SOMBRE PRESENCE

Notes de l’auteur : Troisième chapitre

Ça fait quatre jours maintenant que je ne dors plus. Je suis crevé, ratatiné, je n’en peux plus. Il faut que je ferme les yeux. Bordel, mais qu’est-ce qu’il m’arrive ?! Ah ! Si seulement je pouvais disparaître, me dissoudre, m’endormir et m’évaporer. Mais ça serait trop facile.

- Tu as l’air épuisé, Denis ?

C’était Tartinelli qui me parlait. J’avais l’impression qu’il était à des kilomètres de moi.

- Quoi ?

- Tu n’as pas dormi depuis combien de temps ?

Si j’avais encore de l’humour je lui aurais bien dis : « depuis un bail ». Je me levais et regardais par la fenêtre du bureau de Joseph situé rue Dussoubs dans le 2ème arrondissement de Paris. De là on pouvait voir le passage du Grand-Cerf et sa splendide verrière haute de 12 mètres. Une cicatrice de verre et de métal forgé, taillée au milieu des immeubles de pierre. J’aimais y flâner à l’occasion.

- Je ne sais pas quatre ou cinq jours.

- C’est beaucoup.

- Je ne cherche pas à rentrer dans le Guinness.

- Tu devrais te reposer.

- C’est bien là le problème, Joseph. Je n’y arrive pas.

- Pourquoi tu ne prendrais pas des vacances ?

- Besoin d’argent.

- Il n’y a pas que l’argent dans la vie, Denis.

- Dans la mienne, si.

- Et la santé ? C’est important, ça, la santé. Regarde-toi. Tu mènes une vie dissolue. Pas de femmes pour te serrer la vis et te discipliner. Une vraie vie de patachon.

- Ecoute, Joseph. Tu es mon agent, pas mon psy, d’accord. Remarque, vu ce que je lâche comme pognon avec toi, je me demande parfois.

- Ça, ce n’est pas gentil, Denis. Je me mets en quatre pour te décrocher des castings. Pour vous décrocher des castings tous autant que vous êtes. Et vous, vous ne pensez qu’à vous repaître sur ma pauvre carcasse desséchée. Tu fais de moi l’exploiteur des pauvres masses salariées, alors que je suis exactement comme vous. Moi aussi j’en chie pour garder la tête hors de l’eau. Je fais ma part du boulot. Si tu ne décroches rien derrière, tu ne dois t’en prendre qu’à toi-même.

- Ne t’inquiète pas pour ça. On n’est jamais aussi bien servi que par soi-même et les petits pics que je t’envoie de temps en temps ne sont rien comparés au javelot de mon autocritique.

- Justement. Tu es peut-être un peu trop dur avec toi, Denis. Fais relâche un peu. Détends-toi. Prend du recul.

- Je vais aller passer quelques jours chez mes parents.

- Bonne idée ! C’est bien, la famille pour se ressourcer. Heu… dis moi, tu as le temps de te faire un dernier petit casting avant de partir ?

Va te faire foutre Tartinelli !!!!!!!!!!

Mais bon, j’ai besoin de pognon, alors…

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J’ai reçu la gifle de plein fouet. Juste sous l’œil gauche. C’était la septième en l’espace d’un quart d’heure et j’ai dû me faire répéter ce qu’on attendait de moi à cause de mon tympan qui sifflait très fort. La jeune corrigeuse était une sportive de haut niveau, redoutable sur un terrain, mais incapable de retranscrire en gestes simples les indications du réalisateur. J’étais ravi dans un premier temps d’avoir décroché ce film institutionnel, mais je commençais à regretter de ne pas m’être mieux renseigné sur les conditions de tournage. Si j’avais su exactement à quoi je m’exposais, j’aurais demandé le double, voir même le triple de mon cachet. Une petite gifle m’avait dit Joseph, mais une vraie pour que ça conserve son caractère authentique. Seulement le père Joseph avait omis de préciser que la gifle en question serait donnée - assénée était plus près de la réalité - par une championne de France de handball. Et à chaque prise, je me rendais douloureusement compte que la demoiselle n’évoluait pas en national par hasard. Elle avait tellement peur de mal faire, qu’elle portait tous les coups. Sandrine, ainsi se prénommait la jeune championne, avait toujours voulu faire du cinéma ou de la télé. Elle était comme une enfant. Une enfant avec une poussée de trois cents kilos dans chaque main. Elle insistait même pour répéter entre les prises. Ce n’était plus une tête que j’avais, c’était un gong. Une pauvre tête de gong qui résonnait de partout. Non seulement, je commençais à avoir du mal à entendre, mais à comprendre même les indications du réalisateur. J’affichais, petit à petit, cette expression de joyeuse nonchalance que l’on retrouve parfois dans le regard d’un boxeur après 12 rounds acharnés. Ma pommette ressemblait à une poire blette. Constatant les dégâts, le réalisateur avait eu alors un geste envers moi et avait ordonné à son équipe de changer l’axe de la caméra de façon à filmer l’autre joue. Sandrine étant une authentique ambidextre cela ne lui avait causé aucun souci. J’eu au moins la satisfaction de repartir chez moi avec deux joues identiques. Vers la moitié du tournage, je téléphonais à mon dentiste pour annuler notre rendez-vous. La couronne n’était plus nécessaire car il n’y avait plus de plombage. Le soir, je rentrais péniblement chez moi, avalais tant bien que mal un yaourt aux fruits et me couchais. La tête enfouie sous l’oreiller. Je fais souvent ça, quand je veux échapper au monde qui m’entoure. Ça ne marche pas, mais je me sens mieux si je le fais. Bien entendu, le matin au réveil, le monde est tel que je l’ai laissé la veille. Excepté si on est en période de guerre. C’est comme ça. La vie ce n’est pas un conte de fée. Le monde ne change pas en une nuit, comme ça en claquant des doigts. Sauf s’il s’agit d’une guerre nucléaire. Là, il peut y avoir effectivement quelques changements.

