Rêverie bretonne

 

Ce weekend en Bretagne, tu étais avec moi. Ma mémoire défaillante m’oblige à poser sur papier des souvenirs, mes moments de vie. De doux moments, de doux instants qui réchauffent la peau, qui ouvrent nos yeux grands. Qui m’empêchent de dormir et me font rêver, imaginer, embellir ma vie de légendes bretonnes. Ce pays m’invite à rêvasser. La brume blanche enveloppe dès le matin, laissant les songes raconter. Couleurs d’hiver, bleu, jaune, rouge, blanc de bord de mer. La mer et son reflet continu.

 

NUIT. Tu es arrivé par le train du soir. Celui qui est vide, celui qui apaise car on y est seul pendant quelques heures. Personne ne prend le train le samedi soir, sauf les indécis, les solitaires, les amoureux, ou les vrais aventuriers qui ne regardent pas la météo, qui vivent au gré de leurs rêves et de leurs réveils. Je suis venue te chercher. Sans savoir si tu avais réellement pris ce train. En attendant de savoir si la vie me souriait à nouveau. Toi qui partages mes rêves en ce moment. Toi qui m’électrises d’instants plus étonnants encore. Imprévisible, insaisissable, indomptable, sauvage. Je t’ai vu avancer vers moi, au bout du quai. Avec l’éclat naturel que tu as dans les yeux, là, présent. Avec ce sourire qui tu ne laisses jamais nul part, malicieux, précieux. Cette bouche, miroir de la mienne toujours prête à s’animer, à s’exprimer avec légèreté, humour. Sincérité. Ce parfum, ces bras, ces lèvres, ces baisers. Retrouvailles d’un moment passé éloignés. Loin l’un de l’autre. Distance nécessaire pour se remettre, se centrer, se projeter, questionner, se donner simplement aux autres. Ceux qui nous attendent, nous entourent tous les jours, ceux de toujours. J’aime tes mots, ils me font du bien, ils m’apaisent, ils m’inspirent. Viens, on vit au jour le jour.

On a diné, dans une taverne sans musique, un lieu en pierre, froid, chaleureux, cœur de cité bretonne. Dans ces endroits, les gens vous sourient, vous parlent comme s’ils vous connaissaient depuis toujours. Frères, sœurs, moments de famille. « Revenez dès que vous le souhaitez. On vous y attendra quoi qu’il se passe ». On pouvait tout imaginer, faire l’amour au premier étage, dans le fond d’une ruelle étroite, chez l’habitant, sur le quai des chalutiers, dans un bateau endormi, bercé par les flots d’hiver. Mais à 40 ans, on sait attendre, prendre le temps, patiemment, calmement, se parler sans ambiguïté. Avant le dessert je t’ai embrassé, c’est moi qui t’embrasse, quand j’ai envie. C’est enivrant d’embrasser, de t’embrasser toi, c’est passionnant, excitant, ça me brule, partout. J’ai chaud, envie de pousser les murs. Toi + moi, nous sommes vivants. Le reste je m’en fous. Mais là mon cœur, mes sens, mes seins, mon ventre, tout va imploser, heureusement. Explosion en douceur, explosion de mon cœur contre ton cœur. Après une virée au calme dans les passages étroits, mouillés et froids, nos corps enivrés ont décidé. Eux savent que l’on ne vit qu’1 seule fois. Je n’ai pas de mots pour décrire ce qu’il se passe. Douce rêverie de mes propres rêves. Indescriptibles moments de vie, que s’est-il passé avant cela. C’était il y a longtemps, trop longtemps. Mais c’est bon aujourd’hui de n’avoir plus 20 ans. Quand je suis avec toi, je suis plaquée, allumée, besoin d’être ranimée. Ta sensualité a pris le dessus, c’est toi qui décide. Ma sensualité est décuplée, transformée, réveillée. Je te désire en bleu. Toi dans moi. Moi contre toi. Je flotte, je danse sur toi et tu me tiens, tu me serres au plus fort.

Lâchez prise d’une nuit d’hiver. Peau à peau. Caresses sans paresse, celles d’une nuit d’ivresse. Au réveil je suis épuisée, d’être allée jusqu’au bout, épuisée de devoir te quitter. De ne plus savoir quoi dire, d’avoir besoin de respirer, de te laisser respirer. Spleen breton, spleen d’avoir été.

 

JOUR. Tu te lèves, tu t’assois, tu dessines devant ce décor lumineux. Cette terre des miens qui invite au silence. Bleu, terre, brume, argent. J’aime tes mains, tes doigts qui glissent sur le papier, comme sur ma peau. Tu as du talent, il me porte aussi tant qu’il emporte. Je sais que tu as souffert, cela me touche tellement. Envie de prendre soin de toi au présent, de te caresser, de t’étonner, de te dire que ça va aller. Que c’est maintenant qu’il faut s’éclater. Original, précieux Bluefish pas banal. Et le moment vient, le moment après les câlins, celui qui réchauffe. Ce partage frugal du matin. Lorsque tu te réveilles gamin et que dans tes rêves, encore aujourd’hui, ceux que l’on a tant aimé sont là. Je pourrais aussi en rêver. C’est sensuel de petit déjeuner, pur plaisir des sens, des yeux, plein la bouche, nouvelle jouissance du ventre…excitation faite maison.

« Mademoiselle, mademoiselle, réveillez-vous…. Bienvenue à Paris ». Une main s’est posée sur mon épaule, un sourire au loin. Descente, réalité, back to life. Mouvement et violence. Lève-toi, traverses le brouillard urbain, il est tard. Je me moque bien de savoir si tout cela ressemble à un excès de romantisme, de passions excessives, de pensées insensées. Simplement, honnêtement, là, maintenant. C’est l’histoire d’une fille qui prend du plaisir, assumé, inspiré. Interlude breton. Je me livre, je me délivre et te le livre.

 

 

 

 

 

 

 

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Soruf
Posté le 18/04/2020
Bonjour,
Votre texte très beau, il nous emporte ! Une belle histoire d'amour, ou alors simplement un moment d'amour, bref mais fort.
Le retour à la réalité est brutale ! Heureusement les derniers mots ouvrent sur une pensée positive. Bravo
Tadzoa
Posté le 09/04/2020
Salut !
Joli style, j'aime bien ! Cependant je pense que ce serait mieux en organisant en paragraphes, je trouve que ça fait un peu lourd tous ces sauts de lignes mais si je devine que c'est fait exprès :)
Emmanuellebleue
Posté le 10/04/2020
Merci ! Vous avez raison.
Cela rend mieux sur World effectivement.
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