PROLOGUE - La graine

Notes de l’auteur : Bonjour à tous, j’espère que ce prologue vous plaira et vous donnera envie de lire la suite.
D’ailleurs, celui-ci n’est pas rédigé comme les chapitres suivants, mes premiers lecteurs ont dû le remarquer. Son but est de poser les bases du récit, pas de débuter les intrigues proprement dites. Pour ces quelques pages, il n'y aura donc qu'un narrateur, vous ne lirez pas au travers d’un personnage, pas encore.
En revanche, le chapitre I commencera directement du point de vue d’un personnage secondaire, avant de rapidement passer sur celui d’Arcturus, le très bon et légèrement mégalomane disciple d’August...
N’hésitez pas à commenter ou partager mon travail autour de vous, et portez-vous bien.

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Prologue

« Le chemin du Mal est pavé de bonnes et nobles intentions. Dieu n’échappe pas plus que nous à l’Erreur. Je l’ai vu, j’étais là. »

 

Satan à ses frères lors de la première assemblée des anges rebelles, source du célèbre proverbe populaire.

 

      Au cours de l’été 1859, une immense tempête astrale agita le soleil et frappa violemment l’atmosphère terrestre. L’événement ne fit aucun blessé, bien sûr, il ne fit que dérégler les communications télégraphiques naissantes et provoqua des phénomènes célestes sublimes pour le plaisir de tous. Mais tandis qu’ils voguaient vers l’Asie pour y étudier de vieilles ruines, quatre jeunes savants furent témoins du phénomène et eurent une réaction bien différente de la plupart de leurs contemporains. Sans que les marins ne comprennent trop pourquoi, les quatre scientifiques qui commanditaient la traversée avaient aussitôt décidé de faire demi-tour vers l’Europe, en direction du Vatican, alors qu’ils étaient déjà rendus au Cap. Ces quatre savants avaient tant insisté et Dieu seul sait à quel point ils pouvaient être têtus et résolus, que le capitaine du navire avait ordonné de faire demi-tour sans même que ces quatre gamins ne s’expliquent. Car ils n’avaient encore que la trentaine à cette époque-là, mais déjà plus de rêves et d’ambitions que quiconque de leur âge, au point de s’être juré que tous les quatre, ils rendraient l’Humanité heureuse et en paix – juste pour la noblesse de l’acte et le devoir du Bien.

      Le plus vieux d’entre eux, un noble de Spolète portant le prénom de Marco-Aurelio, n’avait que trente ans mais déjà le savoir d’un docteur et la sagesse d’un patriarche. Son principal hobby était d’ailleurs de se cultiver toujours plus, de comprendre davantage le monde qui l'entoure, comme si c’était la seule chose à faire, au point que ses parents avaient dû s'occuper de le marier – car ils pouvaient toujours attendre que leur fils trouve épouse tout seul. Cependant, il aurait fallu bien plus qu’une épouse puis un enfant pour que Marco-Aurelio ne cesse de parcourir le monde, à la recherche de tout ce qu’il pouvait encore cacher de fantasque à l’Humanité en cette seconde moitié conquérante du 19ème siècle.

      D’un an son cadet, venait ensuite son très cher ami d’enfance, Emil, un noble autrichien de très haut rang qui avait pourtant toujours eu l’habitude d’entraîner l’Italien dans les pires bêtises, mais qui ne manquait pas de talent non plus, surtout lorsqu’il s’agissait de mettre en pratique les idées que Marco-Aurelio concevait dans son esprit très abstrait. À côté de ça, Emil était reconnu pour sa droiture – même s’il pouvait être sanguin – son courage, ses bonnes valeurs apportées par son éducation et son enfance dans le riche centre-ville de la capitale autrichienne. Et le Viennois de manquait pas d’idéalisme non plus, même s’il était bien moins sûr de ses idées que la paire d’ami qu’il finit par croiser, tandis qu’il se rendait en France avec son collègue italien.

      Toujours d’un an plus jeune que le précédent se trouvait un Français, Achille, que les deux autres avaient rencontré lors d’un séminaire d’étude parisien où il avait fait un véritable scandale après plusieurs erreurs des intervenants. C’était un véritable râleur, jamais content, mais surtout quelqu’un de toujours prêt à améliorer ce qui pouvait l’être, et notamment la Science ou la société – ce qui l’avait naturellement poussé à embrasser les mêmes idéaux que deux de ses bons amis, Pierre-Joseph Proudhon et Karl Marx. Pour le Français, il y avait toujours un détail à corriger, une chose à faire d’une meilleure façon et une pensée à développer davantage. C’était d’ailleurs lui qui avait eu l’idée de ce petit serment qu’ils s’étaient fait pour améliorer la condition de chaque individu à travers le monde.

