Episode 7 : Derrière la grille

Par Isapass
Notes de l’auteur :  

EPISODE 7 : Derrière la grille

 

 

Juju, toujours dissimulé dans la poche du polo, éprouve de plus en plus de mal à ne pas bouger. Il faut dire qu’il a dû se recroqueviller pour ne pas dépasser. Il est donc bien soulagé quand ils se mettent en route après un salut à la boulangère.

 

Une fois hors de vue, il se redresse et lève vivement les deux bras pour s’étirer, mais… « Aïe ! » laisse échapper son ami en arrêtant son vélo sur le bord de la route.

Le poing de Juju a heurté son menton et il s’est mordu la langue.

 

« Za alors ! zozote-t-il, tu as encore grandi ! Zi za continue, tu ne lozeras plus du tout dans ma posse !

-        C’est déjà un peu difficile de m’y cacher, dans ta poche. Désolé pour le coup de poing au menton, je n’avais pas remarqué que j’avais encore pris des centimètres.

-        Ze n’est pas grave, za ne zaigne même pas. On va zez monsieur Skaros ?

-        Oui, allons-y, répond Juju. On verra bien ce qui se passe. »

 

En suivant les explications de Caroline, les deux garçons arrivent devant une haute grille en fer rouillée. Des restes de peinture indiquent que la grille était noire, autrefois. Un chemin mal entretenu part de la grille et se perd entre les grands arbres et les herbes hautes.

 

« Mais il n’y a pas de maison ! s’écrie Benoît dont la langue a l’air guérie.

-        J’ai toujours cru que c’était un genre de parc, ici, confirme Juju. Il y a peut-être une maison derrière les arbres, au fond ?

-        Ou alors on a rien compris aux explications de Caroline.

-        Essayons d’entrer. »

 

Benoît pousse la grille qui s’ouvre en grinçant et s’avance prudemment sur le chemin en poussant son vélo. Juju sait que pour que son copain aille aussi doucement, c’est qu’il ne doit pas être rassuré.

Pourtant, plus ils avancent, plus cet endroit semble agréable. On n’entend pas d’autre bruit que les oiseaux et les insectes. De jolis coquelicots poussent ça et là au milieu des herbes. Les grands arbres donnent une ombre fraîche. 

 

« Oh ! Regarde ! » s’écrie Juju lorsque les deux garçons dépassent un chêne immense (ils l’ont reconnu à ses feuilles et aux glands secs qui tapissent le sol autour du tronc).

La façade d’une grande maison apparait un peu plus loin. C’est une maison ancienne, avec des fenêtres hautes et des décorations sur les murs en pierre. Volets, portes et fenêtres auraient besoin d’être repeints, mais la demeure est magnifique.

 

« Il y a au moins vingt chambres, ici ! murmure Benoît. Tu crois qu’il vit tout seul ?

-        Je ne sais pas. En tout cas je ne l’ai jamais vu accompagné. 

-        Qu’est-ce qu’on peut faire de toute cette place ?

-        Aucune idée. » répond Juju.

 

Benoît pose son vélo contre le mur de la maison et détache du porte-bagage la boîte de petits fours. Puis il gravit les grandes marches en pierre du perron, et s’arrête devant l’énorme porte d’entrée. En guise de sonnette, une cloche est accrochée au mur. Pour l’actionner, il faut choisir entre quatre poignées. Chacune d’elles permet de tirer sur une corde qui passe et repasse dans un système de poulies. Il faut donc bien observer le dispositif pour trouver la poignée qui actionne la cloche.

 

Aide Benoit et Juju à trouver laquelle des poignées fait sonner la cloche.

 

Juju se cache dans la poche de Benoît. Celui-ci prend une grande respiration, se hisse sur la pointe des pieds pour attraper la poignée choisie, et sonne.

 

Il faut une bonne minute avant qu’ils n’entendent un bruit de pas qui se rapproche.

 

La porte s’ouvre sur Monsieur Skaros, qui paraît plus grand que jamais. Lorsqu’il voit qui se tient sur le perron, un sourire amusé apparaît sur son visage.

 

« Bonjour Monsieur, se lance Benoît. Je viens de la part de Caroline qui m’a demandé de vous apporter cette boîte. Vous ne me connaissez pas mais j’habite le quartier. Dans la même rue que la boulangerie. »

Il s’arrête et reprend son souffle. La nervosité l’a fait parler à toute vitesse, la tête penchée en arrière pour regarder le vieux géant dans les yeux.

