Partie 1 : Tobias l’Esper de LeGrasse

Notes de l’auteur : Voici la première partie de ma nouvelle lovecraftienne, j'espère que cela vous plaira

Il était tôt, lorsque Tobias ouvrir les yeux, 7h00 du matin environ. Il mit 10 bonnes minutes avant de se lever, il avait veillé tard cette nuit, comme souvent depuis deux ans. Tobias était fatigué, mais il devait se lever, il avait beaucoup de travail aujourd’hui et il allait devoir travailler tard.

Le jeune homme de 23 ans, s’empressa de se laver, de s’habiller et de manger un morceau avant de filer vers Le Grand-Duc, le bar iconique de la ville. Tandis qu’il marchait dans les rues, ses cheveux noirs coiffés en bataille et son écharpe rouge vermillon enroulée autour du cou, il voyait la ville de Val-Insmmoth se réveiller doucement en ce mardi d’octobre. Les commerces ouvraient tous un par un, le vent soufflait un vent glacial venant des montagnes couvertes de l’épaisse forêt de conifères, emblème de cette ville du comté de LeGrasse.

Si les gens ne voyaient en regardant Val-Insmmoth, qu’une ville de bûcherons et de survivalistes au sujet de laquelle bien des légendes pour enfants étaient racontées, Tobias Crow voyait et sentait nettement plus que cela. Mais ce matin il avait des préoccupations plus pressantes : il risquait d’être en retard pour l’ouverture du bar. Et s’il l’était, Alice, sa patronne et la propriétaire du Grand-Duc, serait très en colère et serait insupportable pour le reste de la semaine.

Tobias pressa le pas et arriva finalement, avec 5 minutes d’avance sur l’heure fatidique. Le bâtiment en style cabane de bûcheron du bar se dessinait devant lui. Il y entra par l’entrée de service et tomba rapidement sur Alice DuLac, son employeur.

« Salut Tobias ! Lança la femme d’âge mûr, dont la voix renvoyait un accent du sud-ouest marqué.

-Bonjour Alice, répondit le jeune homme alors qu’il retirait son vieux blouson de cuir.

-Ça va ? Demanda la patronne. Tu as l’air épuisé.

Cette question n’étonna guère Tobias : depuis presque un an ses yeux étaient régulièrement marqués de cernes. La faute à son activité nocturne qui le poussait à dormir peu.

        -J’ai eu une nuit courte. Avoua-t-il.

-Je sais que ton objectif, ce n’est pas de travailler toute ta vie dans ce bar. Ajouta Alice. Mais si tu continues de dessiner jusqu’à pas-d ’heure, tu risques de tomber malade.

-Ne t’en fais pas. J’ai juste un gros projet à terminer et après-ça je prendrai un temps de pose.

Tobias avait dit ces paroles d’un ton suffisamment rassurant pour qu’Alice DuLac se détende. Elle n’aurait pas dû, car ce n’étaient pas seulement les projets de dessinateur de bande dessinée qui poussaient son employé à faire des nuits blanches. C’était quelque chose de bien plus nocif pour la santé.

Mais pour le moment, les deux comparses avaient un bar à ouvrir et des clients à satisfaire. Ils s’afférèrent donc à mettre les tables et les chaises en place et dix minutes plus tard, le Grand-duc ouvrit ses portes. Entre temps les deux cuisiniers du bar arrivèrent et se mirent au travail à leur tour.

La journée commença, les quelques clients habituels du matin défilèrent : les travailleurs de nuits qui venaient prendre un verre avant de partir se coucher, ou encore les quelques clients rusés qui venaient prendre un sandwich au bar pour leur repas du midi avant que l’établissement ne soit submergé par la concurrence. Tous venaient au Grand-Duc le meilleur bar/restaurant de Val-Insmmoth et de tout LeGrasse, pour son alcool ou pour son snack.

La matinée défila à toute vitesse, et ce fut l’heure pour Tobias de déjeuner. Il attaquait sa salade de riz accompagnée d’un sandwich steak-cheddar, son préféré, lorsque la porte du Grand-Duc s’ouvrit. La commissaire Valérie Teunié, entra dans le bar de sa démarche assurée et s’assit à l’une des hautes chaises du bar. Elle était suivie de près par le capitaine Raoul Rameau, son coéquipier de tous les instants dans son travail de policière.

Le trentenaire, musclé comme un boxeur, prit place à la gauche de sa supérieure. La présence des deux policiers surprit Alice.

-Commissaire Teunié, Raoul ! Dit-elle d’un ton chaleureux. Qu’est-ce qui vous amène à cette heure ?

-On vient prendre notre repas Alice.

