Un pas dans mon vertige

Au sommet de la rue mon regard se déploie

Coulant sur la chaussée comme un fleuve de vent

 

Dans ma poitrine ouverte à l’air froid de Paris

Bat mon coeur affolé sur un rythme naissant

 

Et j’entends retentir une immense musique

Opéra de chants morts hurlés dans la tourmente

 

Et je vois se poser sur la ville et sur nous

L’énorme cathédrale aux vitraux flous des brumes

 

Perlez à mes paupières larmes glacées en moi

Perlez tout comme le pus perle aux plaies infectées

 

La folie tient l’archet frottant mille violons

Qui ouvrent dans ma tête le cyclone du vide

 

Son oeil trou noir duquel mon cerveau ne peut fuir

Enroulé comme autour d’un foret perceur d’os

 

Fait remonter le fleuve jusqu’à sa source morte

En engouffrant nos âmes avec l’air et les eaux

 

C’est alors seulement que se calment les vents

Que les voix sous la terre poussent un lacrimosa

 

Tandis que tout Paris noyé dans un déluge

Marche au pas du cortège de son propre enterrement

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Fannie
Posté le 20/06/2020
En arrivant ici, je voulais commenter chacune de ces gammes poétiques, mais finalement, j’en suis incapable. Quand certains passages m’évoquent des images et que je commence à m’en faire une représentation, les suivants l’effacent et me plongent dans la perplexité. Ce ne sont pas tes textes qui sont en cause, mais ma capacité à comprendre la poésie.
Je vois que le choix et l’assemblage des mots sont le fruit d’une réflexion et d’une inspiration qui ne doivent rien au hasard, mais peut-être qu’il ne faut pas que je cherche à tout saisir et qu’il faut simplement que je laisse couler les vers comme une musique, parce que je perçois leur beauté.
Tu as bien fait de placer l’hommage à Maïakovski en deuxième position parce qu’à mon sens, on en trouve des échos dans les poèmes suivants.
Il y a une petite coquille dans Le triste amant :
— Au lieu du flot sanglant deshoquets de son cœur [« des » et « hoquets » sont soudés]
Paul Genêt
Posté le 20/06/2020
Bonsoir Fannie. D'abord, merci pour ta correction, je vais modifier cela. Ensuite, je te remercie de t'être confrontée à un langage poétique qui ne t'est pas familier (je veux dire le mien, pas la poésie en général). Je ne sais pas s'il faut que tu remettes en cause ta capacité à comprendre la poésie, peut-être est-ce simplement la forme particulière que je donne à ce genre littéraire qui ne te convient pas. Par ailleurs, je rebondis sur quelques mots de ton commentaire : "il faut que je laisse couler les vers comme une musique". Ils font écho à mes premières lectures de Rimbaud. Je ne comprenais quasiment rien à ce que je lisais mais je pouvais réciter des vers et des vers par coeur tant j'aimais le rythme et la sonorité que cela rendait. Loin de moi l'idée de me comparer à Rimbaud ! Mais je crois profondément au lien intime que la poésie entretient avec la musique, parce que, avec le sens, il y a une force rythmique et sonore qui est comme la vague de fond du poème. Enfin c'est comme ça que je l'envisage, que ce soit lorsque j'écris ou lorsque je lis.
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