Le reste de la journée se passe sans encombre. Virginie supervise quelques chimiothérapies, remplace des cathéters, lave des corps, éponge des bras, frotte des jambes, change des vêtements blancs, des draps blancs, des tubes blancs et des pansements rougis. À la fin de son service, elle est saisie d’un vertige : c’est signe que l’horloge tourne et qu’il est temps de rentrer.
Dans les vestiaires, les casiers claquent et les blouses volètent. Plusieurs infirmières ont fini leur garde. Très vite, un florilège de masques se colle contre les visages : les fonds de teint cachent la fatigue, les mascaras agrandissent les yeux et les rouges à lèvres forcent les sourires. Virginie ne participe jamais à cette cavalcade et préfère se frictionner les joues à l’eau froide. Dans le reflet de son miroir, ses collègues papotent.
— Comment elle va, la patiente de la 312 ?
— Elle est contente, ses grands-parents lui ont rendu visite cet après-midi.
— Tant mieux. Ils ont certainement compris que c’était la fin. C’est tellement triste, quand même, des grands-parents qui disent adieu aux gamins de leurs gamins…
— Après, je sais pas ce qu’elle a ces temps-ci, la petite, mais elle dégage une de ces odeurs… Je pige pas d’où ça vient.
— Oh hé ! Vous pouvez arrêter, sérieux ? Ça vous dit qu’on parle d’autre chose, un peu ?
Virginie s’illumine. Jeanne n’a pas la langue dans sa poche et n’hésite jamais à clamer haut et fort ce que les autres pensent tout bas. Souvent, ses mots percent un malaise sur lequel les infirmières n’avaient même pas mis le doigt. Elles sautent sur l’occasion :
— Alors dis-nous, Jeanne, puisque tu veux discuter de trucs joyeux : tu l’as revu, ton prince charmant ?
— De quel prince charmant tu parles, toi ? T’as vu la tronche des éclopés du coin ?
— Faut essayer la nouvelle appli, là… Comment elle s’appelle…
— Une appli anti-moches ?
— Toi ça va, t’as ton mec. Viens pas te plaindre !
— Ouais, enfin d’ici à ce qu’il fasse quelque chose de ses journées… Un gland, ce mec. Un vrai gland.
— Une appli pour trouver des Anton ! C’est ça qu’il faudrait ! Hein, Virginie ?
Virginie sursaute : elle ne s’attendait pas à entendre son nom ainsi glissé dans la conversation. Comme une seule femme, ses collègues se tournent vers elle et c’est une banderole de regards colorés, soudain réveillés, qui la dévisage.
— Ton Anton, tu nous le prêtes quand tu veux ! s’esclaffe l’une d’elles.
Gênée à l’idée que son mari fasse l’objet d’un trafic sexuel imaginaire, Virginie grimace.
— Oh, vous l’aimeriez pas… Quand il rentre du boulot, il est tout sale…
Virginie l’entrevoit, Anton, son Anton, sur le seuil de leur maison, son bleu de travail tout sauf bleu. Il ne se salit pas autant que les mineurs du siècle dernier. Un peu de crasse sur son uniforme, les cheveux en bataille, voilà tout. L’air fatigué. Toutefois, la distance aidant, Virginie a du mal à se l’imaginer autrement qu’en gribouillis de cendres et de boue, le front luisant, le nez barbouillé, les yeux qui ressortent de ce tableau noir comme deux billes étonnées. Le soir, après le travail, Virginie repère dans le coin de ses paupières une ride d’éreintement. Et ne peut pourtant détacher son regard de ses lèvres, toujours roses et étirées, tranchant ses joues jusque dans leurs baisers.
Ce soir ne dérogera pas à la règle. Elle crée au présent la scène qu’elle vivra tout à l’heure. Tantôt elle ouvre la porte de la maison et découvre leur salon, ses meubles en bois craquelé, ses angles arrondis de plantes et de canapés ; tantôt c’est lui qui rentre, elle qui l’attend, et cette succession de possibles tourne, tourne et se retourne en un zootrope d’embrassades. Il cuisine, ou elle. Elle se repose dans les coussins, ou lui. Ils vivotent ; l’un dépoussière les épaules creusées de l’autre, l’autre balaie l’épuisement amassé par l’un. Et ensemble, ils sèment dans leur maison des traces de tendresse. Donc, vraiment, qu’il soit sale ou pas, Virginie s’en fiche.
