Heilendi se tenait dans le tumulte de Port-Nisle, port maritime de Nisle. Son haut phare ivoirin se dressait majestueusement vers le ciel d’un bleu pur. Les rayons éclatants du soleil tombaient sur l’herbe jaunie, sur l’argile et les pierres qui réfléchissaient la chaleur et la lumière. Une écume blanchâtre ondulait comme une guirlande de roses à la surface des eaux. Heilendi essuya la sueur sur son front avec un tissu, passa la main dans ses cheveux courts et inspira une ample bouffée d’air poisseux, saturé par l’effluence des varechs à l’odeur d’œuf pourri. Coincé dans son sora épais, le marchand Okonei était lui aussi complètement mouillé de transpiration. Ce dernier faisait partie de l’ambassade sébénite chargée d’ouvrir un comptoir commercial à Nisle. Ses cheveux blonds, nattés et huilés, descendaient bas sous les fesses, signe que son cyl était déjà bien avancé. Des serviteurs l’éventaient avec un flabellum en plumes, mais cela ne semblait pas suffisant pour qu’il retrouve une certaine contenance.
Au contraire des deux Elfes, la canicule n’affectait pas du tout le stipendier Merrier. Cet homme de petite taille, au teint hâlé, aux cheveux gris bouclés coupés court, était paré pour l’occasion d’une robe en soie légère. Avec ses amples manches et ses pans retenus par une fine lanière de cuir, complétée par un chapeau à larges bords, elle était tout à fait adaptée au climat méridional. Comme Heilendi n’avait pas l’habitude de côtoyer des personnes marquées physiquement par le temps, elle dévisageait le stipendier. Représentant de la guilde des marchands, il était chargé d’édicter les lois sur le trafic des cargaisons arrivant et partant de Nisle. C’était avec lui qu’elle devait s’entretenir pour négocier les droits de douane et les taxes des futurs produits sébénites échangés. Par le passé, elle avait bien sûr aperçu ces vieux. Lors de son dernier cyl, elle avait vécu à Olme, capitale du défunt Empire, mais c’était toujours un choc, voire un plaisir coupable, d’observer ces plis profonds et ces étranges taches sur leur peau. Bien que cela soit impoli, elle ne pouvait s’empêcher de tourner la tête vers les passants ridés. Elle essayait de calculer mentalement l’âge du stipendier, mais ne parvenait à se fixer sur aucun chiffre. Elle se rappelait que les Humains étaient jeunes, malgré leur apparence. C’était insensé, mais Monsieur Merrier avait-il tout juste un cyl ?
Heilendi remarqua les nombreux éclopés de Port-Nisle. À leurs regards mauvais, elle devinait que la vue des Elfes les incommodait. Était-ce des vétérans de la guerre des Ulynes ? Heureusement, des gardes et des serviteurs formaient un cercle protecteur autour d’eux et gardaient éloignés ces mendiants puants, défigurés par les combats, ainsi que les matelots et les pécheurs grouillant sur les quais.
Un domestique protégeait l’ambassadrice du soleil à l’aide d’une ombrelle et un autre portait une cruche d’azurté et des fruits. Heilendi leva le bras pour en recevoir une tasse ; on se précipita pour la servir. Elle avala de petites gorgées du liquide tiède, en fixant les bateaux amarrés.
« Je crains que vos quais ne fassent qu’une soixantaine de coudées, au mieux, dit-elle.
— Soixante ! Non, vous vous trompez, Dame Elfe, rectifia Merrier. Je les évalue à une centaine, si ce n’est plus ! »
Elle secoua la tête. « Non, soixante », affirma-t-elle, catégorique.
Elle se tourna vers Izuma, son serviteur et garde du corps. Âgé de cent ans à peine, ce jeune Elfe était fier d’avoir rejoint une ambassade si prestigieuse dans des royaumes humains et se réjouissait d’entamer son troisième cyl avec la naïveté d’un enfant. Ses yeux bleus immenses, levés vers le faîte du phare, se posèrent sur Heilendi qui lui dit :
« J’ai apporté dans mes valises une corde à douze nœuds, Izuma. Veuillez la chercher et l’utiliser pour mesurer le plus grand quai. Celui-ci, devant nous. »
Son serviteur s’inclina. Accompagné de deux commis attachés au seigneur Merrier, il sortit du cercle pour s’acquitter de sa tâche.
« Les nefs sébénites sont plus vastes que les vôtres, reprit Heilendi. Nos plus gros vaisseaux capables de circuler en haute mer, les barres, peuvent atteindre cent coudées de long et bien seize coudées de large.
— Les barques ? répéta Merrier en partant d’un petit rire. Non, Madame, je vous assure que la taille de nos quais sera tout à fait satisfaisante. »
Ils attendirent le retour d’Izuma en silence. Le stipendier ne démordait pas de sa position, alors que Heilendi était sûre d’elle-même. Elle avait été arpenteuse, au cours d’un précédent cyl, et trouvait que cette vérification n’était qu’une vaine perte de temps.
Izuma portait uniquement sa cotte de mailles sur sa robe, surmontée d’une fine tunique en lin pour éviter que les rayons ne tapent directement sur le fer. Il revint de sa mission, rouge comme une écrevisse, mais avec l’exacte mesure écrite sur une tablette de cire, confirmée par les serviteurs humains de Merrier qui ne l’avaient pas quitté des yeux pendant sa tâche. Il s’avérait, évidemment, que Heilendi avait vu juste. Comment aurait-elle pu se tromper ? Elle avait vécu sur l’île de Hérand pendant des siècles. Et tous les Héranes effectuaient, un jour, un cyl en tant que marin. Ainsi, rien ne lui échappait concernant les bateaux et la mer. Chez elle, seuls les fous ne savaient pas naviguer.
« Pour que nos barres débarquent à Nisle dans un avenir proche, il faudra donc élargir les quais », conclut-elle.
Merrier lui glissa un regard en coin, visiblement touché dans son ego, et grogna une réponse étouffée.
« Nos navires sont les plus grands d’Énée, compléta l’Elfe Okonei qui vola au secours de Heilendi. Ils peuvent transporter jusqu’à cinq cents tonnes de frets.
— L’élargissement des quais sera payé par Sébune », ajouta Heilendi, sûre de mettre ainsi un terme à ce débat ridicule.
Merrier finit par hocher la tête et la question des travaux fut dès lors réglée. Heilendi laisserait à Okonei le soin de s’occuper des détails futurs. Il recruterait les artisans, superviserait les opérations et louerait les entrepôts.
Le regard rivé vers la mer, elle constata : « Par ailleurs, l’état des remparts autour de Port-Nisle est des plus pitoyables. Les parois se lézardent. Je crois bien qu’un pan entier est tombé dans les flots, de ce côté. Voyez vous-même ! »
Elle désignait du doigt une portion de murs près du phare, totalement ouverte sur les eaux, son autre bras levé pour se protéger du soleil.
« Des travaux débuteront bientôt, l’informa Merrier en s’inclinant légèrement, les mains jointes derrière le dos. Ils ont momentanément été interrompus, du fait du décès prématuré d’Abisen le Jeune qui les supervisait.
— Cela me rassure, car je ne veux pas négliger la sécurité de mes concitoyens qui poseront le pied ici. Vous n’êtes pas sans savoir que les barres déplacent trois cents personnes, à chaque trajet. »
Okonei prit le relais et détailla avec précision les produits à échanger. Heilendi tenta de faire baisser les taxes de douane proposées par Merrier, jusqu’à ce que tous furent satisfaits.
