Une petite promenade de santé...

Notes de l’auteur : Je viens d'écrire ce texte pour ma professeure de français, j'espère qu'il vous plaira !
Les commentaires sont les bienvenus !

Cela faisait maintenant plusieurs jours que nous avions quitté le port d'Ithaque. Il n'était que sept heures du soir quand la nuit tomba. Quelques bulles s’élevèrent dans les cieux. Elles n’éclatèrent pas. Tout à coup, un tsunami de bulles surgit de l’eau.

Une femme avec des boutons à la place des yeux et une fermeture éclair en guise de bouche sortit doucement de l’eau scintillante. Elle me vola six compagnons qui hurlèrent à la mort, mais qui se calmèrent aussitôt quand elle les prit.

Je criai au monstre de me rendre mon équipage, mais…

« Vous êtes bien brave et audacieux pour me manquer de politesse… Vous serez récompensé. Soit. Je vous autorise à rentrer chez vous. Mais à une condition…

- Je vous écoute, dis-je impatiemment.

- Il faut que vous me juriez, que vous me donniez votre parole, que vous obéirez à la condition que je vais vous poser, dit-elle d’un ton mystérieux.

- Non, alors !

- Vous êtes sûr ?

- Oui.

- Vraiment ? »

Je me sentais faiblir de plus en plus … Elle me lança un regard ensorceleur, hypnotique … Tout à coup, il ne me fut plus possible d’en supporter davantage. Mes compagnons - du moins, ce qu’il en restait - devinèrent ma faiblesse grandissante et me jetèrent des regards suppliants, mais je ne tins pas le coup.

« Je vous obéirai. Parlez. Dévoilez-moi la condition.

- Sacrifiez-moi treize de vos hommes en plus de ceux que j’ai déjà.

- C’est impossible.

- Puisque je vous le dis. Vous me l’avez promis. Ce n’est pas une question, c’est simplement un ordre », ajouta-t-elle avec fermeté.

Je réfléchis et m’avouai vaincu.

« Si je reste avec vous pour toujours, laisserez-vous mon équipage mettre les voiles en étant sains et saufs ?

- Hum, vous savez négocier. Très bien. »

Une sueur froide me fit frissonner. L’Apocalypse -puisque tel était son nom – déposa délicatement sur notre navire mes six hommes : Antaryos, Bachion, Cérémis, Dogalle, Eurodès et Ferréol. Les bulles qui entouraient la créature marine s’approchèrent dangereusement de moi. Le stress grandissait en moi peu à peu … Mais je me repris bien vite ! Moi, le grand Ulysse, moi qui ai remporté la terrible guerre de Troie, moi qui ai vécu tant d’aventures, qui m’en suis toujours sorti astucieusement, ma ruse me sauvant à chaque fois, j’allais avoir peur d’un monstre de pacotille ?

Quand les bulles commencèrent à s’enrouler autour de moi, je m’aperçus que lorsqu’on se débattait, elles paraissaient plus solides.

L’Apocalypse me souleva du bateau et mes hommes me regardèrent avec regret, non sans que des larmes grosses comme des perles viennent s’écraser sur le sol du bateau. Même la mer qui, quelques minutes auparavant, était si paisible s’agitait.

Je sentis que je m’enfonçais dans l’eau profonde et j’espérai ne plus pouvoir respirer et mourir pour ne plus voir chaque jour l’abominable visage de la créature, mais cette dernière eut apparemment connaissance de mon idée car elle me colla sur la bouche une bulle d’air qui me permit de pousser un long soupir.

J’entrai dans son étrange demeure faite de bulles de toutes tailles, plus brillantes les unes que les autres. L’Apocalypse m’adressa un sourire satisfait.

« Vous avez fait le bon choix.

- Je l’espère, ô Apocalypse. Ma chère amie, pourriez-vous m’accorder une petite faveur ?

- Je ne pourrai rien vous refuser, sauf de vous laisser partir.

- Pour vous prouver mon affection envers vous, remplacez mes vieux yeux par des boutons semblables aux vôtres qui m’éblouissent de leur éclat noir profond, jolis comme des sous neufs.

- Je vous l’accorde sans hésitation.

