XIII

 

Les guilis font glousser la petite de contentement, elle s'agite dans les bras de son père. La mine de la petite se fige tandis que la gorge de l'homme se déchire. Il tombe au sol la tenant toujours dans ses bras, se vidant de son sang sur les pavés souillant les habits de la petite fille. Elle a peur cette petite fille, elle ne comprend pas ce qu'il se passe. Elle cherche desesprement sa mère, se fige. La mère est là le visage étiré par la douleur, la bouche ouverte grande ouverte, qui hurle sans bruit. La petite regarde le trou béant qui perce le ventre de sa mère. et la scène finit par se disoudre dans le néant.

Isha halète dans son sommeil, la respiration sifflante et le corps tendu.

 

 

Olga les trouva au matin, blotti l'un contre l'autre comme deux amants que l'aube n'a pas su séparer. Un sourire triste passa l'ébauche de ses lèvres.

 

Isha se reveilla en sursaut lorsqu'elle entendit le couli de la porte et les pas dans la pièce. Le corps d'Oko détendu a coté d'elle lui rappela subitement ou elle se trouvait. Et lorsqu'elle risqua un regard en dehors des couvertures ce fut pour trouver celui d'Olga dont un large sourire étirait les yeux d'etincelles narquoises. Elle sauta précipitament du lit, inclinant la tête, une rougeur coupable naissant a la base de son cou jusqu'a fleurir ses joues. Elle tenta desesperement de prononcer quelques mots pour sa défense, mots qui se bousculèrent dans sa gorge en un begaiement des plus démonstratifs. Olga eu un petit rire cristallin devant le fard que la jeune femme tentait vainement de dissimuler, savourant l'embarras d'une jeunesse rafrachissante.

 

- Aller vient m'aider a ranger.

 

Isha s'empressa d'acquiescer, heureuse d'éviter tout constat quand la nuit qu'elle venait de passer dans un lit qui n'était pas le sien. Elle coula un regard discret en direction de la silouhette assoupie de son compagnon. Pourquoi dort il encore ?

 

- Ne t'inquiète pas avec la dose de somnifère que je lui ai administré il devrait dormir jusqu'a la mi-journée.

 

Je viens réellement de parler a voix haute ? confuse, elle riva son regard sur le sol et la douce rougeur de ses joues se transforma en pourpre ardent. ksssss pour un peu des fumerolles s'échaperaient de ses oreilles chauffés a blanc par la gêne.

 

- Tient est ce que tu peux défaire les lits ? Il faut que je m'occupe de sa blessure demanda la guerrisseuse, n'affectant aucune réaction.

 

Isha acquiesca et tira les draps du matelat le plus proche de son bras valide avec une attention débordante avant d'en faire une boule, conscienceusement.

Olga souleva le bandage qui recouvraient le visage d'Oko. La plaie était devenue un peu baveuse et les anti-(histaminiques??) dont elle avait enduit le cataplasme paraissaient avoir étés efficaces. La plaie suait du pus mais c'était normal sur une blessure comme celle la. Ce fut seulement lorsqu'elle lui tourna la tête qu'elle apperçut le gonflement anormal sur le coté du visage. Il avait dormit la tête legèrement désaxée sur le coté et le sang semblait s'être accumulé en quantité aux abords de sa tempe, telle une tumeur a l'affleurement de la peau.

Il fallait évacuer l'excedent de sang ou la stagnation allait entrainer le pourrissement des chairs. Elle incisa proprement et l'humeur maligne commenca a se deverser sur sa joue. Il s'agita dans son sommeil, tachant les draps d'un rouge poisseux. Olga pressa les chairs jusqu'a ne voir plus qu'un sang bien rouge s'écouler de l'entaille. Oko ouvrit les yeux et son corps se tendit tandis qu'elle essuyait la plaie avec un mouchoir. Mais la douleur ne parut pas suffisante pour le tirer de l'inconscience ou la drogue le maintenait. Son souffle redevint régulier. Olga releva la tête et, remarquant le regard insistant d'Isha, elle lui adressa un hochement de tête signifiant que tout allait bien.

Elle le laissa se reposer et commença le nettoyage de la salle.

