Sur le mâche-laurier

J'entends les impudents marmonner leur rumeur
Sur l'état de mon âme et mon luth de vermeil.
Le cœur a ses pudeurs. Les murs ont leurs oreilles
Et pour aimer tout bas je ne suis pas d'humeur.

« Quelle muse, à ses vers, pourrait être sensible ? »
Les sempiternels échos de leurs voix qui murmurent
Sont autant de couteaux perforant mon armure ;
Mon fer subit les coups, ma muse est pris pour cible.

Si je crois bon d'aimer, ai-je tort de le faire ?
La morale est le lieu de nos passions amères
Mais trop de battements règnent sous ma poitrine.

On me condamnera : je serai le banni
Et qu'importe la cendre où le cœur s'incendie.
Maudit soit leur verdict ; ma muse est masculine.

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Ayunna
Posté le 12/03/2024
Très joliment exprimé :) Ta plume raffinée donne du sens à chaque rime. Le déroulement du poème est vraiment bien mené : il conduit à cette chute, percutante, belle est si bien pensée :)
Bravo
Adrien Vermeil
Posté le 16/03/2024
Merci beaucoup c'est très gentil.
Hortense
Posté le 02/11/2022
Pour moi, la musique est indissociable de la poésie. Il y a le rythme, avec parfois ses ruptures qui dérangent ou interpellent ; les rimes qui bercent l'oreille et apaisent l'esprit et les mots qui racontent, dénoncent ou provoquent...
Tout est ici rassemblé pour donner à cette lecture une force, une volonté qui s'exprime crescendo.
C'est très beau. Bravo !
Adrien Vermeil
Posté le 02/11/2022
Merci beaucoup pour ce commentaire enthousiaste !
JeannieC.
Posté le 31/10/2022
Salutations !
Eh bien quel plaisir de découvrir tes poèmes, auxquels les Histoires d'Or m'amènent ce matin. Tu as une plume riche, musicale, énergique au service d'un romantisme certain - mais avec sa touche d'audace.
J'ai été étonnée de trouver un vers de treize syllabes, mais en parcourant les commentaires au-dessous je vois n'être pas la seule à le noter - et que tu fais le choix de le garder ainsi. Quelque part, cette irrévérence donne encore plus de souffle original à ton travail. Et cette Muse au masculin, j'aime <3
Je file avec plaisir vers le prochain poème !
Adrien Vermeil
Posté le 31/10/2022
Merci beaucoup pour ce commentaire ! Ça me fait très plaisir d'avoir été sollicité pour les Histoire d'Or, mais ce qui me fait encore plus plaisir c'est de savoir que ma poésie plaît à des gens. Merci encore pour ton retour.
Altaïr
Posté le 29/10/2022
Je découvre ta plume avec un plaisir ému, c'est tristement beau ce que tu écris là. "La morale est le lieu de nos passions amères" : c'est percutant, tel un soufflet verbal, un gant imaginaire à jeter au visage des impudents.
Adrien Vermeil
Posté le 30/10/2022
Merci beaucoup pour ton retour !
Feydra
Posté le 27/10/2022
Un très beau sonnet, dans les règles de l'art. La chute est extraordinaire. Ton texte est un digne descendant des œuvres des grands poètes romantiques. Il s'écoule telle une petite rivière.
Adrien Vermeil
Posté le 27/10/2022
Merci beaucoup pour ce compliment. Ça me va droit au cœur !
Liné
Posté le 27/10/2022
Haaa, magnifique chute !

J'étais justement en train de me faire la réflexion que ce sonnet était impeccablement écrit, dans les règles de ce format, avec beaucoup d'éléments qui trouvent leurs origines dans les Baudelaire et autres Verlaine. Et bim, "ma muse est masculine" m'a cueillie d'un coup, j'ai cru faire un bon dans le temps pour arriver au présent, quitter l'universel pour des considérations sociales toujours aussi contemporaines.

