Préparation au premier jour de cours

Par Nuity

Le 6 septembre 20xx.

Cher journal.

Journal, c'est super moche. J'ai envie de te trouver un petit nom, quelque chose de mignon et moins formel, pour oublier que ce que je fais est important. C'est nécessaire pour profiter pleinement de mon expérience chez les humains. Bref.

Cher... pas-encore-de-nom,

Après avoir passé ma fin d'après-midi à explorer la bibliothèque et à baver devant les livres, je me suis décidée à rentrer chez moi. Les livres m'avaient donné la force d'affronter le métro, et en même temps, je n'avais franchement pas envie de quitter les livres pour rejoindre le métro. C'est fou à quel point le monde humain peut provoquer des pensées et réactions paradoxales.
J'ai malgré tout pris mon courage à deux mains. Et deux pieds. Et deux bras. Et deux jambes. Il me fallait au moins tout ça. Mais je suis rentrée chez moi en vie ! Et ça, c'est ce qu'il y a de plus beau.

Une fois posée dans mon lit, j'ai observé longuement la « carte de visite » d'Agatha. J'étais intriguée par la fameuse association « Feministas ». Je me demande si c'est comme nos associations à nous, à Moonstone. On a des associations de travail universitaire, et des associations pour des activités, comme la lecture ou le sport. Je demanderai plus d'informations à Agatha. Je voulais d'ailleurs lui envoyer un message, mais je ne savais pas vraiment quoi lui dire. À Moonstone, les gens qui parlent uniquement pour parler sont rares. Nous avons rarement des discussions profondes sur nos sentiments ou sur nos passions. Nous ne lançons pas dans des monologues enflammés pour dire à quel point l'élu ou l'élue de notre cœur est fantastique et d'une beauté sans pareille. Nous parlons pour transmettre des informations, et parfois pour prendre des nouvelles de la personne. C'est toujours... très cordial. Très bref. Les conversations sont polies et respectueuses, mais j'ai l'impression de ne pas avoir de vrai lien avec la personne en face de moi. Il n'y a qu'avec Amanita que je me sens un peu plus à l'aise. C'est sûrement car comme moi, elle a étudié le comportement humain, et regardé des films humains.

À Moonstone, beaucoup de gens pensent que c'est parce que les humains expriment profondément et sans retenue leurs sentiments qu'ils ont du mal à cohabiter ensemble, et se blessent parfois les uns et les autres, volontairement ou non. Mais... je ne sais pas si c'est vrai. Cette Agatha ne m'a pas laissée indifférente. Non, ne vous imaginez pas déjà que j'ai envie de la demander en mariage (quoique, si elle me le demande, je ne suis pas sûre de refuser), mais ce premier vrai contact m'a fait quelque chose. Je sais que je ressasse cette idée, mais ça m'a marquée. Ce n'était pas cordial. C'était naturel. Je vais continuer à observer le phénomène, et tenter d'intégrer son association.

Après avoir noté le numéro dans mon carnet d'adresse, j'ai rangé la carte dans mon porte-feuille. Vraiment, ce rose était super mignon, j'aimerais bien trouver un rouge à lèvres pareil. Mais je divague. J'ai fini par tenter de comprendre mon emploi du temps, et je me suis enfoncée sans le savoir dans une nouvelle galère administrative. Si si, je vous jure. On m'avait prévenue que l'administration humaine était un désastre, j'en ai déjà parlé dans mes rapports précédents. Mais personne, vraiment personne, ne m'avait dit à quel point un emploi du temps universitaire pouvait faire mal à la tête. Déjà, il y a 38837 groupes pour les cours. Dans autant de salles différentes. Et puis les horaires. Les horaires. Le lundi, je fais du 8h-10h avec un cours magistral de « littérature britannique depuis 1945 », et le soir, 19h-20h en oral de Chinois. Oui, j'ai décidé de prendre des cours de chinois mandarin en option, même si la magie me permet de parler n'importe quelle langue couramment. C'est pour l'expérience. Faire du 8h-20h, c'est vrai que ça pique, me direz-vous. Mais ce qui fait encore plus mal, c'est que je n'ai aucun cours entre deux, mis à part une malheureuse heure de « tutorial » à 13h. Sinon, que dalle. Nada. Rien. Nothing. C'est donc ça, gérer des bâtiments immenses avec trop de gens dedans ? C'est une HORREUR. Heureusement, demain on est jeudi. Le jeudi, je commence à 10h avec deux heures de cours magistrale sur la « théorie de la littérature féministe ». J'ai hâte de découvrir ça, car j'adore la littérature humaine. Ça fait apprendre, et c'est réellement divertissant, ça laisse libre court à notre imagination et on ressent beaucoup d'émotions en lisant des livres humains. Étrangement, je n'ai jamais eu cette sensation en lisant des livres à Moonstone. Je pense que c'est principalement parce que les livres ne sont pas vraiment censés nous divertir.