Répondit du tac au tac la commissaire avant d’ajouter d’un ton neutre.

-Et j’aimerais parler à Tobias s’il est là.

Cette demande fit perdre son sourire à la barmaid, mais les paroles de Valérie ne surprirent guère le jeune homme, qui mangeait dans la salle du personnel derrière le comptoir. En effet, depuis deux ans environ, il avait pris l’habitude que la commissaire vienne le questionner sans crier gare. Sans que son patron n’ait besoin de l’appeler, Tobias délaissa son repas et vint se placer face aux deux policiers.

        -Bonjour commissaire, capitaine Rameau. Que puis-je pour vous ?

Comme à chacune de leurs conversations, la commissaire planta ses yeux bleus dans ceux de Tobias qui étaient d’un vert émeraude.

-Tu sais que ça fait plusieurs jours que des gens subissent des agressions dans le comté.

Tobias confirma, les réseaux sociaux et les médias locaux ne parlaient que de ça.

        -Tous ses gens sont à l’hôpital dans un état quasi végétatif.

-D’accord, répondit Tobias, mais je ne vois pas en quoi je pourrais vous aider.

Un sourire ironique se dessina sur le visage de la commissaire, le jeune homme savait ce qu’il signifiait.

-Je voulais juste te tenir au courant, dit Valérie avant de prendre sa commande et celle de son coéquipier.

Les deux enquêteurs quittèrent le bar comme ils étaient venus. Dehors, Valérie et Raoul montèrent dans la vieille Renaut du commandant. Une fois installé, Raoul prit son sandwich et l’attaqua à pleines dents. Entre deux bouchées, le commandant demanda :

-On va encore tenter de le prendre en filature, commissaire ?

Valérie mâcha longuement la bouchée de son sandwich avant de répondre :

        -Bien entendu Raoul. Sinon pourquoi viendrait-on au Grand-Duc ?

        -Pour les meilleurs sandwichs de la ville ?

La commissaire reconnut que son subalterne avait raison, elle eut un petit rire avant de reprendre son repas.

***

Vers 19h00, Tobias prit la fin de son service et laissa place à l’équipe du soir. Avant même de sortir dans la rue, il sentit l’aura de la commissaire Teunié et du commandant Rameau. Il percevait leur respiration, leur âme et même leur pensée en se concentrant. Mais il n’en avait pas besoin, il savait ce que les deux policiers avaient l’intention de faire dès l’instant où ils avaient franchi le seuil du Grand-Duc.

 A chaque affaire criminelle un peu étrange se produisant, Valérie soupçonnait le jeune Crow d’y jouer un rôle. Ses cernes étaient, pour la commissaire, la preuve de l’intense activité nocturne de Tobias. Teunié et son coéquipier, tentaient donc de le suivre afin de savoir ce qu’il faisait toutes les nuits, sans jamais y arriver.

Tobias sortit du bar par la porte de service comme toujours, et prit le chemin de retour vers son appartement. Aussitôt, la commissaire et le commandant se mirent en mouvement, l’un sur le même trottoir et l’autre sur l’opposé, les deux à une vingtaine de mètres derrière leur cible. Valérie et Raoul suivirent Tobias sans problème, mais au premier croisement, ce dernier se volatilisa. La commissaire jura :

        -Et merde ! Encore raté.

Tobias sourit intérieurement. En vérité il était toujours là dans la rue, mais plus personne ne pouvait le voir à présent. Il était camouflé par une puissante illusion psychique. La commissaire n’avait pas complétement tort quand elle soupçonnait Tobias Crow de jouer un rôle dans les étranges affaires qui se déroulaient à Val-Pins et LeGrasse depuis deux ans maintenant. Toutefois elle se fourvoyait sur le rôle qu’il y jouait.

Toujours nimbé dans son manteau d’illusions, Tobias s’éloigna rapidement du Grand-Duc. Une fois seul, il dissipa l’illusion et rentra chez lui afin de se préparer pour une nouvelle sortie nocturne.


Dans son logement de quelques mètres carrés, il retira le tapis couvrant le sol. En sous le morceau de tissu, se découvrit un étrange cercle orné de symboles ésotériques, gravé sur une trappe à même le sol.

 


Ce cercle dissimulait l’existence de la trappe à toute autre personne que Tobias, qui souleva cette dernière. Sous la planche, se trouvait un petit conteneur, dans lequel reposait une étrange tenue à capuche, accompagnée d’une sorte d’armure et d’un masque couvrant l’intégralité du visage. Tobias, voyant la lune se lever, s’empressa de troquer ses vêtements pour le contenu du coffre secret. Il enfila le masque noir et rabattit sur sa tête la capuche de la veste sombre, enfilée par-dessus l’armure.

