Silencio!

Notes de l’auteur : Nouvelle écrite à l'occasion d'un concours exté à PA sur le thème du masque fufu

— Comment ça ? répéta d’une voix fluette Guy au téléphone. Mais la représentation commence d’ici à peine une heure, les premiers spectateurs vont arriver ! 

Au bout du combiné maculé de taches de gras, la dame reprit ses exclamations courroucées, si bien que le guichetier l’écarta de son oreille pour préserver la qualité de son écoute. Déjà se découpaient de l’autre côté de la vitrine du Théâtre Matador, les ombres des spectateurs dans la pénombre du crépuscule parisien. Guy en profita pour regarder vers l'entrée du personnel si le vigile avait pris son service. Le résultat ne lui plut guère et il déboutonna le col de sa chemise blanche éclatante de propreté pour mieux déglutir. Certes, la troupe de ce soir disposait de ses propres machinistes et musiciens. Certes, il était là uniquement pour assurer la permanence des ventes de billets. Mais où étaient passés tous les autres ? Pas de trace des ouvreuses au niveau des hublots qui menaient à l’orchestre ou aux loges. Rien du côté de la sécurité non plus. Et maintenant, Madame Houery beuglait au téléphone que son époux directeur et son assistant se trouvaient à l’heure actuelle à Rio de Janeiro, au Brésil.

Guy, embarrassé, gratta de nouveau sa barbichette biquée soigneusement entretenue.

— Mais je ne comprends pas, madame, dit-il. Je vous promets que je l’ai vu passer il y a moins de trois heures. Il s’apprêtait à rencontrer l’impresario de la troupe de ce soir dans un café près du Panthéon. 

D’un geste de la main, il rajusta son veston de soie noir puis s’assura de la bonne quantité de cintres remisés derrière lui. Personne non plus pour le vestiaire, évidemment, il allait devoir s’en tirer seul. Il soupira, dépité, alors que la cinglante Madame Houery reprenait ses accusations quant à son honnêteté avec véhémence, quitte à toucher les aigus les plus stridents.

— Je suis vraiment navré, madame, s’excusa-t-il pour la vingt-troisième fois depuis le début de la conversation. Mais je ne mens pas. Sur ce, je dois vous laisser, il est temps que j’ouvre les portes.

Il raccrocha d’un geste sec l’appareil, interrompant avec brutalité le flot d’injures à son égard. Puis, il rajusta ses lunettes rondes pour mieux apprécier la file d’attente à l’extérieur. Qui aurait dit qu’une petite pièce comme celle du Maître et Marguerite aurait autant de succès ? D’un pas étouffé par les épais tapis de velours rouge, il se faufila au niveau des portes dorées pour tirer le loquet puis retourna à sa place sitôt sa tâche accomplie afin d’accueillir les premiers spectateurs.

Pendant qu’il s’installait derrière le comptoir en noyer, la foule chahuteuse envahit le hall éclairé de vastes lustres de faux cristal. Au plafond, un peintre maladroit avait représenté un ciel en un trompe-l’œil guère convaincant où voletaient des angelots fessus et rebondis.

— Par ici, mesdames, messieurs, annonça Guy, la barbiche frémissante. Je me chargerai de vérifier vos billets ainsi que de prendre vos affaires. Je vous indiquerai également vos places. N’oubliez pas non plus d’acheter le programme de la saison. Je vous remercie !

Une chaude clameur récompensa sa modeste prestation. Il l’accueillit avec l’affectation nécessaire puis s’installa au niveau de la caisse enregistreuse. 

— Approchez, je vous prie !

Le premier duo à se présenter sous les lumières jaunâtres des spots de la guérite s’avéra être un jeune couple habillé à la dernière mode. Elle, dans un look androgyne négligé, dégageait une allure de mauvais garçon dans son smoking froissé contrebalancée par les manières précises et volubiles de son compagnon bien peigné. 

— Nous avons deux places, articula-t-elle de ses dents jaunies par le tabac. Tu lui donnes, chéri ?

— Voilà, voilà, marmonna-t-il, la tête dans sa sacoche avant de sortir les carrés cartonnés abîmés. Nous prendrons également deux vestiaires.

Pendant que Guy pianota les références sur l’écran tactile, la file d’attente s’organisa derrière eux sans qu’il eût à souffler le moindre mot. D’ordinaire, des enfants braillards gambadaient, des couples se déchiraient à la recherche du billet ou bien des personnes âgées rouspétaient sur le service. Mais là, rien. 

