PROLOGUE

Le 29 août 2022

 

— Vite, dépêchez-vous, on est en train de la perdre. Amenez-moi un chariot de réanimation et appelez un docteur. Merde, elles sont passées où les infirmières ? Fais chier. Bon Maxime continue le massage cardiaque, ne t'arrête surtout pas. Je vais chercher de l’aide. 

— Oui, chef.

— "Oui chef, oui chef", c’est bien, mais agis bordel au lieu de rester planter là à rien faire. 

 

Elle n'est pas consciente, mais elle entend tout ce qu’il se passe autour d’elle. Elle aimerait pouvoir ouvrir les yeux et leur dire qu’elle va bien, mais c’est impossible. 

 

— Madame

— …

— Madame !

— …

 

Elle reste la tête fixée à son écran.

 

— Vous m’entendez ou quoi? J’ai appelé il y a une demi-heure pour vous dire qu’on arrivait avec une patiente qui avait perdu connaissance, on est en train de la perdre là. Vous pouvez appeler un médecin?

— Bonjour, d’abord.

— Mais putain on s’en fout de votre bonjour de merde. J’ai une gamine qui est en train de crever sur un brancard. 

— On est en manque d’effectif monsieur, personne ne peut vous aider pour le moment. 

— Il n’y a même pas une infirmière de dispo?

— Non elles sont toutes occupées également, vous savez nous sommes aux urgences, le personnel est surchargé.

— Je suis au courant, merci, au cas où vous n’auriez pas remarqué je suis pompier, des allées et venues aux urgences j’en fais des dizaines dans le mois. Bon puisque je dois tout faire moi-même, dans ce cas donnez-moi au moins le matériel nécessaire.

— Allez voir dans la réserve au bout du couloir à droite. Le code c’est 58752A.

 

— Chef, on est vraiment en train de la perdre là !

— Putain fais chier. Ne t'arrête surtout pas ! Ne lâche pas, tiens bon, j’arrive ! 

 

—La réserve, la réserve elle est où cette putain de réserve… non pas..

 

Il ouvre une porte et se retrouve face à un homme et une femme, complètement nus.

 

 — Oups pardon je me suis trompée d’endroit… bordel bordel… OK c’est bon c’est là…. Bon maintenant le code, c’est quoi déjà ? Merde. 7825A non c’est pas ça.. C’est peut-être A devant. Non plus.. Bon, on va essayer autrement 58..7..5..2 et A. enfin c’est bon, OK parfait y a un chariot de prêt.

 

Il revient vers eux et essaye de faire fonctionner le défibrillateur. 

 

— C’est bon je suis là, transférez là délicatement sur ce chariot et maxime tu ne t’arrêtes surtout pas tant que je ne te l’ai pas dit. Parfait comme ça, doucement. OK c’est bon. Je prends le défibrillateur, je vais bientôt me placer dessus. Comment fonctionne ce bordel? Ah OK c’est bon en fait. Maxime, tu lâches..MAINTENANT. OK je pose les électrodes. J’attends les ordres du défibrillateur, écartez-vous.

— choc recommandé, je répète choc recommandé

— attention CHOC

— Commencez la RCP.

— Maxime, tu reprends le massage cardiaque. Théo, elle respire? 

— Non, toujours pas. 

— Je vais  choquer à nouveau, éloignez-vous. CHOC

— Commencez la RCP

— Maxime…

— Oui chef, je recommence le massage cardiaque. 

— Chef, c’est bon, elle respire! 

— Putain yes, c’est du bon boulot ça les gars. Surveillez là, je vais essayer de trouver un médecin. 

 

Il se tourne et tombe nez à nez avec le monsieur qu’il a croisé dans la chambre quelques minutes auparavant, mais habillé cette fois, il est vêtu d’une blouse blanche.

 

— Bonjour, Monsieur, je peux vous aider? 

— Alors vous arrivez un petit peu trop tard, mais peut-être que si vous n’êtes pas trop occupé vous pourriez peut-être aller ausculter de la patiente qu’on vous a emmenée d’urgence et qu’on a dû réanimer dans le hall de votre hôpital! 

— D’accord, je vais m’occuper d’ausculter la patiente que vous avez emmenée. 

— Merci, c’est pas trop tôt. Au revoir, prenez soin d’elle.

— Hmm, d’accord je vais prendre soin d’elle. 

 

Le pompier allait partir quand le médecin l’interpella.

 

— Attendez! Vous avez ces papiers? Ou au moins son identité. 

— Ysia Gayot. Tenez son permis, c’est tout ce qu’on a retrouvé malheureusement.

 

Un instant après, le docteur croisa une infirmière, qui avait l’air plutôt pressée.

— Marine?

— Oui docteur ?

— Oui, vous pouvez emmener cette patiente dans une chambre pour que je puisse l’ausculter un peu plus discrètement que dans le hall.

— Euh c’est à dire que…

━ Merci

━ Bien monsieur. 

— Bien parfait.

 

Après avoir réalisé sa tâche, l’'infirmière vague à ses occupations dans le couloir quand une dame arrive vers elle.

 

— Excusez-moi madame, vous savez où est ma fille? 

— Comment s'appelle-t-elle?

— Ysia Gayot. Les pompiers m’ont appelé pour me dire qu’ils l’emmenaient ici. Dites-moi qu’elle va bien s’il vous plaît… 

— Le docteur est en train de l’ausculter. Attendez en salle d’attente. Il reviendra vers vous au plus vite d’accord?

— D’accord… oh mon bébé, ma petite fille, Dieu faites en sorte qu’il ne lui soit rien arrivé. 

— Ça va aller madame? Vous voulez quelque chose?

— Non, c’est gentil… enfin si pardon je veux bien un verre. 

— Je vous emmène ça tout de suite. 

— Merci beaucoup mademoiselle!

— Marine, appelez-moi Marine. 


 

— Madame Gayot, vous êtes attendus dans le bureau du docteur Bonnet au fond du couloir, dernière porte à droite., crie la dame de l’accueil. 

— Euh d’accord…


 

La mère d’Ysia toque à la porte du bureau du directeur.

 

— Oui, entrez… Ah vous devez être madame Gayot. Installez-vous. 

— D’accord merci. 

— D’accord, bon madame c’est bien plus grave que ce qu’on pensait. 

— Quoi? Elle est en vie? Qu’est-ce qu’elle a?

— Hmm et bien déjà elle est dans le coma, on ne sait pas vraiment encore pour combien de temps. Et pour finir, elle est actuellement en salle d’opération. 

— Pourquoi? Pourquoi est- elle en salle d’opération? 

— Pourquoi, et bien madame c’est facile à dire comme ça, je suis désolée, mais sa jambe droite a été infectée. On a dû l'amputer sans attendre votre accord, sinon c’était sa vie qui était en danger. 

━ Elle va survivre? Dîtes moi qu’elle va survivre!

━ Hmm je ne sais pas madame, je ne sais pas.

 

Voilà c’est comme ça que tout a commencé, enfin tout, non. Mais c’est comme ça que l’enfer a commencé. Son enfer.

 


 

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