Chapitre 4

-" Elle enviait terriblement sa soeur ainée, Elisabeth, dont la nature l’avait généreusement gâtée, des belles boucles soyeuses et fournies, un regard plein de malice et vif, de belles lèvres charnues et rosées, une belle silhouette fine et rendue athlétique grâce à ses nombreuses marches, une douceur ardente et surtout un esprit fougueux hérité en parti de leur père. "-

 

À défaut d’avoir calmés les inquiétudes de Mary, James Longoverlap l’avait quelque peu énervée. La jeune femme, triste et fatiguée dont la patience avait été épuisé, tourna les talons face au silence de celui dont les émotions défilaient les unes après les autres sur son visage.

— Au revoir Mr Longoverlap. Ma famille m’attend et je ne saurai les inquiéter par mon absence, le salua-t-elle le plus poliment qu’elle le pouvait

— Ne voulez-vous pas que je vous raccompagne? Au moins jusqu’à ce que nous voyons votre domaine?

— Je vais m’en sortir. J’ai réussi à venir ici, je trouverai mon chemin pour le retour.

Avant même qu’il ne puisse ajouter quelque chose ou même réitérer l’invitation, elle partit à grandes enjambées. Le vent fouettait son visage et s’engouffrait dans sa coiffure désordonnée faisant virevolter ses boucles anglaises ou du moins ce qu’il en restait. Pour le mariage, elle s’était acharnée sur Ses longs cheveux raides et fins afin qu’ils prennent du volume et surtout qu’ils deviennent bouclés. Elle enviait terriblement sa soeur ainée, Elisabeth, dont la nature l’avait généreusement gâtée, des belles boucles soyeuses et fournies, un regard plein de malice et vif, de belles lèvres charnues et rosées, une belle silhouette fine et rendue athlétique grâce à ses nombreuses marches, une douceur ardente et surtout un esprit fougueux hérité en parti de leur père.

Après des heures et des heures à tenter de se coiffer et à se bruler les mèches au fer, Mary n’avait réussi qu’à obtenir de maigres ondulations lâches. Finalement, la femme de chambre de sa mère avait dû l’aider sans quoi elle aurait été en retard et la tignasse brulée.

Elle ne pouvait le nier. Elle n’était pas gâtée par la nature et chaque jour, son quotidien le lui faisait remarquer.

Lorsqu’elle franchit le pas de la porte, un fine odeur de lavande l’enveloppa d’une douceur exquise. À défaut d’avoir des bras pour être consolée, elle se contenta des arômes de fleurs séchées. Elle longea la bibliothèque où elle savait que son père y était cloitré dans sa solitude apaisante. Désormais seul face à trois femmes dont aucune n’avait une vivacité d’esprit, cette pièce semblait le parfait refuge. Mary monta les escaliers jusqu’à la chambre de Kitty. Celle-ci toujours vêtue de sa robe de bal, mimait des pas de danses en s’armant de patience et en chantonnant des aires de quadrille.

— Oh Mary vous revoilà, s’interrompit la cadette

— A quoi est du cette odeur?

— Les nerds de notre mère. Elle s’est enfermée dans sa chambre pour pleurer la perte de ses chères filles. Seule Grace arrive à rentrer pour lui apporter des assiettes de petits gâteaux et des tasses de thé.

— Je vais aller la voir, conclu Mary

— A votre place j’éviterai. Sans vouloir être pénible, je ne pense pas que ce soit vous qu’elle aimerait voir apparaitre.

— Bien sur, nous ne sommes pas les filles prodigieuses, raillait-elle

Sur ces mots aussi vrais que tristes, la jeune femme laissa Kitty à ses occupations et alla se réfugier elle aussi dans chambre. À croire que les mariages de la veille ne s’avéraient agréables que pour les mariés, elle s’assit sur son plus beau fauteuil, se rapprochant du style Quenn Ann dont la tapisserie se déchirait à mesure que les bris des années passaient. Elle piocha dans sa modeste bibliothèque un roman à la fois passionnant que philosophique. Au lieu d’avoir un visage d’ange ou agréable, Mary instruisait son esprit par des lectures récurrentes. Même si, elle ne pouvait discuter longuement de ce qu’elle retenait, elle appréciait ses moments de plénitude.

Ce qui la désolait le plus était le manque d’intérêt de la part des autres sur sa culture grandissante. Personne n’avait le privilège d’y gouter.

À mesure dont le temps passait, les pleurs et les lamentations de Mrs Bennet ne cessèrent de rompre le calme de la maison. Les pas rapides de Grace qui courrait d’étage en étage tentant en vain de calmer les nombreuses crises de sa maitresse.

Par malchance, Mary avait hérité de la chambre qui longeait celle de ses parents ce qui compliquait à bien des reprises son instruction, qui plus est lorsque le passage hasardeux qui s’offrait à elle était écrit en latin.

— Mary! Kitty! Où êtes-vous mes enfants? Sanglota leur mère

Dans un énième râle, Mary se leva à contre coeur voulant couper court à ses jérémiades. Elle ouvrit la porte à la volée et s’engouffra d’un pas lourd dans le couloir suivie de près par Kitty dont la moue boudeuse n’offrait guère l’envie de parler.

— Mes enfants, je suis prise d’un mal de tête et d’une douleur dans la poitrine qui me font me sentir mal. Mes filles me manquent tellement. Je ne peux croire que la maison se soit aussi rapidement vidée, pleura Mrs Bennet

— N’était-ce pas tout ce que vous aviez voulu? Que vos filles soient mariées à des beaux partis? Se moqua Kitty

— Oh Kitty vous comprendrez mon état lorsque vous serez mère. Mes trois plus belles filles sont mariées et leurs absences me pèsent tellement. Je suis inconsolable.

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Freyja
Posté le 09/02/2021
J'avais envie de répondre la même chose que Kitty à Mme Bennet: mais c'était ce que vous vouliez! Les marier!
Ca avance doucement. Kitty et Mr Bennet semble reprendre leurs habitudes, Mary essaye aussi mais évidemment Mme Bennet doit faire du théâtre de tout....
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