10 Octobre : C’est une tragédie de mourir aussi jeune que moi. Surtout par la main d’une personne en qui je croyais pouvoir faire confiance. Hélas, c’est le sort que Charlotte Marchand me réserve. Tout ça parce que j’ai retardé le moment de lui révéler mon plan !
Tout a commencé ce matin, à dix heures vingt-deux.
Note pour plus tard : Dix heures, c’est un peu tard. Pas très romanesque.
Tout a commencé ce matin, à l’aube. Je dormais paisiblement. Je rêvais que je me baladais dans un parc où les rues étaient couvertes d’or et les arbres brillaient de diamants qui chantaient mes louanges. Tout à coup, une main sombre vint se poser sur mon épaule. De longs doigts noirs et crochus s’accrochèrent à ma chemise et vinrent me secouer violemment ! Je résistai du mieux que je pus. J’étais déterminée à rester là où j’étais. Arrière, démon ! J’avais beau l’ignorer, il continuait, il me criait des paroles inintelligibles. Hors de question de me laisser faire. Je m’accrochai à un tronc d’argent comme une puce à son chien. Je crus qu’il en avait fini quand soudain…
—MAIS TU VAS TE RÉVEILLER, OUI ?
L’expression « bondir hors de son lit » prit un tout nouveau sens. Je sautai littéralement de sous mes draps pour me dresser sur mes pieds, l’oreiller dans les bras, plus droite qu’un soldat. Le démon, qui n’était en fait que François (y a-t-il vraiment une telle différence entre les deux ?), me dévisageait d’un air inquiet. J’essuyai un filet de bave d’un revers de manche en grommelant :
—T’as intérêt à avoir une sacrée bonne raison pour...
—T’en fais pas pour ça, me coupa-t-il. Il faut que tu descendes, il y a quelqu’un qui t’attend en bas.
Quelqu’un pour moi, à une heure pareille ? Voilà qui était étonnant. Je résolus donc d’oublier mes menaces et poussai mon frère hors de ma chambre. Une poignée de minutes plus tard, j’avais ma robe rouge à pois blancs sur le dos, prête à affronter le destin.
Le destin m’attendait en bas des escaliers. Le destin était chauve, d’environ quarante ans et tordait son chapeau entre ses mains. Le destin, c’est plus ce que c’était.
Mon père, les yeux bouffis, lui faisait la conversation. C’est lui qui se rendit compte de ma présence le premier.
—Ah, Ingrid, je te présente M. Monier. Il...
—Mademoiselle Ingrid Karlsen, quel honneur !
À la mention de mon nom, l’homme avait sauté sur ses pieds et s’était précipité à ma rencontre. Il tendit une main, que je m’apprêtai à serrer mais, à ma grande surprise, il la plaqua contre son torse et se plia en deux en disant :
—Un honneur, mademoiselle, un honneur...
Il me fallut quelques secondes pour comprendre qu’il me faisait une révérence. Immédiatement, je cherchai mon père du regard. Il avait l’air aussi perdu que moi. Pendant ce temps, l’autre continuait :
—Qui eût cru que cette époque aurait la chance de voir un devin ! Un miracle, tout simplement, ce qui s’est passé hier, enfin je dirais bien que c’est un miracle mais je suis athée, alors...
—Excusez-moi, mais vous êtes qui ? le coupai-je en me frottant mes yeux endormis.
Pas des plus élégants, j’en conviens. Cependant je suis intimement persuadée que j’aurais pu lui renverser mon chocolat chaud sur le crâne qu’il m’aurait remerciée. Pas la peine de prendre des gants donc. La suite me le prouva. Il se redressa, le torse bombé :
—Comme l’a dit votre père, je m’appelle Marc Monier et je travaille pour une entreprise, vous connaissez sans doute...
Je marquerais bien le nom de cette fameuse compagnie, cependant j’estime avoir fait suffisamment de publicité avec l’épreuve du Loto. Vous n’avez qu’à savoir qu’ils s’occupent de vendre des produits de beauté affublés de noms excentriques à des prix exorbitants.