 

Pendant quelques secondes, celui-ci continue à sourire à travers sa grosse barbe. Ses yeux bleus semblent étinceler.

Puis sa voix rocailleuse s’élève : « Mais qui voilà ? Benoît et Julien. Bonjour les enfants. Je suis ravi de vous voir tous les deux. »

 

Le cœur de Juju manque un battement (papoum, …, papoum, papoum), tandis que celui de Benoît accélère (papoumpapoumpapoumpapoumpapoum).

 

Juju ne s’était pas trompé : l’homme sait qu’il est là, et qu’il est tout petit.

 

Alors il se met debout dans la poche de Benoît pour se montrer et dit :

« Bonjour Monsieur Skaros.

-        Oh tu fais déjà cette taille ? Vous avez dû avoir une matinée bien remplie. »

 

A ces mots, les deux garçons se mettent à poser des questions en même temps :

«  Comment saviez-vous que j’étais là ?

-        Qu’est-ce qui lui arrive ?

-        Pourquoi je grandis ?

-        Vous connaissez nos noms ?

-        Cette maison est à vous ?

-        Comment avez-vous su que Juju était sous la vitrine ?

-        C’est vous qui m’avez donné le bonbon ?

-        Comment va-t-il faire pour retrouver sa taille ?

-        Qu’est-ce que je vais pouvoir dire à Maman ?

-        Vous avez 100 ans ? »

 

Monsieur Skaros éclate d’un grand rire en entendant la dernière question, posée par Benoît.

« Je crois que nous avons beaucoup de choses à nous dire, mes jeunes amis. Que diriez-vous de déjeuner avec moi ? Je peux appeler vos mères pour leur demander si elles sont d’accord.

-        Euh… je ne suis pas sûre que Maman dise oui, hésite Benoît.

-        Pas sûre pour Maman non plus, confirme Juju.

-        Pourquoi ne le seraient-elles pas ? demande Monsieur Skaros.

-        Elles ne vous connaissent pas, répond Juju.

-        Je vous propose d’essayer. Nous serons fixés. »

 

Les deux amis échangent un regard. Ils ne voient pas comment refuser l’invitation. Et même s’ils ne savent pas encore si le vieux barbu est un sorcier ou un gentil grand-père, ils sont curieux d’en apprendre plus sur lui.

 

Ils s’avancent d’un pas timide sur le perron. Monsieur Skaros les invite d’un geste à entrer dans la maison.

 

Ils franchissent le seuil. La pénombre intérieure, juste après la lumière du soleil de juin, les empêche de voir la pièce dans laquelle ils sont entrés. Et tandis que leurs yeux s’habituent peu à peu, ils entendent derrière eux le claquement sec de la porte qui se referme.

 

Juju et Benoît distingue enfin un grand hall dont les murs sont recouverts de tableaux de peinture, de vieilles photos et d’objets de toutes sortes. Le sol est un damier de grands carreaux noirs et blancs. Un grand escalier en bois monte vers les étages supérieurs. Quatre portes donnent accès à d’autres pièces.

 

Trouve les objets suivants dans le dessin : un miroir rond, deux clés, un papillon, un cheval, un vase, un chiffre, un parapluie, une clochette, une enveloppe timbrée.

 

Monsieur Skaros ouvre le tiroir d’un petit meuble et en tire un téléphone mobile. Juju et Benoît échangent un regard surpris : ils ne s’attendaient pas à voir un objet aussi moderne dans cette maison où tout parait d’un autre âge, ni entre les mains d’un vieil homme.

 

Benoît, ayant atteint la durée maximum pendant laquelle il peut rester tranquille, s’est mis à parcourir la pièce à cloche-pied, en s’efforçant de n’atterrir que sur les carreaux noirs.

« Vous… n’avez pas… leurs… numéros… de té…léphone ! » lance-t-il d’une voix entrecoupée par les sauts.

Le vieil homme répond par un sourire et porte le téléphone à son oreille :

« Bonjour Hélène, ici Léonard Skaros. Comment allez-vous, ma chère ? »

 

Juju, bouche-bée, comprends alors que l’homme possède le numéro de Maman, l’appelle par son prénom, et semble la connaître déjà. Benoît s’est figé comme une statue avec un pied en l’air et les yeux ronds.

 

Décidément, cette journée est riche en surprise ! Et les garçons sentent bien que ce n’est pas fini…

 

Fin de l’épisode
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