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L’éprouvante chaleur de cette première quinzaine d’août avait fait fuir la moitié de la capitale vers des contrées plus verdoyantes et, mis à part les irréductibles du bitume et les shootés au gaz carbonique, nombreux étaient ceux qui étaient partis à la recherche d’un petit coin de ciel bleu. J’avais décidé de passer quelques temps chez mes parents près de Saint Germain en Laye. J’avais besoin de faire le point sur ma situation. Je ne dormais pratiquement plus depuis six jours et les quelques moments de sommeil qui me saisissait dans la journée étaient habités par d’effroyables cauchemars dans lesquels mon ombre et « Gropor » se liguaient contre moi pour m’attirer dans les ténèbres. Et puis, j’avais ce service à demander à mon frère. Il ne pourrait pas me le refuser. Mon cerveau tournait à plein régime et j’aurais tout donné pour une heure de sommeil paisible. Je fixais mon attention sur les rails dans l’espoir de m’hypnotiser. Avant même que j’eus finit d’y penser, je m’écroulais comme une masse, les pieds en travers la banquette, bercé par le roulis nonchalant de la locomotive. Je planais, le regard tourné vers les cieux. Sous moi, l’horizon s’étendait à perte de vue. Je virevoltais gracieusement, dos aux nuages. Un martinet à queue blanche vint me provoquer et je me lançais à sa poursuite dans une course folle. Frôlant d’un mouvement gracile des câbles à haute tension, piquant comme un forcené vers des champs de colza, je souriais. Mes yeux étaient remplis de mille couleurs chatoyantes et les arômes les plus subtils venaient tourbillonner autour de mes narines. Au détour d’un grand chêne, je laissais filer l’oiseau malicieux, redressais d’un coup de rein ma course et montais très haut, les bras tendus devant moi comme une flèche, jusqu’à toucher les nuages et je pénétrais dans un gros cumulus. A l’intérieur, le climat était très différent et le nuage était chargé d’électricité. Au centre du nuage, une immense baratte noire était en mouvement et c’était « Gropor » aidé par la sorcière qui pique qui tournait la manivelle. Malgré mon appréhension, je me penchais au-dessus de la baratte et je vis qu’elle était remplie de matières furieuses qui se mélangeaient et grossissaient à vue d’œil au milieu d’un vacarme assourdissant. Une force brute qui tournait lentement comme une turbine. Un orage en pleine composition ! Une ombre noire cernée d’orties émergea brusquement du magma et se dirigea vers moi avec à ses coté la sorcière et « Gropor ». Leurs yeux roulaient rageusement dans leurs orbites et de leurs bouches démesurément ouvertes s’échappaient des filets de fumées baveuses. Je fis un pas sur le coté et me retrouvais en dehors du nuage. Je fis une chute vertigineuse et je tombais en hurlant… au milieu de trois contrôleurs qui me demandaient mon titre de transport.

J’écarquillais les yeux. Le plus vieux des trois réitéra sa demande.

- Votre ticket, s’il vous plaît, monsieur. Et veuillez retirer vos pieds de la banquette.

Je me redressais et passais ma main dans les cheveux. Je regardais ma montre, j’avais perdu connaissance sept petites minutes. Pas de quoi sauter au plafond. Le cauchemar se dissipa en quelques secondes, car un deuxième, beaucoup plus réel cette fois, me faisait face. Il ne me fallu pas longtemps pour analyser la situation. J’étais, bien entendu, dépourvu du titre de transport en question. Dans ces cas-là, j’avais recours à un petit stratagème qui consistait à me faire passer pour un étranger. En effet, quelques années plus tôt j’étais parti en Italie pour vendre des encyclopédies en porte-à-porte pour un organisme plus que douteux. Mais à cette époque, j’avais dix-huit ans et encore toutes mes illusions. Je n’en avais retiré de positif que l’apprentissage de la langue ce qui me rendais de temps en temps quelques services. Je pris un bel accent Napolitain et claquais de la langue.