La cloche du reveil leur parvint comme un murmure discret au milieu de leur travail. Olga lui indiqua d'un mot qu'elle pouvait aller manger. Comme la guerrisseuse ne faisait pas mine de l'accompagner Isha lui proposa de lui ramener un peu de nourriture. Cette dernière répondit par la négative.

 

La grand'salle étant resté telle quelle depuis la veille, on lui apprit qu'il fallait se rendre directement aux cuisines pour dejeuner.

 

La queue était longue devant les cuisines et la rumeur grossisante d'une populace affamée soufflait a ses oreilles. Elle ferma les yeux, attendit, reposant son esprit. Elle glissa lentement dans son Rêve qu'elle n'avait pas visité depuis le début de la dernière épreuve, la veille. Les vapeur de son esprit enceignaient les murs lointains de sa conscience, donnant l'imression d'infini a cet espace interne. Les dragons étaient bien haut dans son ciel en ce jour, le soleil voilé d'une ombre. Quleque chose se passait. Quelque chose clochait. Un visage c'était cela, un visage semblait surgir des confins. Les murs coulèrent et les nuages devinrent noirs , se chargeant d'une pluie néfaste. La pluie tomba, lessivant les couleurs d'une nape grisatre. Et au milieu de cela se dressait un visage aux proportions gigantesques. Dardant ses yeux morts sur la petite chose qu'elle était au milieu de tout cela. Il sembla ouvir la bouche pour dire quelque chose mais a place de cela des flots de sang, écoeurants, surgirent du tunnel sans fond de sa gorge. Engloutissant tout, elle sentit l'air lui manquer et ces flots de sang la recouvraient peu a peu tandis que le regard du mort lui échappait peu a peu. Elle s'étouffait. Elle se noyait.

- Isha ? Isha ?

La vision se voila, parut se fendre en deux, en de multiples fragments lorsque la voix de la cuisinière heurta sa conscience.

- Hhhhhh. hhhhhh. La respiration hachée, surprise par la vision Isha mit quelques seconde a récuperer l'empire de ses sens.

Magda jetta sur elle le regard inquiet de la matrone troublée par le mal être de ses petits.

- Ca va ?

- Oui. Sa voix était assuré et la trace du rève se dissipait déja dans les confins de sa conscience.

Elle tendit sa gamelle pour couper court aux interrogations qu'elle sentait percer dans le regard de la grosse cuisinière. Magda haussa un sourcil et plongea la louche dans la marmite en fonte.

Isha but sa ration de soupe addossée au mur, mangea le pain en le ramollisant dans la soupe. Ladite soupe était bonne, chargée d'aromes qui aiguisaient la faim au matin.

La sensation de satieté et l'absence d'obligations immédiates l'incitèrent a se réfugier dans sa chambre.

 

La finale aurait lieu en début d'après midi, Isha s'allongea pensive, le plafond comme seule vue.

Survint l'un de ces moment de doute laissés a la solitude et au silence. qu'est ce que je fais ici ? La réponse de la survie paru contenter son esprit et il voga vers d'autres vagues interrogations. Elle repensa au regard d'Oko et a cette phrase si blessante qu'il lui avait dite l'autre jour, avant qu'elle ne... Elle passa sa main devant ses yeux otant sa vue a la lumière, s'accordant de l'obscurité. Il était dans son droit, sa haine était justifiée. Isha se mordi la lèvre. Elle eut envie d'une bonne dose de maxtra a défaut d'une étreinte chaleureuse. j'aimerais que le temps engloutisse la peine qui me ronge le coeur.

Elle chassa les sentiments négatifs. Commença une serie d'exercice pour oter son esprit a la reflexion, s'absorbant dans l'effort physique. Depuis toute petite, une bonne séance pour décompresser. Toujours. Nul besoin d'autres, suffisait de s'investir a fond dans la mécanique corporelle pour oublier le reste.

La sueur vint baigner son front, et son souffle étouffait les velléité d'indépendance de son esprit. Son rève était de nouveau fixe dans sa clarté habituelle. Nul besoin d'y voir des visages, nul besoin d'y voir des dragons pas plus que des flots de sang, il n'y avait plus que le ciel miroitant, d'une pureté agréable. Ses étirements la délassèrent completement, le rythme lent d'une respiration posée, le repos de l'âme. Nulle pensée parasite. Elle se rendit aux therme d'un pas lent, presque appaisé.

