Une vie (deuxième partie)

Cette cause, c’était une jeune femme de son âge, à l’air un peu perdu. Elle marmonna un vague “ce n’est rien”, puis passa son chemin. 

Le lendemain, elle apprit que celle qui partagerait désormais son bureau, au travail, était cette même jeune femme qui l’avait renversée la veille. Au début, elles se parlaient à peine. Au fil des jours, elles passèrent plus de temps ensemble, se découvrirent des points communs. 

La jeune femme fit l’erreur de s’attacher. Bientôt, elle sacrifia tous ses moments de libre pour retrouver sa collègue. Et pour la première fois depuis des années, elle recommençait à rire.
Grâce à elle, elle revivait, redécouvrait le bonheur. La vie semblait moins uniforme, les couleurs apparaissaient, et sa mauvaise passe, dans son existance, lui semblait lointaine. Son coeur bondissait dans sa poitrine chaque fois qu’elle l’apercevait, chaque fois qu’elle lui parlait. 

Elle avait l’impression de vivre un conte de fées, tant les mois qu’elle passait avec elle étaient merveilleux. Mais bientôt, la nouvelle qu’elle n’aurait jamais voulu entendre, elle l’entendit. 
Effondrée, elle était sur la chaise dans la chambre d’hôpital. Brisée, elle était en observant le faible sourire de la mourante. 

Quelle ironie. Elle avait eu le pouvoir de lui redonner la force d’espérer, et maintenant, alors que c’était elle qui en avait le plus besoin, elle en était incapable. Parce qu’elle savait. Et qu’elle n’aurait pas dû savoir.

Elle ne pleurait pas souvent. Mais elle pleura toutes les larmes de son corps, larmes de désespoir, lorsque le dernier souffle de vie quitta le corps qu’elle avait tant regardé. 

Même après plusieurs années, elle ne sût jamais si la faille s’était comblée. Sûrement pas. Une faille comme celle-là, on ne les remplies pas. Mais elle ressortit de cette épreuve plus sereine. Parce qu’elle savait que même dans les moments les plus sombres, l’espoir et le bonheur pouvaient se trouver. Et elle, elle l’avait connu, ce bonheur véritable. Elle sortait de cette expérience grandie.”

Il la regardait, bouche bée, les yeux grands ouverts, prêts à sortir de leurs orbites. Il se lança dans des discours où il mêlait admiration et compliments, mais elle ne l’écoutait pas. Ils finirent pas éteindre la lumière, et se souhaitèrent bonne nuit. 

Lui, ne sachant pas qu’elle venait de lui confier son plus grand secret. Sa vie. Elle, dans un sentiment doux-amer, ressassant ses souvenirs heureux et tristes, parce qu’elle savait que cette faille, sa faille, était toujours là. Et que, comme dans tous les contes de fées, il y avait toujours la cruelle réalité, la dure vérité.

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Herbe Rouge
Posté le 16/10/2020
Re,

J'aurais sauté une ligne lorsque tu changes entre son récit et sa réalité "actuelle" histoire de ne pas perdre le lecteur (bon, je ne me suis pas perdue, mais cela aérerait un peu quand même je pense)

Deux petites coquilles :
- "existance" --> existence
- "Une faille comme celle-là, on ne les remplies pas" --> on ne la remplit pas ? (il me semble)

Sinon, j'ai trouvé cette histoire très triste.
Et une bonne partie de l'histoire pèse sur cette "faille". Du coup, c'est ce que j'aurais mis en titre (mais bon, ce n'est que mon opinion, je me rends bien compte qu'un titre c'est très personnel).
Flocon Blanc
Posté le 19/10/2020
Re

D’accord, si jamais je réécris cette histoire je pense que je suivrais ce conseil ^^
Ah oui, effectivement, quelques fautes... merci ! J’avoue que je ne me suis pas trop relue XD
Toutes mes histoires ont une part de tristesse, mais bon, je ne me vois pas écrire des textes super joyeux où tout se termine vraiment bien. J’espère au moins que tu as apprécié de lire cette nouvelle :)
A la prochaine ! :D
Herbe Rouge
Posté le 19/10/2020
Ah ça, je comprends tout à fait ! Ma remarque sur la fin triste n'était pas une critique bien sûr, car c'était sans doute ton but : la compréhension, le ressenti de cette "faille".
A la prochaine !
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