- Scousi. Ma io no capito.

- Et vlan ! Un Italien ! lança, goguenard, le plus vieux des trois contrôleurs. Il s’adressa à son jeune collègue, frais émoulu de l’université, qui se tenait derrière ses lunettes triples foyers. Eh ! L’artiste. C’est le moment de nous faire voir ce qu’on t’a appris à l’école.

- Oui ! renchérit le dernier contrôleur, un type à l’air de fouine qui avait les mains poisseuses. T’as fait langue si je ne m’abuse ? Demandes - y son ticket en rital ! Qu’on rigole !

- Je ne connais que l’espagnol.

- Mais de l’espingouin ou du rital, c’est pareil, c’est le même moule ! Vas-y ! Qu’on rigole !

Le jeune contrôleur se racla la gorge.

- Su billete por favor.

Je regardai le type d’un air bizarre et sortis de ma poche un chewing-gum que je lui tendis. L’homme à tête de fouine éclata de rire.

- Chapeau ! Alors là, tu vois, je suis épaté ! Y a pas à dire, c’est dans des moments comme ça, qu’on regrette de ne pas avoir été à l’université. On ressent bien comme un manque. Pas vrai, Louis ?

- Tu l’as dit Jules ! répliqua le vieux contrôleur. Faut reconnaître que le savoir, c’est quelque chose. J’ai une idée ! Demande-lui un chewing-gum, Stéphane. Avec un peu d’bol, il va te filer un ticket.

Les deux collègues du pauvre Stéphane se tenaient les côtes.

- Ou peut-être une montre ou un parapluie ? dit la fouine.

- Je lui ai demandé son ticket ! Ce n’est pas de ma faute s’il ne comprend pas l’Espagnol ! s’insurgea le jeune lettré.

- Mais bien sûr. Tiens, regarde plutôt travailler un professionnel ! 

D’un geste large, Jules « tête de fouine » écarta le dénommé Stéphane et planta ses petits yeux perçants dans les miens.

- Hé ! dis donc, le spaghetti ! Toi avoir un ticket pour moi ? Comprendo ? Ticket ! Sinon toi prendre une grosse amende. TICKET ! ! 

Je l’observais un instant en prenant un air incrédule puis, comme si je venais enfin de comprendre, je fouillais dans mes poches. Tête de fouine jubilait. J‘en retirais un beau préservatif rose bonbon que m’avais remis un militant de Sidaction pendant que j’attendais mon train sur le quai et le tendais avec un large sourire au contrôleur. Le visage du dénommé Jules vira au violet ce qui donnait un intéressant contraste avec le rose du préservatif.

Stéphane sortit un mouchoir et entreprit de nettoyer les verres de ses lunettes tout en adressant un sourire en coin à Jules.

- En effet, votre méthode, bien que peu orthodoxe, a l’avantage d’être lumineuse d’efficacité. Cela étant, à choisir entre le chewing-gum et le préservatif, le chewing-gum, moi au moins je peux en trouver l’utilité. 

Tête de fouine se rua sur son jeune collègue et l’attrapa par l’oreille.

- Tu sais que je ne t’aime pas, toi ! Particulièrement quand tu prends tes grands airs de binoclard ! Espèce de rat d’université ! Tu crois tout savoir, t’étales ta science, mais pour moi t’es rien qu’un pet de lapin.

- Je vous conseille de me lâcher tout de suite, ahana l’homme que l’on comparait à un pet de lapin ou je me verrais obligé de signaler votre comportement à mes supérieurs. De plus j’ai un témoin et…

- Mais vas-y, signale, signale tant que tu veux ! cracha tête de fouine.

Le vieux Louis tenta de raisonner son impétueux collègue.

- Je pense qu’on devrait en rester là, Jules.

- Alors dis lui qu’il arrête de me chauffer comme ça. Non mais c’est vrai pour qui il se prend ce petit merdeux ?

- Ah ! non ! dit le jeune contrôleur en sortant un carnet de sa poche et en notifiant l’insulte. Je ne vous permets pas de rajouter la vulgarité à l’incompétence. 

Les trois hommes étaient à présent en grande discussion et ils en avaient totalement oublié l’objet de leur dispute, c'est-à-dire mézigue, qui en profitait pour se faufiler vers la porte alors que le train entrait en gare de Conflans-Sainte-Honorine. Cette fois, l’homme à tête de fouine avait joint le geste à la parole et il était en train de piétiner frénétiquement les lunettes dudit Stéphane. Ce dernier glapissait des injures très sophistiquées et inconnues du dictionnaire personnel de tête de fouine alors que celui-ci lui faisait bien comprendre son manque d’intérêt pour les belles lettres en lui administrant des petites claques sur le nez. N’ayant jamais aimé la violence, je décidais d’intervenir en faveur du jeune giflé.

