VIII - Disparaître

Des coups de langues.

Malkia remua. Elle pouvait sentir le flanc de Kufifia contre le sien, et le museau humide d’Aibu qui frémissait dans son cou.

Des coups de langues.

Elle ronronnait. Au-dessus d’elle, les ronces de la tanière transformaient la lumière du soleil en délicates paillettes.

Des coups de langues.

Et une voix lourde.

— Malkia.

Elle ouvrit brusquement les yeux.

L’odeur rance du sang la frappa. Puis, la douleur. Elle cisaillait sa fourrure, pénétrait dans ses muscles.

Et embrasait son esprit.

Elle leva de grands yeux atterrés vers sa mère.

— Kinga….

Bahari émit un son rauque, mais avant qu’elle ne puisse s’exprimer plus, une grand ombre envahit le ciel.

— Bonjour, jeune Chasseresse. Te rappelle-tu de moi ?

Malkia se figea.

— Askari… éructa-t-elle.

— Bravo ! Ton nouveau Protecteur, enchanté. Nous sommes partis sur de mauvaises bases, mais j’espère que nous saurons nous apprécier à l’avenir.

Elle ne bougea pas, elle respirait à peine. Elle avisa Uzuri, tapie contre un roncier. Elle la fixait intensément, les oreilles plaquées sur le crâne.

— Laisse-moi te présenter tout le groupe, reprit Askari. Juste à côté de moi, Kishenzi. Kishenzi…

— C’est un plaisir, grinça l’intéressé depuis le couvert de son museau écorché.

— Ici, c’est Giza et Kuuma.

— B’jour.

— Salut.

— En train de faire sa toilette, il y a Kibaraka — celui que tu as amoché hier, mais ne t’en fais pas, il va bien. Et allongé là-bas, Haraka.

— Bonj…

— Où est Waasi ?

Malkia se redressa, étendant son cou raide pour capter l’odeur de sa tante, la vision de sa silhouette, ou le bruit de sa respiration. Elle ne tomba que sur une carcasse ébouriffée et sanguinolente. Deux carcasses, en fait.

— Waasi…

Son souffle se bloqua. Elle voulut marcher jusqu’à la dépouille, mais s’effondra.

— Ta consœur se montrait bien trop agressive, expliqua Askari. Nous avons donc dû en venir aux crocs.

Malkia parvint à inspirer. Une goulée d’air acide, raclante, douloureuse.

— Vous l’avez tuée…

— Crois bien que nous le regrettons, mais vois-tu, nous ne pouvons tolérer plus de…

— Tu les as laissé faire ?!

Bahari sursauta face à la question agressive de sa fille.

— Elle… elle est partie si vite, tenta de se justifier la Matriarche, … et je… Elle n’aurait pas dû intervenir, toi non plus d’ailleurs.

La jeune femelle disséqua sa mère du regard.

— Alors, fit-elle, c’est comme ça, hein. On laisse sa sœur se faire tuer au nom de règles fumeuses.

— Malkia. Tu sais que…

— Et vous ?!

Elle fit volte-face vers les Vagabonds.

— Vous avez tué une Chasseresse ?!

Elle se redressa, elle avait la nausée.

— Puisque vous n’avez pas protégé une de vos Chasseresses, alors je ne vois pas pourquoi je vous considérerais comme Protecteurs.

Elle planta ses yeux dans ceux, plissés, d’Askari.

— Vous n’en êtes pas dignes.

Elle fit vole-face sans lui laisser le temps de réagir. Elle marcha à pas raides jusqu’aux cadavre et se blottit contre eux. Kinga était couvert de sang, la moitié basse de son corps se résumant à un amas de chair tourmentée. À quelques pas, Waasi gisait sur le flanc, le cou retournée. Les marques indiquaient une strangulation. Comme si elle était une proie. Malkia serra les crocs jusqu’à ce qu’ils grincent de supplication. Elle se hérissa en sentait Askari s’approcher.