Elle finit de rassembler ses affaires et s’éclipse. Les gloussements de ses collègues s’estompent, laissant place à l’odeur de détergent des couloirs. Virginie traverse l’hôpital et Anton l’accompagne en pensée. Les portes des chambres se succèdent, toutes similaires, certaines ouvertes, d’autres non, et Virginie évite d’y jeter un œil : autrement, elle verrait les sourires reconnaissants des enfants et ne parviendrait pas à les quitter. Elle traverse le hall, répond aux « bonne soirée » polis des agents d’accueil. Les portes automatiques s’écartent devant elle et soudain l’air frais la frappe en plein visage, dégage ses cheveux et chasse l’image d’Anton. C’est tous les jours la même chose : à force de travail et d’habitude, Virginie assimile cette odeur âcre, aseptisée, qui remplit les narines et y propage cette sensation d’inhumanité — de folie : les relents des draps qui couvrent les corps malades, la puanteur des tranquillisants qui endorment les esprits dérangés — le tout baigné dans le calme et la normalité. Elle l’oublie, cette odeur, et s’étonne de retrouver, à chaque fin de garde, l’air du dehors aussi grand que le ciel et fait de bourrasques sur la peau.
Elle sort ses clefs de son sac et déverrouille machinalement sa voiture. Le véhicule lui répond au loin, à coups de sons mécaniques et de clignotements pressants, tandis que les pas de Virginie éclatent sur le béton. Elle ouvre la portière, se glisse dans l’habitacle et se demande si cette routine, cette répétition de « bips » et de « clacs », ce vent abandonné de l’autre côté de la vitre, cette atmosphère caoutchouteuse qui règne dans la voiture, se transformeront pour sa mémoire en un vide que, plus tard, elle regrettera de ne pas avoir comblé autrement.
Elle enclenche le moteur et la voiture démarre. Les murs de l’hôpital tournent, défilent et laissent bientôt place à un paysage verdâtre, un marasme d’arbres épars, de clairières décimées, s’enchaînant en une succession de pointillés timides. Derrière, de l’autre côté de ce tableau, la Centrale nucléaire trône, fière, éparpillant ces tours grises et ses enceintes noires. Ce conglomérat de béton, tout le monde l’appelle « la Centrale ». Comme si l’unité valait pour le tout, qu’il n’était pas nécessaire de nommer les tentacules, que restreindre le multiple à une seule entité était plus rassurant. « Une » Centrale, la Centrale, c’est une interface amie, Clairdontienne parmi les Clairdontiens, rapetissée au rang de voisine urbaine afin que tout un chacun puisse la tutoyer. Virginie, elle, préfère l’appeler « Raffinerie ». Déjà, parce qu’elle ne comprend rien à ces embranchements, à cette chaîne naturelle de tours, certaines aussi fines qu’un tampon, les autres plus monumentales qu’un carrefour d’autoroutes. Et puis, parce qu’elle trouve ce mot plus joli : « raffinerie », cela fait « raffiné », élégant, propre, désuet, et ces deux « f » perchés au milieu illustrent avec beaucoup de grâce ces mêmes tours dont Virginie ne saisit pas l’utilité.
D’ailleurs, Anton a beau y être employé depuis des années, elle n’a toujours pas percé les secrets de son travail. Non pas que son mari soit mystérieux : au contraire, il lui raconte tous les jours les tâches accomplies, les collègues rencontrés, les patrons détestés. Seulement, les sons qui sortent de sa bouche s’agrègent en litanies techniques dépourvues de sens, peuplées d’objets inimaginables, de machines aux noms imprononçables, et il n’y a que les histoires d’êtres humains que Virginie parvient à maîtriser. À l’inverse, elle ne lui demande pas d’assimiler le jargon des infirmières. Anton travaille à la Raffinerie, voilà tout. Comme tant d’autres à Clairedun.
Une odeur nauséabonde pénètre dans la voiture. Virginie retrousse les narines.
Au détour d’un virage, la Raffinerie disparaît et la maison de Virginie vient se glisser le long du parebrise. L’infirmière gare sa voiture et, un « clac » et deux « bips » plus tard, franchit le seuil de son chez elle.
