1 : La rencontre qui changea ma vie

Paris, France

Les balles sifflant dans toute la rue, les cris des enfants apeurés, les parents qui hurlent les noms de leurs mômes à s’en déchirer les cordes vocales. L’odeur nauséabonde du sang qui coule le long des corps éparpillés, leurs âmes déjà loin de ce carnage. Sam me fixe, paniqué et désorienté. Pourquoi a-t-il fallu que ces types décident de tirer au moment où nous passions devant une école, à l’heure de la sortie des classes ? Peut-être pour faire passer inaperçu le fait qu’ils veulent nous tuer. Deux corps de plus dans un massacre seraient invisibles. Nos assaillants sont lourdement armés et très bien protégés avec leurs combinaisons pare-balles et leurs casques aux mêmes propriétés, formant ainsi des ombres noires dont seuls les yeux sont découverts. De loin et en mouvement nous n'apercevons que des ombres danser. Cela aurait pu être magnifique si ces silhouettes ne tuaient pas innocents en ce moment même. Des personnes qui suivent les règles de la société et qui se retrouvent malencontreusement mêlées à une fusillade entre un gang et leurs victimes. Bien entendu, ici les proies c’est nous. Quand je veux dire « nous » je pense à Sam qui est complètement horrifié par la scène qui se déroule devant ses yeux, et à moi qui me suis mêlé à cette histoire sans vraiment le faire exprès. Je songe à sortir mon arme mais à quoi bon ? Ils sont protégés contre les balles, et je suis trop loin d’eux pour viser la seule partie de leur corps non protégé, à savoir les yeux. Il va falloir ruser pour se sortir de là.

Trente minutes plus tôt. 

Je sors de l'immeuble et marche d'un pas pressé  vers ma voiture, située de l’autre côté de la rue, tout en frissonnant. Quelque chose est en train de se passer, je le sens. Des coups de feu résonnent dans la rue. Ils ne sont pas loin. Je mets enfin ma main sur la poignée de portière quand quelqu’un me percute. C’est un homme qui doit avoir 25 ans aux cheveux blonds et aux yeux d’un vert émeraude électrisant. Ca le rend assez mignon. Il me fixe, visiblement surpris que je sois sur sa route et semble hésiter une seconde avant de me frapper au visage. Je sens son poing toucher ma joue et le coup se réverbérer dans l'intégralité de mon visage. Il a une sacré force pour un type aussi frêle. Il essaie de prendre les clés de ma main. Il est hors de question que je le laisse faire. Je le prends par surprise à mon tour et me redresse frénétiquement puis le projette contre ma voiture. Je m’approche de lui et me sers de mon bras pour lui bloquer la gorge. Aussi près de lui, je peux voir  qu'il a une cicatrice sur le sourcil droit, elle a l’air plutôt vieille et quasiment invisible, elle doit dater de son adolescence. Je descends le regard vers ses vêtements : c’est un uniforme gris appartenant à une société de livraison. Pourquoi un type comme lui, un homme normal, court au milieu de la rue en tenue de travail et essaie de me voler ma voiture ?

D'autres coups de feu se font entendre, beaucoup plus près. Un coup d’œil sur ma droite me montre des types habillés en noir se rapprochant très rapidement de nous. Ils sont armés et semblent déterminés. Je regarde l’inconnu que je maintiens fermement contre ma voiture, il regarde aussi ces types et essaie de se dégager. Il a peu de chance d'échapper à mon bras fermement appuyé sur sa cage thoracique. Je me demande un instant s’il est nécessaire d’interroger le blondinet qui se tient devant moi, complètement paniqué. Mais les tireurs ne me laissent pas de répit et visent ma voiture. Il faut que je prenne une décision, soit je leur jette mon prisonnier soit je le protège de ces types. Ils ne sont clairement pas de la police et celui-là à des ennuis. Deuxième option. Je le tire, ouvre la portière arrière et le jette à l’intérieur en lui criant « monte ! ». Apres un bref coup d’œil derrière moi où les hommes en noir se rapprochent dangereusement, je saute à mon tour dans la voiture et démarre en trombe. Je tourne à droite au premier croisement que je trouve et tourne de nouveau à droite l’instant d’après. Je jette un coup d’œil dans mon rétroviseur intérieur et n'aperçoit plus  mes poursuivants. Je regarde maintenant l’inconnu qui est dans ma voiture, il est toujours effrayé et regarde nerveusement en arrière. Je ralentis et me gare. Je sors de la voiture et me dirige vers l’arrière pour estimer les dégâts. Une seule balle s’est décochée dans la carrosserie, à côté de la plaque d’immatriculation. Ce n’est pas grand-chose mais c’est bien suffisant pour qu’ils me repèrent. Le blondinet descend à son tour de la voiture et me regarde, plus surpris qu’apeuré. Il semble vouloir me dire de nombreuses choses mais tout ce qu’il arrive à sortir c’est « merci ».

