Seul et sombre

Je suis ici, profondément endormi dans mes songes, poussé par ses effets mon corps ne pèse plus rien. Je sens cette chaleur parcourir le haut de mon corps, mes sens sont flous pourtant je me suis rarement senti aussi lucide, je ne voulais m’évader que par envie d’éviter ces problèmes qui me chassent. Lesquels ? Cette chambre est bien vide, petite comme mon espoir de m’en sortir, il y a ce lit, ma source de chaleur, mon antre, le seul bien auquel je tiens et c’est tout. Cette pièce me correspond : vide de sentiment, sombre, silencieuse et froide, si froide que j’en tremble, mes dents claquent, mon souffle est visible, je ne sens plus mes pieds mais à quoi bon les sentir actuellement je vole vers mon paradis éphémère. C’est alors qu’une fatigue soudaine et violente s’abat sur moi, les bras de morphée sont en train de m’attraper violemment sans que je puisse réagir, c’est si doux, une odeur de chrysanthème vient recouvrir la pièce, je suis apaisé. 

En ouvrant les yeux je vis une lumière aveuglante, mes sens me revenait et je n’étais plus dans mon lit, une légère brise venait soulever mes cheveux, j’étais dehors, plus précisément dans une prairie recouverte de fleurs différentes, multicolores et odorantes il en pleuvait des pétales, des tourbillons accompagnés de cette brise presque chaleureuse. Ici le silence n’était pas permis, des oiseaux chantaient et volaient par paires mais jamais seul, j’avais beau marcher la prairie continuait de s’étendre à perte de vue, pourtant je ne ressentais pas l’envie de partir c’est comme si mon âme reconnaissait cet endroit. Le temps me paraissait étrange, c’est comme si tout était figé mais cela semblait si vivant, je pouvais enfin dormir sur ces fleurs aussi colorées qu’elles puissent être je n’en prenais pas la couleur, je restais encore une fois une tâche sur ce tableau magnifique, même dans ce paysage immaculé je n’étais pas à ma place ? C'est à ce moment précis qu’un hibou, seul, se posa à quelques mètres devant moi : 


-Toi aussi tu es seul ? Lui dis-je vainement, cherchant juste à oublier ma tristesse. 


Il me regardait, je le sentais, pas moi mais ce que je porte, il le voyait. J'avais l’impression qu’il n’y avait plus que ce hibou et moi dans un espace confiné, son regard était intense, ce n’était pas du jugement, il comprenait ce qu’il s’était passé, ses yeux était désormais les miens, animé par une obscurité sans fonds il cherchait de la joie, il se rapprochait doucement de moi, s’arrêtant à mes pieds des larmes vinrent couler le long de son plumage blanc, elles étaient violettes ces larmes coulaient dans un flot continue, sa tristesse se déversait autour de moi. Je ne comprenais pas mais je n’avais pas peur, il était comme moi, un esprit en détresse, ayant passé un temps considérable à voguer seul à la recherche de sa perle, je remarquai alors quelque chose, ses larmes s’était transformer en un cercle violet m’entourant, des fleurs en sortait du sol, des ancolies, magnifiques et vigoureuses, en relevant la tête vers lui il avait disparu, et d’un coup violent le sommeil me reprit mon bonheur fugace. 


Ce plafond décrépi était le mien, cette odeur de moisi était la mienne et ce lit l’était aussi, j'étais de retour dans mon désespoir. Ce mal de tête récurent était aussi de retour, c’était donc ça de rêver, je n’arrivais déjà plus à sourire, mon reflet lui est toujours le même : seul et sombre. 

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