En fin de matinée, elle apposa le sceau de Sébune à côté du Nislien, en bas d’un document régulant le commerce des marchandises elfiques.
« Un grand merci, Madame l’Ambassadrice, dit Okonei, une fois que Merrier se fût retiré. Quel travail de maître ! Grâce à vous, les échanges entre Nisle et Sébune seront bientôt féconds. Ha ! J’ai hâte de remplir nos futurs entrepôts ! Quelle belle victoire ! »
Heilendi fut soulagée de se mettre à l’ombre. Elle monta dans un bateau savourois en poussant un soupir de satisfaction en vue de rejoindre Nisle, située à peu de distance le long du fleuve. La Savoureuse serpentait entre les champs et les vignobles, les moulins et les fermes aux toits « à la nislienne », presque plats ou à faible pente. Sur le pont, Heilendi apprécia la caresse du vent sur son visage en admirant les rideaux d’oliviers sur les collines. Elle frémit quand apparurent les faubourgs, étalés sous les hauts remparts. Bientôt elle assisterait au fameux conseil des Douze. Elle s’apprêtait à rencontrer le peresta Abisen et priait les meilleurs cyls pour que son litois ne soit pas trop rouillé et qu’elle fasse bonne impression auprès des stipendiers. Ainsi, lors de la future Chrysalie, les gardecyls ne pourraient que louer son travail. Elle serra le poing : son prochain cyl, elle le passerait chez elle !
Le bateau savourois longea une rangée de maisons basses et une ombre le recouvrit quand il passa sous un pont en bois mal entretenu, aux piliers tapissés d’algues brunes, de moules et de mousses. L’aspect délabré de ce pont contrastait avec un autre au loin, orné de statues et bordé de bâtiments élégants. Ils bifurquèrent vers l’Entrepont, port fluvial de Nisle.
Un homme courbé, aux épaules tombantes, aborda Heilendi avec chaleur. Des rides profondes creusaient son visage fin. Deux longues tresses blanches lui arrivaient aux genoux et dévoilaient des oreilles coupées net. C’était Kaapio, le majordome de son palais.
Il leva la main et des serviteurs se déployèrent autour d’eux. « Ne traînons pas au milieu de ces badauds, voulez-vous ? Je vais vous conduire au palais perestal. Comment ce sont passées les négociations ?
— Mieux que prévu », répondit-elle.
Elle le suivit dans une voiture sans capote, tirée par une jument isabelle. Deux gardes humains montèrent à cheval et encadrèrent la calèche de part et d’autre. Izuma grimpa sur le marchepied à l’arrière ; Kaapio se hissa sur la banquette en face, puis le cheval s’ébranla.
Heilendi dressa l’oreille, attentive à tous ces bruits nouveaux : le claquement des sabots de bois sur le pavé, le grincement des volets, les voix étrangères qui s’entremêlaient. La calèche franchit un autre pont protégé par quatre ogres en pierre, et s’engagea dans une avenue plus large. Les commerçants balayaient et aspergeaient la devanture de leur boutique. Heilendi allongea le cou pour admirer l’imposante bâtisse jaune, trouée de fenêtres en ogive, où de nombreuses tourelles s’avançaient à intervalle régulier sur la rue. Des sculptures représentant des bustes d’hommes et de démons émergeaient de la façade, comme s’ils y avaient été piégés lors de la construction du palais et tentaient, depuis lors, d’effrayer les visiteurs en étirant leur corps vers la place.
Les gardes ouvrirent les battants des portes cochères rouge vif, couleur de l’Empire, et la voiture s’engagea dans l’allée sablonneuse jusqu’à l’entrée du palais perestal. Encadrée de deux valets de pied, Heilendi gravit le perron et pénétra dans un vestibule frais. Les murs arboraient la bannière impériale pourpre, tendue à côté de la mauve, couleur d’Olme, et de la jaune, celle de Nisle. Les arcades en face laissaient entrevoir un cloître entourant un jardin intérieur ombragé. Attirée par son calme, Heilendi s’en approcha. Des fées en pierre s’ébrouaient autour d’un bassin central, dans lequel coulait une eau aubergine rougie par les mousses. Une tête en marbre posée sur son haut socle paraissait l’observer d’un air grave : celle d’Adriar, fils de Ptolamen, l’un des derniers empereurs d’Olme. Ses traits fins et réguliers correspondaient fort peu à l’homme laid, rencontré par Heilendi lors de son précédent cyl. Le sculpteur avait-il réalisé cette œuvre de manière posthume ? Ou était-ce l’image que les Nisliens avaient gardée de lui ? Dans les deux cas, cela révélait la faiblesse de la mémoire humaine.
La porte principale se rouvrit derrière elle et Heilendi s’immobilisa au milieu du vestibule face aux deux arrivants, vêtus d’une jupe droite, d’une veste et de longs gants noirs, malgré la chaleur. Aux voiles sombres tombant de leur chapeau à larges bords, elle sut que c’était des Darrains. Les gens de leur race étaient rares sur le continent et quasi inexistants sur les îles de Sébune. Pourquoi un peuple nocturne s’était-il établi dans cette ville ensoleillée, au climat méridional ? Très certainement pour profiter des nuits, plus fraîches, et tout à fait sublimes. Ils étaient les tout premiers Darrains que Heilendi rencontrait et sa curiosité était telle qu’elle se retint de ne pas soulever leur voile pour observer leur visage.
Le valet les entraîna vers un escalier en marbre, avec un tapis rouge à baguettes de cuivre. Heilendi jetait des regards furtifs vers les deux étrangers masqués qui montaient les marches à côté d’elle, avec la farouche impression d’être épiée en retour.
« Vous devez être Dame Heilendi de Hérand, finit par dire, d’une voix grave, le Darrain le plus proche d’elle. La nouvelle ambassadrice sébénite. On m’a annoncé votre récente arrivée. Mon nom est Hjartann et voici ma mère, la stipendière Ifann, fille de Binathann, la représentante de Soreh. Quant à moi, je remplace le péjuan Ragurann à la tête des troupes zérègues. Je ne fais pas partie du conseil proprement dit. Tout comme vous, je viens seulement y assister.
— Nous sommes donc dans une situation similaire, Sire Hjartann. Je remplace l’ambassadeur Ropendi.
— Ropendi, répéta-t-il. Oui, bien sûr, je me souviens de lui. »
Ils errèrent dans un labyrinthe de couloirs, où Heilendi ralentit pour admirer les tapisseries accrochées aux murs. Elles montraient divers aspects de la connaissance : une dépeignait la médecine, une autre les arts, une troisième la philosophie et ainsi de suite. Ils franchirent une arche et leurs pas firent grincer le parquet d’une vaste salle ornée de fresques, de cartes et de scènes de batailles aux multiples détails. Au plafond brillaient des étoiles argentées sur fond bleu clair. Des échafaudages dissimulaient le mur de droite et la pièce sentait bon le bois coupé et la peinture fraîche.
« Hjartann, mon vieil ami, vous voilà enfin ! Je vous attendais ! » s’écria un homme de grande taille en claudiquant jusqu’à eux.