Ainsi vêtu, Tobias remit la trappe et le tapis en place, avant de relancer son sort de dissimulation et de quitter son logement au pas de course. Il fila droit vers le sud de Val-Pins, là où un cimetière centenaire se mêlait aux immenses conifères. C’est à cet endroit, il y a une semaine, qu’une bande de lycéens éméchés avait saccagé une crypte.

C’est alors que les cas d’agressions d’on parlait la commissaire Teunié, avaient commencé. Les premières victimes, furent les cinq adolescents qui avaient profané la tombe, puis d’autres personnes avaient suivis. Toutes sans exceptions avaient été retrouvées dans un état végétatif, le visage tétanisé dans une expression de terreur. Certaines étaient mortes de crise cardiaque au bout de plusieurs jours. Il fallait y mettre un terme et vite.

Tobias avait enquêté. Très vite il en avait conclu que l’agresseur était un spectre que le vandalisme des lycéens avait réveillé. Pendant les deux derniers jours, le jeune homme avait cherché l’identité du spectre afin de trouver son corps. Cela avait été long et fastidieux, il avait fouillé dans les vielles archives de la ville et tenté de retracer la piste psychique du revenant, mais il y était arrivé.

Dès qu’il entra dans le cimetière, Tobias sentit le froid mordant qui caractérisait la présence d’un être de l’au-delà. Il devait se presser, le spectre était proche et il ne se laisserait pas bannir sans se défendre.

Il se mit à la recherche du lieu de la beuverie, il ne mit pas longtemps à la trouver. Les banderoles mises en place par la police, étaient toujours là. Toujours au pas de course, Tobias entra dans le cimetière. Il rassembla son énergie psychique aussi vite qu’il put. Aussitôt sa peau se couvrit de motifs étranges comme à chaque fois qu’il utilisait ses pouvoirs. Un cercle semblable à celui gravé sur le sol de sa chambre, apparut devant lui.

L’étrange figure géométrique, composée d’énergie bleue, agissait comme un radar pour Tobias. Cela lui permettait de rechercher les sources d’énergie surnaturelle dans un rayon de 300 mètres. Certes cette méthode de détection n’avait pas la portée que d’autres avaient, mais elle était bien plus précise car très vite le cercle indiqua l’emplacement de la tombe : un peu plus à l’ouest dans 100 mètres.

Le jeune mystique se précipita vers le point indiqué. Il ne tarda pas à trouver ce qu’il cherchait : une tombe dont la pierre avait été brisée et taguée. Tobias soupira devant la stupidité des lycéens, Val-Insmmoth était connue pour ses légendes de malédictions, mais bien sûr personne n’y croyait. Personne à part, peut-être, le jeune Crow. Ce dernier ne perdit pas de temps. D’un simple mouvement des mains il fit jaillir le cercueil de terre. La boîte de sapin hors de terre, Tobias claqua des doigts et la dépouille desséchée d’une femme en sortit.

Sans perdre de temps il incanta. Des flammes bleues se formèrent dans la paume de sa main et d’un geste de sa main elles se jetèrent sur le cadavre. La dépouille desséchée s’enflamma comme une allumette. C’est alors qu’un hurlement inhumain, à glacer le sang, résonna dans toute la forêt et au-delà.

Tobias avait détruit le corps du spectre, sans lui l’esprit errant ne pouvait plus se régénérer à l’infini, si son corps spectral était détruit, il ne reviendrait pas et cela l’enrageait. Le fantôme ne tarda pas à apparaître, un brouillard d’une blancheur nacrée envahit le cimetière. Très vite Tobias n’y vit plus à 5 mètres, mais la vue n’était pas le sens dont il aurait besoin contre le spectre.

Sa perception des énergies occultes marchait mieux qu’un radar, il sentit l’aura du spectre avant même de le voir. Sans hésiter, Tobias leva les mains, ses tatouages brillèrent plus fort, l’air ambiant se fit lourd d’énergie et une multitude de lame bleues se matérialisèrent. Il abaissa les bras et les lames psychiques fendirent la brume, avant de s’y perdre et d’exploser contre un obstacle invisible.

Un nouveau hurlement déchira la nuit, la brume se mit à tourbillonner et se rassembla. Le spectre apparut, une énorme tête faite de fumée blanche translucide, poussant des cris effroyables à faire saigner les tympans, se forma à partir du brouillard.

Un sourire carnassier se dessina sur les lèvres de Tobias, mais à cause du masque le spectre ne le vit pas. Le jeune homme redoutait certes les moments où il devait affronter ces créatures, mais il les appréciait bien plus encore, car c’était dans ces moments-là qu’il était vraiment lui-même.

