Une vie

C’était le soir, un soir d’hiver. Un de ces soirs où on aime rester bien au chaud chez soi, au fond de son lit en lisant un livre, au côté d’une tasse de chocolat brûlant. 

Elle était sous la couette, non pas en compagnie de chocolat chaud, mais de son époux. A la lumière de sa lampe de chevet, elle fixait le mur en face d’elle, réféchissant à Dieu sait quoi. Elle soupira, le visage fatigué.

Près d’elle, son mari délaissa son ouvrage pour se retourner, arborant un tendre sourire.

-“Quelque chose ne va pas, chérie ? Tu m’as l’air au plus bas de ta forme.”

Devant son inquiétude, elle sourit aussi, mais d’un sourire triste, tremblant.

-“Tout va très bien, ne t’en fais pas. Je pensais juste au contenu d’un écrit que je pourrais soumettre à la maison d’édition.”

Il hocha la tête, connaissant parfaitement l’imagination débordante de sa femme, permettant ainsi à ses livres de se vendre comme des petits pains. 

-“D’accord. Tu veux bien me raconter l’histoire ?”

Elle fit la moue, peut convaincue. Mais devant l’air suppliant de l’homme, elle ne put rester de marbre, et rigola doucement.

-“Si tu insistes… Mais tu gardes tes questions pour la fin, ok ? Pas comme la dernière fois…”

Fier de sa victoire relative, il se redressa sur les coudes, attentif aux moindres gestes et paroles de son épouse.

Elle chercha ses mots, le regard perdu dans le vague, puis commença:

-“Il était une fois une jeune fille qui vivait dans la campagne. C’était une de ces jeunes filles que l’on pouvait qualifier de pure, innocente, ou vraie.

Naïve, ignorant les dangers et les problèmes de la vie, elle courait dans les champs tous les jours, libre, des fleurs dans les cheveux. Elle riait tout le temps, avait une famille heureuse, des amis sur qui elle pouvait compter, etc. En bref, sa vie n’était que lumière. Elle ne connaissait pas la misère, la cruauté, la trahison. Mais il ne faut pas oublier que toute lumière a son obscurité.

Un beau jour, son rêve vira au cauchemar. Une épidemie se répandit dans son village, décimant habitant par habitant, n’épargnant personne. Les membres de sa famille périrent. Tous. Ses amis s’éloignèrent, partirent ailleurs, l’oubliant, la laissant seule. Elle fût une des rares survivantes.

Elle partit en ville, hébergée par un couple clément. Une ville sale, grise, polluée, où il pleuvait 10 mois sur 12 et où le crime régnait. Elle dû trouver rapidement un travail, pour survenir à ses besoins personnels, étant une charge en plus. Pendant plusieurs années, elle vécut pauvre, dans la solitude. Elle ne riait plus, ne souriait plus.

Elle avait changé, du jour au lendemain. S’était adaptée, difficilement, mais adaptée quand même. Finit la jeune fille enthousiaste, joyeuse et drôle. Elle était devenue adulte avant l’heure, avait compris des choses qu’une personne de son âge n’aurait jamais dû comprendre si tôt. Elle était monotone, triste, réglée comme une machine, un robot. Elle avait tout perdu.

Et puis, un après-midi, alors qu’elle revenait du supermarché, elle percuta de plein fouet une silhouette, entrainant leur chute à toutes les deux. Après maintes excuses, elle découvrit la cause de son étalement sur le sol.

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Herbe Rouge
Posté le 16/10/2020
Bonjour,

J'ai du mal à deviner l'âge de la jeune fille dans ce premier chapitre ?

Parce qu'elle part en ville d'elle-même (si j'ai bien compris), du coup je la voyais jeune mais néanmoins adulte, et ensuite tu dis qu'elle "avait compris des choses qu’une personne de son âge n’aurait jamais dû comprendre si tôt" ?
Flocon Blanc
Posté le 19/10/2020
Hey !

C’est vrai que je ne suis pas toujours très claire dans mes histoires ^^
Dans mon esprit, elle part en ville, seule, aux alentours de 16-18 ans. Ensuite, au fil des ans, elle apprend des choses qu’une fille comme qu’elle « n’aurait pas dû comprendre si tôt », c’est-à-dire que c’est un réel choc de s’apercevoir de la cruauté du « nouveau monde » dans lequel elle vit. Puisque c’est un brusque contraste entre son enfance et sa vie d’adulte. Après, c’est à chacun d’imaginer ce qu’elle a bien pu apprendre.
Voilà, dis moi si tu n’as toujours pas compris, j’essaierai de faire mieux 🙃
Herbe Rouge
Posté le 19/10/2020
Ah d'accord ! En effet, je n'avais pas compris que ce passage se référait aux années passées en ville, je pensais qu'il faisait référence à son enfance.
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