Elle avait pris le train alors que les étoiles brillaient encore. Ses inquiétudes s'étaient endormies avec elle, bercées par le roulement incessant du wagon. Elle ne savait pas où elle allait. Elle voulait juste partir loin. Loin de la ville, loin des ennuis, loin de ce ciel gris de pollution. Les immeubles avaient laissé la place aux champs depuis longtemps quand la machine s'arrêta enfin. Sur le quai, sa silhouette en jean baskets dénotait sur la foule environnante.
Il était là, sur ce quai, il n'attendait rien ni personne. Regardant seulement passer les gens. Les amoureux qui se retrouvent, enlacés, ceux qui se séparent, les familles qui s'en vont en voyage, les enfants qui courent dans la gare. Il aimait voir la joie se peindre sur les visages, les émotions l'intriguaient. Il ne se lassait pas de ses après-midi passées à regarder se succéder les trains.
Elle avait l'air perdu, avec son sac à dos sur une épaule, tête nue sous le soleil de midi. L'air hagard, abrutie par la chaleur du plein été. Ses longs cheveux collés à ses joues par les gouttes de sueurs lui descendant du front. Au milieu d'une foule d'étrangers ne lui accordant pas un regard, pris dans leurs propres préoccupations.
Il y avait ce soleil, le soleil de juillet, qui frappait impitoyablement sur sa tête. Et ce garçon sur le quai qui semblait l'attendre, debout, immobile, au milieu de la foule mouvante. Comme un rocher dans la tempête, un endroit où se poser. Elle, et son sac à dos sur une épaule, arrêtée sur le même quai.
Et leurs regards croisés.