Adrien | Chapitre 2

Je suis amoureux de Ladybug.

Je m'en suis rendu compte le jour où elle a promis Paris qu'elle et moi allions défendre ses habitants contre le maléfique Papillon.

Dans la vie de tous les jours, je suis Adrien Agreste, mannequin vedette du grand designer Gabriel Agreste, mon père. Mais quand un akuma se manifeste, je deviens Chat Noir, le plus chat-rismatique des super héros de Paris. Ah oui, j'ai aussi un humour à faire chat-virer les têtes.

Mes jeux de mot ont pour effet de désespérer ma Lady. Je ne comprends pas moi, je me trouve hilarant !

Mais pour le moment, revenons à notre combat. Je m'élance vers le gardien de football, mon bâton à la main, prêt à l'allonger pour l'assommer. Ce dernier intercepte son assault et le vise à plusieurs reprises. Je suis contrains à m'éloigner de lui. Il faut absolument qu'on trouve quelque chose pour lui lier les mains et les pieds !

- Chat Noir ! S'exclame Ladybug quelques immeubles plus loin. Regarde à sa hanche, son akuma doit être enfermé dans son porte-clé !

Je ne l'avais pas remarqué avant mais il porte effectivement une sorte de porte-bonheur en forme de ballon attaché à sa ceinture. Cependant, même si ma Lady a trouvé son akuma, je ne vois pas comment on pourrait l'atteindre, sa défense est solide!

- Tu as une idée Ladybug?

- Lucky Charm ! S'écrie-t-elle en lançant son yo-yo au dessus de sa tête.

Son pouvoir spécial lui procure un autre ballon, aux couleurs de la coccinelle.

- Prête à rectifier le tir? Je lui balance en lui faisant un clin d'oeil.

Le vilain ne me laisse pas le temps de profiter de mon magnifique jeu de mot qu'il m'attaque. Un regard global sur l'endroit où nous nous trouvons nous presse à agir vite. Si nous ne l'arrêtons pas, il risque de détruire tout la ville! Ma Lady observe les environs, quand elle cherche une façon de se servir de son lucky charm, elle arbore un air à la fois adorable et admirable. Je pourrais la fixer comme ça pendant des heures. Soudain, un grand sourire éclaire son visage, mon coeur rate un battement. Je songe un moment que j'aimerais pouvoir provoquer une telle merveille.

- Chat Noir, il faut que tu lui renvoies ses tirs !

Une séance de tir au but? Ca me plaît !

- Cataclysme !

Ah...Cette sensation de pouvoir détruire tout ce que je touche, c'est particulier. Je saute en direction d'un lampadaire et utilise ma griffe destructrice pour me créer une batte de Baseball. C'est peut-être pas permis dans le règlement mais ça fera l'affaire !

- Hé gardien ! Je parie que tu n'arriveras pas à me toucher d'ici !

Cédant facilement à ma provocation, le vilain crée une nouvelle balle qu'il projette vers moi. Je parviens à la renvoyer à l'aide de ma batte. Au même moment, ma Lady frappe la sienne, le gardien se retrouve perdu et ne sait plus ce qu'il doit arrêter. Son attaque lui revient en pleine figure et Ladybug s'élance pour lui arracher son porte-clé. Comme à son habitue, elle détruit l'objet pour dénicher l'akuma et le libérer du mal.

- Miraculous Ladybug !

Tout redevient normal, les immeubles récupèrent leur toit, le vilain se change en un simple garçon en tenue de joueur. Je m'élance près de ma belle pour lui tendre mon poing qu'elle me rend presque immédiatement.

- Bien joué ! Nous disons en choeur.

Ma chère et tendre s'apprête à partir mais je la retiens en posant une main ferme sur son épaule.

- Hé, tu as oublié ce que je t'ai demandé? Je lui rappelle dans le creux de son oreille.

Elle ne semble pas ravie que je l'arrête d'une telle manière. Pourtant, cette fois, je ne reculerais pas !