 

Arrivé au abords du bassin du fond elle déposa son attèle et sa robe dans une infractuosité avant de s'immerger. Le délassement du bain, la fermeture de l'esprit. Isha flottait les yeux rivés au stalactites qui tombent comme des larmes du plafond. Elle sentit une lassitude la gagner avec la lenteur puissante d'une vague de fond. La douleur de son bras n'étant plus q'un vague écho, au loin. Elle n'y pensait plus.

Le temps à son tour de ces temps s'étirant dans cette eau qui ne froidit jamais.

 

Elle se demanda ce qui causait chez elle cet état apathique. En termes objectifs qu'était ce donc ? la question s'étira avant de perdre sens, Isha cessa de de nager pour se maintenir à la surface. Elle s'enfonça lentement, le miroitement de reflets jouant sur les murs, le silence laissé aux pulsations de son coeur. La pulsion d'ouvrir ses poumons a l'eau environnante se faisant de plus en plus forte. Elle apperçut une silouhette troublé par les mouvements de l'eau se pencher au dessus d'elle.

Elle relacha l'air en remontant percer la surface. La jeune femme continuait a la regarder tandis qu'elle hissait son corps hors du bain. Elle était assise sur ses talons la tête callée entre les genoux. Isha reconnu les lèvres pales et les sourcils roux de celle qui sifflait en attendant la seconde épreuve. Miko. C'était comme cela qu'elle s'appelait.

- Salut.

- Bonjour Isha.

- Qu'est ce qui t'amène içi ?

- La même chose que toi je suppose, j'avais envie de me détendre un peu répondit elle de sa voix fluette. Miko se leva jeta sa robe sur le sol et plongea gracieusement dans le bassin.

Isha laissa ses pieds tremper dans l'eau, l'oeil penché sur la nouvelle venue. La petite rousse avait un corps qui, bien que tailladé de faisceaux musculaires deumeurait svelte et gracieux, la douceur de ses traits et l'amande de ses seins ajoutant a sa beauté, elle est plus forte et plus jolie que moi.

Miko nagea quelques brasses avant de s'accouder au rebord, l'ombre de son corps mouvant dans les reflets de l'eau.

- J'ai la finale dans une heure. Isha redressa son buste et tourna son regard vers la petite rousse, ne sachant pas ce qu'il était convenable dire dans ce genre de situation

- Et pour tout te dire j'ai le ventre noué d'apréhension croassa elle.

Isha leva les yeux vers le plafond et resta un instant silencieuse avant de réppondre

- tu sais quoi qu'il arrive tu as déja accomplis beaucoup avant d'arriver jusque...Elle se prit la tête dans la main non putain, c'est lourdingue, j'ai l'impression d'être une mère souhaitant bonne chance a son gamin en le laissant devant l'école.. Ahh désolé je sais pas trop quoi te dire. Donne toi a fond et advienne que pourra. Elle lui adressa un sourire qui se voulait encourageant mais qui ne l'était somme toute pas trop.

Miko hocha imperceptiblement la tête.

- Ecoute, a ta place je méditerais pour faire le vide jusqu'a être completement calme. Et puis c'est vrais quoi le plus dur est derrière toi, tu peux quand même être fière d'avoir atteint ce niveau... - Levant son bras bleui - Regarde moi ca fait sept ans que j'ai commencé mon apprentissage j'ai toujours pas été capable de me debarasser mon statut de Basique.

Miko eut un petit rire aux accents triste.

- je suis ici depuis ma naissance, ça fait presque douze ans que j'ai commencé mon apprentissage.

- Ah. Bah c'est justement l'occasion de te sortir de cette condition, tu devrais être plus enthousiaste que ça. A ta place je trepignerais d'excitation..

- Oui. repondit la petite rousse, d'un oui qui eu été plus proche du couinement de souris que de l'aquiescement par le langage.

Isha soupira doucement bien consciente que sa prèche n'avait pas eu l'impact desiré.

 

- Viens par la je vais te raconter une histoire que me racontait le père Osak autrefois; pi elle me semble bien correspondre a ton état d'esprit.