Le spectre poussa un nouveau hurlement, mais cette fois, l’air sembla se distordre devant son énorme face vaporeuse. Tobias eu tous juste le temps de sauter sur la gauche en roulé boulé avant qu’une onde de choc dévastatrice ne s’abatte sur sa précédente position. Les pierres tombales volèrent en éclats, et un cratère de plusieurs mètres de diamètre remplaça le sol, encore présent il y a quelques minutes.

Tobias riposta, une vague d’énergie bleue déferla de ses mains et frappa l’apparition de plein fouet. Le spectre hurla, de douleur cette fois, et sa forme se fit vacillante pendant un instant avant de revenir à la normale. Cependant, Tobias vit bien que le spectre avait perdu de sa consistance, encore une ou deux attaques et le spectre serait détruit. Mais l’esprit errant n’allait pas se laisser faire, il hurla de plus belle et une rafale de vague sonique se mit à pleuvoir sur le jeune Crow.

Tobias se concentra autant qu’il put et fit apparaître une barrière d’énergie blanche parcourue de runes mystiques. Les ondes soniques secouèrent la protection mais elle tint bon et Tobias s’en sortit indemne. Aussitôt que la rafale s’arrêta, le mystique effectua une série de mouvements précis avec ses mains. Le dôme blanc se délita et son énergie afflua entre les doigts de Tobias, qui en fit un nouveau cercle occulte d’une taille immense placée juste sous l’esprit.

Ce dernier, surpris, commit l’erreur de ne pas sortir du cercle à toute allure. Sans hésiter, Tobias exécuta une nouvelle série de mouvements digitaux et alors les figures géométriques composant le cercle se mirent en mouvement. Paniqué, le spectre tenta de quitter le cercle, mais il se heurta à un puissant mur invisible, il était fait comme un rat.

Tobias acheva sa série de signes et joignit les mains, concluant l’incantation. Un pilier de lumière jaillit du centre du cercle occulte et le spectre fut désintégré en un instant. Dans son ultime cri d’agonie, l’esprit fixa son bourreau d’un regard glacial et avec une voix déraillée articula :

        -Esssspppppeeerrr…

        -Oui, répondit Tobias, j’en suis un.

Alors le spectre se désagrégea, et il disparut pour de bon cette fois ci. Le jeune homme poussa un soupir de soulagement, il s’assit quelques minutes sur  souche d’un arbre centenaire pour reprendre son souffle. Il en profita pour méditer, sur ce qu’il avait vécu ces deux dernières années.

Depuis deux ans maintenant il avait commencé à traquer et combattre les entités surnaturelles, pourtant il avait découvert ses pouvoirs surnaturels bien avant cela, depuis ses 10 ans il pouvait voir les fantômes, sentir la présence des gens et lire leurs pensées ou encore déplacer des objets par la pensée.

Puis à l’âge de 15 ans, il avait fait la rencontre de cet étrange fantôme. Ce dernier l’avait guidé jusqu’au grimoire qu’il gardait caché dans son compartiment secret, avant de disparaître. Cet ouvrage avait apporté à Tobias une quantité d’informations considérables sur ses pouvoirs. Tobias Crow était un Esper, un humain doté de puissants pouvoirs occultes et surnaturels. Le grimoire lui avait également appris à développer ses dons et à correctement les utiliser. Il avait également découvert l’existence des monstres et créatures occultes. Durant les sept années suivantes, Tobias avait passé tout son temps libre à étudier le grimoire et à contrôler ses pouvoirs.

Le second tournant majeur de son existence, avait eu lieu deux ans auparavant. C’est durant une froide nuit de décembre, que Tobias Crow rencontra son destin. C’est cette nuit-là qu’il ressentit l’aura d’un monstre pour la première fois. C’était une créature carnivore qui avait tué plusieurs vaches et moutons des environs, mais le pire avait été le meurtre d’un couple d’adolescents, ils avaient été déchiquetés vivants.

Mais le monstre avait mal choisi sa proie. Dès l’instant où il s’était jeté sur Tobias, son sort était scellé. L’Esper la mit en pièces en quelques secondes à l’aide de ses pouvoirs. Après ce monstre d’autres avaient suivi. Tobias comprit très vite qu’il devait les stopper et savait comment faire. Cependant, l’action de certaines d’entre elles avaient la fâcheuse tendance à attirer l’attention des autorités. Le jeune Crow s’était donc confectionné l’armure et le masque qu’il portait à présent afin de protéger son identité en cas de témoin.