- Ce n’est pas très sympa de vous en prendre à un type qui porte des lunettes. La violence ne résoudra rien. Alors calmez-vous et serrez-vous la main.

- Vous, ne vous mêlez pas de ça, s’il vous plaît, répliqua Louis. On a déjà assez de problème sans que les passagers ne viennent s’en mêler.

- S’il vous plaît ! s’il vous plaît, messieurs ! Un petit chewing-gum pour vous détendre ?  

Les trois têtes se retournèrent avec un synchronisme stupéfiant. Je regardais les trois hommes et tentais un sourire apaisant mais je venais dans le même temps de me rendre compte de la bourde monumentale que je venais de commettre. Tête de fouine s’élança sur le faux italien, toujours mézigue, avec une rapidité qui forçait le respect chez un homme de son âge et je ne dû mon salut qu’à ma grande expérience des départs en flèche toutes catégories confondues. J’eus tout juste le temps de m’éjecter hors du wagon au moment où la sonnerie annonçant la fermeture des portes retentissait. Mais tête de fouine avait déjà actionné la sonnette d’alarme et les trois contrôleurs soudain réconciliés se mirent à me courir après. Prenant les jambes à mon cou, je traversais la voie en coupant par les rails.

Celui qui se faisait appeler Louis et qui semblait le plus âgé - sans doute retenu par le règlement et par la peur de se faire faucher par un train si près de la retraite - emprunta les couloirs souterrains pendant que le plus jeune essayait simplement de trouver un siège où s’asseoir en attendant d’y voir plus clair. Mais Jules n’avait pas l’intention de lâcher le morceau. Il s’était fait ridiculiser et rien que pour montrer à l’autre morveux de quoi était capable un « ancien de la rame », il mettrait un point d’honneur à coincer le fraudeur quoi qu’il puisse lui en coûter. Quand Louis déboucha du tunnel, j’avais une bonne longueur d’avance, mais « tête de fouine » était beaucoup plus vindicatif et me talonnait salement. Au sud de la voie, s’élevaient les barrières du chantier de construction de la gare nouvelle. Toutes les autres voies étaient coupées et je n’avais pas d’autre choix que de continuer droit devant moi. Sans m’en rendre compte, j’avais sensiblement allongé ma foulée et je commençais à en mettre plein la vue à tête de fouine qui crachait ses tripes derrière moi. Au bord de l’infarctus, il décida de s’arrêter alors que j’en rajoutais une couche et après une dernière accélération fulgurante je sautais par-dessus un bloc de béton aussi facilement que si je franchissais le palier de ma porte. Et tout cela, sans ressentir la moindre fatigue. Putain, je ne savais pas que j’avais la moelle à ce point là ! Ça me réussissait plutôt de ne pas beaucoup dormir. En temps normal, j’aurais dû m’évanouir après les dix premiers mètres. Et là, je tenais la forme olympique. Mais sur le coup, je ne m’en étais pas fait la réflexion, trop préoccupé que j’étais à larguer mon contrôleur. C’est certainement pour cela que je ne vis pas non plus mon ombre, svelte et élancée, se refléter contre le mur.

Mes parents habitaient, ils y habitent toujours d’ailleurs, à Achères dans une jolie petite maison en bordure de la forêt de St Germain. Je poussais le portail du 7 allées des fougères et aussitôt un aboiement bref et pathétique déchira le silence estival. Le chien qui accourait vers moi queue battante, bâtard à poil ras de deux kilos et trois de tension, répondait au doux patronyme de Sultan. Aujourd’hui, il était affublé d’un immonde collier à clous qui dénotait de la part de sa maîtresse d’un parfait mauvais goût ou bien d’une vue déplorable, car le « collier » en question était en fait un bracelet de force ayant appartenu à Jérôme, le plus grand de mes deux frères, à son époque Punk. Sultan, dont on avait bien pris soin de décliner toute la sauvagerie sur une pancarte accrochée au portail d’entrée - ladite pancarte représentant une monstrueuse gueule écumante - était en fait un misérable roquet à sa mémère, édenté, incapable d’aligner deux aboiements à cause de son asthme et d’une lâcheté au moins comparable à la mienne à tel point qu’on pouvait se demander lequel des deux avait influencé l’autre.