- Nos miraculous vont bientôt nous dé-transformer, répond-t-elle doucement sans me faire face. Je voudrais éviter d'être sur un toit en retrouvant mon apparence.

Encore une excuse?

- Si ce n'est que ça...

Ni une, ni deux, je faufile un bras en dessous de ses genoux et l'autre sur son dos pour nous descendre dans la rue. Je choisis avec précaution un endroit calme où personne ne peut nous voir. On ne sait jamais, je ne voudrais pas que quelqu'un d'autre découvre qui se trouve sous ce charmant masque avant moi !

- Ton miraculous ! Me fait-elle remarquer en pointant ma bague du doigt.

Il ne me reste que deux minutes avant de redevenir Adrien, ce sera suffisant. Ayant peur qu'elle ne s'enfuie, je maintiens une certaine distance entre nous deux, de sorte que je puisse la retenir.

- Ma Lady, je reprends d'une voix basse. Je ne peux plus supporter de te voir qu'un petit moment par-ci par-là. Je veux pouvoir t'admirer sans super vilain aux alentours.

Elle hausse les épaules et pousse un long soupir.

- Je ne pense pas que ce soit une bonne...

- On pourra quand même porter nos masques ! Je l'interromps brusquement. Je veux juste...passer plus de temps avec toi !

J'insiste fortement, peut-être finira-t-elle par comprendre. Je veux en savoir plus à propos d'elle, sa nourriture préféré, ses hobbies je ne sais pas moi, ce qu'elle porte pour dormir? Je veux tout savoir !

Pourtant, malgré ma bonne volonté, tout ce que Ladybug parvient à me répondre c'est:

- Je suis désolée Chat, je préfère que nous restions partenaires...

Elle chuchote ces mots assez distinctement pour que je les entende. Voyant que je ne réagis pas pour encaisser le coup, elle s'excuse avant de prendre congé. Je ne la retiens pas et n'esquisse pas le moindre mouvement jusqu'à ma dé-transformation. Dire que j'ai le moral dans les chaussettes est un euphémisme.

- Je crois que c'est l'heure du fromage.

Je ne prends pas la peine de répondre à Plagg et sors de la ruelle. Il est temps de rentrer à la maison et de rejoindre ma chambre vide.

Étrangement, je n'ai pas croisé Nathalie en passant la porte. Je m'attendais à recevoir mon planning chargé de la journée mais il n'en est rien. C'est une opportunité pour me reposer sans qu'on vienne me déranger. Comme d'habitude, une petite virée vers la cuisine s'impose pour récupérer quelques morceaux de camembert puant.

- Je me demande si le kwami de Ladybug demande aussi de la nourriture aussi puante que toi.

Plagg attrape le fromage que je lui tends et l'avale d'une traite.

- Comment ose-tu dénigrer un mets aussi délectable que le camembert? Et puis, Tikki n'aime que le sucré.

- Tikki? Je répète. C'est comme ça que s'appelle son kwami?

- Affirmatif.

Afin d'éviter d'être surpris par le gorille, je m'enferme dans ma chambre pour poser plus de question à mon cher ami.

- Et dis-moi, cette Tikki, tu l'as revue récemment?

- Je n'ai le droit de rien dire sur les kwami des autres, peut-être que je l'ai vue, peut-être que non.

Blasé, je m'allonge dos à mon lit.

- T'es pas drôle, je râle en fixant le plafond.

Je songe alors au comportement de Ladybug après notre bataille. Devrais-je arrêter de l'aimer? Je ne sais même pas si j'en suis capable. Comment ne pas aimer une fille qui fait preuve d'un tel courage? Sans oublier qu'elle est magnifique, ces cheveux de nuit, ses grands yeux bleus que j'aimerais admirer de plus près.

- Je ne peux définitivement pas l'abandonner, je conclus dans un grand soupir.