     Mais c’était bien le dernier et plus jeune des quatre, une vieille connaissance néerlandaise d’Achille de vingt-sept ans nommé August, qui avaient insisté pour que le serment devienne plus qu’une promesse mais une véritable association agissante activement pour que les choses s’améliorent. August était d’ailleurs, avec son très cher ami d’enfance français, le plus déterminé à changer les choses et il voyait dans la Science l’instrument de ce progrès. Mais surtout, il voulait voir émerger une société plus libre, et même plus libertine car tout le monde savait que le Néerlandais aimait consommer tout ce qui pouvait lui apporter du plaisir – des drogues aux femmes. Et il savait qu’il fallait se donner les moyens pour réaliser ses rêves.

      Mais changer la société ne se fait pas sur une simple demande, il fallait un plan, un remède qui part d’un bon diagnostic pour aboutir à la saine guérison.

    Leur constat était celui-ci, et il était simple : la compétition entre les nations cause guerres et récessions, tout en ralentissant le progrès technologique permettant la véritable résolution des problèmes. Et même si les guerres venaient à être interdites, les États comploteraient les uns contre les autres, ou ils spéculeraient sur la monnaie de leur prochain, ou ils trouveraient toutes sortes de moyens pour améliorer leur situation quitte à écraser l’autre. Alors, les quatre savants entreprirent de s’unir pour propager tous les savoirs possibles à l’ensemble du monde, quels que soient les brevets ou la confidentialité des recherches qu’ils faisaient fuiter.

     Cela n’expliquait pas pourquoi ils firent demi-tour à la vue de la grande éruption solaire de 1859, ni le rapport que cela pouvait avoir avec une quelconque amélioration des conditions de vie de l’Humanité – même si le phénomène cosmique avait de quoi forger de beaux souvenirs à tous. Et surtout, bien que la plupart des marins fussent très croyants, ils ne voyaient pas pourquoi ils devaient mettre le cap vers le delta du Tibre et la ville vaticane. Et si l’Italien semblait bien vouloir expliquer la situation aux marins, le Néerlandais et le Français l'en empêchaient, toujours à temps – ils semblaient avoir un véritable goût pour le secret d’une manière générale. Quoiqu’il en soit les quatre jeunes savants arrivèrent à Rome et se rendirent directement auprès du Pape pour s’entretenir avec lui. Mais ils ne purent le voir car celui-ci s’était retiré à la chapelle Sixtine. Cependant, à la place du Pape, ils firent la rencontre d’un inconnu à l’air agacé qui sortait justement du bureau de sa Sainteté. Puis les savants passèrent encore quelques heures à Rome, avant de quitter la ville au crépuscule pour que plus personne ne les revoit.

      Lorsque les quatre savants revinrent d’on ne sait où, deux semaines plus tard, ils disposaient d’une très curieuse molécule sous forme liquide, dont les atomes et les propriétés étaient inconnus de tous. Mais les quatre ne révélèrent pas leur découverte au monde tout de suite. Ils achevèrent d’abord de jurer leur serment à vie et d’établir les règles empêchant qu’il soit brisé ou détourné, et se retirèrent dans la demeure d’Achille à Genève, à l’abri des turbulences du monde. Avec cette molécule, les quatre savants qui se désignaient désormais sous le nom de Conseil du Graal étaient persuadés de pouvoir guérir tous les maux de l’Humanité, de la Faim à la Vieillesse en passant par la Maladie ou la Folie. Et c’est après de long débat que cette fabuleuse molécule fut nommée le Liquide Métaphysique, souvent abrégé en LM, car la seule chose que les quatre savants savaient de cette molécule était qu’elle s’affranchissait allègrement des règles de la physique fondamentale, qu’elle était au-delà – mais aussi parce que Marco-Aurelio aimait la philosophie et qu’il voulait faire un clin d’œil à une discipline qu’il appréciait particulièrement.

     Alors les quatre savants du Conseil du Graal travaillèrent ensemble durant sept mois, seulement sept mois. Et lorsqu’ils ressortirent de leur antre pour offrir leurs premières découvertes au monde, le milieu de la recherche fut renversé en une journée, sans qu’aucune des sciences fondamentales ne soient épargnées par le triomphe de ce qui fut nommé les Sciences Nouvelles.

       Emil, l’Autrichien, révéla au monde un médicament qui atténuait la faim ou la soif du patient pour plusieurs semaines, mais également tout un ensemble d’engrais qui fertilisait les sols mieux que tous les autres et éloignait la plupart des insectes ou maladies. De plus, il publia le premier traité d’Agriculture Nouvelle pour apprendre au monde comment se servir de ses conceptions. Et son œuvre fut si grande que presque plus un européen ne manquait de nourriture, à tel point que les agriculteurs étaient obligés d’exporter un maximum pour que les denrées ne pourrissent pas dans leur grange.

