Partie III - Chapitre 3

Par Vylma

Plusieurs jours s’écoulèrent dans l’agitation la plus totale. Les rumeurs allaient bon train et toujours en surenchère, si bien qu’à présent il paraissait que les quatre enfants avaient été démembrés et que leurs têtes avaient été alignées devant l’entrée. La vieille bonne aurait quant à elle finit brûlée vive dans le grand four de la maison et l’épouse De Vermeil aurait eu le coeur arraché par son propre mari.

Cet après-midi là, le maire avait fait un communiqué de presse sur la place de la mairie, devant une foule avide de détails morbides. Ils furent cependant déçus, car le contenu de ce communiqué n’était rien d’autre qu’un laïus annonçant que la piste du tueur extérieur avait été abandonnée et que l’affaire avait été classée sans suite. Aucune mention des raisons de cet accès de folie ou d’une hypothèse quelconque. L’attroupement se dispersa lentement, des groupes s’étant formés pour continuer à parler de l’affaire, continuer à répandre des rumeurs, continuer à chercher des explications.

Certains groupes s’étaient ensuite rendus au café afin de poursuivre les discussions, dont Robert et François.

— On ne nous dit pas tout, répéta Robert devant sa pinte de bière.

— A mon avis, répondit le photographe, ils n’en savent pas plus que nous. Cette affaire est étrange ; la police ne sait pas comment la gérer. Et puis quoi, cette famille est devenue folle, voilà tout.

— Ils étaient antipathiques et mécréants, mais fous, je ne pense pas ! Il s’est passé autre chose.

— J’y pense, quand ils étaient revenus d’Amérique Latine il y a cinq ans, je leur avais proposé de faire un petit reportage sur eux. Sur ce qu’ils avaient vu là-bas, ce qu’ils avaient ramenés. Je m’étais un peu renseigné, et un matelot de Nantes m’avait affirmé qu’il avait embarqué une quantité très impressionnante de valises. Sans doute des souvenirs et des trésors. Ils avaient même amené avec eux la bonne qui les servait là-bas, une vieille domestique péruvienne. Je pensais que cet article pourrait intéresser quelques journaux et me faire connaître. Néanmoins, Monsieur De Vermeil refusa tout de suite avec violence et semblait, comment dire… en colère et apeuré. On aurait cru qu’il avait vraiment des choses à cacher. Quand j’ai plutôt essayé de voir avec sa femme, elle ne m’a simplement pas répondu.

— Ca faisait donc partie de leurs secrets ? Qu’est-ce qu’ils ont bien pu ramener ? se demanda Robert pour lui-même. Enfin ça ne change rien. Quelqu’un d’autre est forcément impliqué là-dedans. Qui, je ne sais pas. Le gouvernement, un groupuscule religieux, que sais-je. Mais je ne compte pas rester les bras croisés.

— Comment ça ? demanda François avec une lueur dans les yeux.

— Ca veut dire que je compte mener ma petite enquête, seul ou non. Et je compte bien découvrir ce qu’il s’est passé. Un danger pèse peut-être sur notre ville, déclara-t-il vaillamment. 

— Excusez-moi vous deux, les interrompit Marthe qui était accoudée au bar depuis quelques temps à boire son thé. J’ai entendu votre conversation. Le fait est que moi aussi, je veux savoir ce qu’il s’est passé. Le petit Victor, qui a maintenant perdu toute sa famille, est un de mes élèves et je me sens responsable de lui. Je lui dois bien la vérité. Avez-vous des pistes Messieurs ? demanda-t-elle en les regardant alternativement avec autorité.

— Et bien, nous ne serons sans doute pas trop de trois Mademoiselle… Nous pourrions commencer par fouiller leur maison, le lieu du massacre, chuchotta François en se penchant vers les autres. Peut-être quelque chose a-t-il échappé à la police.

Pendant ce temps, André était affairé derrière le bar. Depuis des jours il s’abreuvait des racontars des uns et des autres à propos de l’affaire De Vermeil. C’était quelque chose qu’il affectionnait particulièrement dans son métier ; le fait d’être toujours au courant de tout. Mais dernièrement, il n’y avait plus d’éléments nouveaux. Certains continuaient à inventer des anecdotes toujours plus horribles les unes que les autres, mais tout commençait à se ressembler. André se sentait frustré. Lui qui restait toujours derrière le comptoire à écouter les histoires des autres, il avait soudain envie de plus. D’être acteur. Au coeur de l’action. Il avait, bien évidemment, entendu la discussion entre Robert et François ainsi que l’arrivée de la professeure de musique. Quelque chose était en train de naître, et il avait envie d’en être.

— Dites-moi vous trois, dit-il nonchalamment en s’accoudant au bar, savez-vous au moins comment vous introduire chez eux ?

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Keina
Posté le 16/01/2020
Bon bon bon, on va peut-être en savoir plus prochainement... Cette famille avait décidément des choses à cacher, depuis leur voyage en Amérique du Sud, et je me demande ce que c'est !
Vylma
Posté le 17/01/2020
Merci pour ta lecture ! ^^
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