À ce stade de la discussion, je n’avais vraiment aucune idée de ce que ce monsieur était venu faire chez moi. Sentir le scandale d’un peu plus près ?
—Pardonnez-moi de mon intrusion, mademoiselle Ingrid, mais je tenais à être le premier.
Bon sang de bois, je déteste les types qui tournent autour du pot. Ma moue agacée suffit à lui faire cracher le morceau:
—Notre compagnie a suivi avec grand intérêt l’affaire des lettres anonymes et quand nous avons appris, hier soir, qu’il s’agissait de vous et de votre don, nous avons pris une décision. Accepteriez-vous de travailler pour nous ?
Un peu surprise, mais pas trop. Vous avez eu cette réaction, lecteurs ? Oui, moi aussi. C’était couru d’avance : savoir à l’avance quelle va être la tendance de cette saison, quel produit les clients vont s’arracher, ce serait un atout indéniable pour leur business. Mais moi dans tout ça ? Je n’ai rien à gagner dans cette affaire ! Je me moque des cosmétiques, donc les produits gratuits n’auraient aucun intérêt à mes yeux, et avec le Loto, je peux me permettre de refuser une offre qui ne me tente qu’à moitié. Toutefois, la déférence dans son regard me retint. Il croyait dur comme fer que j’étais une vraie devineresse et ça l’épatait. Je croisai les bras en retenant un sourire.
Vous aimez la pêche ? Moi, pas trop, pas avec des vrais poissons. Non, moi mon style de pêche préféré, c’est la chasse. La chasse aux pigeons et s’ils ont un gros portefeuille et des yeux vitreux, c’est encore mieux. Aussi, lecteurs, laissez-moi vous montrer comment on ferre les hommes à plumes. Prenez ça comme un tuto. Première étape, se montrer désinvolte, ne pas dévoiler l’intérêt qu’on a pour sa proie :
—M. Monier, je ne suis pas sûre de comprendre. Vous voulez que je... prédise l’avenir pour vous ? balbutiai-je en plaquant une main sur ma bouche.
—Pas pour moi, pour la compagnie ! Mais ce serait l’idée, en effet... cela vous intéresserait-il ?
Ah. La naïveté de certains m’épatera toujours. Il est vraiment trop bête, dans le sens le plus animalier du terme. Pourtant, il me donne tout de même de précieuses indications : j’ai la confirmation qu’il me prend pour une prophétesse et pour une idiote. Un homme d’affaire qui propose un contrat à une enfant de treize ans avec des capacités exceptionnelles ? C’est un piège. Il ne veut pas m’aider, loin de là, ce qu’il souhaite c’est que je me mette à son service. Mais les affaires sont les affaires ! De plus, ce n’est pas comme si j’étais en position d’infériorité intellectuelle. D’où le passage à l’étape deux : attirer la cible et faire en sorte qu’elle ne puisse plus s’échapper. Je laissai un soupir faussement désemparé s’échapper :
—Je crains que ce ne soit pas possible. Vendre mon don, ce serait l’asservir. Or vous semblez avoir beaucoup de respect pour mes talents de voyance, n’est-ce pas ? Vous comprendrez alors...
—A, attendez ! Mademoiselle Ingrid, je suis certain que nous pouvons trouver un arrangement qui vous conviendrait.
Je lui lançai un regard à la fois dubitatif et innocent. Innocent parce que je devais à tout prix lui faire croire qu’il menait la danse et dubitatif parce que si je ne laissais pas un peu de mon sarcasme s’échapper, j’allais étouffer. M. Monier renchérit précipitamment :
—Les informations que nous pourrions récupérer avec vous seraient... Les profits, enfin je veux dire... Je... nous ferons tout ce que vous voudrez !
Bingo. Je plaquai ma main sur ma bouche dans un geste dramatique : je ne pouvais pas retenir le sourire carnassier qui s’étalait sur mon visage. Toujours sur le canapé, mon père leva les yeux au ciel et retourna à son journal et à son café. De toute évidence, il avait compris que je n’avais pas besoin de son aide. Sans plus attendre, je me livrai à la dernière partie de mon plan.