La douceur l’assaille. Une lumière tamisée jaillit des quatre coins de la pièce principale, plongeant plantes, livres et babioles dans un bain de quiétude. Virginie pose ses clefs, pose son sac, et aperçoit le dos de son mari, reconnaissable à ces omoplates saillantes sur lesquelles se tortille un pull vieux comme le monde : dans la cuisine, Anton s’affaire aux fourneaux.
— Salut ma chérie !
Il se retourne à moitié et son profil dessine une demi-lune, offrant un œil complice et un bout de sourire heureux. Virginie s’approche, se colle contre son dos, se blottit dans son parfum bien à lui, et l’enlace.
— T’es sûre que c’est prudent... ? s’inquiète-t-il.
Il repose ses ustensiles et se retourne complètement. Virginie recule d’un pas et lui lance un regard interrogateur : ces derniers temps, Anton adopte des attitudes et prononce des phrases qu’elle ne lui connaissait pas. Puis, comprenant soudain, elle se met à rire.
— Est-ce que je peux m’écraser contre toi, tu veux dire ? Oui, je suis pas une baleine, je suis encore libre de mes mouvements !
Pour lier le geste à la parole, elle entame une danse étrange – jambes repliées, yeux écarquillés, les bras s’agitant dans tous les sens.
— T’es folle, admet son mari. Mais d’accord, c’est toi l’infirmière !
Satisfaite, Virginie cesse ses excentricités. Elle se cale aux côtés de son mari, agrippe un couteau et participe aux préparatifs. Bientôt, le claquement de leurs deux lames contre la planche de cuisine crée une musique rythmée.
— D’ailleurs, à ce sujet. On peut enfin en parler ? De ta grossesse.
Virginie manque un coup de couteau. L’espace d’une seconde, les claquements se désaccordent. Anton poursuit sur sa lancée :
— Nos parents seront tellement contents ! On mettra les choses au clair : le prénom, les cadeaux, les visites, c’est nous qui décidons. Et puis je crève d’envie d’en parler aux collègues…
Virginie répond par une moue, et sa grimace se reflète dans le carrelage mural. Elle repousse les pommes de terre fraîchement coupées, empoigne un économe. Elle sent l’attente de son mari, son désarroi, son enthousiasme, mais ne souhaite pas y faire face. En lieu et place des félicitations, des échographies et du ventre rond, elle préfère, pour le moment, contempler les épluchures de carottes qui s’amoncellent sous ses doigts.
— Je comprends que tu veuilles garder le secret au début, reprend Anton, mais là… Ça fait tout de même sept semaines. Sans compter qu’à l’hôpital, il va bien falloir que tu leur expliques. Tu gères mieux que personne ta propre fatigue, mais tu sais ce que je pense de l’autre enfoiré. Je ne lui fais pas confiance.
Le visage de l’autre enfoiré s’invite au milieu des épluchures. À tous les coups, et à force de le surnommer ainsi, Anton a peut-être oublié le véritable nom du docteur Forrestier. Ce serait drôle. Virginie, elle, réalise alors que c’est son prénom qu’elle a jeté dans les cachots de sa mémoire. René ? Grégoire ? Aucune importance. L’autre enfoiré, docteur Forrestier, est trop détestable pour s’en rappeler — encore moins à la maison. D’un geste rapide, Virginie chiffonne les épluchures de carottes et le visage disparaît.
— T’en fais pas, je leur en parlerai bientôt.
Elle ne sait pas pourquoi elle a dit ça et le regrette aussitôt. Elle n’a aucune envie d’en parler à qui que ce soit. Jamais. Elle n’est pas sûre de comprendre pourquoi elle bloque. Après tout, cette grossesse, ils l’ont discutée, voulue. Cherchée, même.
Ils y ont beaucoup réfléchi. Il est arrivé un temps où, d’un coup, il naissait ou plutôt il pleuvait des enfants de partout : chez leurs amis, leurs collègues, leurs copains d’enfance, et même dans les rues et les magasins. Une vraie pandémie. « Nous, on ne fait jamais rien tout à fait comme tout le monde », avait dit Anton. Et c’est vrai : cette soudaine éclosion de bébés, de biberons, de cris et de poussettes les avait fait réfléchir alors que, à l’évidence, chez les autres, la question du désir d’enfants ne se posait même pas. Quand Virginie interrogeait les mamans et les papas sur leur rapport à la parentalité, l’origine de leur désir, la souffrance des femmes enceintes ou encore l’équilibre chamboulé de leur vie quotidienne, elle ne récoltait que des écarquillements d’yeux surplombant des cernes atroces. Comment font-ils pour ne pas voir que cet épuisement n’est pas normal ? Qu’il est possible d’être heureux, toujours, à jamais, sans progéniture ? Comment savent-ils que leur bonheur dépend nécessairement, fortement, sans concession, de l’existence de ce petit truc criant emmaillotté dans des linges toujours salis ?