Il avait une face bouffie avec des veinules violacées qui couraient sur ses joues, un œil plus gros que l’autre et quand il leur sourit, sa bouche s’ouvrit sur de hautes dents. Heilendi aperçut un chicot sur la rangée supérieure droite. Ses cheveux et sa barbe blancs, parsemés ici et là de blonds, rappelaient ses origines olmiennes, à l’instar de l’accent rocailleux du nord qui teintait sa voix. Heilendi réfléchit à son âge : rides, cheveux blancs, chicots… Elle ne pouvait même pas compter en cyl ! Dans les cinquante à cent ans, donc ?
« Sire Abisen, c’est un plaisir », dit Hjartann en disposant son voile sur les bords de son chapeau et en inclinant le buste face au peresta. Un autre foulard recouvrait son visage, mais ses yeux clairs et vifs étaient maintenant visibles.
Heilendi imita son salut.
« Toujours matinal, constata Abisen. Effrayé par le soleil, n’est-ce pas ? » Il s’arrêta un instant pour détailler le costume du Darrain qui ne laissait dépasser aucune surface de peau, laquelle était entièrement protégée sous des pans de tissus sombres. « Plus personne ne s’attendait à vous voir réapparaître et j’ai été ravi de l’annonce de votre retour. Dame Ifann, je peux aisément imaginer votre joie !
— En effet, dit la Darraine d’un ton grave, c’était inespéré.
— Sire Hjartann, où donc êtes-vous resté terré, au cours de ces quinze dernières années ?
— C’est une longue histoire.
— J’aimerais l’entendre… Un jour, dit-il en se tournant vers Heilendi. Vous devez être notre nouvelle ambassadrice sébénite. Les Elfes font toujours dans la bizarrerie, voilà-t-il qu’ils nous envoient une bonne femme ! Enfin, je suis quand même content de vous voir. Mon fils vous attendait avec impatience. »
Sa voix se brisa. Il lui prit les mains et Heilendi fut dégoûtée par leur contact froid et humide.
« Vous allez mettre une petite touche de fantaisie à nos débats », ajouta-t-il en s’écartant légèrement pour la regarder, de pied en cap. Heilendi fronça les sourcils, heurtée par ces propos moqueurs et indisposée par son haleine avinée. « Ne vous fâchez pas, dit-il en lui tapotant le bras. Je plaisante, bien sûr. »
La stipendière Ifann fut interpellée par le drongaire Parau, dirigeant de la flotte, entouré d’un groupe de commandants de l’armée à la coupe au carré courte. Elle s’inclina devant Abisen et alla les rejoindre. Celui-ci entraîna les deux autres vers une petite console, près des fenêtres.
« Qu’est-ce que je vous sers ? De l’arjon ? » demanda-t-il en débouchant une bouteille au corps convexe dont il commença à verser le contenu dans un verre, sans attendre leur réponse. Hjartann et Heilendi déclinèrent poliment, ce qui ne l’empêcha pas d’avaler une longue rasade.
« L’effondrement de l’Empire et l’instabilité qui s’ensuivit n’ont pas réussi à ébranler la puissance de Nisle, dit-il. J’y ai remis bon ordre. Nisle a conservé sa grandeur et constitue encore un îlot de paix. »
Il but une nouvelle gorgée et fixa soudain Heilendi droit dans les yeux. Malgré son ton détaché, presque amical, ses yeux, eux, étaient glauques, plus froids que des perles de verre, comme ceux d’un poisson sur l’étal du marché. Heilendi frémit, mais soutint son regard, tandis que son esprit se débattait pour formuler une réponse :
« J’espère que la paix que vous avez instaurée sera bénéfique à l’établissement d’un traité entre nos peuples. »
Le vieil homme hocha la tête, puis son attention se reporta vers un point par-delà son épaule.
« Oh ! Voici le seigneur Kuara, s’exclama-t-il d’un ton énergique, le bras levé vers le nouvel arrivant. Vous vous souvenez de lui, n’est-ce pas ? »
Heilendi se tourna vers lui. Les joues de Kuara étaient rouges comme après un effort important, et son nez pelait, mais les traits de son visage étaient jeunes et harmonieux. À sa forte carrure, son torse large, son maintien tout militaire, le dos droit et les jambes écartées, elle sut que c’était un guerrier.
« Le seigneur Hjartann et moi-même avons tous deux combattu à Dhuyne, énonça Kuara, mais nous ne nous sommes jamais rencontrés en personne.
— Sire Kuara, fils de Tremar le Preux, est le nouveau gonfalonier, le chef des armées de Nisle, expliqua le peresta. Suite à… »
Il ne finit pas sa phrase : il se tut et baissa la tête, replongeant dans son verre d’arjon. Suite à la mort de son fils, Abisen le Jeune, compléta mentalement Heilendi. C’était ce dernier qui avait détenu ce titre, jusqu’à sa disparition peu avant son arrivée, il y avait environ deux mois de cela.
« J’ai bien connu votre grand-père, dit Hjartann après un court silence. N’aviez-vous pas un domaine à Francastel, plus à l’ouest dans les Baronnies ? Je m’y suis rendu plusieurs fois par le passé. Je me souviens des chevaux de guerre magnifiques que votre famille possédait. »
Kuara lui jeta un regard glacial. Il profita de l’arrivée d’autres stipendiers pour leur fausser compagnie. Ce fut Abisen qui répondit à sa place, pour dissiper la gêne installée :
« Vous ne pouviez pas être au courant, Sire Hjartann. Le château de Francastel a brûlé peu après la fin des conflits. Les flammes ont tout consumé pendant la nuit, emportant la femme de Kuara et ses deux fils. Quelle tragédie, vous rendez-vous compte ? Ses deux fils ! »
Il finit son verre cul sec et se pencha pour se resservir.
« Je l’ignorais, dit Hjartann.
— Après ce drame, Kuara a demandé ma protection et ce fut un honneur d’accueillir un héros de Dhuyne en ces lieux. Riche de son expérience militaire, il a grandement contribué à sécuriser Nisle et à maintenir la paix. »
À nouveau, Abisen leva sa coupe, puis les entraîna vers la salle du conseil. Ils pénétrèrent dans la pièce rectangulaire. Deux rangées de cinq sièges massifs se faisaient face, surplombées d’une estrade en bois sombre qui courait le long des murs, à laquelle on accédait par un escalier tournant. La lumière tombait des fenêtres arrondies, situées en hauteur au-dessus de fresques dépeignant cette salle même et les réunions passées, où des stipendiers débattaient dans leurs robes violettes, couleurs d’Olme. Chacun prit place dans son fauteuil habituel. Ifann se dirigea vers celui au dossier terminé par deux têtes de dragons rugissants. Heilendi et Hjartann restèrent debout, de part et d’autre du peresta, jusqu’à ce que celui-ci les introduise d’une voix hésitante :
« Nous accueillons aujourd’hui l’ambassadrice Heilendi de Hérand qui nous vient directement de l’Ouest, afin de raffermir nos liens avec les Elfes sébénites. Et le péjuan Hjartann, fils d’Ifann, commandant des zérègues qu’il est, je pense, inutile de décrire davantage ; la plupart d’entre vous le connaissent déjà. Il réintègre ses fonctions après un long voyage. »
Il y eut des hochements de tête parmi les stipendiers les plus âgés. Heilendi s’inclina et dit d’une voix claire :
« Je viens ouvrir une nouvelle route commerciale entre Nisle et Sébune. Je suis sûre que l’établissement de liens entre nos peuples contribuera à maintenir la paix et à développer une économie prospère, en Énée et au-delà. »
Les dignitaires portant tous la coupe au carré, comme du temps de l’Empire, firent un bref signe de tête approbateur. Heilendi monta dans les estrades et découvrit une rangée de sièges, la plupart occupés. Elle reconnut parmi les ambassadeurs présents le Manais à la barbiche, l’Argenois encapuchonné et le Surgute en fourrure. Elle les rejoignit en se glissant entre les marchands richement parés et les commandants de l’armée à la frange droite, et s’installa dans un fauteuil. Le péjuan Hjartann gravit les marches à sa suite et elle fut surprise de le voir s’asseoir à ses côtés. Tous deux s’accoudèrent à la balustrade pour observer le conseil en bas.