— Tout est en ordre, dit-il, machinal. Vous êtes au niveau de l’orchestre. Pour le vestiaire, il n’y aura que les manteaux ? Voilà les deux numéros pour deux cintres, gardez les tickets. 

— Oh non, on les prend avec nous, sourit avec chaleur le jeune homme. Par contre, si nous pouvions vous laisser nos visages... 

— On savourera plus sans porter de masque, ajouta son amie.

Interloqué, Guy mit une bonne seconde à comprendre l’implication de la demande. Peut-être avait-il mal entendu ? Ce ne serait pas improbable après tout, avec les chuchotis de la foule en fond sonore. Le bruit des semelles des chaussures de cuir vernies résonna sur le carrelage bicolore alors que la spectatrice glissa en silence un doigt au niveau du menton pour en retirer une étrange et fine couche. Guy n’osait plus proférer une parole, figé, aux aguets, mais surtout terrorisé par le spectacle.

L’homme et la femme arrachèrent les espèces de caoutchouc flasques pour les déposer sur le comptoir puis le fixèrent de leurs traits lisses sans aspérité aucune. Ils n’avaient pas de visages ! Guy hoqueta, se pinça les poils de ses bras poivre-sel, mais il ne rêvait pas. Pendant ce temps, derrière le couple de spectateurs, toute la rangée muette s’attaquait à la même tache. Le guichetier sentit soudain un écœurant relent de vomi acide se diffuser sur son palais. 

— Alors, résonna la voix de la jeune femme, pourtant dénuée de bouche, on peut vous les laisser ?

Guy balbutia quelques paroles fébriles de ses lèvres humectées d’angoisse, ce que l’homme en face de lui dut prendre pour un oui puis qu’il se saisit du bras de sa compagne et tous deux se faufilèrent dans l’entrée de la salle. 

La prochaine personne tritura timidement son visage pendouillant entre ses doigts et Guy put sentir sa gêne malgré l’absence d’yeux ou de commissures. Poliment, elle attendit qu’il attrape du bout des doigts, dégoûté, les masques semblables à des peaux d’écorchés qui patientaient sur le comptoir pour les remiser comme il le put au niveau des casiers. 

Le reste de la foule défila devant l’estrade de bois verni sans que Guy ne réussisse à reprendre contenance, parvenant seulement à murmurer ses répliques machinales du bout des lèvres et à plier puis ranger avec délicatesse les visages quelque peu froissés par l’usage. Enfin, une fois le dernier spectateur passé, il se laissa tomber dans un soupir épuisé sur son tabouret avant de jeter un regard morne vers le tas de programmes. Pas un seul n’en avait acheté. Il fixa alors la peinture rococo du plafond dans l’espoir d’y trouver un semblant de contact avec la réalité, mais ce fut sans compter sur l’arrivée d’un dernier individu peu recommandable.

— Bonsoir, cracha la voix grave d’un grand échalas vêtu de nippes qui n’auraient pas fait rougir un baron, tout le monde est bien entré ?

Guy sursauta, il n’avait pas entendu Monsieur Luc, l’impresario de la troupe, s’approcher dans son habituel élégant smoking. Quelque chose dans l’agencement de ses traits jaunis, pourtant vigoureux, et dans le renfoncement ténébreux de ses yeux dans des orbites cadavériques révulsaient instinctivement l’employé bien qu’il n’en pipe mot. Monsieur Luc promena son regard sur le hall vide, son éternelle canne nacrée entre ses doigts puis fit signe à son assistant, un certain Monsieur Azazel, de s’approcher avant de récupérer le calepin que ce dernier tenait entre ses mains potelées.

Monsieur Azazel s’avérait en effet aussi trapu que Monsieur Luc était élancé et son visage bien dessiné s’illuminait d’un étonnant sourire éclatant de blancheur tandis que son teint frais s’agrémentait de joues roses. Pourtant, son obséquiosité ainsi que ses étranges manies (Guy l’avait en effet déjà aperçu en train de fureter dans le bureau de son directeur la veille de sa disparition suspecte) créaient un sentiment de malaise profond chez ses interlocuteurs. Ça et ses yeux jaunâtres qui fixaient sans relâche, comme pour sonder et rire de son vis-à-vis à la moindre occasion.

Face au duo, Guy frissonna et jeta à nouveau une œillade vers la porte de la sécurité avant de s’avachir, dépité. Il se trouvait bel et bien seul.

— Tout le monde est bien rentré, Monsieur, fit l’employé, blême. Mais je dois voir certaines choses bizarres avec vous, je ne sais pas si c’est moi qui deviens fou ou bien...