- Je vous en suis bien reconnaissant et, si vous le voulez bien, commençons tout de suite.

- Vous avez raison, ne perdons pas de temps ! » dit-elle en s’éloignant.

Elle prit une boîte et l’ouvrit. Je vis avec horreur que la boîte contenait une aiguille, une bobine de fil argenté et surtout … une paire de boutons, couleur de l’obscurité totale. J’eus l’horrible et affreuse impression qu’ils me fixaient. L’Apocalypse reprit la parole :

«  Alors, je vous explique la manière dont nous allons procéder. Je vais d’abord …

- Non, non, je vous en prie, épargnez-moi ces détails, non pas que cela m’effraie, bien au contraire, mais que je trépigne, que je brûle d’impatience devant ces trésors !

- Ce sera comme vous le souhaitez, mon cher. »

Elle saisit l’aiguille et essaya de faire rentrer le fil dans le chas ce qui me fit gagner un peu de temps pour me calmer. Elle passa l’aiguille dans les trous du premier bouton et allait me l’enfoncer dans l’un de mes fidèles et bons yeux mais je donnai une pichenette dans l’outil pointu qui tomba sur mes genoux. Je profitait de cet instant de surprise chez le monstre pour crever la bulle principale. J’en attrapai une pour respirer sous l’eau et je m’enfuis sans demander mon reste.

Je nageai le plus vite possible. Souvent, je relevai la tête pour voir si le bateau était là et je me fatiguai à accélérer pour rien car l’Apocalypse était bien trop occupée à reconstruire tant bien que mal sa maison et à me maudire.

Au moment où j’aperçus mon navire, je poussai un énorme « Hourra ! » que l’équipage entendit comme un murmure mais un groupe d’hommes annonça mon retour et fit faire au bateau demi-tour. Tous m’accueillirent en pleurs, en m’entourant et en me couvrant de baisers.

Je me répétai intérieurement : « Bien sûr, c’est pourtant si logique … L’être humain ne pouvait pas crever les bulles, mais l’outil si ! »

 

On grimpe sur le mât

On déploie les voiles

Coeurs emplis de joie

Dans le ciel de velours et de soie

Dans l’aube aux doigts de rose

Tendre et douce

L’eau claire murmure

Un chemin pour nous

Sera-t-il bon ? Sera-t-il droit ?

Sera-t-il comme nos cœurs,

Empli de joie

Ou construit de malheur ?

Peu importe, je n’ai pas peur

Car l’aube efface le noir

Chasse le désespoir

Apporte des lueurs d’espoir

Et de bonheur...