 

Une fois son souffle retrouvé, Tobias se leva et rentra chez lui en quatrième vitesse, de peur d’être en retard pour son travail le lendemain matin. Cela aurait été dommage : le mercredi était le jour où il commençait à s’occuper des commandes snack du Grand-Duc. Or cuisiner était une chose qu’il aimait faire presque autant que dessiner. Ce soir-là, Tobias Crow s’endormit comme une pierre.

 

 

Ville de Val-Insmmoth, à 50 km au Sud-ouest de Val-Pin

23 octobre.

Un vent fort se lève sur la ville, les vagues de la crique deviennent de plus en plus hautes et violentes. Les habitants rentrent chez eux, ferment leur porte et fenêtres. Tous se mettent à l’abri de la pluie battante, tous…Sauf un groupe d’individus encapuchonnés réunis sur un large rocher qui surplombe la crique. Malgré les torrents de pluie qui tombent, un grand feu de joie brûle. En son centre est dressé un monolithe au sommet duquel trône une idole de pierre. Les silhouettes drapées dans leurs toges sombres scandent inlassablement ce qui ressemble à une prière. Ces paroles résonnent par-dessus le vent et la pluie comme le tonnerre.

-IA ! IA ! CTHULHU FHTAGN ! IA ! IA !  CTHULHU FTAGNH !

 

***

-Et un sandwich œuf thon, avec une barquette de frite. Lança Tobias en adressant un grand sourire aux deux lycéennes qui lui faisaient face.

Les deux adolescentes quittèrent le Grand-Duc en gloussant, le rose aux joues.

        -Tu leur plais on dirait. Taquina Alice.

Tobias rétorqua simplement qu’elles étaient trop jeunes pour lui.

-Il serait temps que tu te trouves une copine Tobias, tu ne penses pas.

-Je te l’ai déjà dit ainsi qu’à la moitié de Val-Pin, Alice, j’attends de trouver la bonne personne.

La patronne changea de sujet, car elle savait que cela n’y changerait rien, et demanda :

        -Alors, repas de famille ce soir ?

-Oui. Mes frères et sœurs ainés remontent d’Ile de France à l’occasion des vacances de Toussaint. Je vais enfin revoir mes  nièces et neveux.

La famille adoptive de Tobias, les Crow, était très grande. Il avait 4 frères et sœurs : un frère et une sœur ainée jumeaux âgés de 30 ans et deux sœurs ainées, plus jeunes, âgées de 25 et 24 ans. C’était ça la famille de Tobias. Quand il avait 7 ans, ses parents biologiques, les  Marlo, étaient  morts dans un accident de la route. Les Crow amis de longue date des Marlo avaient adopté le jeune orphelin.

 

La porte du Grand-Duc s’ouvrit bruyamment, pour laisser entrer une jeune femme de l’âge de Tobias. Elle était vêtue d’un jean et d’un débardeur noir orné d’un crâne. Ses cheveux étaient noirs comme le jais, et ses yeux était verts. Tobias connaissait bien cette fille, il s’agissait de Katherine Teunié, la fille de la commissaire, une blogueuse journaliste. Ils se connaissaient depuis le collège, cependant ce dernier ne savait pas s’il pouvait la considérer comme une amie à cause d’une mauvaise habitude de Katherine.

En effet la jeune femme était connue pour obtenir les informations sur ses articles de manière parfois peu éthique, et bien entendu même si l’information dévoilée causait du tort à certaines personnes. Katherine était vêtue d’un jean et d’un débardeur noir, qui allaient de pair avec sa chevelure sombre et ses yeux verts.

La journaliste s’approcha du comptoir et salua Alice, avant de commander.

        -Un cheeseburger et une barquette de frites s’il te plaît Tobias.

Elle avait dit cela en affichant son légendaire sourire. Un sourire qui annonçait des questions en cascade, questions qui la plupart du temps portaient sur les événements étranges de LeGrasse. Tobias soupirait d’avance, tandis qu’il préparait la commande de Katherine. Une fois les frites et le sandwich prêts, il mit le tout dans un doggy-bag  et l’apporta à la cliente.

        -Bonjour Tobias. Dit-elle.

        -Katherine…

Tobias avait prononcé ces paroles d’un ton presque glacial, mais la jeune fille ne sembla pas le remarquer. Elle sortit un dictaphone de sa poche et le mit en marche.

-Dites-moi monsieur Crow, avez quelque chose à me dire au sujet de ce qui s’est passé au cimetière la nuit dernière ?