Miko releva le nez, les yeux luisant d'un interet piqué, ses jambes s'agitèrent dans le bassin, rememorant a Isha l'auditoire ébahit que formaient les enfants assit en tailleur autour du prêtre, avides de ses contes. Elle toussota pour ménager son introduction.

- Alors, c'est l'histoire d'un fermier qui avait un âne et un puit. Le puit était bien vieux et il ne tirait plus d'eau, si bien que le fermier songeait à le reboucher. L'âne lui aussi, était bien vieux, il ne portait plus les affaires et se contentait de dormir dans l'étable, grand diable fainéant que le paysan laissait vivre paisiblement en souvenir des services rendus.

Un soir, tandis que le vieil homme dinait tranquillement, il entendit un hénissement pitoyable s'elever de son jardin. Il sortit et s'apperçut que l'âne était tombé dans le puis. Il chercha un jour durant un moyen pour sortir l'âne du puits. Finalement, constatant qu'il n'était pas en mesure de hisser l'âne hors du puits il décida que la meilleur solution était de faire d'une pierre deux coup : abreger les souffrances de l'animal tout en rebouchant le trou. L'animal était vieux et devait bien périr un jour. Aussi il parti chercher ses voisins; ils s'armèrent de pelles et de pioches et commencèrent leur funeste tache. Au début, sentant les premières pelletés de terre lui tomber dessus, l'âne réalisa qu'on allait l'enterrer vivant. Alors il se mit a geindre terriblement, sentant sa mort prochaine et désirant, comme tout être vivant, s'y soustraire un instant de plus.

 

A la surprise des personne présentes l'âne finit par cesser de brahmer, ils pensèrent d'abord qu'il était mort et le fermier, ne pouvant se résoudre a abandonner son compagnon sans d'abord lui addresser un dernier regard, se pencha au bord du puits. Il fut stupéfait à tel point qu'il failli tomber a la renverse, rejoindre l'animal. Les voisins encore accaparé par la tache ne ralentirent pas leur rythme, et le fait est qu'au fur et a mesure que le puit se remplissait l'âne s'ébrouait, faisait tomber la terre et s'élevait peu a peu vers le ciel en marchant sur le monticule fraichement formé. Bientot les voisins et le fermier s'exclamèrent, s'ébahissant que l'animal parvienne a s'extirper. Il fut accueilli comme un héros lorsqu'il parvint finalement a s'extraire du puits.

Et le père finissait comme cela : "le truc pour se sortir du trou est de se secouer afin d'avancer.

Chacun de nos ennuis est une pierre qui permet de progresser"

 

Isha avait la gorge sèche mais le sourire de Miko valait largement le désagrement. Elle la rejoignit dans l'eau, bénissant cette tiédeur exquise.

 

- Tu racontes bien. Et puis c'est une jolie histoire. Miko resta un instant pensive avant de se rembrunir. Mais il y a quelque chose qui me chiffone quand même dans ton récit, l'âne est le vieux compagnon du fermier, et pourtant celui ci après un jour de vaines tentatives se décide a lui donner la mort. On peut se dire que l'amitié est bien peut de chose au final.. Je sais pas moi, il aurait pu essayer de nouer un harnais pour le hisser hors du trou avec l'aide de ses voisins ou n'importe quelle autre façon de sauver l'animal... Si on cherche une morale a cette histoire j'aurais peine a croire que l'humain est capable d'une amitié réelle envers son prochain... j'ai plutot l'impression que passé ses interets l'homme ne considère plus ce qui est exterieur comme important.

Isha partit d'un rire du nez en plissant les lèvres,

- pfffff tu te prend trop la tête, c'est une histoire pour gosse, si ca se trouve le fermier a essayé de lui confectionner un harnais mais celui ci s'est déchiré sous le poid de l'âne, et il en a finalement déduit que le mieux était d'abreger ses souffrances. J'ai peut être juste oublié de le raconter ! termina elle en tirant la langue avec une moue provocatrice.

 

- Tu as raison. Miko sourit et s'immergea completement dans l'eau faisant buller ses interrogations à la surface en borgorymes inaudibles.

 

 

 

 

 


 

 

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