      August, le Néerlandais, rédigea quant à lui un ouvrage sur la Chirurgie Nouvelle et fit découvrir au monde des produits anesthésiants et des antidouleurs plus efficaces que n’importe quel autre. Mais ce n’était pas ça qui faisait la célébrité du plus jeune savant du Conseil, car August était surtout reconnu à travers le monde pour avoir rabaissé la durée de la gestation humaine à six mois et fait de l’accouchement une simple procédure sans douleur, sans risque et à peine plus longue que le trajet vers l’hôpital. De plus, August fonda une entreprise destinée à commercer les produits du Conseil sous le nom de Solar Gleam – le Rayon Solaire – sans qu’aucun autre membre de cette firme ne sache d’où leur président sortait tout ce LM. Et cette entreprise ne bénéficiait pas seulement de l’appui du Conseil, mais également d’une très puissante association dirigée par un très bon ami d’August : L’Alliance for Progress, souvent désignée simplement sous le nom de « l’AP ». Mais cette association ne s’occupait que d’investir dans Solar Gleam, pour en toucher les dividendes bien évidemment.

      De son côté, Achille luttait inlassablement en faveur des plus pauvres et des maux qui les affligeaient trop souvent. S’il avait laissé Emil s’occuper de combattre la Faim, le Français s’était dédié à abattre une à une les maladies, et au bout de sept mois plusieurs des pires d’entre elles étaient déjà tombées. La peste, le choléra, la variole, la lèpre et la malaria pouvaient désormais être toutes guéries par une simple injection de LM qui immunisait l’individu à vie comme un vaccin sans faille. Bien sûr, Achille publia comme ses collègues le contenu de ses recherches et un traité sur ce que les États pouvaient faire en matière de santé publique avec cette nouvelle molécule. Mais Achille ne s’arrêta pas là, car il était également un fervent socialiste et désirait soulager les malheurs du bas-peuple plus que tout. Alors il alla jusqu’à écrire des pamphlets contre tous les États qui se refusaient d’améliorer la condition de leurs citoyens les plus pauvres, en espérant que cela fasse avancer sa cause.

      Enfin, Marco-Aurelio s’intéressait quant à lui à tant de choses diverses qu’il rédigea trois traités sur les Sciences Nouvelles, l’un sur la psychiatrie, l’autre sur la physique et le dernier sur la biologie. Mais c’est en Médecine Nouvelle que la première création de l’Italien fut connue, grâce à un médicament qui pouvait réparer les blessures et les hémorragies à vue d’œil, en reconstruisant sans défaut tous les tissus. À côté de tout cela, Marco-Aurelio trouva même le temps de créer le remède à la maladie d’Alzheimer et à quelques autres maladies dégénératives.

       Et tout cela put être réalisé en sept mois, à l’écart du reste du monde, par les mains et les esprits de ces quatre savants et amis.

      Mais lorsqu’il fut demandé aux quatre savants d’où venait cette molécule, ils refusèrent de répondre et refusèrent même de dire où ils l’avaient trouvé. Eux ne travaillaient qu’à partir des stocks qu’ils se constituaient en se rendant on ne sait où, et cela leur suffisaient largement puisqu’une seule petite goutte de LM pouvait servir à traiter une dizaine de patients. Ainsi, le Conseil du Graal garda le secret de sa précieuse molécule et œuvra durant six années à la création de tous les remèdes aux malheurs de l’Humanité, à vaincre tous les maux qui se présentaient sous leurs yeux. Et durant ces six années, le Conseil se refusa de vendre la moindre goutte de LM à plusieurs millions de livres sterling, afin qu’aucun savant ne puisse égaler le Conseil – et aller donner le secret de sa science à un État plus qu’à un autre. Mais à force d’insister, l’un des amis de Marco-Aurelio parvint à convaincre le Conseil de prendre des apprentis, un par membre. Au début, cet ami croyait avoir donné de bons conseils mais comprit vite pourquoi ceux du Graal avaient accepté de prendre quatre élèves. Les choses se passaient de moins en moins bien dans le Conseil et les relations entre les quatre savants se détérioraient. Alors, pour que leur œuvre ne se perde pas trop facilement et en espérant que cela puisse resserrer leur amitié, les quatre savants du Conseil se mirent à la recherche de leurs quatre disciples. Deux garçons et deux filles furent choisis, chacun par un membre du Conseil, sur la base de leurs talents intellectuelles ou de leurs qualités spirituelles.