« Moi non plus ça ne m’enchante pas, tous ces trucs, avait admis Anton. J’ai pas envie d’être enchaîné à ce point à un bébé, de flipper au moindre problème, de mettre une énorme portion de ma vie de côté. Si on décide d’avoir un enfant, il faut être sûr. »
Blottie dans les bras de son mari, Virginie avait hoché la tête. Elle s’était sentie tellement rassurée par ces paroles. Il lui semblait que rien d’important, rien de grand, n’était censé être facile – autrement, il n’y aurait que le banal et le superflu. Et que connaître les difficultés à venir n’était en réalité qu’une manière très saine de les affronter en temps voulu. Alors, Anton et Virginie avaient fini par balayer leurs doutes pour ne garder que le noyau de leurs conversations : oui, ils voulaient un enfant.
Ce noyau, Virginie aurait bien besoin de le retrouver. Quand elle a découvert sa grossesse, elle a sauté de joie. Et puis, chemin faisant, les peurs se sont réinstallées. Il suffit de pas grand-chose, une mère sur le bord de la crise de nerfs entre deux rayons du supermarché, ou la mort, encore, de patients défilant à la chaîne, pour que Virginie vacille un peu plus. Elle a songé à l’avortement mais n’a pas pu s’y résoudre : quelque chose, comme une intuition sourde, l’en empêche.
Anton ne sait rien de tout cela. Il estime sans doute que Virginie arrivera bientôt à dévoiler sa grossesse, et n’insiste pas plus.
— Comment va Leslie ?
Virginie a posé la question en un soupir, pour accompagner le soulagement de pouvoir détourner la conversation. Anton fait mine d’ignorer sa manœuvre, elle le sait ; en bon compagnon, il lui emboîte le pas :
— Bien. Enfin non, mal. Pas mieux que d’habitude, quoi.
— Elle sait qu’elle peut venir à la maison. Tu le lui as rappelé, hein ? Elle me dérange pas.
— Elle le sait.
— Surtout, tu lui dis qu’on peut l’aider. L’écouter, en tout cas. Que ce n’est pas parce que je soigne des enfants cancéreux tous les jours qu’une amie dépressive doit s’empêcher de venir passer la soirée chez moi. J’ai vu pire !
— Je lui proposerai de venir demain. En attendant… Pour ce soir… Tu t’étonneras pas, Rosemonde m’a dit qu’elle passerait. Et comme d’habitude, j’ai pas su la décourager…
Virginie dégage les épluchures d’un coup sec. Une colère froide la gagne soudain. La Rosemonde, elle ne veut pas la voir. Et puis, tous ces gens qui gravitent autour d’eux, de leur couple, elle souhaiterait s’en débarrasser. Elle n’a rien demandé. Ni conseil, ni intrusion. Rien. Et elle ne s’était pas imaginée, au début de sa relation avec Anton, que tous deux deviendraient des gens convenables, qui discuteraient poliment, quotidiennement, des collègues et des voisins. Des gens chiants. Qui prennent des gants. Des pincettes. Alors que, de temps en temps, elle aimerait donner des coups de pied. Des vrais. Même à Leslie que, pourtant, elle apprécie.
Il lui faudrait un massage des épaules pour calmer ces fulminations secrètes. Aussitôt, Anton s’exécute. Son mari sait lire dans ses pensées, elle en est certaine. Il plante ses yeux dans les siens, détecte la plus petite faille et répond à tous ses besoins. Elle s’abandonne à elle-même, coincée qu’elle est dans cette douceur apaisante.
— C’est prêt !
Ils dinent et, peut-être parce qu’elle a été oubliée, reléguée dans les tréfonds de la soirée passée à deux, la Rosemonde ne s’impose pas. Il suffisait donc de ne pas l’invoquer. Les assiettes se remplissent, les fourchettes crissent, les bouches font disparaître les plats et la scène de repas se fond dans celles de la veille et dans celles du lendemain. Tout se ressemble et se distingue à la fois, et il n’y a que quelques détails, une lumière vacillante, un regard autrement capté, pour séparer le passé de l’avenir.