—Cela semble vraiment vous tenir à cœur, murmurai-je d’un air faussement absorbé.
—Oui, énormément !
—Pourtant, je continue de penser que signer un contrat avec vous serait brader mon art...
—Mais ! s’exclama-t-il, désespéré.
—Cependant je peux faire quelque chose pour vous.
—Vraiment ?
Si cet homme était un pigeon, alors moi j’étais un chat. Je lapai l’instant comme du petit-lait. Et comme cette situation était vraiment trop drôle, je décidai de me sacrifier un peu pour Monier, pauvre esclave moderne de sa compagnie. Je sortis donc mon plus beau masque et me jetai à corps perdu dans ma prestation.
—J’accepte de vous faire une prédiction. Une seule ! m’exclamai-je en levant un doigt vindicatif. Ce sera la première et dernière fois que je travaillerai pour vous.
—Oui, bien sûr ! Oh mademoiselle, je ne sais comment...
—Et ce ne sera pas gratuit.
—Évidemment, évidemment.
Les négociations commencèrent. Je pressai Monier comme un citron et obtint de lui la promesse d’une jolie somme, de la pub sous forme de rumeurs qui me fournirait une réputation en béton et mieux encore, de juteuses informations sur sa chère compagnie. Avoir quelques codes d’accès ne pourrait que m’aider dans mes calculs. Et qui sait, cela pourrait être utile plus tard !
Ce qui n’était qu’un rêve passager se consolide jour après jour : la richesse au creux de mes mains -littéralement, j’ai le chèque entortillé autour de mes doigts- et la gloire... Ma célébrité est encore tremblante, elle tient à peine debout, soutenue par les gros titres des journaux et les chuchotements qui soufflent comme une tempête partout où je vais. Mais ce n’est que le début. Ce qui m’amène à mon problème de mort imminente.
J’ai décidé de tester mon compte en banque aujourd’hui. Car oui, rappelons-nous que le Loto ne m’a pas seulement apporté la gloire, il m’a aussi donné la fortune. Je n’ai jamais manqué de rien, étant enfant, mais je ne jouais désormais plus dans la même cour. Pour vous donner une idée, j’avais de quoi m’offrir plusieurs manoirs et dévaliser une boutique Hermès en toute légalité. Peut-être même m’acheter un billet pour Taylor Swift. C’est vous dire !
Or il m’apparut rapidement qu’une telle bonne fortune allait m’attirer des inimitiés. Des dangers. Avoir trop d’argent, c’est risqué…
Non, lecteurs, je plaisante ! On n’a jamais trop d’argent ! Si ça devient dangereux, on se prend un garde du corps et on sèche ses larmes avec des billets de cinquante. C’est pour ça que j’ai accepté de travailler avec Monier, hein, pas pour la beauté du geste. Il faut être réaliste. Je ne sais pas ce que l’avenir me réserve, mais je perçois des dépenses dans le flou du futur… Il me fallait donc être prudente. Mieux, il me fallait un salaire stable. Monier m’avait donné mon premier contrat, mais pas le dernier. Vendre des prophéties était une idée formidable. Cependant, tout génie que je suis, j’ai mes limites. Il me fallait donc l’aide de quelqu’un. Qui de mieux que Charlotte Marchand pour devenir, enfin ! mon associée ? Je savais que je pouvais compter sur elle.
—Pitié, Marchand ! Si tu me tues maintenant, tu fais une croix sur la plus belle opportunité de ta carrière !