Elle avait posé cette question sans crier gare, sa marque de fabrique de journaliste. Tobias n’était guère surpris. Katherine venait le voir après presque chaque événement surnaturel. Tout comme sa mère, la jeune bloggeuse soupçonnait Tobias d’être lié aux nombreuses affaires étranges qui frappaient Val-Pin depuis deux ans, mais d’une façon plus surnaturelle, plus mystique.

Connaissant le jeune homme depuis longtemps, Katherine Teunié l’avait observé et très elle avait compris que le jeune Crow était bien plus que ce qu’il laissait penser. Tobias ne pouvait pas nier le remarquable instinct dont la jeune femme était pourvue, cependant il ne comptait pas se faire démasquer aussi facilement.

-Comme toujours je n’ai malheureusement aucune information à ce sujet madame. Répondit-il sans se départir de son sourire professionnel. Voici votre commande voulez-vous autre chose ?

La jeune femme perdit quelque peu son sourire, mais elle rangea son matériel et prit sa commande avant de sortir sans un mot du bar. Une fois dehors elle marcha les quelques minutes nécessaires pour arriver au parc de la ville. Bien qu’il fasse frais, la température était suffisamment supportable pour manger dehors. Elle chercha un instant du regard la personne avec qui elle avait rendez-vous, avant de finalement voir sa mère assise à une table de pique-nique.

Elle s’assit près d’elle et une fois les salutations faites, les deux femmes entamèrent leur déjeuner. Katherine dévora son burger et sa barquette de frites, tandis que Valérie dégustait une salade de pâtes.

        -Tu as tenté de tirer les vers du nez à Tobias pas vrai ?

Demanda-t-elle à sa fille.

        -Oui.

        -Et ?

-Il n’a rien lâché, mais ça viendra, un jour il se trahira et je l’attendrai au tournant.

Conclut l’ambitieuse journaliste, dont les yeux brillaient d’une lueur qui aurait fait pâlir de peur la plus endurcie des personnes.

        -Je t’aurai Crow ! je t’aurai !

***

Ce soir-là, Tobias quitta son travail un peu en avance avec l’autorisation d’Alice. Il ne tenait pas à arriver en retard au repas de famille et il allait avoir besoin de temps pour se préparer. Le jeune homme rentra chez lui à grandes enjambés, s’habilla d’une belle chemise bleu foncé, par-dessus laquelle il mit son manteau noir des grandes occasions.

Ainsi vêtu, Tobias quitta son domicile et se mit en route. Il lui fallut une bonne demi-heure pour atteindre le domicile familial des Crows, une grande maison en pierre rouge, qui détonait avec les autres maisons du quartier. A la vue des lumières et du mouvement visible à travers les fenêtres, Tobias comprit qu’il devait être dans les derniers à arriver. Il monta les marches du perron et sonna. La lourde porte en bois s’ouvrit et le visage souriant de sa mère Isabelle apparut.

        « Bonsoir maman.

-Bonsoir Tobias. Entre je t’en prie. Dit la quinquagénaire. Tes frères et sœurs sont déjà là.

Le jeune homme ne se fit pas prier et entra. Comme il s’en doutait, il était le dernier à être attendu. Les jumeaux Mathieu et Fionna était présents avec leurs enfants et conjoints, ainsi que ses deux sœurs ainées Clara et Marie. Arnaud et Talia, neveu et nièce de Tobias âgé de 1 et 2 ans, gazouillèrent à la vue de leur oncle faisant son entrée. Tobias embrassa tous les membres de sa famille, heureux de les retrouver au complet. Tout le monde se mit à table et la famille se mit à discuter.

Tobias en profita pour prendre des nouvelles de Mathieu et Fionna. Les jumeaux firent de même et Tobias leur exposa ses projets ainsi que l’évolution de sa vie à Val-Pin. La soirée se poursuivit et après le repas Tobias passa un long moment avec son neveu et sa nièce, ils lui avaient beaucoup manqué et il tenait à passer un maximum de temps avec eux.

Cela dura plusieurs heures, jusqu’à ce que les deux petits tombent de sommeil. Une fois les enfants au lit, Tobias pensa qu’il était temps pour lui de rentrer mais alors qu’il se dirigeait vers la porte, sa mère l’interpela depuis le salon.

        -Tobias tu veux bien venir une minute ?

Sans trop réfléchir, le jeune homme fit un pas en avant, mais presque aussitôt il réalisa que quelque chose n’allait pas. Il percevait l’aura de toute sa famille réunie dans le grand salon. Tobias déglutit bruyamment, appréhendant ce qui allait se passer.

Il franchit le seuil du salon. Comme il s’en doutait, tout le monde y était réuni. Avant que quiconque ne dise quoi que ce soit il prit la parole :

        -Vous avez quelque chose d’important à me dire, je me trompe ?