Comme d’habitude, j’attendis qu’il soit à ma portée et lui filais un grand coup de tatane dans les côtes. Sultan poussa un hurlement strident et rentra sa queue entre ses pattes. Il ne comprenait toujours pas pourquoi je le traitais aussi mal. Moi non plus d’ailleurs. Mais il fallait bien que j’ai un souffre douleur, moi aussi. C’est lui que j’avais choisi. De toute façon ce clébard n’éprouvait pas de rancune et il revenait invariablement traîner dans mes pieds en espérant des jours meilleurs. Le bâtard sur mes talons, je remontais l’allée notant au passage la venue d’un nouveau nain de jardin au milieu de la reconstitution d’une fameuse scène de Blanche - Neige, œuvre parfaitement inutile et dernière marotte de Jean-Charles, mon beau-père qui ne savait plus quoi inventer pour occuper sa retraite. Je le trouvais en haut des marches menant au perron, affairé à coller un seau et sa petite corde à un nain de puits. 

- Ah ! te voilà ! Y’a ta belle sœur qui t’attend pour les places de spectacle. 

- Bonjour, à toi aussi.

- Bonjour. Tu as l’air en forme dis donc.

- Et toi, ça va ?

- Oui. J’ai bientôt terminé.

- Tu t’attaques à quoi, après ?

- Je vais construire une piscine.

- Dans le salon ou dans le jardin ?

- Ça, c’est la surprise. Bon, ben, je vais me laver les mains, moi. 

Jean-Charles me planta au milieu du perron. Il était déjà reparti dans son univers. Le monde de Tolkien. C’était en fait un gentil allumé et les gens de la région avaient eu tôt fait de tailler une petite réputation d’originaux aux propriétaires du 7. Dans le quartier on l’appelait : « le seigneur des barjots ». Dans le salon, se trouvait déjà mon frère Richard avec sa femme Clarisse et ses deux filles, Christine et Josépha. Jérôme n’était pas encore arrivé et ma sœur Geneviève lisait le programme télé. Je me penchais et déposais un bisou sur le front de ma sister. Elle leva les yeux vers moi et me fit un tout petit sourire.

- Salut, Denis !

- Salut sœurette. Alors, les feux de l’amour, toujours aussi palpitant ?

 - Il y a du rebondissement, ce n’est pas comme dans ma vie.

- Ce n’est pas comme ça dans la vie. Tu ne perds rien. Et au fait, ton voyage au Maroc ?

- Bien, merci. Je te raconterais.

Je lui trouvais soudain un petit air triste à ma frangine. La connaissant, je voyais bien qu’elle me cachait un truc. Et avec le passé qu’elle se trimbalait, je me doutais qu’il y avait un homme là-dessous. Je décidais de ne pas insister et je savais que de toute façon, ça ressortirait un jour. Je devais simplement attendre. Je donnais une grande tape dans le dos de mon frère.

- Salut Richard. Ça boume ? Et toi, Clarisse, comment ça va ?

- Ça va. Au fait, tu as les billets ?

- Bientôt.

- Tu me les avais promis pour aujourd’hui, Denis. 

Richard soupira légèrement. Il pris Josépha, sa fille cadette, dans les bras au moment où celle-ci commençait à arracher la tête de sa Barbie.

- Je t’ai dit qu’on ne pouvait pas lui faire confiance.

La petite Josépha poussa un petit cri strident tout en se dégageant de l’étreinte de son père et arracha une poignée de cheveux synthétique à sa poupée. Je ne pouvais pas m’empêcher de sourire en voyant le massacre.

- C’est bon, Richard. Tout le monde ne peut pas être un parfait père de famille et un excellent époux. Il faut bien qu’il y ait des types dans mon genre pour conforter dans leurs opinions les types dans ton genre.

- Et je suis quel genre d’après toi ?

- Le genre : je ne fais pas de vague, ma vie est un océan tranquille.

- Ce n’est pas une tare. 

- C’est pire. Et pour mon scénar ?

- On en a déjà parlé.

- Richard ! Nom de dieu ! J’ai besoin d’un coup de main. Qu’est-ce que ça change pour toi ? Tu le glisses sur le bureau d’un producteur, ni vu ni connu. Tout le monde fait ça. Tu sais très bien comment ça fonctionne dans ce milieu. Que des pistonnés ! Je ne vois pas pourquoi je n’en profiterai pas moi aussi.

- Si ton scénario est naze, c’est sur moi que ça va retomber. Tu aurais au moins pu prendre un pseudo.

- Ah ! Non ! Pas de pseudo. Je signe sous mon nom et j’en suis fier.

- Si c’est bon, ça va, mais si c’est nul, il y a mon nom dessus.

- Mais lis-le ! Ça fait des mois que je te demande de le lire.

- Quand ? Je n’ai pas le temps. Avec les mômes, tout ça…

- Oh ! Quand même, tu peux prendre une heure.

- Tu verras quand tu auras des enfants, si tu as une heure à gaspiller comme ça.

- Lire, ce n’est pas gaspiller son temps. Dis-lui, Geneviève. Tu l’as lu, toi ?

- Oui.

- C’est naze ?

- Non, j’aime bien. J’ai trouvé ça sympa. Amusant.

- Tu vois, Richard. Fais-moi confiance, je suis un vrai auteur.