Nous nous étions données rendez-vous à la galerie marchande la plus proche. Prendre un café pour discuter affaires, je trouve que ça fait très professionnel. Dès le début, pourtant, je sentais que quelque chose n’allait pas. Déjà, elle était en retard de quinze minutes. Il est regrettable que ma ponctualité ne soit pas partagée par tout le monde. Alors qu’elle sait que je déteste attendre, en plus ! Ensuite, elle est arrivée avec d’immenses chaussures noires et une veste de motard. On ne va pas comme ça à un entretien d’embauche ! Enfin, j’avais à peine ouvert la bouche pour lui dire bonjour qu’elle s’était assise sur sa chaise et m’avait attrapée par le col. D’où la supplication.
—Pourquoi tu m’as rien dit, espèce d’idiote ? s’exclama-t-elle, mon col toujours dans son poing. Je croyais qu’on était partenaires !
—Maintenant oui, puisque j’ai une idée de business. Mais ça, c’est uniquement si je suis vivante alors… Lâche- voilà, lâche-moi, merci bien. Bon sang, Marchand, quel caractère…
—C’est toi qui me caches que tu peux voir l’avenir et c’est moi qui ai mauvais caractère ? s’insurgea-t-elle en écarquillant les yeux.
Ah oui. Certes. Elle n’était pas au courant. Logique. Pendant une seconde, j’envisageai de lui révéler la vérité. Je ne sais pas vraiment ce qui m’en empêcha. Le goût du secret, peut-être ? Pourtant, avoir un allié comme elle-même m’aurait été utile… Mais soyons francs, lecteurs : si j’avais voulu me rendre la vie simple, je n’en serais pas là.
—Comprends que c’est difficilement le genre de choses qu’on avoue.
—M’en fiche ! On est partenaires, non ? Tu aurais dû me le dire. Tu te rends compte de tout ce que ça change ?
—Ça change quoi ?
—On va devenir riches !
—Je suis déjà riche, j’ai gagné au Loto, tu te souviens ?
—Ose me dire que tu n’aimerais pas gagner encore plus d’argent. Tout ce juteux business, ces défis à remporter... un empire à construire même !
Voilà pourquoi Charlotte et moi, nous passons plus de temps ensemble qu’avec n’importe qui. Nous nous comprenons, nous avons la même façon de penser, les mêmes intérêts... parfait pour de futures associées ! Je me surpris à sourire rêveusement. Au fond, c’était encore meilleur que ce que j’avais imaginé. Je nous voyais déjà, Charlotte et moi, tels deux Picsous nageant dans une piscine de monnaie -bien que faire le crawl dans des billets doit sûrement être plus simple.
—Mmm.
—Ne me mmm pas ! Dis-moi plutôt ce que tu comptes faire à présent. Vendre tes visions ?
Quand je vous dis que cette fille a un coup d’avance sur tout le monde. Je m’empressai donc de lui raconter la visite de Monier et les négociations qui s’étaient ensuivies. Et là, au lieu de me féliciter pour ma sagacité et mes qualités de businesswoman, Charlotte se claqua le front.
—Mais c’est idiot ce que tu as fait !
—Je te demande pardon ? m’insurgeai-je en la dévisageant de bas en haut.
—Karlsen, t’es vraiment pas taillée pour les affaires. Tu aurais pu demander bien plus, le faire patienter, le mettre à ton service ! Elle m’intima au silence d’un geste de la main et sourit. T’en fais pas. À partir de maintenant, je suis en charge.
—Très bien, acquiesçai-je de mauvaise grâce. Maintenant, est-ce qu’on peut boire quelque chose ? Je meurs de soif.
Je sirotai mon chocolat chaud avec délice quand Charlotte me demanda tout à trac :
—Qu’est-ce que tu vas faire des maths ?
—Comment ça ?
—Ben... tu peux lire l’avenir et ça déchire, mais ta passion à toi, c’est les maths. Tu comptes laisser tomber ?
Un frisson d’effroi me parcourut.
—Jamais ! Jamais je ferais ça, c’est impossible !
—Ok, ok. C’était une simple question.