Le peresta tangua et s’affala à sa place, sur un trône en face de la porte, sous des tentures mauves et jaunes, encadré de part et d’autre par les deux rangées de stipendiers. D’un vague moulinet de la main, il ouvrit la séance, crispé sur son gobelet comme si ce dernier le soutenait.
« Il a bu plusieurs verres, chuchota Heilendi sous cape, et il est soûl maintenant ! »
Elle regarda tour à tour ceux qui l’entouraient, mais aucun ne semblait trouver cette situation anormale. Elle sursauta quand le péjuan Hjartann lui répondit à voix basse, son visage masqué penché vers le sien :
« Il n’était pas ainsi à l’époque. Plus jeune, il fut un guerrier superbe.
— C’est difficile à croire. »
En bas, le fauteuil à droite de la Darraine Ifann était vacant. C’était celui anciennement occupé par le représentant des Elfes nisliens. Après la guerre des Ulynes, les Elfes avaient été expulsés de la ville. Heilendi remarqua le regard de Kuara accroché à elle comme les serres d’un aigle. Dès que le silence se fit, il s’écria, avec un rictus moqueur :
« Quelle chance ! Nous allons profiter de la science des immortels. » Il s’esclaffa : « Une Elfe ! Sa venue ne fait que compliquer la situation actuelle. À ce rythme, bientôt nos ennemis, les Kumites et les Nains danbrais, assisteront également aux conseils ! »
De petits rires s’élevèrent. Heilendi tressaillit, touchée au cœur par sa remarque, mais n’en montra rien.
« Votre commentaire est déplacé, Sire Kuara, dit sèchement le stipendier Merrier, avec qui Heilendi avait négocié le commerce des produits sébénites. Nous attendions l’arrivée de Dame Heilendi pour créer des accords qui ne pourront qu’être bénéfiques pour la guilde des marchands dont je suis le représentant. Elle n’est, en rien, assimilable à une ennemie. Encore moins à une Naine ! »
Kuara la fixait toujours en grimaçant, mais finit par détourner les yeux.
« Avant de commencer les débats, reprit-il, je souhaiterais demander aux deux autres immortels, les seigneurs darrains, de se découvrir le visage devant l’assemblée. Nous ne sommes pas au carnaval et c’est là un signe de respect attendu.
— Ces voiles protègent notre peau, expliqua Ifann. Le soleil de Nisle est très agressif et peut faire des ravages en été.
— Ce costume ne sied guère à un stipendier », renchérit Kuara.
Ifann resta immobile un moment.
« Cela n’a jamais été un problème par le passé, finit-elle par dire. Mais très bien… si cela vous importune, je peux retirer mes voilages dans cette pièce peu éclairée. » Elle jeta un regard lourd de sens vers son fils et tous deux déroulèrent leurs foulards. Elle plia le sien sur ses genoux.
Ifann était grande et corpulente. Ses bras musclés reposaient sur les accoudoirs. Heilendi contempla son visage, lisse et noble, barré d’une longue cicatrice, qui contrastait avec les faces ridées des autres. Elle examina le profil de Hjartann, semblable à sa mère par bien des aspects, mais ses traits étaient tirés, ses joues creuses, de fines pattes d’oie entouraient ses yeux fatigués.
Se sentant observé, il lui sourit, la tête inclinée vers elle : « On m’avait prévenu que le nouveau gonfalonier était… particulier. Mais à ce point !
— Il n’a pas l’air de nous apprécier », répondit-elle à voix basse en se dépêchant de reporter son attention vers les stipendiers.
La voix de Merrier s’éleva : « Nous avons d’autres priorités à discuter que la dernière mode vestimentaire à Soreh ! »
Accoudé à la balustrade, Hjartann posa le menton dans ses mains et reporta son attention vers le conseil. Heilendi fit de même et allongea le cou pour mieux voir.
« Sire Kuara, vous vous entretiendrez de ces futilités avec Dame Ifann en fin de séance, si cela vous intéresse. N’êtes-vous pas d’accord, mon peresta ? »
Abisen était perdu dans ses pensées. À l’évocation de son titre, il eut un sursaut, toussota et dit :
« Si, bien sûr, Sire Merrier, vous avez raison. Veuillez continuer. »
Il replaqua sa joue contre sa paume et replongea dans la léthargie. Kuara lui jeta un regard dédaigneux puis, se levant à son tour, s’écria d’une voix forte :
« L’heure est grave. Les Nains de Dindanbre sont sortis de terre et menacent nos campagnes. Ils sont entrés dans notre royaume, pillent les villages et soumettent en esclavage ceux qu’ils ont vaincus. Nous avons enfin reçu des nouvelles du détachement envoyé en éclaireur par feu le seigneur Abisen le Jeune. Les deux seuls soldats qui ont réussi à s’enfuir et à rentrer, sains et saufs, ont décrit des scènes d’une extrême violence, à cinq lieux au nord de Nisle. Leurs compagnons se sont fait massacrer et les rares survivants sont probablement prisonniers des Nains à présent.
— C’est inadmissible ! réagit le drongaire Parau, commandant de la flotte, assis à la droite d’Ifann, en fermant le poing. Rassemblons nos troupes et allons leur porter secours ! »
Heilendi avait mémorisé les noms et les fonctions des différents stipendiers. Ils étaient tous fidèles à la description qu’on lui en avait faite et elle réussit aisément à les identifier. Le drongaire avait la peau tannée, creusée de rides profondes, signe d’une vie en plein air, passée sur le pont d’un bateau. Malgré son âge, ses muscles saillaient sous sa robe, sur laquelle était cousu l’insigne de la flotte.
« N’agissons pas dans la précipitation, dit Kuara en levant la main. Il est impensable dans l’état actuel d’envoyer une autre escadrille. On parle d’un ost de plusieurs dizaines de milliers de Nains et d’Hommes, rassemblés au-delà de la Marche. »
Il y eut un court silence.
« Impossible ! Comment peuvent-ils être aussi nombreux ? demanda le maigre trésorier Aloriaz, aux allures d’intellectuel.
— J’ai du mal à le croire moi-même, répondit Kuara. Il semblerait qu’ils aient des Humains dans leurs rangs… Des esclaves, précisa-t-il. À mon avis, c’est ce qu’ils viennent chercher. »
Heilendi avait entendu parler des Danbrais, ce peuple féroce dont les pièces d’artisanat concurrençaient le savoir-faire sébénite. Elle devait admettre qu’ils produisaient les plus beaux bijoux de tout le continent et des verreries d’une qualité exceptionnelle.