      Paradoxalement, c’était le disciple d’August qui était le plus âgé même si ce n’était que d’un an sur les suivants. C’était un Anglais de quinze ans du nom d’Arcturus Seafox, dont le père était plus connu pour ses méfaits que l’inverse - bien qu’il fût un très cher ami d’August. En effet, Seafox était un nom gagné par son corsaire de père qui avait fini par établir sa célébrité sur les sept mers du globe, avant de revenir en Angleterre avec assez d’argent pour épouser une fille de lord et pour se construire un manoir digne de sa nouvelle épouse. Et tout comme son père, Arcturus avait une certaine ingéniosité et une soif d’aller de l’avant qui faisait de lui un excellent élève lorsqu’il n’était pas en train de se reposer sur ses trois camarades de tutorat.

      Notamment sur le second élève, l’apprentie de Marco-Aurelio, italienne comme lui, mais encore plus aimable et sage que son professeur. Elle se nommait Alessia Lespegli et descendait de la haute-noblesse toscane malgré le tragique assassinat de ses parents par des carbonari – une organisation politique secrète et très radicale. C’était d’ailleurs dans un monastère près de Florence, réputé pour accueillir les orphelins et les former aux plus hautes sciences, que Marco-Aurelio fit la rencontre de cette adorable adolescente de quatorze ans tandis qu’elle envisageait fermement de rejoindre les ordres religieux. Finalement, un arrangement fut négocié entre la mère supérieure et Marco-Aurelio afin que la jeune Alessia puisse aller suivre son enseignement à Genève tout en poursuivant sa formation de moniale, et l’italienne put amener sa gentillesse désintéressée et ses surprenantes intuitions aux disciples du Conseil. Car même des athées comme Achille ou August se demandaient si la jeune fille ne bénéficiait pas des conseils d’un Ange, tant elle avait des intuitions aussi justes que stupéfiantes.

      De son côté, Emil recruta un élève du même âge qu’Alessia, au tempérament presque aussi sympathique et adorable qu’elle. C’était un Allemand, un saxon né à Dresde plus précisément, du nom de William von Toeghe, issu de la classe moyenne et plus sensible que n’importe qui aux bons idéaux du Conseil. C’était d’ailleurs ce qui l’inspirait le plus dans ses études et c’était bien pour cette raison, et son talent, qu’Emil l’avait choisi. Car William n’avait qu’une envie : que les pauvres gens du peuple puissent enfin goûter à cette richesse pour laquelle ils se cassaient le dos, exploités depuis des siècles par ceux qui osaient se prétendre « noble » - comme si la noblesse était une qualité matérielle et non spirituelle …

      Quant à la petite dernière, découverte par Achille, c’était une jeune aristocrate franco-polonaise de treize ans, orpheline et réfugiée avec sa petite sœur adorée en France. Elle se nommait Maria Kochanowska, fille aînée du poète et révolutionnaire polonais qui tomba sous les balles autrichiennes lors d’un soulèvement pour la liberté de son pays. Mais par sa mère, Maria descendait de la plus haute noblesse d’Europe, à tel point que sa famille remontait jusqu’au Jagellon de Pologne et aux Capétiens de France. Et c’est après avoir traversé toute la Germanie avec sa sœur âgée d’un an seulement, qu’elle fit la rencontre d’Achille dans les rues de Paris où elle détenait déjà un hôtel particulier plus grand que n’importe quelle maison du savant – et qui n’était qu’une part de l’immense héritage retombé entièrement entre les mains de cette adolescente. Mais ce qui était intéressant chez cette fille, c’était son incroyable détermination et son zèle sans faille, au point qu’Achille ne s’étonnait même plus du fait que cette gamine avait fait Cracovie-Paris à pied et sans rien sur elle à part sa très jeune sœur Anastasia – qui faillit presque mourir d’une pneumonie lors des derniers jours.

       Avec une bosseuse comme elle, parmi ses trois autres camarades, l’avenir du Conseil était assuré, pouvaient se dire les quatre savants du Graal.

     Et la formation des quatre élèves du Conseil du Graal commença ainsi, en l’an 1865, pour se poursuivre durant six autres années, de très joyeuses années pour les quatre disciples mais aussi pour les quatre professeurs. D’autres avancées scientifiques furent permises et la renommée des quatre savants comme celle de leurs élèves grimpaient en flèches, aussi vite que la liste des maladies ou des malheurs qu’ils anéantissaient. Mais tout s’arrêta en l’an 1871, après une turbulente période de trois mois durant laquelle les élèves furent tenus à l’écart de leurs professeurs. Lorsqu’ils les revirent, ils apprirent qu’Emil avait trahi le Conseil et révélé à l’Empereur d’Autriche l’emplacement de la nappe de LM, de l’endroit où il n’y avait qu’à se baisser pour ramasser la précieuse molécule.