— Je comprends que tu puisses être… perturbée, déclara-t-il posément. Néanmoins, je te prierai de considérer ceci : si tu persistes à contester notre légitimé, nous serons dans l’obligation de te punir. Pense-y, je te laisse quelques jours. Mais ne nous fait pas trop attendre, nous savons que tu es féconde.

Le calme apparent de son attitude se bridait à sa surface d’une rage pesante. Malkia retint un frisson. Elle se releva sans croiser son regard. Puis elle s’enfuit.

— Malkia !

Bahari la poursuivit, imitée par Uzuri. Heureusement, les Vagabonds n’en firent pas de même. La jeune femelle se trouva bientôt isolée avec ses consœurs.

— Malkia, attends !

Elle daigna ralentir, bien qu’une force puissante la pousse à courir encore plus vite, jusqu’à mourir d’épuisement.

— Malkia…

Sa mère la rattrapa, essoufflée.

— Tu… ne peux pas faire ça…

— Ça quoi ?

— Refuser…

— Et pourquoi ?

— Ils ont vaincu Kinga, ils ont le droit de…

— Ils ont tué Waasi ! Comment pourrais-je faire confiance à des Protecteurs qui tuent leurs protégés ?!

— Waasi a tenté de les tuer aussi ! Ils ne l’auraient pas touché, sinon !

— Et alors ?! Tu vas me dire qu’aussi nombreux qu’ils sont, ils n’ont pas pu la maitriser sans l’achever ? Ils l’ont étouffée comme si elle n’était qu’un vulgaire gnou !

— Et alors quoi ?! Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ?! Qu’on quitte la terre de nos ancêtres ?! Qu’on les batte ?!

Bahari reprit sa respiration.

— On… on a pas le choix… ajouta-t-elle soudain faible.

— Bahari a raison, souffla Uzuri. Maintenant qu’ils sont là, on ne peut rien faire.

Malkia eut un mouvement de recul, réalisant soudain les traits tirés de la jeune mère.

— Sichina et Binamu… ?

— Ils les ont trouvées. C’est trop tard, maintenant.

— Ça… ça ne te révolte pas ? Tu es prête à les côtoyer, à leur faire des petits ?

— C’est dans l’ordre des choses.

Malkia sentit quelque chose se craqueler, à l’intérieur d’elle. Sa nuque s’affaissa.

— Je n’y arriverai jamais, murmura-t-elle. À accepter ce que vous acceptez. Je vous admire, quelque part.

Elle se détourna de ce qu’il restait de sa famille. Elle laissa ses pas la guider entre les baobabs, retraçant les chemins qu’elle avait parcouru jadis, en compagnie d’Aibu, Rao, Waasi, Kinga et tous les autres.

Elle était creuse.

 

_____

 

Les Vagabonds festoyaient autour d’un éléphanteau qu’ils avaient eux-même chassé. Bahari et Uzuri avait été invitées. Malkia, elle, avait été attirée par l’odeur. Elle restait à couvert, fixant les corps qui se bousculaient autour de la carcasse. Elle les haïssait. Et elle se haïssait.

Askari avait raison. Elle était féconde. Ses tripes lui hurlaient de s’approcher des jeunes mâles, de s’offrir à eux. Leurs effluves musquées, incandescentes, faisaient jaillir des langues brûlantes dans son bas-ventre. Ses pattes voulaient bondir vers eux, elle les retenait en tremblant. L’odeur qui l’avait attirée n’était pas celle de la chair fraiche.

Une tête poisseuse de sang émergea du ventre gris de la proie pour se tourner elle.

— Malkia ! s’exclama celui qui se nommait Haraka. Viens ! Tu peux manger !

Tous les autres Vagabonds relevèrent le museau. Un instant de silence tomba sur l’assemblée.

— Oui, bien sûr qu’elle peut manger, déclara Askari. Les Chasseresses peuvent toujours partager le repas de leurs Protecteurs.

