Premiers mondes

Par arno_01
Notes de l’auteur : Un voyage, comme un début d'aventure

Etreinte

 

Le premier monde fut surprenant
Enivrant
Tout y était pareil sauf les couleurs
Les odeurs

Je me rappelle d’un arc en ciel tout de bleu vêtu,
D’une terre rouge éventrée, de grands rochers verts,
L’odeur de fruit que dégageait la mer,
Le rugissement que poussaient les tortues

Tout entier à te rechercher, je n’ai rien noté
Assurément émerveillé, mais j’ai tout oublié
Y avait-il des routes, des villes ?
Oui sans aucun doute. Des belles.

Mon passage n’a rien marqué, que traces de pas.
Ce monde-ci ne m’a laissé qu’une vague empreinte
De chaleur se dispersant d’une vieille étreinte
Nostalgie presque effacée de ce premier pas

 

Cerisiers

C'était un blanc verger
Couvert de cerisier
Surgit un vent d'on ne sait d'où
Les pétales tombèrent d'un coup
A-t-on jamais dormi
Sur un tel tatami ?

 

Ruines

Au hasard des détours,
Au gré des contrevents
Je parcourais des mondes,
Parfois inanimés.

Que devais-je y voir ? que devais-je en comprendre ? Était-ce donc le début, ou bien la fin ? Il m’a fallu du temps avant de voir quelqu’un. Car ces paysages n’étaient pas habités. L’Homme pourtant semblait y être passé.

Les vestiges affleuraient le sentier.
Des tours, des statues l’encadraient.
C’étaient des mondes de couleurs.
C’étaient des paysages d’odeurs.

Mais rien, rien que l’ombre de moi-même, seule vie dans ces empires de poussières.

Abandonnés des Dieux, certains n’avaient pas d’âme
Rempli de vestiges, abandonnés des Hommes
Un l’horizon de fer
Des métaux et des pierres
C’en était des déserts

Je pensais encore traverser un de ces mondes vides. Ceux que tu tenais à me faire vivre. Les routes et les câbles confirmait que l’Homme avait vécu. Était-il parti ? Comme sur tant d’autres monde. Mes réflexions se bouclaient, rebouclaient sur les mêmes questions.

Quand un câble s’alluma,
Un poteau droit chanta,
Une enseigne me signa,
Et au loin le soleil se stoppa.

Ce fut une image, comme un écran. Un de vieux hologrammes, projetés en l’air, l’air de rien.
Cela bougea, comme un émoi. Cela me parla, m’interrogea. Ouvrit un œil, suivit de trois.

 

 

Le témoin

Par l’arrivé d’un autre, sa conscience réveillée
Enclenche les systèmes, de ce monstre d’acier
Un écran qui s’allume, puis qui prend mouvement
Dans ce monde désert,  connu que par le vent
Voici que vient la vie, on dirait don du ciel      
Mais elle fût fabriquée, lui est artificiel           
Il fait tourner les câbles, ouvre les caméras    
Je sens son inspection pour tout savoir de moi
Rien ne lui échappe pas même ce que je suis  
Il ne demande rien, et pourtant je lui dis         
L’objet de ma quête, le parfum qui me guide 
Le chemin qui m’attend, que je rêve rapide
Dans sa mémoire en fer, peut-être qu’il le sait
J’ose lui demander si il l’a vu passer

 

Le dire du témoin

Cela fait longtemps, que je n’ai de compagnie,
Que je n’ai un autre à qui je peux m’adresser
Serais-tu un hôte pour garder mes pensées

Ai-je vu des hommes, des femmes
Comme toi, là devant moi
Se tenant le regard droit

C’était il y a bien longtemps
Uniquement un cours instant
Ils courraient contre le vent

C’est que des racines
Ils les avaient coupés
Espérant un brin de libertés

Balloté de contraires en pire
De Charybes en Scylla
Ils s’en allèrent loin là-bas

C’est qu’ils étaient tordus,
Sans le sol et sans la terre
D’où ils étaient issus

Ils ne poussaient pas droit
Et portaient vingt béquilles
De peur de tomber bas

Ils ne sont jamais revenus
Je crois qu’ils se sont perdus
Ignorant comment vivre ?

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Sabi
Posté le 18/03/2022
Très jolie musicalité, avec un vrai fil conducteur. Ça reste court et concis, et pourtant ça raconte vraiment quelque chose. Ça a une âme, c'est évident.
arno_01
Posté le 02/04/2022
Merci encore pour ton commentaire (et désolé de la lenteur de la réponse, je n'avais pas beaucoup de temps à consacrer à mes projets ces dernères semaines)
Edouard PArle
Posté le 09/10/2021
Salut !
Très joli poème (=
Mon préféré est celui sur les ruines.
Quelques remarques :
"Le rugissement que poussaient les tortues" J'ai regardé sur internet et les tortues ne possèdent pas de cordes vocales, elles émettent des sortes de sifflement après c'est du détail ^^
"Couvert de cerisier" -> cerisiers
"J’ose lui demander si il l’a vu passer" -> s'il l'a vu
"que je n’ai un autre à qui" majuscule à que
"Uniquement un cours instant" -> court
Toujours un plaisir de te lire,
A très vite !
arno_01
Posté le 17/10/2021
Merci, pour tout.
Sur les ruines, le changement vers / prose ne t'a donc pas déranger ? (je n'avais pas réussi à tout faire en vers, et souhaitais également m'affranchir du rythme imposé par les vers)

Le rugissement des tortues : c'est fais exprès. dans le paragraphe, j'y mets plein de chose qui normalement ne vont pas ensemble, pour jouer sur la découverte. (arc en ciel tout bleu, une mer à l'odeur de fruit, ...)

Merci pour tout
Edouard PArle
Posté le 17/10/2021
"Sur les ruines, le changement vers / prose ne t'a donc pas déranger ?" Franchement non, j'aime bien aussi la prose poétique.
Ok alors si c'est fait exprès tout va bien ^^
A plus (=
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