        -Tu ne te trompes pas. Répondit son père, Samuel.

        -Assieds-toi s’il te plaît Tobias, demanda Fionna.

L’intéressé s’exécuta et s’assit dans le seul fauteuil encore disponible de la pièce.

-Tobias, commença sa mère, on a quelques questions à te poser. On aura besoin que tu sois honnête.

        -Aucun problème. Répondit-il.

-Parfait, alors est-ce que tu as tué quelqu’un ?

En entendant cette question, Tobias faillit à la fois s’étrangler et rire aux éclats. Mais il se retint sachant que pour ce n’était pas le bon moment pour ça. Il se contenta de répondre sur un ton égal en regardant sa mère dans les yeux.

        -Non.

Et il ajouta :

        -Et ce que je fais de mes nuits, vous le savez très bien.

Ni ses frères ni ses parents ne sourcillèrent.

        -Tu sais pourquoi on te demande ça n’est-ce pas ? Dit Clara.

- C’est parce que notre chère amie la commissaire Teunié est venue vous poser des questions sur moi, n’est-ce pas ?

Tobias avait prononcé ces paroles en fusillant presque ses parents du regard. Il regretta de s’être énervé, mais pas d’avoir dit ces mots. Il était furieux que Teunié ait fait cela dans son dos, cette femme avait moins de scrupules qu’il ne le pensait !

Isabelle avala sa salive et reprit :

-C’est vrai, avoua-t-elle, Valérie est bien venue me poser des questions sur toi. Ça a commencé il y a environ 3 mois. Elle m’a dit que tu étais suspecté de meurtre ! Elle est sérieusement après toi Tobias.

Isabelle pleurait presque en terminant sa phrase. Tobias inspira longuement et dit :

- La commissaire pense que je suis impliqué dans des affaires de meurtres. Mais pas pour les bons motifs. Elle pense probablement que je suis le tueur mais vous savez que la raison est tout autre.

-Les monstres. Ajouta Mathieu.

Pour toute réponse, Tobias hocha la tête.

        -Un spectre cette semaine.

        -Et la semaine d’avant c’était quoi ?

Clara avait dit ça comme pour plaisanter. Mais son frère ne trouvait pas cela drôle.

        -Avant lui c’était un vampire il me semble, une brouxe pour être exact.

En entendant cela Samuel déglutit bruyamment.

-Valérie est sur tes talons Tobias, dit-il, depuis deux ans maintenant. Jusqu’ici tu as réussi à couvrir tes traces, mais maintenant la commissaire va jusqu’à nous interroger directement. Que fera-t-elle après ?

Le jeune homme regarda son père et lui demanda où il voulait en venir.

        -Tu devrais peut être faire profil bas quelques temps.

        -Je ne peux pas faire ça papa.

        -Tu le peux et tu le dois !

C’était Fionna qui avait presque crié ces mots. La jeune mère c’était levée et était visiblement en colère. Elle continua en disant que les actions de Tobias mettaient toute la famille en grand danger. Si jamais la police parvenait à prouver d’une manière ou d’une autre, qu’il était lié aux différents meurtres et agressions qui avaient eu lieu à Val-Pin depuis 2 ans, presque toute la famille finirait en prison.

 Quand elle eut fini son discours, Tobias se leva lentement et créa un nouveau cercle mystique au creux de sa main. Aussitôt une flamme bleue s’y forma, comme à chaque fois, la famille fut impressionnée par les pouvoirs de l’Esper. Du ton le plus calme qu’il put, il dit :

- Grâce à ces pouvoirs j’ai pu stopper des créatures dont la police n’a même pas conscience. J’ai sauvé des vies et je peux en sauver encore beaucoup. Alors désolé Fionna mais je ne m’arrêterai pas.

Puis sans ajouter un mot, Tobias Crow se leva, prit son manteau et quitta la maison familiale les larmes aux yeux. Mais à peine avait-il fait quelques pas sur le trottoir, qu’il sentit une aura familière. Il tourna légèrement la tête et vit à l’angle d’une rue adjacente la commissaire Teunié en train de fumer. Tobias perçut l’amusement de la femme qui le regardait quitter la réunion de famille de la sorte.

L’Esper dut se faire violence pour ne pas utiliser ses pouvoirs et la plonger dans un tourbillon d’illusions morbides. Il fit un doigt d’honneur dans sa direction lui faisant clairement comprendre qu’il l’avait repérée avant de se volatiliser avec son stratagème habituel. Valérie Teunié fut tétanisée de surprise, à tel point qu’elle en lâcha sa cigarette. Elle regretta amèrement de ne pas avoir emmené sa fille et une caméra avec elle.