Je me gardai de répliquer. Bien sûr, Charlotte ignorait que je n’avais même pas la possibilité d’arrêter les maths car celles-ci constituaient la base de mon pouvoir prophétique. Toutefois, est-ce que j’allais pouvoir continuer mes travaux comme avant ? Sans doute que non. J’avais réussi un défi aussi ancien que l’existence humaine, dépasser les limites du présent. Nul doute que plus d’un se serait arrêté là. Mais allais-je devoir m’arrêter là pour le bien de ma fable ? Je n’eus pas le temps de m’appesantir dessus plus longtemps. Une voix, sortie de nulle part, nous fit sursauter :
—C’est elle ! C’est la devineresse !
Un garçon nous pointait -me pointait- du doigt, la caméra de son téléphone braqué dans notre direction. Il avait le regard un peu stupide et vague et les joues rouge d’excitation. Que mes lecteurs correspondant à cette description physique ne le prennent pas mal : je tiens juste à ce que vous visualisiez la scène au mieux. De plus, je suis sûr que ce pauvre garçon n’avait cette apparence qu’à cause de son âge. L’adolescence fait des ravages, ce n’est pas nouveau. Mais revenons à la scène, voulez-vous.
Je me suis levée de ma chaise tout en lissant discrètement ma robe du plat de la main. Première fois qu’on me reconnaît en public, au moins de manière aussi frappante. Et pourtant, ce n’était pas aussi satisfaisant que je l’avais espéré ? Je souris malgré tout de l’air angélique que je sais si bien imiter et m’approchai de lui :
—Bonjour. C’est moi, en effet, je...
—C’est trop cool ! Eh, tu peux me dire mon avenir ?
Imbécile, va. Bien sûr que je peux, même pas besoin de sortir ma formule. Une simple addition suffit : une personnalité médiocre plus la délicatesse d’une paire de rangers en pleine tronche égalent à une vie misérable, vide de sens et de vraies relations d’amitié car qui voudrait d’un Australopithèque qui vous braque la lumière de son damné IPhone dans les yeux tout en vous braillant dessus ?!
—Je crains que ça ne se passe pas comme ça.
—Quoi, tu sais pas vraiment voir le futur alors ?
—Recule.
Charlotte Marchand, héroïne de mon cœur et décidemment meilleure associée qui puisse être, venait de s’interposer.
Note pour plus tard : Dans le futur musée dédié à ma gloire, il faut qu’une pièce lui soit réservée. Ou la moitié d’une, selon les bénéfices à venir.
Elle pouvait le rembarrer autant qu’elle le voulait, tandis que moi… Ma célébrité toute fraîche, tel un banc recouvert de peinture, ne permettait pas qu’on s’asseye dessus. Je devais passer au-delà, très zen, telle la colombe qui ne se soucie pas de la bave du crapaud…
—C’est quoi son problème à la mioche ?
De colombe, je me sentis devenir vautour affamé. Ce garçon était de toute évidence pourri de l’intérieur, je pouvais donc me permettre de me jeter sur sa caboche vide ! J’ouvris la bouche, prête à me lancer dans une bordée d’injures à faire rougir un charretier quand une canne vint s’abattre sur la tête de l’Australopithèque. Derrière lui, une petite dame au chignon blanc s’écriait d’une voix stridente :
—Comment oses-tu parler ainsi à la Pythie, malandrin ?
—Elle a raison, renchérit un anonyme dans la foule qui s’était amassée autour de nous. Il se prend pour qui ?
—Mais allez, c’est du flan son histoire, elle voit pas vraiment l’avenir ! dit un autre.
—Pas du tout ! Les Illuminatis sont derrière toute l’affaire, voilà la vérité !
La grogne montait autour de nous à toute vitesse. Chacun y allait de son commentaire, partageait son avis, braillait dans les tympans de son voisin pour lui expliquer qu’il avait tort. Soudain, un crac retentit. Le nez d’un type à ma gauche venait de se casser sous un poing.
Le chaos commença.
—Bagarre générale ! hurla une voix au milieu de la tempête.
—On se casse ! siffla Charlotte en m’entraînant à sa suite.
