Dans « Clairedun », il y a « claire » - beau, solaire, lumineux. Et il y a, accroché au cul du nom, collé comme un wagon qu’on ne souhaite pas devoir tirer, trois lettres, lourdes. Qu’importe : « Clairedun », Virginie s’en contente. Après tout, il faut bien. Car que serait Clairedun, que serait cette ville sans sa centrale nucléaire, son marais, son hôpital, sa librairie et son cinéma en déclin ? Rien. Ou si peu. Il suffit de quelques enfants cancéreux, pas grand-chose, une poignée de vies en suspens, pour éroder celle de Virginie. Infirmière, elle s’en occupe comme elle peut, de ces gamins au bord de l’oubli. Et puis apparaîtront ceux que la ville surnommera les « mouches » : des enfants qui tomberont, d’un coup, sans crier gare, qui s’affaisseront au sol et mourront, d’eux-mêmes. Sans raison.