« Rappelez-vous ! reprit Kuara. J’avais averti Abisen le Jeune des dangers de cette expédition. Face à un tel nombre, il faut l’accepter : nos hommes sont perdus, prisonniers des Danbrais. Leur porter secours ne ferait qu’affaiblir notre armée. Nous ne pouvons pas nous permettre d’envoyer de nouveaux soldats. »
Des chuchotements parcoururent l’assemblée. Les commandants assis derrière Heilendi conversaient à voix basse. Les stipendiers échangèrent quelques mots, penchés les uns vers les autres. Merrier se leva, l’air atterré.
« Que vont penser nos voisins ? Nous avons le devoir de protéger nos gens et nos terres ! Si le trafic de nos denrées est perturbé, celles-ci pourriraient dans leur chariot et ne pourraient être délivrées ! Il faut arrêter les Danbrais avant qu’ils ne soient aux portes de la ville et ne s’en prennent à Port-Nisle, aux fortifications par ailleurs fort peu entretenues. Sinon, nous courons au désastre. »
Teronar, représentant de la guilde des artisans, renchérit :
« La guilde des tonneliers serait très affectée, si les prochaines vendanges ne pouvaient avoir lieu. Nous ne pouvons abandonner nos vignes et nos viticulteurs. Nous avons des commandes à tenir et des engagements envers les cités alentour. La grande Nisle ne va tout de même pas courber l’échine devant trois Nains ! »
Kuara leva les deux mains pour ramener le silence dans la salle, puis dit :
« Les viticulteurs ? Les marchands ? Vous passez du coq à l’âne. Pensez à notre armée ! Nous n’avons plus le soutien d’Olme et nous ne possédons qu’un nombre limité de soldats. Nous ne pouvons pas marcher sur les Nains, en une bataille rangée, comme du temps de l’Empire. Nous nous ferons massacrer ! »
Le gonfalonier dirigeait le débat. Le peresta qui aurait dû présider l’assemblée restait en retrait, les yeux mi-clos.
« Vous avez raison, Sire Kuara, acquiesça le drongaire, ses mains noueuses jointes devant lui. Toutefois, ce qu’avance Sire Merrier est aussi sensé. Il faut penser à Port-Nisle, à nos marchands et à nos marins. S’il est pris, nous ne pourrons plus ravitailler Nisle et des mouvements de panique apparaîtront en ville.
— Et n’oublions pas les petites gens », compléta l’exarque Sémérys, un homme rondelet coiffé de la mèche des prêtres du culte des Trois. Celle-ci rappelait à Heilendi celle abordée par ces Elfes assez dérangés pour briser leur cyl, à Sébune. « Ne délaissez pas nos fermiers hors des murs. Ils seront bientôt à nos portes, recherchant notre protection. Nous ne pouvons pas les abandonner à la folie des Danbrais.
— Vous plaisantez, j’espère ! s’exclama Kuara. Nous n’allons pas risquer de faire tomber Nisle pour abriter trois paysans et une poignée de viticulteurs !
— Qui vous parle de faire tomber Nisle ? fit Merrier de la guilde des marchands, toujours debout, tapant du pied pour exprimer son mécontentement. La ville est forte et résistera !
— Les fermiers vivent en dehors des remparts, mais sont le ventre de Nisle, dit le stipendier Léocrate, en charge du respect de la justice. Nous leur devons protection ! »
Heilendi suivait avec attention ce débat. Elle n’avait pas pratiqué le litois depuis longtemps. Avait-elle bien compris le sens de chaque mot ? Elle ignorait tout de cette nouvelle menace et se demandait si elle parviendrait à mener à bien sa mission commerciale dans ce contexte.
« Nos portes sont ouvertes aux fermiers, céda Kuara. Il faudra cependant filtrer les possibles espions cachés parmi eux. Ainsi, l’entrée aux Nains sera strictement interdite. »
— Tous les Nains ne sont pas des Danbrais ! répliqua l’exarque Sémérys. Il y a des Nains parmi nos fermiers.
— Ils ne seront pas les bienvenus en nos murs ! »
Heilendi jeta un coup d’œil au péjuan Hjartann qui remuait à côté d’elle, les narines retroussées. Elle se pencha vers lui et murmura : « Il y a vingt ans, les Elfes étaient ainsi pointés du doigt. »
Le Darrain hocha la tête. « Le nouveau gonfalonier est odieux. »
Elle s’affligeait de ces distinctions. Les Nisliens ne bénéficiaient-ils donc pas tous des mêmes droits ?
Heureusement, Ifann s’écria : « Ces fermiers ne sont pas des ennemis ! Au contraire, nous devons les aider ou ils seront les premiers à être capturés !
— Bien dit ! compléta l’exarque Sémérys.
— Qu’en pensez-vous, Sire Abisen ? » demanda calmement Kuara en se tournant vers lui.
Tous braquèrent des yeux attentifs sur le peresta qui n’avait pas pris part aux débats jusque-là. Il releva la tête à la mention de son nom, fixant l’assemblée d’un regard vague.
« Je vous demande pardon, Sire Kuara ?
— N’êtes-vous pas d’accord, Sire, que ces Nains constituent un grave danger pour notre ville ?
— Oh si ! Un danger terrible ! Vous avez raison. »
Kuara hocha le chef d’un air entendu, ce qui mit fin à la polémique sur les fermiers nains. Le peresta cuvait son arjon. Heilendi avait la ferme impression que Kuara aurait pu lui faire accepter n’importe quoi.
« J’espère que ces mesures ne s’appliqueront pas à notre communauté, dit Ifann d’un ton glacial, en lui jetant un regard noir.
— Pas si vous nous prouvez votre loyauté », répliqua sèchement Kuara.
Hjartann respirait fort aux côtés de Heilendi. « Prouver notre loyauté ? » chuchota-t-il, les dents serrées.
Heilendi n’eut pas le temps de lui répondre. En bas, Ifann réagit en s’étranglant presque, comme si elle avait entendu les murmures de son fils : « Qu’insinuez-vous ? Nous sommes Nisliens, au même titre que les Humains. Nous vivons à Nisle depuis des siècles. Les intérêts de la cité sont les nôtres.
— Bien sûr ! je veux bien vous croire. »
Il effectua un vague moulinet de la main, comme pour chasser une mouche importune.
« Les zérègues vous aideront, renchérit Ifann en glissant un regard vers Hjartann qui acquiesça.
— Oui, nous verrons cela plus tard, fit Kuara. Car il ne faut plus penser à une attaque, irréaliste, mais préparer notre défense au plus vite. » Il quitta son fauteuil et traversa l’allée entre les stipendiers. « Les soldats doivent se déployer en priorité pour protéger la ville. L’avancée des Danbrais est rapide et il devient clair que leur but est Nisle. » Il fit un brusque demi-tour et, tout en parlant, marcha dans la direction opposée : « Or, depuis la guerre des Ulynes, nous ne disposons plus d’un nombre suffisant d’hommes pour les repousser. Une bataille rangée, hors des remparts, serait un suicide. » Il se retourna à nouveau et leur fit face : « En somme, il faut se préparer à un siège. » Il reprit place aux côtés du peresta.
Il y eut un court silence.
« Dans ce cas, réquisitionnons tout ce qui nous permettra de tenir, dit le trésorier Aloriaz, d’une voix calme, mais ferme.
— En plus d’abandonner une partie de nos fermiers, vous voulez piller leurs exploitations ! Bravo ! s’écria l’exarque, les joues rouges, le front dégoulinant de sueur.