J'avoue qu'après le point de vue de Virginie sur l'idée de "faire des enfants", je n'avais pas vu venir sa grossesse. On sent parfaitement les sentiments contraires qui tournent dans son esprit et il y en a forcément un ou deux dans lesquels on se reconnait. C'est du "show dont tell" parfait !
Tu tiens encore là un personnage féminin fascinant.
Virginie trotte pas mal dans ma tête, avec toutes ces contradictions et questionnements. Je suis heureuse qu'elle parle à d'autres personnes qu'à moi !
Super aimé ce second chapitre ^^ Entre autre parce que tu nous proposes pas une vision toute faite et idéalisée de la grossesse ou le fait d'avoir des enfants. Tout est amené avec son lot de nuances et de subtilité, donc merci de traiter de ce sujet de la sorte, ça fait du bien <3 J'ai éprouvé beaucoup de compassion pour Virgine, pour le coup ! Aussi pour son mari, ils ont l'air d'entretenir une belle relation, toute douce et tendre :)
Aussi j'aime bien que tu traites du quotidien et de sa monotonie, hâte de voir comment tu vas explorer ça dans les prochains chapitres !
Allez ziou je file lire la suite !
Le quotidien et sa monotonie étaient importants pour moi, dans ce début de roman en tout cas : faut aussi savoir montrer quand et comment les choses vont bien, même si en apparence "ya rien à dire".
J'aime toujours autant.
A Bientôt
J'ai voulu explorer plusieurs thématiques, dont l'enfantement et l'accouchement, en tentant d'y apporter le plus de nuances et de réalisme possible. Je crois que l'absence de ces "évènements" en littérature me frustrait, comme une envie de remettre certaines choses à la place que je leur donne moi...
J'aime beaucoup le regard que Virginie pose sur sa vie et son quotidien. Son mari est un homme vraiment attachant, j'aime beaucoup leur relation même si tout n'est évidemment pas parfait. Il y a une tendresse entre eux que je trouve très belle.
La manière dont Virginie voit sa grossesse est pleine de nuances. De joie et à la fois de peurs de doutes. C'est vraiment bien amené, subtil.
Bref, je me plais beaucoup à suivre ta plume !
La tendresse, et notamment dans le couple, est quelque chose qui me manque un peu en littérature. On a l'habitude des histoires d'amour qui se passent mal, ou de stéréotypes, là j'ai voulu montrer les bons aspects d'une vie (pour l'instant) tranquille et où il n'y a paradoxalement pas grand chose à raconter.
Ahhhhhhhhhh, compassion infinie pour Virginie. Très, très, très chouette d'avoir en premier chapitre ce qu'elle pense de la grossesse, et en deuxième l'annonce qu'elle est enceinte, ça marche très bien. J'ai envie de lui tapoter l'épaule en lui disant que tout va bien se passer même si ce n'est pas du tout ce que je pense.
Très belle, cette relation qu'elle a avec Anton, malgré les zones grises de non-dits. Beaucoup de tendresse dans le quotidien.
Je comprends néanmoins ce qui la chiffonne, le grain de sable de : mais c'est ça ma vie ? cette routine ? D'autant que oui, les moments de répétition ne s'engrangent pas dans la mémoire comme de nouvelles expériences, donc c'est du temps qui disparaît d'elle.
Je me sens chez moi dans ton texte, c'est très agréable.
Pour la grossesse, j'ai voulu proposer quelque chose de différent des récits "mainstream" qu'on a l'habitude de recevoir. Ici, notamment, le rapport de Virginie avec sa propre grossesse évolue avec le temps (on est pas dans un schéma où "j'ai décidé un truc et je m'y tiens"). Et puis, c'est pas parce qu'une partie de nous désire fortement quelque chose que ce quelque chose en devient rassurant. Bref.
Et oui, les grains de sable : il y en a partout, et je ne sais jamais quoi en faire. Alors à défaut, je les exorcise dans mes textes !
Les conversations font très réelles, surtout celles de l'hôpital qui font comme si on était une personne inconnue qui passait par là et entendait ce morceau de conversation. Le reste a aussi cet aspect, d'observer une routine bien huilée depuis une lucarne mais avec l'impression que certaines habitudes sont encrassées dans l'habitude justement et possiblement en chamboulement proche (via la grossesse par exemple?)