Je dois absolument lui prouver qu'on peut être partenaire et bien plus à côté, mais comment?

- Plagg, tu as une idée pour faire tomber une fille amoureuse de toi?

- Un énorme plateau de fromages.

Pourquoi je lui demande à lui...Ladybug n'est pas matérialiste, je ne pourrais pas conquérir son coeur avec un cadeau. Il faut que je demande conseil à mes amies de la gente féminine comme Alya, Marinette...Chloé? Non, elle serait capable de s'imaginer que je cherche à lui faire une surprise.

D'ailleurs, maintenant que j'y pense, je n'ai pas pu réellement parler à Marinette ce matin. Ce sera l'occasion de lui demander son avis, je suis sûre qu'elle saura m'aiguiller, du moment où elle ne se remet pas à bafouiller ou buter sur chaque mot. Elle a toujours été comme ça avec. Pourtant, Nino m'a assuré que ce n'était pas pas de la rancoeur ou quoique ce soit. Même avec Nathaniel elle s'exprime normalement mais lui, je pense qu'il en est toujours amoureux depuis le temps où il était le Dessinateur.

Rien ne sert de m'occuper de ce qui ne me concerne pas. Je me relève pour m'installer derrière mon ordinateur, dont deux écrans sur trois sont concentrés sur le Ladyblog tenu par Alya. J'actualise la page pour découvrir les dernières photos datant d'à peine quelques heures. On y voit principalement Ladybug en pleine action, parfois j'apparais, parfois je me demande même si j'étais sur certaines batailles.

- Peut-être qu'un jour il existera un blog sur Chat Noir. Je dis pour moi-même.

Vu notre différence de popularité, je comprends que les gens s'intéressent davantage à Ladybug qu'à moi. Elle n'a pas réellement besoin de moi pour défendre Paris, il suffit de voir que son pouvoir peut neutraliser les akumas et que le mien ne sert qu'à détruire.

Soudain, une notification sur mon troisième écran m'oblige à revenir sur Terre.

- Tiens, madame Bustier a déjà établi les groupes?

Mon préssentiment est le bon, j'ouvre le document annexé dans son e-mail et cherche rapidement mon nom.

- On dirait que je suis avec Chloé, Marinette et Nathaniel. Bon...ça pourrait être pire, au moins je les connais.

La seule chose que je redoute, c'est la réaction de Chloé en apprenant qu'elle doit travailler avec Marinette, et inversement. Ca promet d'être électrique dans notre groupe.

Fatigué de cette journée, je m'allonge un moment sur mon lit et ferme rapidement les yeux.

Lorsque je rouvre les yeux, il est vingt-deux heure passée. Pourtant confortablement installé dans mes draps, je n'ai plus envie de dormir. Les lumières de Paris scintillent de l'autre côté de ma fenêtre. L'envie de les voir de plus près m'est insoutenable.

- Plagg, transforme-moi !

Sourd aux plaintes de mon kwami encore endormi, je revête mon costume de Chat Noir et m'élance dans les airs, libre. De toits en toits, je m'aperçois du silence règnant dans les rues de la capitale. Habituellement, nous organisons des rondes avec Ladybug, au cas où un akuma se manifesterait en pleine nuit. Étonnamment, cela n'a jamais été le cas.

Dans la presque pénombre, tout semble si différent, tout est plus...calme. Pas de Nathalie pour me prévenir que je dois me rendre à mon cours d'escrime, plus d'appel pour m'envoyer à l'autre bout de la ville pour faire des photos. Parfois, j'aimerais savoir ce que ça fait d'être un simple garçon qui va à l'école, qui voit ses copains après les cours, qui va à des soirées.

Tout à coup, alors que je marchais le long de tuiles, une petite terrasse attire mon attention. Je reconnais en bas la boulangerie des Dupain-Cheng, les parents de Marinette. Sa chambre se situe en mezzanine et de la lumière provient de l'intérieur. Mh...