      Cependant, les élèves eurent tout juste le temps d’apprendre cette nouvelle qu’ils durent préparer leurs affaires pour un voyage d’étude devant les conduire jusqu’en Indochine, où une nouvelle nappe de LM se trouvait selon les trois professeurs restants. Seul August qui était en affaire à Londres à ce moment-là et William qui se trouvait auprès d’Emil ne purent participer à cet urgent voyage qui était une véritable question de survie pour le Conseil – désormais menacé d’être privé de sa source exclusive de LM. Et ce voyage fut un succès puisque non seulement le Conseil trouva une nouvelle nappe de LM, mais également un nouveau type de LM. Car là où le LM des Alpes était d’un rouge éclatant, celui d’Orient était blanc comme le lait, ce qui ne manqua pas d’attiser la curiosité des savants – car ce LM d’Orient devait être différent et pouvait offrir de nouvelles perspectives, encore. Mais un tragique incident eut lieu lors de l’expédition ; Marco-Aurelio comme Achille chutèrent dans la nappe de LM pour n’en ressortir que dans un très sale état. Marco-Aurelio fut plongé dans un coma que rien ne semblait pouvoir éveiller et Achille également, mais il eut le malheur de se réveiller brutalement sur le bateau pour tenir devant tout le monde des propos incohérents et délirants sur une prétendue Fin du Monde. Et si les trois élèves voulurent le protéger et le calmer, les marins tinrent leur langue jusqu’à Marseille, avant de tout révéler aux autorités républicaines françaises qui s’empressèrent de faire enfermer le savant révolutionnaire.

      Puis, les élèves apprirent qu’August avait été emprisonné en Ecosse sans plus d’informations de la part des autorités britanniques, qu’Emil exploitait à présent la nappe de LM au nom de la nouvelle nation allemande, et que le Conseil secret du Graal formé par leurs quatre professeurs était définitivement mort …

      Mais l’amitié qui liait les quatre disciples du Conseil était bien trop solide pour rompre aussi facilement, et leurs cœurs comme leurs engagements étaient bien trop nobles et forts pour ne pas poursuivre les beaux idéaux de leurs professeurs. Les quatre élèves restèrent amis et continuèrent à cultiver secrètement l’utopie formé par le Conseil du Graal, celle d’un Paradis sur Terre. Et c’est en cette même année 1871, sans perdre plus de quelques mois, que Maria, William, Alessia et Arcturus se réunirent pour fêter le sixième anniversaire de leur rencontre qui devait marquer la naissance de leur propre rêve. Car sur les conseils de Maria et d’Arcturus, et au grand plaisir de William et d’Alessia, les quatre amis décidèrent de reprendre l’héritage de leurs professeurs et poursuivre le noble devoir du Conseil du Graal, à l’aide de cette fantastique molécule aux secrets innombrables. Ensemble, ils firent le serment de guider l’Humanité dans les remous à venir, pour le bien commun.

 

 « Et nombre sont les erreurs qui ont été cachées plutôt que corrigées. Mais l’on ne construit pas une maison sur de faux calculs, tout comme l’on ne construit pas une nation sur de l’injustice, un avenir sur de la servitude, une foi sur des mensonges. Dieu et son ordre ne sauraient donc être éternels, c’est à cela que je veux nous parer. N’oubliez pas ce que nous avons subi, ou nous pourrions le revivre. »

 

Satan en conclusion de son discours pour l’assemblée des Anges Rebelles, lorsque Rémiel lui demanda qu’elle était cette fameuse Liberté, surnommée Démonologie par les Anges.

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Aliam JCR
Posté le 14/10/2022
Salut !