Elle n’objecta pas. Le meneur de la troupe se décala pour lui laisser la place, suintant la satisfaction. Elle s’avança et de glissa entre lui et Uzuri. Le contact de leur fourrure la fit frissonner. Elle se noya dans le sang d’éléphant pour oublier l’Appel.

Le repas fini, la fratrie se réunit pour faire sa toilette. Les Chasseresses s’installèrent un peu plus loin, contre un arbre, mais Malkia n’osa pas les rejoindre.

— Tu veux que je t’aide ? proposa doucement Haraka.

— Non, coupa Askari avant qu’elle n’ait le temps de répondre.

Le grand mâle se plaça près d’elle.

— Je sais ce que tu es en train de faire, siffla-t-il à son frère. Et je te rappelle que c’est moi qui serai le père des petits de cette troupe.

— Arrête d’extrapoler comme ça. Je voulais juste être gentil. Contrairement à certains.

— Baisse d’un ton, gronda Askari.

Haraka feula.

— Et toi arrête de jouer les petits chefs.

— Calmez-vous, les reprit Kishenzi. On sait tous quel est notre rôle ici, pas besoin de rappel. Pas besoin de dispute non plus.

— Oui, il a raison, approuva Kibaraka.

Askari leva le menton, lançant une menace muette à son frère.

— Je vais te faire ta toilette,  annonça-t-il à Malkia.

Elle retint le mouvement de recul qu’il lui venait. Lorsque la langue du mâle se posa sur sa fourrure, elle ne put empêcher une vague de frisson de lui secouer l’échine. Le feu consumait ses entrailles, la poussant vers lui. Elle planta ses griffes dans le sol pour se forcer à rester immobile.

Sa respiration ne redevint normale que quand Askari se fut détaché d’elle, non sans l’alourdir d’un regard entendu, pour aller se vautrer contre ses frères. Le sommeil s’empara bien vite de la troupe nouvellement formée. Elle ne pouvait se résoudre à s’abandonner au repos. En tout cas, par en leur compagnie. Elle se détourna et partit de son côté, la démarche pesante.

— Attends !

Elle sursauta. Haraka la rejoignit en quelques foulées.

— Où tu vas ?

— Me promener.

— Je viens avec toi.

Elle se tendit et le fusilla du regard. Mais il ignora son message silencieux et se mit à trottiner gaiement. Elle le suivit, plus lente.

— Je sais que tu nous en veux, commença-t-il une fois qu’ils se furent éloignés. Je sais que tu ne nous acceptes toujours pas. Alors… je voulais m’excuser pour ce qu’Askari a fait. Pour avoir tué Waasi.

— Tiens donc.

— Je te jure, j’étais contre ça. Mais comme d’habitude, il ne m’écoute pas. Et puis, Kishenzi l’a encouragé. Je…

Il chercha son regard, elle l’évita.

— J’ai toujours souhaité une chose, moi. Être le meilleur Protecteur possible. Être fort, être bon. Je veux pas que mes frères gâchent tout. Alors, en leur nom… pardon.

— Tu crois que des excuses vont changer quelque chose ?

— Non, mais il fallait que je les fasse.

Elle pressa le pas.

— Bon, maintenant que tu les as fait, j’aimerais marcher seule.

— T’as fini ?!

Elle stoppa net face au ton brutal qu’il avait soudain employé.

— Tu ne comprends pas que j’essaie de t’aider ?!

— M’aider ?!

— Oui, t’aider ! Parce que tu le veuilles ou non, Askari a pas prévu de te laisser tranquille. Il a dit qu’il te tuerait si tu ne te soumettais pas à lui. J’essaie de te rendre les choses plus supportable ! Et je te rappelle que je ne suis pas responsable de la mort de ta sœur !

— Tu es avec eux, tu ne les en a pas empêché, alors oui, tu es responsable ! Arrête de t’occuper de moi, je t’ai rien demandé !