— Vous n’avez pourtant rien noté d’étrange, sourit Monsieur Luc de ses dents crochues pendant que Monsieur Azazel hocha la tête vigoureusement à ses côtés. N’est-ce pas que tout est normal ?

C’était vrai ça, pourquoi, après tout, Guy s’était fait du souci au sujet de cette histoire de visage. Si les gens voulaient respirer un peu, libre à eux ! Une étrange détente se saisit de ses muscles, délassés sous le regard noir et envoûtant de l’impresario. Puis, une pensée lui revint en miroir, caracolante et aussi tumultueuse qu’un orchestre de trompettes.

— Et le directeur Houery ? paniqua Guy de plus belle. Sa femme le cherche partout ! Vous l’auriez vu après votre rencontre ?

Monsieur Luc fronça ses sourcils noirs entretenus à la cire puis s’engouffra dans le théâtre après avoir haussé les épaules. Il laissait visiblement à son subordonné la tâche ingrate d’apprendre la vie à l’employé tremblant qui leur faisait face.

Monsieur Azazel glissa alors de ses souliers vernis sur le carrelage pour approcher son visage matois du comptoir. Ses doigts sertis d’ongles démesurément grands jouèrent avec la plaquette dorée qui indiquait la réception sans pour autant quitter Guy de son regard si pénétrant.

— Quel est le souci avec Monsieur Houery ? dit l’assistant, de son grain de voix chuintant. Il ne se plaît pas à Rio ? Nous avions pourtant cru que cela lui ferait plaisir.

— Mais... balbutia Guy. Comment...

Alors, le secrétaire pencha la tête dans un sourire amusé, pris d’un gloussement silencieux qui secoua sa bedaine et sa fine moustache. Il la pencha, pencha encore, puis davantage derrière, jusqu’à ce que son menton lui tienne lieu de front et ses yeux de bouche dans une succession de craquements révulsant. Terrifié, Guy tomba net du tabouret et recula jusqu’aux casiers où il se heurta aux masques sans vie qui y étaient entreposés. Sanglots, larmes, cris, tous se mêlèrent si bien qu’il se sentit à deux doigts de s’évanouir.

Sans pour autant changer sa position, se régalant visiblement de la peur qu’il inspirait Azazel lui murmura alors quelques mots. Quand Guy tenterait de s’en souvenir par la suite, il ne saurait que dire en dehors du fait que toute sa frayeur sembla s’éteindre d’un coup sur le moment. Il ne retint qu’une chose :

— Tenez-vous, chuchota Azazel. Car ce soir, vous êtes l’hôte du Diable.

Puis, l’assistant retourna sa tête à un angle humain puis disparut sous le comptoir. Guy se précipita alors à l’extérieur de sa guérite pour observer un chat noir obèse étrangement ironique se diriger vers la porte du théâtre, un calepin entre les dents avant de pousser le battant du bout de la patte et pénétrer dans la salle où déjà les lumières paraissaient s’éteindre. L’employé regarda le hall désert autour de lui et, n’y tenant plus, il se précipita au niveau de l’entrée pour fermer les portes afin que personne ne se faufilât à l’intérieur le temps de la représentation. 

Puis, il se glissa à son tour dans l’obscurité de la salle noire, pleine à craquer, et à la chaleur pour le moins infernale au moment où Monsieur Luc, ou plutôt Lucifer, s’avança devant le rideau pourpre, légèrement guindé. Aussitôt, un fauteuil voluptueux de style Louis XV apparut sous lui à l’instant où il décida de s’asseoir. La foule se tut alors, envoûtée par le charisme écrasant de l’impresario.

— Mes amis, débuta-t-il après s’être raclé la gorge selon l’usage, mes camarades...

Alors que le projecteur blanc éclairait ses traits livides étirés d’un sourire mauvais, quelques applaudissements se firent entendre avant de retomber, muets quand le Diable se leva d’un bout, frémissant dans son costume cintré :

— Si vous êtes ici ce soir, c’est bien parce que vous aussi, la folie vous appelle ! Vous avez quitté votre visage de chair pour laisser vos esprits brouillons dessiner de lui-même les traits maladroits que vous comptez emprunter au gré de votre humeur. Fini le sort divin qui vous afflige d’une condition, je vous offre la liberté de décider qui vous êtes. Je suis la Suprême Alternative, celui sans qui nul choix ne pourrait exister.