RoseRose

16/10/2020

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Fannie
Posté le 10/02/2021
Coucou RoseRose,
Voilà encore une de ces charmantes histoires dont tu as le secret. On a affaire à Ulysse et ses compagnons, mais tu les as mis en scène dans un joli conte. La perspective de l’échange des yeux fait froid dans le dos, mais les bulles apportent de la poésie à l’ensemble, ainsi que les vers de la fin. Est-ce une chanson qu’entonnent les marins ?
Coquilles et remarques :
Les tirets de dialogues devraient être des cadratins ou des demi-cadratins, pas des tirets courts.
— mais Ulysse souhaite ressentir comme autrefois le plaisir de sentir sur son visage l'air marin. [(Résumé) Ce n’est pas très judicieux d’employer « ressentir » et « sentir » dans la même phrase : Je propose « souhaite éprouver ».]
— Il faut que vous me juriez, que vous me donniez votre parole que vous obéirez [Je placerais « que vous me donniez votre parole » entre deux virgules, comme une sorte de parenthèse.]
— Non alors ! [J’ajouterais une virgule entre les deux mots.]
— Mes compagnons -du moins, ce qu’il en restait, devinèrent ma faiblesse grandissante et me jetèrent des regards suppliants mais je ne tins pas le coup. [Virgule avant « mais ». / Typographie : Mes compagnons — du moins, ce qu’il en restait —, devinèrent (…) ; ces tirets doivent aussi être des cadratins ou des demi-cadratins et les espaces doivent être sécables à l’extérieur, insécables à l’intérieur.]
— L’Apocalypse -puisque tel était son nom – déposa [Même remarque pour les tirets, qui sont asymétriques ici.]
— Moi, le grand Ulysse, moi qui ai remporté la terrible guerre de Troie, moi qui ai vécu tant d’aventures, qui m’en suis toujours sorti astucieusement, ma ruse me sauvant à chaque fois, j’allais avoir peur d’un monstre de pacotille ? [Il faudrait marquer l’antériorité en employant le plus-que-parfait : « moi qui avais remporté », « moi qui avais vécu », « qui m’en étais toujours sorti » / « allais-je avoir peur » serait préférable pour une question, à moins que tu veuilles employer le langage parlé.]
— non sans que des larmes grosses comme des perles viennent d’écraser sur le sol du bateau [s’écraser]
— Je sentis que je m’enfonçais dans l’eau profonde et j’espérais ne plus pouvoir respirer et mourir [Les deux verbes doivent être conjugués au même temps : « Je sentis » et « j’espérai » ou « Je sentais » et « j'espérais » / Tu pourrais éviter d’avoir deux fois « et » avec une tournure comme : « Pendant que je m’enfonçais dans l’eau profonde, j’espérais ne plus pouvoir respirer et mourir ».]
— pour ne plus voir chaque jour l’abominable visage de la créature mais cette dernière eut apparemment connaissance de mon idée car elle me colla sur la bouche [Virgules : avant « mais » et avant « car ».]
— Pour vous prouver mon affection envers vous, remplacez mes vieux yeux [Dans ce genre de phrase, l’apposition (qui se trouve avant la virgule) doit se rapporter au sujet du verbe conjugué. Je propose donc : « Pour vous prouver mon affection envers vous, je vais vous prier de remplacer (...) »]
— essaya de faire rentrer le fil dans le chas ce qui me fit [Virgule avant « ce qui ».]
— et allait me l’enfoncer dans l’un de mes fidèles et bons yeux mais je donnai une pichenettedans l’outil pointu [allait l’enfoncer ; il y a redondance si tu mets « me » et « mes » / virgule avant « mais » / il manque l’espace entre « pichenette » et « dans ».]
— Je profitait de cet instant de surprise [Je profitai]
— Souvent, je relevai la tête pour voir si le bateau était là et je me fatiguai à accélérer pour rien car l’Apocalypse [je relevais ; l’action est répétée / je me fatiguais ; l’action dure / virgule avant « car »]
— était bien trop occupée à reconstruire tant bien que mal sa maison et à me maudire. [Il est préférable de placer le COD avant le complément circonstanciel : « à reconstruire sa maison tant bien que mal ».]
— que l’équipage entendit comme un murmure mais un groupe d’hommes annonça mon retour [Virgule avant « mais ».]
— et fit faire au bateau demi-tour [et fit faire demi-tour au bateau]
— L’être humain ne pouvait pas crever les bulles, mais l’outil si ! » [J’ajouterais une virgule avant « si ».]
— Coeurs emplis de joie / Sera-t-il comme nos coeurs [Ligature : Cœurs/cœurs]
— Ou construit de malheur ? [Je dirais plutôt « composé de » ou « constitué de ».]
Voilà. J’ai terminé mon pinaillage.  ;-)
RoseRose
Posté le 15/02/2021
Merci beaucoup, Fannie, pour ce gentil commentaire et toutes tes remarques qui m'aident à progresser. J'ai essayé de corriger les points que tu évoques mais je pense que je vais néanmoins garder certaines coquilles. Je n'ai pas bien compris l'histoire des cadratins. En tout cas, je suis heureuse que cette histoire t'ait plu.
Au plaisir de te lire,
RoseRose
Fannie
Posté le 17/02/2021
Tant que tu n’envoies pas tes textes à des maisons d’édition, le format des tirets n’est pas très important. (Les seuls qu’il faut absolument éviter sont les tirets automatiques, qui sont des sortes de puces.)
Si tu regardes dans les livres, tu verras que les dialogues sont présentés avec des tirets longs ; ce sont des cadratins ou des demi-cadratins selon l’éditeur ou la date d’édition.
Voici l’adresse d’une page Internet qui explique ça en détail : https://www.brunobernard.com/du-bon-usage-des-tirets/
RoseRose
Posté le 17/02/2021
Merci beaucoup, Fannie !
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