Josépha venait d’achever sa Barbie et tirait de toutes ses faibles forces sur le lobe de l’oreille de son papa. Richard soupira et donna son enfant à sa mère.

- Tu l’as sur toi, là ?

- Bien sûr. Je l’ai toujours sur moi. Je dors même avec.

J’ouvris mon sac à dos et en sortis une pochette plastique contenant un script de 140 pages.

- Tiens. Et fais-y gaffe !

 - J’te promets pas de le lire tout de suite. Christine rentre en CP cette année, ça va être la java à la maison.

- Prends ton temps ! prends ton temps… mais pas trop quand même. Ne le lis pas l’année prochaine, c’est tout.

- C’est bon ! Je t’ai dis que je le lirais, je le lirais.

- Super ! Merci, Richard. Alors comme ça, Christine rentre au PC. Elle n’est pas un peu jeune pour militer ?

- En CP. Cours préparatoire.

- C’était de l’humour, Richard.

- Tu dis des conneries comme ça dans ton scénario ?

Si je réponds ce que je pense vraiment, je perds un frère et je me brouille avec la famille. Donc…

- Ce sont des conneries d’un genre différent. C’est plus personnel.

- Personnel ? Tu parles de la famille ?

- Un peu.

- Je veux dire… tu parles de nous, de moi, des filles ?

- Non. Enfin oui, d’une manière détournée. C’est romancé. Tu sais comment ça se passe ? Tu observes les choses et les gens qui te sont proches et puis tu fais ta sauce.

- J’espère que tu ne racontes pas des trucs intimes.

- Voyons, Richard. Tu me connais.

- Justement. C’est pour ça que j’en parle.

- Réfléchis. Si je disais des trucs sur toi, est-ce que je te le ferais lire ? Geneviève ! Dis-lui, toi qui l’as lu. On ne reconnaît personne.

- Quand même !

- Qui, par exemple ?

- Le type avec ses marionnettes. Le doux dingue. C’est un peu Jean-Charles.

- Oui, un peu. Mais léger.

- Et le frère de ton personnage principal. Un pauvre type qui travaille comme typographe. Fainéant, menteur avec une grosse femme laide qui a un petit pois dans la tête.

- Et alors ?

- Et alors, Jérôme il ne va pas être content.

- Pourquoi ?… Il n’est pas typographe, Jérôme.

- Non, il est juste imprimeur. Mais je pense qu’il n’aura pas de mal à faire le rapprochement.

Clarisse se leva du siège et alla chercher un biberon pour Josépha.

- Je pensais surtout à Nicole. A mon avis elle va sauter de joie. Grosse femme laide avec un petit pois dans la tête. Je serais curieuse de savoir ce qu’il a pu raconter sur nous. Chéri ! Quand tu auras fini de le lire, tu me le prêteras.

- Je serai heureux que tu lises mon film, Clarisse. Je ne te l’avais pas proposé parce que…

- Parce que j’ai un petit pois dans la tête ? Tu me diras… une femme au foyer qu’est-ce que ça peut bien comprendre aux artistes.

- Mais non ! Je pensais que ça ne t’intéresserait pas, c’est tout.

- Et bien tu vois. Tu t’es trompé.

- Ben oui, je me suis trompé. Tant mieux.

Clarisse eut une petite moue.

- Et pour les places de spectacle ?

- Ecoute, Clarisse. On a droit qu’à deux places par soir, et elles étaient déjà prises pour samedi.

- Parce que tu t’y es pris trop tard, lança mon frère de la cuisine.

- Je te les aurai pour samedi prochain.

- Je compte sur toi, Denis.

- Tu as ma parole. Je te le promets. Maman est là ?

Geneviève leva les yeux de son journal.

- En bas. Avec sa « secte ».

- Encore !

- Et oui, il n’y a pas d’heure pour le confort de la ménagère.

La secte de ma mère. C’était quelque chose. Ça se passait au sous-sol. Mon beau-père était en train de l’aménager à des fins que lui seul connaissait et pour l’heure il y régnait un foutoir indescriptible. Ma mère s’y était aménagée une petite salle pour ses affaires et où elle allait parfois s’isoler. J’ouvris doucement la porte et trouvai ma mère en pleine réunion Tupperware avec une demi-douzaine de ménagères qui s’extasiaient sans réserve sur divers récipients en plastique à fermeture hermétique. Il régnait dans la pièce une atmosphère de douce quiétude. Elle avait négocié ce lieu avec Jean-Charles car elle avait absolument besoin de ce havre de paix pour son équilibre personnel. Un endroit à elle qui serait son jardin secret, son home sweet home. C’était aussi le lieu d’animations diverses et variées comme ces réunions de consommateurs dont elle était à la fois l’instigatrice et l’animatrice en chef. J’entrais le plus discrètement possible et m’assis sur un siège vide. Ma mère me fit un petit signe de la main et continua sa démonstration.