Sa voix devint alors un murmure, mais un murmure si puissant que l’écho courut un moment le long des colonnades dorées à la feuille pour se perdre dans l’oreille tendue de Guy, sans que ce dernier ne remarque que le chat gras comme un chien s’était glissé à côté de lui pour mieux entamer sa toilette.

— Alors, ce soir, il n’y aura pas d’orchestre. Ni de chef de troupe ni personne pour vous diriger. Silencio, silencio, no hay banda...

Le noir se fit. Guy sursauta de plus belle lorsque le chat feula derrière lui quand il voulut reculer d’un pas avant de s’échapper dans la foule, vexé que l’on ait ainsi failli lui marcher sur sa queue huileuse. L’employé le perdit bien vite des yeux dans la pénombre, concentré sur le bruit du mécanisme du rideau, d’ordinaire si familier, mais qui prenait ce soir-ci toute sa portée ésotérique. 

Sur scène, une actrice sans visage se trouvait avec d’étranges moignons d’ailes blanches ensanglantées, accroupie, prostrée au milieu de la noirceur de la pièce, simplement éclairée de la lumière crue du projecteur. Guy retint son souffle. Les premières notes surgirent. 

Et le chaos se fit, un tintamarre sans queue ni tête, ni mélodie, ni harmonie. Chaque membre de la foule avait en effet tiré un instrument de son fauteuil et le martyrisait sans se soucier aucunement de son niveau ou des impulsions des autres. Les violons grinçaient si forts qu’ils couvrirent un moment les flûtes à l’agonie tandis que des percussions éparses augmentaient l’intensité du foutoir. 

Pendant ce temps, seule sur scène, la danseuse se leva, tituba dans son justaucorps noir puis entama des mouvements grotesques et désarticulés, comme si elle n’avait aucune idée de ce qu’elle faisait. La musique l’accompagnait, brouhaha sauvage qui s’éternisa bien trop longtemps au goût de Guy. Ce dernier avait trouvé un triangle à ses pieds, sans doute abandonné par le chat. À l’aide de l’instrument cristallin, il tenta bien d’ajouter un peu d’ordre à l’ensemble, mais impossible pour lui de lutter avec la marée dysharmonique. 

La danseuse, elle, se dressa, se recroquevilla, bondit. Ses entrechats grotesques se mêlaient à ses sauts lourds et pesants. Chacun de ses pas semblait lui coûter un effort douloureux et le sang de ses ailes arrachées coulait sur le sol dur de la scène obscure. 

Enfin, dans un ultime hurlement silencieux, elle leva les bras vers les projecteurs, comme pour supplier un ciel muet, tendue, la peau luisante de transpiration. Avant de retomber. Avec sa chute, le silence se fit et Guy ne réalisa la disparition de son triangle que le noir survenu. 

Les numéros se succédèrent alors, chacun plus dissonant que le précédent. Le magicien se noya, enchaîné dans sa vasque, le tout sous le rire gras du public tandis que les clowns se firent poursuivre par des spectateurs en délires jusque dans les coulisses où ils se volatilisèrent dans des ricanements dont l’écho ne semblait pas vouloir diminuer. Rien, il n’y avait rien qui allait. À un moment, un chanteur tenta bien d’exprimer sa pensée en musique, mais sa voix grêle fut couverte par le bruit du public qui décida qu’il avait envie de danser sur l’atroce mélodie.
Et, pendant tout ce temps, une minute, une heure, ou un jour, impossible à dire pour l’employé, Monsieur Luc ne bougea pas du premier rang d’où il se contentait d’applaudir à propos et d’encourager la salle à participer au spectacle.

Guy réalisa au bout d’un certain nombre de numéros qu’il avait perdu la notion du temps, au moment où une marionnette de cire hideuse jouait à faire parler son ventriloque, semblable à un cadavre désarticulé, sa main de poupon glissée dans le corps chaud de l’individu sans se soucier du bruit nauséeux des organes maltraités. Combien en avait-il vu passer ? Trop, mais impossible de les compter. Depuis combien de temps ? Impossible d’apercevoir l’extérieur depuis les hublots bouchés par une main invisible. Pourquoi restait-il dans cet antre ? Car, après tout, il pourrait s’enfuir, il devrait s’enfuir même, mais impossible pour lui de bouger, hypnotisé comme il l’était par l’enchaînement terrifiant.

Le numéro se finit sous les applaudissements et la poupée se dressa sur ses pieds minuscules pour esquisser une caricature de révérence. Monsieur Luc choisit ce moment pour se lever et aussitôt, la salle se calma. Puis, il se tourna vers le public et Guy sentit un sursaut d’espoir à l’idée que ce long cauchemar prenne enfin fin.

