– Bien. Que voulais-tu savoir, alors ?
Lazare se gratta le nez, réfléchit.
– Quel goût ça a, un souvenir fabriqué ?
Binocle se leva de sa chaise dans un mouvement de grand ressort qui se détend, puis considéra ses jarres d’un œil un peu perdu, la tête chiffonnée de celui qui ne paraît pas trouver les bons mots à l’intérieur de lui. Sa main noueuse agita machinalement une fiole gardée sur le bureau, essuya le plateau, erra un peu dans l’air quand il répondit :
– Le goût que l’on attend de lui.
Lazare fit la moue en tripotant le coin de sa couverture, plutôt insatisfait. Ça ne voulait pas dire grand-chose. Binocle désigna alors la boutique, de l’autre côté du mur, d’un mouvement toujours aussi gracieux mais étonnamment lointain.