— Ce sera bientôt la moisson, rétorqua Léocrate. Il faut rentrer les récoltes pour remplir nos greniers. De toute façon, je suis sûr qu’en hiver, les Danbrais seront partis. »
Les arguments fusaient. Le conseil était divisé. Les uns souhaitaient mener une attaque. Les autres, plus raisonnables, proposaient la défense et un repli derrière les remparts.
« Qu’en est-il des négociations avec les Danbrais ? demanda l’exarque Sémérys. Après tout, que veulent-ils ? Nous ne pourrons pas tenir un siège éternellement. Nous devons essayer de trouver un terrain d’entente avec eux.
— Une entente avec des inumas, répéta Kuara en grommelant.
— Qu’en est-il des liquidités ? Pouvons-nous leur payer un tribut ? s’enquit Merrier.
— Cela est possible, mais dépendra du montant, dit Aloriaz. Nous pourrons renflouer les caisses en augmentant les impôts.
— Ne vous leurrez pas, dit Kuara, les Nains réclameront autre chose que de l’or…
— Si c’est des esclaves qu’ils veulent, coupa l’exarque en agitant l’index, jamais nous ne trouverons un accord. Il est exclu de leur livrer ne serait-ce qu’un seul citoyen de Nisle ! »
Il laissa retomber son poing sur l’accoudoir. Heilendi avait de plus en plus de mal à suivre ces débats. Sa maîtrise du litois était imparfaite et elle avait l’impression qu’ils parlaient tous en même temps.
« Nous ne savons même pas ce qu’ils cherchent, insista Léocrate. Envoyons-leur un messager sans tarder.
— Très bien, c’est ce que nous allons faire, dit Kuara, enfoncé dans son fauteuil, massant l’espace entre ses yeux. Vous avez raison. Dans un premier temps, organisons une rencontre avec Brünhjik, leur chef. Puis nous aviserons.
— Bien parlé ! s’écria Abisen en se mettant debout. Je déclare la fin de cette assemblée ! »
Il tourna les talons et quitta la pièce précipitamment, laissant les conseillers échanger des regards incrédules. Il y eut un moment de silence où tous se demandaient s’ils devaient obéir et clore la séance ou au contraire, continuer les débats. Ils n’avaient pas encore tranché pour une stratégie offensive ou défensive. Les questions relatives à la protection de Port-Nisle n’avaient pas été abordées, ni les préparatifs à un éventuel siège.
Kuara finit par se lever. Il tapa dans ses mains et déclara : « Cette assemblée est dissoute. Nous reprendrons demain.
— En voilà un qui s’empresse de combler le vide laissé par le peresta ! » grinça Hjartann, alors que les stipendiers quittaient la salle.
L’un d’eux fit une blague de mauvais goût sur la taille des Nains, provoquant un éclat de rire chez les autres. Heilendi les trouvait bien présomptueux. La tournure des évènements l’inquiétait. Comment allait-elle ouvrir et développer de nouvelles voies commerciales, si la ville venait à être assiégée ?
Même si le siège se révélait être temporaire, comme les stipendiers semblaient le penser, elle devait en informer Sébune au plus vite. Peut-être allait-on la renvoyer chez elle ? Elle l’espérait, en son for intérieur, sans toutefois s’accorder à y croire. Jamais elle n’aurait imaginé faire face à une telle situation qui risquait fort de perturber son cyl et donc, par ricochet, de compromettre le suivant.
J'ai bien aimé ce chapitre, ainsi que la manière dont tu as réutilisé les éléments de l'ancien chapitre X, notamment quand Heilendi remonte la Savoureuse jusqu'à Nisle. Le conseil est bien retranscrit, plutôt réaliste, on a l'impression à la lecture d'être un peu perdus parmi tous les participants qui interviennent, ce qui colle bien avec le pdv d'Heilendi je trouve. Pour autant, tu prends la peine de rappeler les titres et fonctions de chacun des stipendiers, ce qui permet de suivre. L'équilibre n'était pas facile à trouver entre confusion et précision, et j'ai le sentiment que tu as réussi ton pari.
Un (léger) bémol selon moi : je m'attendais vraiment à ce qu'Ifann vienne taper du poing sur la table et intervienne davantage dans les débats pour remettre certains à leur place, ça collerait sans doute mieux avec le personnage.
Tu nous l'a vendue avec une personnalité forte et très intéressante de matriarche, c'est dommage de la voir en retrait ici ; on a l'impression que tu la laisses finalement de côté après lui avoir donné une véritable importance (d'abord via Grahann, puis lors des retrouvailles avec Hj).
Quelques remarques :
- "Elle s’apprêtait à rencontrer le peresta Abisen et priait invoquaient les meilleurs cyls" --> double verbe, sans doute car tu as inséré ici un passage de l'ancien chapitre X.
- "L’aspect déglingué de ce pont" --> Je crois que je l'avais déjà relevé dans l'ancien chapitre, peut-être remplacer "déglingué" par "délabré" qui sonne moins familier ?
- "Elle monta dans une voiture sans capote" --> Tu as une répétition avec les gardes qui montent aux aussi sur leurs chevaux juste après. Pourquoi pas "elle s'installa dans une voiture..." ?
- "Les gens de sa race étaient rares" --> Ils sont deux, donc je dirais plutôt les gens de cette race, ou de leur race.
- "finit par dire le Darrain d’une voix grave" --> Idem, ils sont deux et celui qui parle n'est pas encore identifié, donc je dirais "finit par dire l'un des Darrains".
- "Quant à moi, je remplace le péjuan Ragurann à la tête des troupes zérègues" --> Ah, il a obtenu gain de cause finalement ? Je ne me souviens pas d'avoir vu passer cette info, à moins que tu aies remanié la discussion avec Ifann lors des retrouvailles ?
Merci pour ton commentaire :-)
C'est vrai que je pourrais ajouter quelque chose pour Ifann. Je vais y réfléchir, ça collerait bien avec son caractère.
Merci pour les phrases relevées, tes suggestions sont judicieuses. Je vais m'occuper des corrections ce week-end.
"Ah, il a obtenu gain de cause finalement ?"
> Oui, on l'apprend là en fait. Ifann n'est pas opposée farouchement à ce que Hjartann reprenne sa fonction, mais ça ne va pas se passer facilement pour autant. Hjartann va bien galérer.
Merci encore pour ton message, je vais prendre tout ça en compte :-)
J'ai bien aimé ce début de chapitre =D C'est concret, on voit Heilendi qui s'occupe de son contrat commercial comme prévu. Chose que je n'avais pas trop vu avant, là je la trouve un peu méprisante/hautaine avec les humains, et personnellement je trouve ça intéressant, ça en fait un personnage moins lisse.
Par contre, j'ai été surprise à ce passage : "Par ailleurs, l’état des remparts autour de Port-Nisle est des plus pitoyables." Qu'elle ait des pensées un peu méprisantes, je comprends tout à fait, mais je trouve que les dire à une personne d'autorité est un peu étrange. Dans les chapitres précédents, elle avait l'air de penser que sa position allait être ultra difficile à Nisle et qu'elle risquerait sa tête très souvent, mais là je trouve qu'elle saute les deux pieds joints dans le plat et qu'elle manque un peu de diplomatie. En fait, je trouve que là, elle obtient son traité commercial un peu facilement. Je me serais attendu qu'au moins, son interlocuteur dise qu'il doit maintenant obtenir l'aval d'Abisen ou du conseil. C'est pas juste une voie commerciale classique, c'est traiter avec les Elfes pour la première fois en quinze ans et symboliquement, c'est tout sauf anodin, donc je me serais attendu à ce que le traité soit scruté par tout le monde (même si, effectivement, le simple fait qu'elle soit invité montre cette volonté de bien conclure le traité).