- Le couvercle se ferme comme ceci. Elle renversa le récipient pour bien montrer à quel point celui-ci était hermétique. Vos confitures seront ainsi conservées le temps que vous le désirerez.

Une femme sèche avec une jupe à carreau leva la main.

- Et si on n’a pas de confiture ?

- Vous pouvez peut-être mettre de la marmelade, lui suggéra une quinquagénaire avec de grosses lunettes et un visage couperosé. Ou autre chose. Ce n’est pas obligé que ce soit de la confiture, non ?

- Non, répondit ma mère en souriant. Mais dans ce cas, il y a d’autres récipients. Celui-ci par exemple qu’on appelle le « pratique ». C’est un récipient multi – usage, très compact, aussi bien pour le camping que pour la maison. Un indispensable !

- Moi, je le trouve très beau, s’enflamma une jeune femme avec des taches de rousseur. Très beau et très pratique. Elle eut un petit rire sec.

- Ah ! oui, ça c’est pratique, répéta miss couperose.

Oubliée dans un coin, une petite femme se redressa en faisant grincer son siège.

- C’est très important le côté pratique, parce que… parce que… Elle retomba dans son siège.

- Tout à fait ! Compléta sa voisine, vous avez raison, c’est…

- C’est pratique ! répéta la jeune femme aux taches de rousseur.

- Et au niveau des couleurs ? s’enquit une autre consommatrice.

Ma mère leva la main pour réclamer toute l’attention de son auditoire. Le suspense était à son comble.

- Dix coloris au choix.

L’information fit l’effet d’une bombe.

- Dix coloris au choix ! Le visage de la jeune femme aux taches de rousseur s’enflamma et disparut sous un incendie pourpre. Mais c’est fabuleux !

- Et ce n’est pas tout.

Il y eut un silence incroyable. Il y avait encore mieux que les dix coloris. Cette réunion atteignait décidément des sommets. Chacun retenait son souffle et je sentis comme une pression s’installer. La petite femme s’enfonça encore plus dans son siège. Son visage était au bord des larmes. Maman se tourna vers moi.

- Mesdames, je vous présente mon fils, Denis. Denis, veux-tu venir s’il te plait. Combien pèses-tu mon chou ?

J’étais un peu gêné d’être obligé de décliner mon poids devant un parterre d’inconnue. Ma mère me donna un petit coup de coude.

- Heu… soixante kilos à peu près.

Il y eut quelques commentaires sur l’estimation de mon poids dont je ne voulus rien entendre. Ma mère posa le bol à terre.

- Veux-tu bien monter à pieds joints sur ce récipient ? Il y eut un nouveau brouhaha dans l’assistance, chacun estimant la capacité de résistance dudit récipient.

- Je dois retirer mes chaussures ?

- Non, non, ce n’est pas la peine. Il est anti-rayure.

Je montai sur le bol avec une certaine appréhension mais celui-ci semblait effectivement très résistant.

- Tu peux sauter dessus, si tu veux. Vas-y !

Je sautai sur le bol, d’abord doucement puis prenant confiance, je me fis plus pesant. Un tonnerre d’applaudissement accompagna ma prouesse. Grisé par ce petit succès, je sautai de plus en plus haut et de plus en plus fort. Dans un dernier effort, je pris un élan formidable et m’écrasai de tout mon poids sur le côté du bol qui dérapa et gicla dans les tibias de la jeune femme aux taches de rousseur qui, sous la violence de l’impact, poussa un hurlement strident. Moi, je tombai lourdement et manquai ma réception. Mon épaule gauche amortis une bonne partie du choc. La douleur m’arracha un cri qui se mêla à celui de la jeune femme au tibia meurtri. Je me relevai, les larmes aux yeux. La douleur était tellement intense qu’un instant je ne sentis plus mon épaule. Soudain, je fus pris de soubresauts et mon corps sembla s’allonger. Toutes les personnes présentes me virent alors m’étirer littéralement. Mon épaule gauche se modifia à tel point qu’elle sembla sortir de mon corps. Ce fut au tour de mon torse et de mon bras de subir les mêmes transformations. En quelques secondes, l’aimable réunion se transforma en cauchemar et l’hystérie devint collective. On entendit des bruits de pas dans l’escalier et quelques instants plus tard, Richard et Jean-Charles firent irruption dans la pièce. D’un sang froid remarquable, tel que peut l’être celui d’une femme ayant sacrifié une bonne partie de sa vie à ses enfants, ma mère s’approcha de moi et toucha délicatement mon épaule enflée. Elle était brûlante.

Après le départ précipité des ménagères, j’avais soudain succombé à un accès de fièvre. Je tremblais de tous mes membres. Ma mère donna des directives à Richard qui redescendit quelques secondes plus tard avec une couverture. Tendrement, elle m’enveloppa avant de décrocher le téléphone.

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Zlaw
Posté le 11/03/2023
Bonjour Larsenac !


