme bande-son, ou me trompe-je ? En tout cas c'est une belle découverte aussi :D
Je suis vraiment contente que ce recueil suscite autant d'attention envers les fragments d'histoire que j'y partage, parce que, comme dans le titre, c'est ce que je cherchais à transmettre : axer mes poèmes sur le fait de raconter des histoires, des scènes plutôt que sur mes émotions propres ^^
En fait j'ai remarqué que les titres que je donne à mes recueils ont beaucoup de lien avec les poèmes qu'ils contiennent (disons que ce n'est fait exprès qu'à moitié, puisque de base je voulais juste des recueils qui s'appelaient tous Mots d'... alors j'ai cherché des mots au pif sur internet x)
Peu importe si tu pars loin, la folie c'est bien ;) (ça rime x)
Pour ce qui est de la bande son, j'avais en effet jamais proposé ça, mais ça faisait un moment que j'y pensais parce que j'écris souvent en musique. (Par exemple "Every body hurts" dans le recueil précédent, c'est le titre de la chanson que j'écoutais en l'écrivant ;)
Mais je pense reproposer des musiques dans les poèmes à venir, contente d'avoir un retour là dessus ! :)
Mes excuses pour ce roman, encore merci et à bientôt !
Fy
Que puis-je ajouter de plus ? Il me semble que prudence a su déverser mes pensées bien avant ma lecture.
Je pourrai peut-être ajouter simplement que tu as su donner à ce petit morceau de musique, une histoire vivante de joie et de légèreté. En te lisant, je me sentais presque aussi enjouée que les deux jeunes femmes de ton texte. Tu as un don pour transmettre avec force la vie, l'amour de tes écrits. C'est impressionnants tout le talent que tu peux déverser.
Bien à toi,
Trisanna.
Je suis heureuse alors, si j'ai pu retransmettre un peu de joie et de légèreté dans vos quotidiens <3
Au plaisir !
Fy
J'aime beaucoup les poèmes que tu écris, chargés de couleurs et de bruits, évocateurs et, pourrais-je dire sensuels ?Ce que j'aime encore plus, c'est cette tranche de vie imaginaire, cet instant figé du temps (ou hors de lui ?) que tu relates, ce bout d'histoire, ce fragment de vie inconnue dont on peut imaginer ce qu'on veut.
Oui, voilà, le lecteur est libre d'imaginer les autres éclats, l'histoire qui s'écoule sur les autres pièces du puzzle. Il me fait penser à un vase - sur lequel se déroule une histoire sous forme de "fresque miniature" - qu'on aurait cassé et dont on n'aurait gardé qu'un éclat. Ces poèmes ce sont ces éclats que tu nous montres.
Les lire donne une impression d'infini. Cet infini qui entoure ce fragment qui le tient en l'air. On imagine l'avant et l'après du moment en toute liberté. Tout est alors vaste, imaginable et possible.
Oui, j'aime beaucoup ces instants brisés, volés, éphémères mais éternels.
PS : D'ailleurs, tu as dû écrire ce poème en connaissance de cause (même si tu n'en fais pas directement mention, ce qui m'a surprise :P) mais voilà que pas plus tard qu'hier, j'ai assisté au (grand) retour des hirondelles. Bon poème au bon moment. ^^
Ce commentaire me touche énormément, c'est justement ce que je voulais pour ce recueil : raconter des histoires, partager des fragments d'instants et de bonheur...
J'aime beaucoup ta métaphore avec le vase, c'est sublime tu devrais la réutiliser ;)
Pour tout te confier, cela fait un an que le titre "ballet des hirondelles" était trouvé, il m'était venu en observant des hirondelles boire à tour de rôle dans une piscine municipale et j'avais trouvé ce spectacle splendide... puis je n'ai jamais décrit la scène, et le titre est resté.
Ce n'est que quand j'ai écrit ce poème-ci tiré de faits réels que j'ai pensé au fait que le titre correspondait bien ^^
Merci infiniment, c'est toujours un plaisir !
Fy