Échapper à la foule ne fut pas une mince affaire. J’esquivai une baffe pour mieux me prendre un coup de genou dans les côtes et Charlotte manqua de mordre un malheureux qui avait eu la mauvaise idée de s’attaquer à elle. Je crus également entendre quelques hypothèses prédisant que mes visions était l’annonce de l’arrivée prochaine des extra-terrestres ou bien que je fusse en vérité un agent du complot reptilien. Mais rien n’était sûr au milieu de ce brouhaha.
Je ne me souviens plus comment nous sommes parvenues à sortir de la bagarre, encore moins du centre commercial. Courbée en deux, tentant sans succès de reprendre mon souffle, j’analysai à toute vitesse ce qui venait de se passer tandis que Charlotte brandissait un poing menaçant en direction des ombres qui se battaient toujours :
—Bande de malades, va ! C’est de la folie.
Elle se tourna vers moi, qui étais encore pliée en deux, à la recherche de mes poumons partis trop tôt.
—Qu’est-ce que tu comptes faire ?
—Pour ça ? Rien, dis-je en me redressant. S’ils veulent s’écharper, qu’ils y aillent, ça ne me regarde pas. Pour notre affaire… Eh bien, prédire des évènements. L’important, c’est de ne pas manquer d’ambition. On doit voir grand ! Je ne sais pas trop par où commencer, par contre.
—Moi, j’ai une idée. Rentre chez toi, je vais y réfléchir. On s’tient au courant.
Nous nous séparâmes à son arrêt de bus. Quant à moi, je pris le métro dans la direction opposée à celle qui m’amenait chez moi.
Ma conversation avec Charlotte avait en tout cas eu le mérite de me rappeler quelque chose de crucial. L’avenir s’annonçait radieux. Il ne me restait plus qu’une chose à faire pour que mon bonheur soit complet : faire avouer à M. Froitaut que j’avais eu raison et surtout, qu’il avait eu tort.
Me voilà pour le chapitre 4 ! Un chapitre qui m'a beaucoup faire rire dès le début. Les métaphores que tu utilises sont géniales. Je ne sais pas où tu trouves cette inspiration, mais c'est du génie ! L'écriture me régale !
Pour ce qui est des évènements, je trouve qu'Ingrid a brillamment géré le "pauvre esclave moderne de sa compagnie". Elle est intelligente et c'est très satisfaisant à suivre. J'aime ses réactions honnêtes et franche. Mention spéciale pour ce passage qui m'a bien fait rire : "Non, lecteurs, je plaisante ! On n’a jamais trop d’argent ! Si ça devient dangereux, on se prend un garde du corps et on sèche ses larmes avec des billets de cinquante.".
Par ailleurs, je trouve qu'elle a déjà bien démarché, mais je sens qu'avec Charlotte à ses côtés, ça promet d'être un sacré duo d'affaires !
Enfin, on en arrive au moment où elle va se confronter à M. Froitaut ! J'ai hâte de voir sa réaction !
Je suis contente que l'humour fonctionne ! Quant à l'inspiration, je dirai que c'est lire du théâtre à un jeune âge sur une longue période de temps qui a altéré définitivement ma manière de m'exprimer x)
À bientôt !
Je ne comprends toujours pas l'intérêt de Charlotte aux yeux d'Ingrid, à part son intérêt pour l'argent et une potentielle aisance commerciale, elle n'a pas deviné que les prédictions sont mathématiques et non surnaturelles. Si ça se trouve c'est Charlotte qui a un pouvoir magique - pardon je m'égare.
Je n'ai rien à dire concernant des fautes ou autres, honnêtement c'est très bien écrit.
J'attends avec impatience la réaction de M. Froitaut, je suis sûre qu'elle sera très loin des attentes d'Ingrid...
Merci pour ton commentaire ! Le prochain chapitre ne devrait pas tarder à arriver, j'essaie de ralentir le rythme de publication histoire d'avoir toujours deux chapitres prêts en stock, mais j'ai tellement envie de montrer la nouvelle version que j'ai du mal à résister x)
À bientôt !