Bien joué !
Adrien Vermeil
Posté le 27/10/2022
Merci beaucoup ! Tout à fait : l'optique est de poétiser des thèmes a priori modernes et d'en passer par le sonnet.
Edouard PArle
Posté le 26/10/2022
Coucou !
Très belle chute, avec la fausse faute des accords, je ne l'avais pas vue venir ! Sur la forme, franchement c'est du très haut niveau, tu trouves à chaque fois de très belles rimes, chapeau ! Les sonorités sont très sympa aussi. Si je devais ne choisir qu'un vers, peut-être celui là :
"Et qu'importe la cendre où le cœur s'incendie."
Je poursuis !
Adrien Vermeil
Posté le 27/10/2022
Merci pour ton retour enthousiaste !
Adrien Vermeil
Posté le 27/10/2022
Merci pour ton retour enthousiaste !
Ewen
Posté le 15/10/2022
Hello ! Je reprends la lecture de tes sonnets et remarque que tu as réarrangé leur ordre ;) C'est donc avec plaisir que je commente ce "premier" sonnet.
Comme les 2 lecteur.ices plus bas, j'ai tiqué sur le vers où ta muse est PRIS pour cible, puis la chute a révélé qu'il s'agissait d'une "fausse faute" (drôle à dire ça, tiens).
Et j'aime ta réflexion sur l'alexandrin de 13 syllabes ! C'est vrai qu'il sonne très bien à défaut d'être bien métré. A toi de déterminer si tu t'autorises à être plus flexible sur cette contrainte ou non !
Ewen
Posté le 15/10/2022
Et je ne connaissais pas l'expression "mâche-laurier" pour dire "poète" ! Est-ce que tu sais d'où vient cette expression ?
Adrien Vermeil
Posté le 15/10/2022
Merci beaucoup pour ton message ! Au début ça m'embêtait de pas avoir un sonnet avec 14 alexandrins puis au final je m’aperçois que cette « erreur » est un peu à l'image de l'idée que je me fais de ce sonnet : imparfait, imprécis, inexact. Et ça me plaît. Je préfère accepter cette faute que de corriger mon vers.
J'aime bien les synonymes un peu "méchants" pour les poètes comme "rimailleurs", "pisse-lyre" (qu'on trouve chez René Char ou donc "mâche-laurier". Je ne suis pas certain de l'origine mais comme le laurier est une plante beaucoup associée aux poètes, plus exactement aux auteurs de théâtre dans l'Antiquité auxquels ont remettait une couronne de laurier pour les récompenser d'une bonne pièce, cela doit venir de là.
Fy_
Posté le 10/10/2022
J'ai été surprise en lisant "ma muse est pris", mais le dernier vers a tout éclairé. Je ne m'attendais pas du tout à cette fin, mais après avoir compris le sens du poème, ce vers est parfait !
C'est très fluide, et on sent tes inspirations dans les poètes du XIXè notamment Baudelaire (c'est une confirmation que j'apporte après avoir jeté un coup d’œil au commentaire en dessous :)
Ce fut une très agréable lecture, c'est avec plaisir que je lirai les suivants !
À bientôt,
Fy
Adrien Vermeil
Posté le 13/10/2022
Merci infiniment pour ton message !
LucidNightmare
Posté le 08/10/2022
Très bon poème !

Je reconnais des structures et des rythmes similaires à ce qu'on peut lire chez Hugo ou Baudelaire, est-ce qu'ils font partie de tes inspirations ?

Le dernier vers est incroyablement fort. On se doute déjà de quelque chose avec le passage "ma muse est pris pour cible.", mais la fin donne vraiment du sens à tout le texte en clarifiant la signification de la plupart des vers.

J'ai trouvé le début du vers "Les sempiternels échos de leurs voix qui murmurent" difficile à prononcer avec un rythme satisfaisant, mais c'est le seul passage du poème qui me semble un peu moins fluide.
Adrien Vermeil
Posté le 08/10/2022
Les poètes du XIXème sont évidemment des sources d'inspiration infinies pour l'amateur d'alexandrin que je suis. Tout particulièrement Baudelaire pour lequel j'éprouve une admiration sans borne. Les poètes me nourrissent, bien sûr, mais je crois dur comme fer à un travail sur le matériau moderne, actuel.
Merci vraiment pour ton message. Ce poème est assez important pour moi et c'est chaleureux que tu prennes le temps de dire ce que tu en penses.
Effectivement le vers que tu cites est faux ; ce n'est pas un alexandrin. Pour dire vrai, je ne m'en suis pas rendu compte en l'écrivant. Et même en travaillant sur ce poème pendant des heures, je ne m'en suis pas aperçu. Ce vers en particulier a semblé à mon oreille si équilibré que je n'ai pas aperçu qu'il était trop long. Tant pis, en y regardant de plus près, aucune syllabe ne me semble de trop là-dedans.
Merci mille fois pour ton retour.
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