— Tu veux mourir ?!

— Peut-être que oui !

Il ne répondit pas, soudain figé.

— Tu veux mourir ? répéta-t-il, choqué.

— Oui, enfin, non. Enfin, c’est pas ton problème, et…

— Pardon, pardon, j’aurais pas dû m’énerver.

— C’est bon je…

— Non, c’est pas bon.

Il la fixa intensément.

— Je vais parler à Askari, je vais essayer de lui faire comprendre qu’il doit te laisser plus de temps…

Les appuis de Malkia étaient instables.

— T’es vraiment bizarre, toi, tu sais.

— Hein ?

— C’est bon, je veux pas mourir. Je suis juste… pas très en forme en ce moment.

— Tu es sûre ?

— Oui. Et… merci. Un petit peu de merci.

— De… de rien…

La queue d’Haraka effleura le flanc de Malkia. Son pouls s’accéléra, le brasier se propagea dans tout son corps. Elle déglutit.

— Ça doit pas être évident de se trouver une place dans une aussi grande fratrie, chevrota-t-elle.

— Hein… heu… oui, effectivement. Askari a un an de plus que nous, il joue les chefs, mais Kishenzi voudrait prendre sa place. Ils sont étouffants, c’est deux-là…

Malkia n’écoutait pas vraiment. Elle s’approcha pour inspirer à plein poumons l’odeur du jeune mâle. Elle savait qu’elle ne pourrait s’en détacher.

— Ce sera toi, le coupa-t-elle.

— Pardon ?

— Ce sera toi, pas Askari. Je te choisis, toi.

Haraka se figea.

— Askari risque de…

— Je suis une Chasseresse, c’est mon droit de choisir. Après toi, tu fais comme tu veux.

Il s’humecta les babines.

— Moi je… ce serait un honneur.

— Alors il n’y a pas à hésiter.

Elle lui fit signe de la suivre dans les broussailles. Il s’exécuta, fébrile. Elle l’attira à l’ombre d’un bosquet et se coucha sur le ventre. Haraka, aussi pataud que frémissant, lui mordit la nuque. Elle rugit.

Elle se détacha de lui dès qu’elle put, et se mit à courir. Elle sentait le feu de l’Appel s’affaiblir en elle. Elle ralentit, le laissa la rattraper, et se coucha de nouveau.

Elle ne compta pas le nombre de fois où elle dut supporter sa masse échauffée. Elle préférait se concentrer sur les braises mourantes dans son bas-ventre.

Il finit pas s’endormir contre elle, épuisé. Elle ferma elle aussi les paupières.

Elle lui avait menti, en quelques sortes.

Elle ne voulait pas mourir.

Mais elle voulait disparaître.

 

_____

 

Malkia ouvrit les yeux. Quelque chose martelait ses sens.

Le sang.

Le sang du soleil qui coulait le long des troncs d’acacia. Le sang de ses ennemis entre ses griffes. Le sang de Waasi et Kinga projeté sur l’herbe sèche.

Le sang furieux qui pulsait dans son corps blessé.

Malkia se leva, les pattes lourdes. Haraka dormait toujours, près d’elle. Son sommeil serein lui donnait un air bienveillant qui la dégoûta. Quoiqu’il puisse prétendre, il avait participé aux meurtres de Waasi et de ses petites-filles. Il avait cependant soulagé Malkia de la pression brûlante qui rongeait ses entrailles. Elle ne la sentait plus. Plus du tout.

Elle était libre, désormais.