A pas de chat, je m'avance jusqu'à la trappe fenêtrée menant à sa chambre et me penche au-dessus de la vitre.

Marinette se trouve au milieu de la pièce, visiblement en train de travailler sur un mannequin recouvert d'un épais tissu rouge. J'ai eu la chance de voir le carnet dans lequel elle dessine tous ses modèles, elle n'a clairement pas à rougir de son talent, et je m'y connais !

- Chat Noir? Survient une voix de l'intérieur.

Je sursaute. Perdu dans ma contemplation, je ne m'étais pas rendu compte du voyeurisme dont je faisais preuve. Je recule de quelques pas quand une petite main soulève la trappe, dévoilant mon amie, surprise.

- Qu'est-ce que tu fais là?

Je tâche de reprendre mon allure de super héros, il ne faudrait pas décevoir une jeune fille telle que Marinette.

- Je suis simplement venu voir si vous alliez bien, princesse. Dis-je en la saluant comme il se doit.

Marinette croise les bras, elle n'a pas l'air très heureuse de ma justification.

- Je vais très bien, tu es sûr qu'il n'y a pas autre chose?

Étrangement, elle arrive à me décontenancer par son ton joueur. Je ne la connaissais pas sous cet angle, elle semble toujours si...gênée lorsque «Adrien» se trouve à côté d'elle. Je tente de cacher ma surprise et reprends de plus belle.

- En réalité, après avoir vu toutes les étoiles de Paris, je me demandais s'il en existait une qui scintillerait plus que les autres, donc je suis venu te voir, princesse.

Je suis particulièrement fier de moi et le montre en jouant avec ma queue, une main appuyée contre la barrière. La jeune fille prend un moment avant de décroiser les bras en soupirant.

- Tu ne devrais pas garder ce genre de discours pour Ladybug? Dit-elle, presque blasée.

Ma bonne humeur redescend aussi vite qu'elle est venue. Ladybug ne réagira pas positivement si je lui dis ça.

- J'ai dit quelque chose de mal? Poursuit-elle d'une voix plus douce.

Rien qu'avec ça, je me sens soutenu. Affichant un petit sourire, je tâche de garder un air confiant.

- Non, princesse. Je crois juste que Ladybug a d'autres chats à fouetter en ce moment.

Marinette lève les yeux au ciel, esquissant un adorable rictus, je considère ce geste comme une victoire à part entière.

- Tu sais, répond-t-elle, parfois les filles ont besoin d'un peu de temps. Tu finiras par comprendre ce qu'il te faut.

Elle a raison, je dois prendre mon temps avec Ladybug, la courtiser comme un vrai gentleman et non comme un vulgaire chat de gouttière ! C'est ça !

- Merci Marinette ! Je m'exclame, un peu trop fort à son goût.

- P...pourquoi?

- Tu as totalement raison, une lady a besoin de temps pour tomber amoureuse de son prince, alors je lui laisserai un certain temps avant de voir qu'elle ne peut pas se passer de moi!

Un instant, j'ai l'impression que Marinette est effrayée mais elle change aussi vite d'expression, j'ai peut-être rêvé.

- Mh trente jours ! J'ajoute, en posant mes griffes sur mes hanches.

- Trente jours? Répète-t-elle.

- Je lui laisse trente jours pour remarquer son amour pour moi.

Mon amie de classe parait perplexe.

- Et après, si elle ne le fait pas?

- Dans le cas contraire, je m'avouerais vaincu et elle n'aura plus aucune chance de pouvoir admirer mon corps parfait sous toutes ces coutures, la pauvre.

Elle ne sait pas ce qu'elle rate, Ladybug...

Ma décision prise, je n'écoute plus réellement Marinette et monte sur la rambarde pour rentrer chez moi et échafauder mon plan. Je la remercie rapidement pour son aide et repars dans le ciel sombre de Paris.

Ladybug, j'espère que tu es prête à m'aimer.