En soi, malgré l'organisation désastreuse, mon emploi du temps n'est pas très chargé. Sans compter l'option chinois mandarin qui me rajoute en tout quatre heures de cours par semaine (deux heures d'écrit, une heure de civilisation, une heure d'oral), je n'ai que cinq matières : Poésie et théâtre modernes, littérature anglaise coloniale et post-coloniale, théorie de la littérature féministe, étude d'un auteur ou d'une autrice majeur.e, et littérature britannique depuis 1945.

Je vais noter tout ça ici pour m'en souvenir :

Lundi :
— 8h-10h : Littérature britannique depuis 1945, Amphithéâtre A.
— 13h-14h : Tutorial (Ou travaux dirigés) sur le cours magistral Littérature britannique depuis 1945, salle 110.
— 18h-20h : Chinois écrit, salle 302.

Mardi :
— 9h-11h : Étude d'un auteur ou d'une autrice majeur.e, Amphithéâtre C.
— 18h-19h : Civilisation Chinoise, salle de conférence D.

Mercredi :
— 9h-11h : Poésie et théâtre modernes
— 13h-14h : Tutorial sur le cours magistral de « Poésie et théâtre modernes ».
— 18h-19h : Chinois langue orale, salle 203.

Jeudi :
— 10h-12h : Théorie de la littérature féministe, Amphithéâtre A.
— 16h-17h : Tutorial sur le cours magistral de «Théorie de la littérature féministe », Salle 106.

Vendredi :
— 8h-10h : Littérature anglaise coloniale et post-coloniale, Amphithéâtre D.
— 11h-12h : Tutorial sur le cours magistral de «Littérature anglaise coloniale et post-coloniale », salle 110.

Mouais. Ils auraient pu nous caler tous les cours le matin, comme ça on aurait eu nos après-midi de libres. Mais apparemment chez les humains, les profs viennent d'endroits différents, et font parfois cours dans d'autres universités car il y a un grave manque de personnel enseignant et un budget très réduit pour l'éducation. C'est triste quand même, surtout quand on sait que l'éducation est la clé pour la réussite et l'épanouissement d'un être humain. Même nous sorciers, si nous n'avions pas d'éducation, notre société serait invivable.

Mais bon, au moins, je peux m'organiser d'une nouvelle façon. Youpi, des changements de plans compliqués !

(C'est faux, je déteste quand rien n'est bien organisé. Je suis quelqu'un d'assez cool, mais j'aime planifier les choses autour de moi, et je supporte mal les changements brusques, surtout les négatifs. Reste calme Opale, ça va te faire un bon entraînement.)

Maintenant, je sais que je dois me préparer à l'avance pour trouver les salles dans la fac. Et pour manger aussi. Et il me faut une préparation psychologique pour le métro. On dirait que j'exagère, mais ce moyen de transport me répugne. Allez Opale, pense à la bibliothèque, vu que les cours sont très espacés, tu vas pouvoir y passer beaucoup de temps.

J'ai préparé mon sac de cours en avance, avec mon ordinateur, ma trousse, mon Thermos et mes gâteaux. On dirait que je pars en milieu sauvage, et franchement, la fac y ressemble un peu. J'ai hâte de vraiment commencer les cours, c'est certainement là que j'en apprendrai le plus !

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LiraBücher
Posté le 23/02/2021
ça y est, on sent que l'histoire commence vraiment et que c'est la fin de l'introduction. J'aimerais bien en savoir plus sur le point de vue des sorciers sur le physique. Elle parle de rouge à lèvre, est-ce que les sorciers se maquillent ? Est-ce qu'ils ont les mêmes standards de beauté que les humains ? Peut-être l'aborderas-tu dans de prochains chapitres... Peut-être un avis un peu critique sur le diktat de la minceur ? ;)
Je poursuis ma lecture avec plaisir.
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