Ah et pour avoir grandi non loin d'une centrale le fait d'appeler le gros truc gris dégueu juste "la centrale" et que ça fasse tant partie du paysage est très vrai aha
à bientôt!
Elle dit, en effet, ce que les autres pensent sans aller plus loin. Elle est en décalage avec le politiquement correct et, souvent, ça dérange...
Sa grossesse, désirée?
Que vont nous révéler les prochains chapitres sur sa position devant sa situation et la vie qu'elle mène: une vie chiante...
Encore un joli chapitre!
Pourtznt, tu retrasnscris à merveille les enjeux cachés, ceux que l'on cache derrière les convenances. Les désirs qui finissent avec la poussière sous le tapis.
Bref j'ai adoré
Ils n'ont pas de réelles présences malheureusement, tu passes sur eux de manière trop rapide, on ne les savoure pas assez, pas autant que les deux gosses du premier chapitre.
Je me dis qu'une histoire est un repas que l'on déguste dans la longueur, avec chaque personnage qui joue le rôle d'un ingrédient. On les introduit doucement, sans brusquerie, avant de les mélanger les uns avec les autres.
C'est agréable cette pensée qu'il y a un Anton dans la vie de Virginie, qu'elle ait un peu de douceur... Combien de temps encore...
Les deux personnages principaux de ce chapitre sont Virginie (déjà présentée), et Anton. Ce sont eux qui ont une présence véritablement physique, palpable, et la narration s'attarde sur eux et leur relation. Les infirmières composent un groupe un peu fantomatique parce qu'elles ne constituent pas un personnage en soi, qui est amené à revenir. Seule Jeanne, un peu plus définie, réapparaîtra. Et Leslie et le docteur Forrestier, quant à eux, sont ici présentés de façon fantomatique, car ils n'existent, pour l'heure, que dans les réflexions de Virginie : pour le coup, ceux-ci sont présentés sans brusquerie, au compte-gouttes.
Si je suis d'accord pour comparer une histoire à un repas, je ne suis pas sûre que le rythme de dégustation doive être soumis à une quelconque règle. Les personnages, par exemple, peuvent faire une entrée fracassante dans une histoire, et non arriver en douceur - un peu comme de l'huile sur le feu ? ;-)
Par rapport à la métaphore du repas je suis d'accord, l'entrée peut être fracassante bien sûr, je me suis mal exprimé. Je voulais juste te dire que les entrées qui se font toutes trop vite et sans réelle profondeur, ont tendance à ne pas laisser de trace et on les oublie vite.
Ensuite c'est un peu grossier de ma part de dire ça au deuxième chapitre, je n'ai effectivement pas lu la suite.
Je continuerai en tout cas, Virginie m'intéresse comme personnage.
(D'ailleurs, en parlant d'échanges, je ne sais pas si tu as vu que Plume d'argent avait aussi son forum ? Très vivant !)
Encore une fois, tout est si clair, si vivant dans mon esprit ! J'observe les scènes et suit cette Virginie avec beaucoup de tendresse.
La grossesse est très bien annoncée : on fait vite le rapprochement avec le chapitre précédent et cet excellent paragraphe sur la naissance de l'enfant. J'en viens à me demander si Virginie a réellement envie d'être maman...
J'ai aussi beaucoup apprécié ce couple que tu nous décris. Souvent, on présente dans des histoires des couples brisés, déchirés ou instables. Voir un cocon comme celui de Virginie et Anton fait du bien.
Bref, un excellent chapitre encore une fois
Bravo !
Cette prise avec le réel, avec les choses du quotidien et les sensations très corporelles font partie de mon écriture, à tel point que j'ai du mal à m'en détacher (quand j'essaie, je m'ennuie...). Je suis contente que ça "fonctionne" sur toi !
Moi aussi je trouve que le couple ou les relations amoureuses au sens large sont rarement vues dans leur simplicité, voire dans leur banalité et leur seule douceur. Ca m'a fait plaisir d'explorer ça avec Anton et Virginie, même si le roman ne tourne pas autour de leur duo.
Merci encore, et j'espère que la suite te plaira tout autant !