Sinon, j'ai bien aimé la discussion sur les vêtements pour le conseil, qu'elle elle veuille du pratique beau. J'ai été un peu surprise que son majordome se permette de la juger assez ouvertement (il a pas l'air de s'en cacher), parce que ce genre de choses doit être assez mal perçu, non ? D'ailleurs, j'ai trouvé un poil dommage que tu fasses toute cette discussion sur "est-ce qu'il faut s'habiller ou non comme ça" et qu'il n'y ait aucun commentaire sur ça ensuite avant/pendant le conseil. Je m'attendais à un compliment ou à une moquerie, selon l'ouverture d'esprit de la personne ou autre, mais je pensais là que tu préparais le terrain pour autre chose.
Pour le conseil, clairement, Abisen le vieux devrait plus être là x) D'ailleurs, je suis un peu surprise que Heilendi ne se fasse pas de réflexion sur "Pourquoi il est encore là" ou quelque chose du genre, vu qu'un poste à vie ça ne doit pas trop lui paraître naturel, surtout quand on est plus capable de le faire.
Toute la scène du début est bien rendue, on suit bien les arguments, ce qui se passe et tout. Bon, Kuara est clairement quelqu'un de fort peu sympathique, mais on le savait déjà. Après, je le trouve là un peu "bête" peut-être, je sais pas si c'est ce que tu voulais rendre. Qu'il défende qu'aller au combat c'est du suicide, ça se comprend, et il a des arguments pour, mais je trouve que le fait de ne pas penser aux fermiers/commerces ou dédaigner ça, c'est bizarre. Surtout s'il y a un siège qui dure, comment est-ce qu'il espère tenir, ou relever Nisle après, s'il n'y a plus d'agriculture et de commerce ? Qu'il veuille paré au plus pressé, ok, mais là, je l'ai trouvé surtout très buté et obtus, plus que terre à terre. Mais c'était peut-être ce que tu voulais rendre ^^
Sinon, quelques remarques :
"Comme elle n’avait pas l’habitude de côtoyer des personnes marquées physiquement par le temps" elle n'a pas déjà passé un cyl avec des humains ?
"Par le passé, elle avait bien sûr aperçu ces vieux," cette phrase là m'a fait un peu sortir de ma lecture, sans que je puisse trop mettre le doigt sur la raison. C'est le terme "vieux" je crois. On a des descriptions très jolis, et d'un coup, ça, j'ai trouvé que ça faisait peut-être un trop gros décalage en terme de niveau de langue. Vieillards serait peut-être mieux passé pour moi (et ça renforcerait l'idée que Heilendi ne sait pas dater, vu que le vieillard a 50 ans).
Merci pour ton petit tour par ici 😊
Hihi, oui Heilendi est raciste, envers les Humains, les Nains et les Darrains, la totale ! Mais pas tant que Kuara bien sûr, c’est du « racisme ordinaire » chez elle. Elle va évoluer sur ce point… un peu. 😊
« Qu'elle ait des pensées un peu méprisantes, je comprends tout à fait, mais je trouve que les dire à une personne d'autorité est un peu étrange. »
> Attention là elle est pas méprisante, c’est la réalité. Car juste après tu as une description : « Les parois se lézardent. Je crois bien qu’un pan entier est tombé dans les flots, de ce côté. Voyez vous-même ! » Elle explique même pourquoi elle dit ça : « car je ne veux pas négliger la sécurité de mes concitoyens qui poseront le pied ici. » C’est normal non qu’elle préoccupe de la sécurité des Elfes qui arriveront ? Mais c’est vrai que c’est un perso très hautain.
« elle obtient son traité commercial un peu facilement. »
> Tu verras, ça sera pas aussi facile 😊
« et qu'il n'y ait aucun commentaire sur ça ensuite avant/pendant le conseil. »
> Abisen se moque d’elle : « « Vous allez mettre une petite touche de fantaisie à nos débats », ajouta-t-il en s’écartant légèrement pour la regarder, de pied en cap. Heilendi fronça les sourcils, heurtée par ces propos moqueurs […]. »
> C’est un petit pic hein, je ne voulais pas l’insulter non plus. Je peux renforcer si tu penses que ça vaut le coup, mais je voulais pas en faire des tonnes.
« "Pourquoi il est encore là" ou quelque chose du genre, vu qu'un poste à vie ça ne doit pas trop lui paraître naturel »
> Peut-être pas chez les Elfes mais Abisen est en poste depuis moins d’un cyl et en plus, elle est au fait des mœurs humains en tant qu’ambassadrice, donc ça la ferait paraître cruche selon moi si elle se demandait ça.
« de ne pas penser aux fermiers/commerces »
> Attention ils parlent de ceux alentours, hors de Nisle. En gros, Kuara le plus sympa des hommes 😊 veut rester centré sur les Nisliens, les autres ont qu’à crever quoi. Nisle first ! D’où les rappels à l’ordre des autres lui rappelant que ces fermiers sont aussi Nisliens, même s’ils vivent hors remparts.
« par le temps" elle n'a pas déjà passé un cyl avec des humains ? »
> Non, du fait de la chute d’Olme, elle n’y est restée que quelques années. Elle le dit là quand elle est sur le bateau en train d’arriver à Nisle : « J’ai contemplé la splendeur d’Olme, mais je n’y suis restée qu’une dizaine années. J’ai effectué la majorité de mon précédent cyl chez les Ariciens » Donc ça fait 40 ans qu’elle n’a pas vu d’Humains. Je trouvais ça rigolo.
Je peux changer le terme « vieux » par vieillards, c’est vrai que ça correspondrait mieux au ton.
Merci beaucoup pour ton commentaire qui me permet de resoulever certains points et de tout consolider 😊
Elfes et humains ont les mêmes unités de mesure? J'aurais pensé le contraire. Des royaumes sans liens entre eux devraient avoir des systèmes de valeurs différents (comme la mode, la place des femmes...). D'ailleurs, je pensais au début que c'était une incompréhension. 60 coudées elfes = 100 coudées humaines.
Pour noter la longueur du quai, le serviteur écrit sur un parchemin. Cela m'a étonné qu'il utilise un parchemin pour noté un seul chiffre. C'est du gaspillage que je ne comprends pas dans ton univers. Au moyen-age (que je prends en référence pour ton monde), parchemin et vélin étaient des choses rares et chères. On utilisait des tablettes en cire pour les brouillons.
A quoi reconnait-on un darrain? Quand Hjartann arrive avec sa mère, Heilendi les reconnait comme tel mais on ne sait pas pourquoi. Tu devrais expliquer à ce moment là que c'est à cause de leur tenue (qui va compter dans la suite du récit d'ailleurs).
A la lecture, je trouve les débats confus, avec beaucoup de protagonistes. C'est peut-être l'effet recherché pour se mettre dans la peau de l'elfe.
L'état d'esprit de Heilendi a totalement changé d'un seul coup. Elle n'a plus du tout le mal du pays dans ce chapitre. En tout cas je ne l'ai pas ressenti. Pourquoi?