Je viens de tomber sur ton histoire et j'en suis très heureuse ! :) J'ai adoré découvrir ton premier chapitre et j'ai hâte de découvir la suite ! :)
Deslunes
Posté le 14/10/2022
Salut, merci d'avoir commenté, je suis ravi que l'histoire te plaise. J'espère que tu apprécieras la suite.
En plus, tu postes ton commentaire exactement le jour de la publication de l'épilogue, sacré timing =)
Bonne lecture.
Ozskcar
Posté le 05/02/2022
Hello !
Ce prologue nous plonge dans un univers particulièrement riche à la chronologie détaillée. Certaines références à notre propre histoire crée un lien intéressant entre la fiction et le réel, comme si l'un nourrissait l'autre. C'est dense - peut-être trop, parfois ; j'ai toujours des difficultés à retenir les noms, personnellement, et leur nombre ne m'aidait pas beaucoup. Je me suis laissé porté, cependant, et c'est plein de curiosité que j'envisage la suite de ton histoire qui le potentiel nécessaire à la création d'une vaste saga.
A bientôt, donc ! Et au plaisir de te lire !
Deslunes
Posté le 09/02/2022
Bonsoir, merci d'avoir commenté.
Je sais que c'est dense (beaucoup me l'ont déjà dit) mais j'espère que les chapitres par personnages t'aideront à te souvenir de tous le monde (ils sont séparés au début, histoire de laisser le temps de les découvrir et de les "mémoriser"). J'ai aussi découpé les chapitres pour que la lecture sur écran soit plus confortable, en espérant que ça casse un peu le sentiment de densité trop pesante qui peut être ressenti.
Quant au lien fiction-réel, c'est exactement le but, on parle parfois de "désenchantement du monde" pour le XXème siècle. Eh bien, dans ce récit, le but est justement de le réenchanter (avec une touche de nouveauté et d'originalité).
J'espère que l'histoire t'intriguera, j'aimerai beaucoup lui donner une suite.
Edouard PArle
Posté le 29/01/2022
Coucou !
Je t'avoue que j'ai pas trop l'habitude de lire des chapitres qui dépassent les 5-6k mots ici. Ca peut rebuter certains lecteurs je pense, tu pourrais en diviser certains en deux (et tu mets 1/2 2/2). Après c'est comme tu veux évidemment, je te lirai dans tout les cas^^
Un prologue vraiment intéressant. Je n'ai pas lu la liste de personnages car je préfère les découvrir avec l'histoire. Mais ça peut être utile pour y revenir plus tard si je ne me souviens plus de qui est qui. (peut-être que tu pourrais séparer du prologue et intituler : liste personnages / glossaire ?)
Bon après mes remarques un peu pénible, passons à ce que j'ai pensé de ce prologue xD
Déjà, j'aime beaucoup l'ambiance de cette histoire avec une grande quête scientifique qui me rappelle les Jules Verne. Sauf que ça va beaucoup plus loin, puisque les protagonistes poursuivent une véritable utopie.
Il y a en effets beaucoup d'infos mais je n'ai pas perdu le fil conducteur. On comprend très clairement les enjeux, et le fait qu'il y a deux générations de scientifique. Bon après, je serais incapable de me rappeler de qui et qui (prénoms) mais je me doute que ça n'est pas grave puisqu'il y aura des rappels.
C'est très intéressant de se retrouver dans un passé et un autre époque qui est en partie plus avancé que le nôtre (accouchement sans douleur etc), le décalage peut être très intéressant pour le scénario.
Mes remarques au fur et à mesure :
"« Le chemin du Mal est pavé de bonnes et nobles intentions. Dieu n’échappe pas plus que nous à l’Erreur. Je l’ai vu, j’étais là. »" j'aime bien le fait de commencer par une citation et celle-là est en plus bien croustillante xD "avaient aussitôt décidé de faire demi-tour vers l’Europe" pour cette phrase et certaines qui suivent le plus que parfait est parfaitement correct mais je trouve le passé simple plus approprié et "vivant" après c'est peut-être un effet de style recherché, je ne te donne que mon impression^^
"Son principal hobby était" je trouve que "hobby" détonne un peu avec le reste "qui avaient insisté pour que le" -> avait
"qu’une promesse mais une véritable" virgule au lieu de mais ?
"pour aboutir à la saine guérison." le saine me paraît de trop ici
"Leur constat était celui-ci, et il était simple :" -> leur constat était simple
"que plus personne ne les revoit." -> revoie ?
"et sans rien sur elle à part sa très jeune sœur Anastasia" vu qu'on a déjà beaucoup de prénoms, est-ce que c'est utile de mettre celui-ci ?
"la renommée des quatre savants comme celle de leurs élèves grimpaient" ->grimpait
Un plaisir de découvrir ton histoire,
A bientôt !
Deslunes
Posté le 29/01/2022
Bonjour, merci du commentaire.
Je note toutes ces petites remarques de syntaxe, conjugaison etc.
Je vais réfléchir à un nouveau découpage, je n'y avais pas pensé à vrai dire, ça sera sûrement plus confortable.
J'espère que la suite vous plaira.
Arod29
Posté le 25/01/2022
Bonjour,
Ton prologue est dense peut-être un chouilla trop. ;-)
On sent que tu as vraiment un univers riche et très travaillé et ton prologue annonce les promesses d'une grande aventure! J'imagine que la narration va changer dans le prochain chapitre afin d'être plus proche du lecteur. Beau prologue.
Deslunes
Posté le 25/01/2022
Bonsoir, merci de votre commentaire.
En effet, la narration change dès le chapitre 1. Quant au prologue, j'ai essayé de faire au plus court mais j'ai beaucoup de choses à dire avant de lancer le récit (certaines choses qui ne seront pas forcément rappelées, ni détaillées davantage). Et, puisque j'espère démarrer une saga, j'ai voulu bien présenter le contexte général de manière à pouvoir me concentrer sur la suite des évènements sans que personne ne soit surpris (par exemple : Alessia ne devrait pas voyager autant normalement, elle n'en aurait pas le droit, d'où la précision que Marco-Aurelio a négocié son tutorat loin du couvent, que c'est un cas à part dans le monde des moines etc.).
J'espère que la suite vous plaira.
Astralie
Posté le 24/01/2022
Bonjour,
C'est par le bouche à oreille que je découvre ton roman. En effet, mes amis ne m'ont pas menti. Rien que le prologue est très dense. Ce côté historique, tragique, épique même est très prometteur. Cette aventure parait belle dans le prologue mais on se doute que cela ne va pas durer.