En effet, j'essaie de m'attacher au quotidien de Virginie pour en extraire ce qu'il peut avoir de particulier, de beau et parfois d'horrible, dans sa banalité :-)
Je viens enfin lire la suite du Marais ! Depuis le temps que je me dis qu'il faut que je lise quelque chose de toi, en entier, au lieu de savoir intellectuellement que tu écris bien.
Je n'ai rien à dire, je bave devant ces chapitres. Je sens que le traitement des différentes thématiques va me retourner le cerveau (ce qui est une bonne chose).
J'ai relevé ces deux phrases :
"Donc, vraiment, qu’il soit sale ou pas. Virginie s’en fiche." -> il me semble qu'une virgule serait plus appropriée qu'un point entre pas et Virginie
"Il lui faut un massage des épaules" ->"fait" ?
Plein de bisous
Merci beaucoup ! Bon, mes réponses à tes commentaires risquent d'être un poil redondantes (... t'as vraiment fait un marathon, je suis impressionnée !).
Ah et oui, question retournement de cerveau, je crois que t'as saisi mon degré de sadisme.
J'aime énormément ce second chapitre ^^ (comme le reste, je le sens bien xD).
Je suis surprise que Virginie soit enceinte, vu ce qu'elle a dit précédemment 🤔😄 Et je comprends qu'elle ne veuille pas l'annoncer ^^
J'aime énormément les sujets dont tu parles, certes peu joyeux mais très bien racontés ^^
Et cette Centrale... Elle est très intrigante !
En tout cas j'aime beeaaauucoup !! 😄
J'ai tendance à traiter de sujets assez durs : c'est un peu une manière pour moi de pousser certaines réflexions :-)
Merci beaucoup !
Ouch, avec ce qui a été dit au chapitre précédent, je comprends les réticences de Virginie face à l'annonce de sa grossesse ^^' Elle en a clairement pas envie, n'a pas envie de devenir quelqu'un de rangé, mais les choses sont en marche =o Son mari a l'air de très bien la comprendre, mais est-ce qu'il a saisit pourquoi elle ne voulait pas l'annoncer et qu'elle ne veut clairement pas d'enfant ? Ca présage une discussion pas très drôle à un moment x)
En tout cas, j'aime toujours autant ton écriture, si évocatrice <3 Ya vraiment de belles images et ça se lit tout seul, c'est vraiment très agréable =D
Et puis bon, tu me connais, j'aime bien torturer les personnages...
Je ne m'attendais pas du tout à ce que Virginie soit enceinte... je pense que ça n'annonce rien de bon. A vrai dire, je suis un peu inquiète pour tes personnages, j'ai l'impression que tu mets tout en place pour qu'ils se retrouvent dans une situation où ils sont "piégés" et où ça ne peut que se finir mal.
Mais peut-être que je me trompe !
Sans révéler mes intentions de départ, je peux dire qu'en effet, il y a bien des formes de piège dans lesquels s'enferment mes personnages. J'essaie de faire en sorte que cette impression un brin angoissante ressorte, sans qu'on sache trop mettre le doigt sur ce qui coince exactement. Je verrai si ça fonctionne au long terme !
A très vite :-)
J'ai hâte de lire la suite maintenant :D Tu en es où de l'écriture au fait... ?
J'ai environ 9000 mots écrits jusqu'à présent (je te cache pas que cette période de confinement me permet d'écrire un peu chaque jour et de bien avancer... j'ai cette chance !). Je pense que je pourrais poster un chapitre par semaine environ !
Je suis ravie de retrouver ta plume ! Ce début m'a happée direct, c'est toujours aussi bien écrit et les thématiques promettent d'être passionnantes !
Du coup... je trouve rien a dire ! a part que j'ai adoré.
Ah si, cadi, je l'ai toujours vu écrit comme ça : "caddie", mais peut-être que les deux sont autorisés ?
Tous ces enfants cancéreux juste à côté d'une centrale... hmm.
J'ai été surprise d'apprendre que VIrginie était enceinte, vu le premier chapitre. C'est très bien fait et promet d'être très intéressant !
Que crois-tu donc, j'ai une réputation à tenir, moi ! Promis, pas de flammes dans ce roman-ci, en tout cas moins que dans Avant les cendres...
J'espère que la suite te plaira tout autant !
(PS : tu as raisons pour caddie/cadi : un caddie est un bagage de métal, tandis qu'un cadi est un juge musulman. En soi rien de grave, hein, mais disons que niveau sens, ça change quand même 2-3 trucs...)