Je m'excuse d'avoir mis si longtemps à poursuivre ma lecture de L'OMBRE. Mon organisation en lecture et en commentaires est loin d'être parfaite, et ça n'est en rien dû à la qualité de ton récit. =)

Car (transition) ce chapitre est tout à fait à la hauteur des précédents. Il est très haut en couleurs, aussi bien dans la narration que les dialogues.

Le début, avec l'agent puis la baffe à répétition par une sportive de compétition, font de la peine pour Denis, contre qui le sort semble s'acharner. Il ne peut pas dormir, et en plus il se fait légalement molesté ? Il est courageux, dans le fond.

L'anecdote du train est vraiment cool, en particulier sa conclusion. Le fait que son ombre "porte" Denis pour échapper au contrôleur est plutôt stylé. Bon, en revanche, je ne cautionne absolument pas la fraude. Mais sans doute fallait-il une raison de se faire courser, sans que ce soit aussi tragique qu'une agression, par exemple. Plutôt bien trouvé, au final, malgré la moralité discutable. ^^
Le portrait des trois contrôleurs (je ne sais pas la dernière fois où j'en ai croisés trois dans un train, tout se perd) est cocasse également. Le concept du cheminot vieux de la vieille versus le jeune intello sorti d'université est amusant. Ça va quand même loin, s'il se fait piétiner ses lunettes... xD

De même, je ne cautionne pas DU TOUT la violence aux animaux. Roquet ou pas, le coup de pied à Sultan n'était pas nécessaire. Denis pourrait le repousser doucement, et l'effet de "maltraitance" serait largement suffisant. Denis est un personnage empli de défauts, mais je ne l'avais pas perçu comme foncièrement méchant jusqu'ici, et ça peut le desservir, selon moi.

Ensuite, les dialogues de la famille sont sincèrement délicieux. La fratrie est hyper réaliste, ça a été une super lecture pour moi. Le beau-père qui s'occupe dans sa retraite avec ses nains de jardins et ses projets de piscine, la petite sœur qui essaye de cacher ses péripéties amoureuses, le frère parfait avec sa petite famille parfait, femme et deux enfants... Bien rendu. J'apprécie particulièrement le paradoxe selon lequel Denis est qualifié de peu fiable parce qu'il n'a pas amené les tickets de spectacle, mais parallèlement son frère qui l'en accuse n'a pas non plus fait ce qu'il lui avait demandé. Mais, la conversation se termine sur une note d'espoir, car il accepte de lire le script, et Denis découvre même que sa belle-sœur est plus intéressée qu'il ne l'avait présumé.

La réunion Tupperware est tout aussi fabuleuse ! La lutte des participantes pour trouver quelque chose à dire est tout bonnement hilarante ! Je ne peux pas m'empêcher de me demander si ces situations existent réellement.

Quant à la chute... Je ne m'y attendais pas ! Qu'est-ce qui est en train d'arriver à Denis ? Qu'est-ce que son ombre peut bien lui faire parce qui s'est blessé ? Est-ce qu'elle essaye de l'aider, ou bien de fuir la douleur ? Mystère, mystère.


Allez, voilà pour moi pour cette fois. À la prochaine !

P.S.: ramassage de coquilles, si ça peut servir :
- "je lui aurais bien dis" -> "dit"
- "Je ne sais pas quatre ou cinq jours." -> On attend une ponctuation pour séparer les deux partie de la phrase, je pense.
- "Ecoute" - "Écoute"
- "Saint Germain en Laye" -> "Saint-Germain-en-Laye"
- "les quelques moments de sommeil qui me saisissait" -> "saisissaient"
- "A l’intérieur" -> "À l’intérieur"
- "passais ma main dans les cheveux" -> "mes cheveux" (ou alors "me passais la main dans les cheveux")
- "ahana l’homme que l’on comparait à un pet de lapin ou je me verrais obligé de signaler votre comportement à mes supérieurs." -> Il manque une virgule avant "ou", sinon le dialogue ne reprend pas
- "je ne dû" -> "je ne dus"
- "souffre douleur" -> "souffre-douleur"
- "Je te raconterais." - "raconterai"
- "Je t’ai dis que je le lirais, je le lirais." - "Je t'ai dit que je le lirai, je le lirai."
- "A mon avis" -> "À mon avis"
- "Ecoute, Clarisse." - "Écoute"
- "Vos confitures seront ainsi conservées le temps que vous le désirerez." -> "le temps que vous désirerez"
- "multi – usage" -> "multisuage" ou alors "multi-usages" (je penche pour la seconde option ^^)
- "s’il te plait" - "s'il te plaît"
- "devant un parterre d’inconnue" - "d'inconnues"
- "anti-rayure" -> "anti-rayures"
- "Mon épaule gauche amortis une bonne partie du choc." -> "amortit"
- "sang froid" -> "sang-froid"
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