Tu as une jolie écriture, plein de détails ou descriptions et pourtant tellement fluide. C'est agréable, on se laisse vite porter et prendre au jeu de ces jeunes savants.
Hâte de lire la suite.
Deslunes
Posté le 24/01/2022
Bonjour, merci de ton commentaire.
Je suis content d'apprendre qu'on parle de mon livre, et encore plus de savoir qu'il est "à la hauteur" des rumeurs.
J'espère que la suite te plaira. Et, bien sûr, je remercies tes amis d'intriguer d'autres lecteurs, j'espère qu'ils apprécieront la suite eux-aussi.
JeannieC.
Posté le 21/01/2022
Salutations !

J'ai été curieuse de découvrir ton récit, le contexte XIXe siècle et les thématiques scientifiques ont vite parlé à la passionnée d'histoire que je suis -
Comme pour les camarades avant moi, c'est un prologue dense et pour le moins riche que tu offres-là. Mais cela n'est pas pour me déranger, il y a pour moi dans ton texte ce ton très "classique" (et je ne mets rien de péjoratif dans ce mot, au contraire !) des grandes fresques à la XIXe siècle justement. Avec cette documentation fouillée, un narrateur qui te présente la situation, les personnages, puis la liste des protagonistes. Tu as une belle écriture, qui sait porter tout en les rendant agréables les informations que cet incipit nous délivre.

Beaucoup aimé la citation d'ouverture, ainsi que le Serment du Graal où le ton assez châtié rend bien cette époque que tu as choisie. On est du reste vite en empathie et en sympathie avec cette belle équipe animée par la volonté de rendre les connaissances disponibles au plus grand nombre. Il y a un fond Prométhée, apporter la science aux hommes. Et avec l'encrage quelque peu tragique de la citation d'ouverture - cet "enfer pavé de bonnes intentions", on devine déjà que les choses vont sans doute échapper à l'équipe du Graal. Hâte de voir comment tout cela va donc se mettre à l'œuvre.
Des clins d'œil culturels sympas au passage, la liste des ennemis qui ont un côté cavaliers de l'apocalypse ou sept plaies d'Egypte, et évidemment toute la charge héroïque que comporte le nom de Graal qu'ils se sont choisis pour leur Conseil.