-Qu’est-ce qu’ils te veulent ? Je demande.

-Je ne suis pas sûr, répond-il hésitant. Mais certainement pas un truc cool.

-Tu bosses dans quoi ? Lui dis-je en continuant de le questionner.

-Je travaille pour Fast up. Je livre des produits de sites internet vers leurs clients.

Une question pour rien. J’avais déjà facilement deviné qu’il bossait pour cette boite. Leur uniforme est plutôt reconnaissable avec leur logo orange en forme de cube.

-Je crois qu’ils ne veulent pas que je dise ce que j’ai vu, ajoute-t-il.

On avance. Il a vu quelque chose. Reste à savoir quoi.

-Tu as vu quoi ?

-Un homme qui en mangeait un autre.

Une grande frayeur est passée dans son regard. Je peux comprendre, c’est toujours un étrange spectacle de voir un carnivore dévorer son repas. Donc les types en noir veulent tuer celui qui est en face de moi car il a vu une créature surnaturelle. Et moi je viens d’aider ce type. Donc ils vont vouloir m’éliminer aussi. Génial. En même temps je savais ce que je faisais quand je lui ai dit de monter dans ma voiture. D’ailleurs je ne sais toujours pas comment il s’appelle.

-C’est quoi ton nom ? Lui dis-je.

-Sam Wilcoks, me répondis-il. Et toi ?

-Gwendoline.

Il ne dit rien, les conversations ne sont sans doute pas son activité préférée.

-Remonte, il va falloir qu’on bouge, lui dis-je en me dirigeant vers l'avant de ma voiture.

-Pourquoi ? On les a semés, répond Sam en regardant derrière lui.

-On a juste tourné, ils ne mettront pas longtemps à retrouver notre trace. Et qui sait ce qu’ils ont comme pouvoir.

-Comme pouvoir ? demande-t-il.

-Arrête de me poser des questions et monte.

Il me regarde, semble vouloir dire quelque chose puis se ravise. Il regarde une dernière fois derrière lui et monte dans la voiture, à l’avant cette fois.

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Espelette
Posté le 13/03/2020
Bonjour Alex,

Voilà un premier chapitre intrigant, tu plantes directement un décor bien sombre. J'aime le naturel avec lequel la narratrice reçoit l'information sur les cannibales. On comprend vite que ce n'est pas n'importe quel personnage. J'aurais aimé en apprendre un peu plus sur elle (de quel immeuble sort-elle par exemple ?) mais j'imagine que ça arrive dans le 2ème chapitre.
Quelques petites coquilles :
1. Dans le résumé : "Zoé, une détective futéE et sans doute trop énergique, qui maîtriseraiT l'espace et le temps"
2. Dans le 1er chapitre :
- De loin et en mouvement, nous n'apercevons (il faut une virgule)
- si ces silhouettes ne tuaient pas DES innocents
- Bien entendu, ici, les proies, c’est nous (virgules autour des proies)
- Quand je veux dire « nous » je pense à Sam --> Je dirais "Quand je dis "nous", je pense
- et à moi qui me suis mêléE à cette histoire (la narratrice est une femme je pense ?)
- marche d'un pas pressé vers ma voiture (double espace entre pressé et vers)
- Il a une sacréE force pour un type aussi frêle
- celui-là A des ennuis
- Après un bref coup d’œil (accent à après)
- et n'aperçoit plus mes poursuivants (double espace entre plus et mes)
- Donc les types en noir veulent tuer celui qui est en face de moi car il a vu une créature surnaturelle. Et moi je viens d’aider ce type. Donc ils vont vouloir m’éliminer aussi. Génial. En même temps je savais ce que je faisais quand je lui ai dit de monter dans ma voiture. D’ailleurs je ne sais toujours pas comment il s’appelle. --> J'imagine que Gwendolyne réfléchit rapidement, qu'on suit sa pensée en direct et que c'est pour ça que les conjonctions sont multipliées (donc, car, donc, aussi, en même temps, d'ailleurs). Je pense que le propos serait plus incisif avec moins de conjonctions. Et il faut des virgules après chacune d'entre elles.
- Sam Wilcoks, me répondiT-il. Et toi ?
Alex_1016
Posté le 14/03/2020
Bonjour Espellette,
Wouah merci pour toutes ces indications j'en prends bonne note.
Je n'avais jamais pensé à décrire d'où Gwen sort mais nous en savons plus dans quelques chapitres.
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