Elle se glissa entre les buissons de ronces. Le soleil marquait la fin de sa course, les lions n’allaient pas tarder à se mettre en chasse. Elle devait partir dès maintenant. Pourtant, ses pas la guidèrent vers sa famille qui somnolait à l’ombre d’un baobab. Bahari et Uzuri se pressaient l’une contre l’autre, entourées par les cinq frères. Ils formaient un étau de fourrure qui acculait les deux Chasseresses contre le tronc de l’arbre. Le pelage de Malkia se hérissa devant cette vision. D’un élan soudain, elle se vit les rejoindre en quelques foulées, repoussant leurs ennemis à coups de griffes. Mais elle ne bougea pas. Les deux femelles avaient fait leur choix. Elles avaient opté pour l’acceptation, la résignation, la soumission. Leur cadette ne pouvait s’y résoudre. La révolte qui grondait dans ses tripes ne s’évanouirait pas.

Malkia se détourna des dormeurs avec l’impression cinglante qu’elle se déchirait en deux. Elle marcha, raide, en direction de la rivière. Les odeurs chaleureuses de ses proches se diluèrent peu à peu, alors que le bruit de leur respiration se taisait. Ses muscles se contractèrent, la sommant de faire demi-tour. Mais elle ne fléchit pas.

À mesure qu’elle s’éloignait de sa mère et de sa sœur, elle accélérait le pas. Elle voulait être libre, elle allait être libre. Elle se projeta vers cette envie vibrante, laissant filer les regrets et les souvenirs. Le soleil crépusculaire l’immergea dans ses rayons émancipateurs, elle s’en gorgea pour avancer de plus en plus vite. Bientôt, ses foulées se muèrent en vol. Elle ne courait pas, elle s’élevait.

Elle se libérait.

La nuit avait mangé le jour quand elle parvint à la rivière. Les siens avaient dû s’éveiller, constater son absence. Peut-être même avaient-ils commencé à la chercher. Elle imaginait sans peine la colère d’Askari découvrant qu’une de ses Chasseresses durement gagnées avait disparu. Ils allaient sans doute remonter sa trace, leur rage croissante à leur approche de la frontière. Elle se délecta de leur museau retroussé, de leurs grondements furieux. Leur courroux à venir lui donna la force de sauter dans le lit de la rivière. Du cours d’eau, seuls restaient deux filets boueux à la profondeur ridicule. Elle les franchit d’un bond, tâtant le limon séché de ses coussinets frémissants. Elle avait vu ses frères faire de même, quelques lunes plus tôt. Rao avec rogne, Aibu avec crainte. Malkia, elle, ressentait autant de colère que de frayeur.

L’autre rive la défiait depuis sont obscurité dense. Une odeur de hyène rance se glissa jusqu’à elle. Aucune frontière ne la protégeait plus, désormais. Là-bas, les plantes, les animaux, les éléments seraient un ennemi. Une bouffée d’effluves corrosives la fouetta, lui rappelant qu’elle ne pourrait plus se réfugier auprès de sa mère. Le monde de côté-là ne souhaitait que la dévorer.

En grimpant sur cette berge rêche, elle sentit son cœur se tendre. Elle se tourna vers sa terre natale, les oreilles tournées en avant dans l’espoir d’entendre le rugissement d’appel de Bahari. Mais seule la mélodie de la nuit retentit. Malkia prit une grande inspiration. Ses griffes jaillirent à l’extérieur pour labourer le sol sablonneux. Puis elle se retirèrent, dociles.

La jeune lionne pointa son museau du côté opposé, du côté de son futur. Elle se remit en marche, résolue bien que tremblante. Les fourrés bruissèrent sur son passage. Elle s’y noya.

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Canopus
Posté le 14/11/2021
J'aime trop!! J'aime beaucoup le début avec les répétition et tout ( je sais pas comment expliquer). On comprend très bien ce que c'est l'Appel dans ce chapitre, ça me répugne d'ailleurs qu'elle n'ait pas le choix. Et bien sur: ELLE EST ENFIN PARTIE!!!! Elle va enfin arrêter de se soumettre UwU
Bref, encore un chapitre génial, merci!
AudreyLys
Posté le 14/11/2021
Merci à toi :3
Vous lisez