Au plaisir ! :D
Deslunes
Posté le 21/01/2022
Bonjour, merci de ton commentaire.
Je suis très content de savoir que l'histoire te plaise, d'autant plus que tu as déjà saisi certaines références (qui ne sont pas anodines, mais je ne vais pas en dire plus). A vrai dire, quand j'ai commencé à publier, j'avais un peu peur que le côté mystique fasse pompeux, que ça fasse trop épique voire ridicule pour un premier tome.
Merci pour les encouragements, j'espère ne pas trop tordre les moeurs ou les langages de l'époque avec la touche fantastique de mon récit (même si certains personnages ou thématiques seront peut-être parfois un peu "trop moderne" pour l'époque).
Bonne chance et au plaisir de te relire aussi. J'espère que la suite te plaira.
TheRedLady
Posté le 15/01/2022
Hello !
C'est un très long prologue comparé à celui de WH, et trèès dense en effet. Tout plein d'infos nous tombent dessus, déjà sur ton résumé, et là dans le prologue.
Je ne sais pas à qui s'adresse cette histoire, mais pour le moment, j'ai l'impression que tu prends beaucoup ton lecteur par la main, avec beaucoup de tell et peu de show. Ton écriture nous fait prendre beaucoup de distance avec ton récit et tes personnages, un peu comme si tu racontais l'histoire pour toi, au lieu de la faire vivre, je sais pas si tu vois où je veux en venir...
Le narrateur est omniscient, mais par moments, il ne l'est plus, "...d'on se sait où" et autres... C'est assez étrange, parce que le ton de ton récit à l'air plus moderne que l'époque où se déroule l'histoire.
J'ai remarqué une petite coquille ici : association agissante activement (agissant*)
Mon conseil : n'aies pas peur de rentrer dans la tête de tes personnages, de prendre parti, quitte à ce qu'on n'ait qu'une mince idée de ce qui va se passer. Cela fera monter le mystère et captivera le lecteur ;)
Deslunes
Posté le 15/01/2022
Bonjour, merci de ton commentaire.
Tu peux te rassurer, il n'y a que le prologue et l'épilogue dans ce style, je ne pouvais pas poser les bases de l'intrigue sans passer par ça, je pouvais difficilement commencer les chapitres qui suivent sans annoncer ces informations qui ne seront pas forcément répétées ensuite.
Sinon, chaque scène se passe du point de vue d'un personnage.
Achayre
Posté le 06/01/2022
Hello :)
Un prologue très dense, mais qui fait le job. On sent que c'est très documenté et ça annonce une intrigue très complète.
J'ai cependant un peu décroché sur le style. Par moment, j'avais l'impression de lire une compilation de faits, plus qu'une narration. C'est certainement volontaire. A voir comment se déroulent les chapitres.
Plein de courage pour ton projet !
Deslunes
Posté le 06/01/2022
Bonsoir,
Merci beaucoup, et oui, pour le coup, c'est volontaire. J'ai voulu résumer au mieux pour que le prologue ne dépasse pas 10 pages. Le reste du livre n'est pas raconté comme ça, sauf l'épilogue. La narration est plutôt du point de vue des personnages, et ça change de héros d'une scène à l'autre avec une sorte de roulement.
Deslunes
Posté le 06/01/2022
et plein de courage à toi aussi !
Bibliophage
Posté le 12/10/2021
Salut Tim,
Ton histoire a l'air extraordinaire et surement riche en rebondissement.
Cela change de ce que j'ai déjà lu.
Par contre, Arcturus et le conseil du Graal, tu aurais pu trouver un autre prénom à ce personnage car Arcturus, ça fait déjà vu. C'est une suggestion !
Deslunes
Posté le 09/11/2021
Merci de votre commentaire.
Pourtant, le prénom me semble assez original, et c'est même le plus original des quatre. Je ne connais qu'un seul autre univers fictif où ce prénom est présent (souvent, c'est plutôt "Arturus" ou le nom latin "Artorius" qui ressort). Mais c'est peut-être plus courant que je ne le croyais, auquel cas, ça le rend encore plus crédible au final.
Coquilles
Posté le 12/10/2021
Bonjour,
Je n'ai lu que le prologue ma l'histoire est prometteuse. Beaucoup de personnages, c'est donc une riche idée de mettre la liste dès le début.
Je poursuis ma lecture
Deslunes
Posté le 09/11/2021
Bonsoir, merci du commentaire.
J'ai justement rajouté la liste après que des gens aient fait la remarque. Si une version finale et publiée devait voir le jour, j'hésite aussi à y mettre une chronologie à la fin (elle est déjà faite plus ou moins, faudrait juste la mettre en forme).
Sæhrímnir
Posté le 29/09/2021
Bonjour Deslunes,

Eh bien ! J'ai rarement vu une telle galerie de personnages aussi finement décrits. Tu mêles la fiction à la réalité, avec d'illustres personnages comme Marx, Proudhon, Lénine, Bismarck et j'en passe : je crois deviner que tu es un passionné de cette seconde moitié du XIXe siècle, comme beaucoup d'écrivains d'ailleurs (je pense au courant steampunk notamment).
Ta présentation a quelque chose de cinématographique, on imagine des encarts décrivant chaque personnage (là je pense à Amicalement vôtre).
Tu as bien fait de lister à la fin les principaux protagonistes, car j'avoue que ça fait beaucoup de noms à retenir sinon.
Je n'ai pas encore lu le premier chapitre, ça va venir.
Attention à ce petit anachronisme : Alois Alzheimer a décrit pour la première fois la maladie qui porte son nom en... 1906.
Deslunes
Posté le 29/09/2021
Bonsoir,

Merci de ton commentaire encourageant.
En effet j'aime beaucoup la seconde moitié du XIXe siècle.
Quand au petit anachronisme sur Alzheimer, il est volontaire, il y en d'ailleurs quelques autres. J'ai choisi Alzheimer parce que c'est une maladie dégénérative très connue qui marquera le lecteur (faisons comme si c'était le père ou le grand-père d'Aloïs qui l'aurait découverte ;) )
De la même manière qu'il soit possible que tu rencontres des personnages faisant référence à des personnages historiques plus tardifs (comme Lénine, j'aime beaucoup la première moitié du XXème siècle aussi ;) )
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