— Maintenant, tonna le Diable, j’aimerais vous faire découvrir un nouveau numéro.

Alors, Guy frissonna quand les yeux noirs opaques se fixèrent sur lui malgré les ténèbres ambiantes. Il se retourna, mais il n’y avait personne derrière lui. Sans doute, Luc s’adressait-il à des membres de sa suite, oui, bien sûr.

— Guy, si vous nous faisiez l’honneur de monter sur scène à votre tour ?

Tous les visages vides se tournèrent dans sa direction et bien qu’aucun ne possédât d’yeux, il put sentir tout le poids de leurs regards sur lui. Il se tortilla, mal à l’aise, pris d’une soudaine bouffée de chaleur.

— Mais, fit-il, je ne sais pas... Enfin...

Le sourire cadavérique de Monsieur Luc s’élargit un peu plus jusqu’à atteindre le haut de ses oreilles en une grimace sortie des pires terreurs de l’humanité, avec ses dents pointues comme prêtes à le déchiqueter :

— Voyons, Guy, ne soyez pas si modeste. Vous êtes des nôtres après tout.

Alors, l’employé glissa ses doigts tremblants jusqu’à son visage, pris d’un frisson glacé. Il eut beau le triturer, impossible pour lui de sentir un nez, une bouche ou des paupières. Son masque avait disparu.

Alors, le Diable ricana de plus belle avant de chuchoter si fort qu’une étrange brise porta le son à l’ensemble de l’assistance :

—  Chut ! Guy, quiero que bailes. Je te le dis, tu danseras.

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Finzo
Posté le 14/08/2023
Bonjour,
L'idée du dépôt de visage au vestiaire est chouette et on sent en filigrane la présence de Boulgakov :) Ton style est bien aussi, malgré quelques lourdeurs de ci de là, on est plongé dans cette ambiance de foire satanique, c'est agréable (façon de parler;)). Sur le scénar, un point me chiffonne : tu écris " je vous offre la liberté de décider qui vous êtes", or ce n'est pas vraiment ce qui se passe. Les gens deviennent musiciens fous, certes, mais est-ce vraiment leur choix ou celui du "Maître" ? En résumé, le fait que les spectateurs abandonnent leurs visages est un peu sous-exploité. Ou alors je n'ai pas compris et ce sont bien les spectateurs qui montent sur scène ? Ça devient justement plus intéressant à la fin quand c'est Guy qui y passe. Il va effectivement devoir tenir un autre rôle que le sien.
Bien à toi,
Finzo
Alice_Lath
Posté le 24/10/2023
Coucou Finzo et merci pour ton retour !
Effectivement pour les lourdeurs, je les reconnais d'autant plus volontiers qu'il s'agit d'un vieux texte
Il est possible de discuter la question de la liberté, avec les années, je ne suis plus certaine à 100% de mon intention initiale, mais j'imagine qu'il y a plusieurs définitions de la liberté et celle du Diable tient à la suspension d'un contrôle permanent que l'on exerce sur soi, mais qui protège également de certaines pulsions... même si cette définition de la liberté a bien entendu ses limites
Merci encore pour ton retour en tout cas !
AnaisQsn
Posté le 23/06/2020
Argh, j'ai mis tellement longtemps à écrire mon commentaire précédent que j'ai été déconnectée entre temps... Je vais essayer de recommencer sans rien oublier.

Quelle représentation grandiose ! Fraîchement inscrite sur ce site, je cherchais quelque chose à me mettre sous le dent pour débuter, et je suis bien heureuse d'avoir croisé la route de ton recueil.

Cette nouvelle est un savoureux mélange de burlesque et d'effroi, à vous tirer de désagréables frissons d'horreur. J'ai l'impression d'être dans cette salle de spectacle moi aussi, si bien qu'en fin de lecture je me suis assurée que mon visage n'avait pas disparu à son tour... x)

Merci pour cette effroyable (mais très appréciée) lecture. J'espère avoir le temps de revenir bientôt pour continuer ma route dans ce recueil.

xox
Alice_Lath
Posté le 26/06/2020
Aaaah, je comprends, ça me fait ça aussi parfois haha, dans ce cas, je te conseille de toujours copier-coller avant de cliquer sur publier (dit celle qui le fait jamais et qui regrette à chaque fois haha)
Merci beaucoup! C'est une nouvelle que j'avais écrite pour un concours où elle a perdu (RIP), mais je suis contente qu'elle puisse avoir une seconde vie ici
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