Je pourrais en effet lui faire utiliser une tablette en cire, merci pour ta suggestion.
Là, elle les reconnaît à cause de leur tenue en effet, ils sont tout drapés. Après, ils ont des canines de vampires mais pour cette scène-ci, elle ne les voit pas sous leurs voiles. Je pourrais ajouter une phrase pour rendre ça bien clair.
C'est la première fois qu'on rencontre tous ces gens lors du conseil, tout comme Heilendi finalement, donc c'est normal. Et en plus, ils ne s'accordent pas. Ça va empirer car les gens seront de moins en moins d'accord. À moins que tu ais vraiment eu des soucis de compréhension ?
Heilendi a toujours le mal du pays, mais s'adapte à sa mission. Je ne la vois pas geindre à chaque instant. Elle aura toujours le mal du pays, ça sera amené dans les dialogues ou par petite touche. Pour moi, c'est une diplomate avant tout.
Un grand merci pour ton commentaire, je vais revoir 2-3 passages
Petit bémol : depuis le début de l'histoire, je me perds un peu dans les noms des peuples et des régions. Qui est qui. Qui a été ennemi de qui etc.
Comme cette histoire d Empire, tous les peuples étaient réunis sous un même empereur? Qui l a fait chuter? Les elfes il y a 15 ans? Je crois ne pas avoir tout saisi. Pourquoi les couleurs de l'Empire sont affichées sur les bâtiments officiels si il n'existe plus? Voilà mes questionnements :)
Merci pour ton message,
Oui ils s'embrouillent tous !
C'est simple, c'est comme tu dis : c'est l'Empire contre les Elfes (les Gondrelonais), c'est tout. Oui ils étaient tous réunis et la guerre il y a 15 ans a fait chuter l'Empire.
S'ils ont encore les couleurs de l'Empire, c'est parce qu'ils vivent dans un passé fantasmé. Ils en ont encore les coiffures et se revendiquent d'Olme, quand bien même l'Empire n'est plus. En gros, ils ont encore la défaite dans les dents. Tu crois que c'est pas clair ?
Pour ce début de partie, je trouve effarant la naïveté dont fait preuve Heilendi malgré ces nombreux cyls. Même moi comprends qu'elle ne retournera pas de sitôt chez elle. Ou peut-être préfère-t-elle se murer dans le déni ? L'idée m'a traversé l'esprit. Mais finalement, la fin du chapitre lui donne un éclair de lucidité.
Pour cette phrase : Heilendi monta dans la voiture sous le regard désapprobateur de Kaapio qui secouait la tête de droite à gauche. (je l'écrirais autrement. Pour moi, secouer la tête, c'est forcément de droite à gauche. Quand on le fait de haut en bas, on hoche de la tête.)
Heilendi réfléchit à son âge : rides, cheveux blancs, chicots… moins d'un cyl donc ? Pour ici, je trouve sa réflexion étrange, les humains ne peuvent vivre que moins d'un cyl non ? Donc, tous les humains auront forcément moins d'un cyl ? Je ne sais plus du tout combien équivaut un cyl... à moins que ce soit une cinquantaine d'années ? alors ça serait correct. Je ne me rappelle plus si tu avais fait allusion à cette fameuse durée.
Entre les mains de Kuara, on se rend vite compte à quel point Nisle est mal partie... On craint pour sa stabilité déjà bien branlante. Si personne ne lui tient tête, on s'attend à une bonne défaite.
J'ai été très surprise aussi par le fait que la mère de Hjartaan se tienne autant en retrait des débats. Vu son caractère, je l'aurais pensé plus imposante, plus apte à lancer les débats et ramener les pieds de certains abrutis sur terre. Mais ce n'était pas le cas. Le fait que ce sont des personnages peu importants qui tiennent le débat m'a un peu déçue.
Il y avait aussi énormément de noms à retenir dans cette partie et je dois avouer que si j'en ai retenus un ou deux c'est énorme !
enfin, je suis curieuse de voir comment ils vont se sortir de ce pétrin et si notre darrain préféré va secouer un peu ce merdier.
Merci d'être repassée par ici ! :-)
Oui, mes immortels ne sont pas sages, comme dans le Seigneur des Anneaux par exemple. C'est voulu. Heilendi s'accroche à l'espoir désespéré de rentrer chez elle. Elle pense qu'en ayant un cyl parfait, ses vœux seront exaucés (ce qui montre que même les Elfes ignorent comment les gardiens procèdent pour choisir leur prochain cyl). Son arc narratif est bâti autour de ce côté buté qu'elle a de vouloir rentrer chez elle à tout prix et donc sa volonté de réaliser le cyl parfait. Mais ça va partir en latte, tu te doutes :-)
C'est vrai que j'ai enlevé récemment qu'un cyl équivalait à cinquante ans. Je vais y réfléchir et faire des modifs, merci pour ta remarque, je crois que ce n'est plus très clair en l'état. À force de tout changer tout le temps aussi ! :-)
Tu verras, pour la mère de Hjartann, c'est voulu. En fait, elle a un passé raciste elle-aussi, contre les nissangs notamment, et on apprend plus tard qu'elle n'a pas aidé les Elfes dans une situation similaire pendant la guerre. Du coup, elle va évoluer et au prochain conseil, on l'entendra plus.
Ce n'est pas nécessaire de retenir le nom des 12 stipendiers. C'est la première fois qu'on les voit. Leur fonction associée à leur nom sera toujours répétée, tout au long du récit.
Je ne veux pas te spoiler, mais tu vas voir, ça va partir en sucette :-)
Merci encore pour ton message, ça me fait toujours autant plaisir d'en recevoir,
Prends bien soin de toi,
Oui, pour les cyls, je t'avoue qu'au niveau de ce chapitre, je me suis sentie un peu perdue. Et c'est vrai qu'à force de changement, on ne sait plus trop de quoi on a parlé précédemment. Donc, oui, je crois qu'un petit rappel de ce concept ne serait pas du luxe mdr
Je comprends de mieux en mieux la mécanique de tes personnages et cela donne envie de connaître la suite du coup.
Je suis contente d'être tombée sur ton histoire ^^
Je vais faire un petit rappel cyl dans ce chapitre :-)
Merci encore ! J'espère que la suite te plaira, n'hésite pas à me signaler les trucs incompréhensibles ou les phrases nazes, comme ça je peux corriger :-)
Un chapitre un peu long mais qui a le mérite de rapprocher divers personnages. On s'imagine bien les tensions présentes lors de ce conseil.
Une remarque sur le style :
Dans ces deux phrases « C’était insensé, mais peut-être Monsieur Merrier avait-il moins de cent ans ? » et « Heilendi réfléchit à son âge : rides, cheveux blancs, chicots… dans les cinquante à cent ans, donc ?" Heilendi s'exprime en "années". Or, jusque là, elle n'a jamais exprimé le temps qu'en cyl. Ce changement est dommage, car cela dénature son identité elfique, je trouve.
Oui, c'est le moment de mettre tout le monde ensemble, histoire de bien me compliquer la tâche :-) Je suis contente de voir que tu as pu suivre sans soucis.
Tu as raison de me faire remarquer ça pour Heilendi. Pour moi, 1 cyl = 50 ans donc ce serait en effet marrant qu'elle se dise que le peresta n'a qu'un cyl (moins qu'Izuma, son serviteur), je vais changer, merci de ta suggestion,