 

 

Ville de Val-Insmmoth

Nuit du 25 octobre.

Voilà deux jours que la tempête s’abat sur la ville. Deux jours de pluie torrentielle et de vents infernaux, et après ça c’est la terre qui se met à trembler. Les habitants terrorisés, se cachent sous leur table et leurs enfants pleurent dans le noir. Tandis que sur le promontoire rocheux les  silhouettes encapuchonnées scandent inlassablement leur sinistre prière, pourtant aujourd’hui les mots son différents :

        -PHNGLUI MGLW’NAFH CTHULUH R’LYEH WAGH’NAGL FTAGNH !

Comme leurs prédécesseurs, les mots résonnent plus fort que le vent et la pluie eux-mêmes, chaque prière semble rythmer les secousses qui ébranlent la ville. Alors que la Val-Insmmoth est comme prise à la gorge par la tempête et le tremblement de terre, dans la crique où mouillent les petits bateaux de pêche, le grand récif placé en son centre s’élève petit à petit tandis que l’eau qui l’entoure bout violement. Dans les ténèbres des crevasses parcourant le massif rocailleux des yeux brillent et des formes se mouvent dans les eaux saumâtres vers la surface.

 

***

Tobias rêve, ce n’est pas la première fois que cela lui arrive. Il flotte dans un tourbillon d’images, comme suspendu dans les airs. Puis tout à coup le maelstrom s’arrête sur un décor : une ville de bord de mer, enchâssée dans une crique. Le bitume des rues est zébré de fissures, certains bâtiments sont effondrés. Une pluie torrentielle tombe et, dans la baie, d’étranges silhouettes sortent des eaux sombres. Tobias veut s’en approcher alors qu’il sent monter en lui un oppressant sentiment d’horreur. Une horreur ancienne, abyssale et cosmique. Soudain le décor s’efface à nouveau, Tobias est suspendu dans les ténèbres.

Mais cette fois une immense silhouette se dessine devant lui. Il sent un regard se poser sur lui et tout à coup un hurlement strident lui transperce le crâne et l’arrache aux affres du monde onirique.

 

***

Tobias hurla de terreur en tombant de son lit. Il était en sueur et une violente migraine lui agressait le cerveau. Il se dépêtra péniblement de ses draps emmêlés avant de se diriger vers sa salle de bain pour y prendre un cachet d’aspirine. Alors que le médicament faisait effet, Tobias s’interrogeait sur son cauchemar. Il avait déjà fait l’expérience de tels songes et la plupart du temps ils se révélaient un peu trop proches de la réalité à son goût. Plusieurs fois ses songes l’avaient rendu témoin d’événements qui s’avérèrent avoir vraiment eu lieu.

Il s’allongea, bien décidé à profiter de son samedi, et laissa le médicament faire son effet. Bien vite, le mal de tête disparut et il put correctement réfléchir. Il projeta son pouvoir vers sa radio et l’alluma, avant de régler la fréquence sur la station informations de la région et se leva afin de préparer son petit déjeuner. La radio grésilla avant de transmettre une voix claire. Durant les premières minutes rien d’anormal ne fut annoncé, cela rassura Tobias sur ses songes.

-Nous interrompons notre programme pour une information urgente, dit  alors la présentatrice. Cela fait maintenant 3 jours que la ville de Val-Insmmoth et ses habitants subissent une tempête d’une rare violence. Durant la nuit du 25 au 26 octobre, ajouta-t-elle, un violent séisme a frappé la petite ville côtière. Pour l’instant aucune victime n’est à déplorer mais plusieurs sources font état d’importants dégâts matériels et inondations considérables. Notre contact sur place est actuellement en route, accompagnant les secours et les forces de l’ordre. Nous reviendrons vers vous le plus vite possible sur ce sujet.

Tobias s’était figé dès l’instant où le nom Val-Insmmoth avait été prononcé. Il jura et se pressa d’engloutir son repas puis s’habilla à toute allure. Cela fait, il fila chez ses parents au pas de course. Sur le chemin il constata vite que la nouvelle concernant Val-Insmmoth avait fait le tour de Val-Pins. Des ambulances, des camions du Samu et des voitures de police fusaient dans les rues. On pouvait se croire sur le pied de guerre et l’inquiétude de Tobias grandissait.

Quelques minutes plus tard, il arriva finalement à la maison familiale. Il monta les marches en quatrième vitesse, mais n’eut même pas à frapper à la porte, sa mère qui l’avait vu dans la rue l’attendait sur le perron. Elle le fit entrer puis le tira jusqu’au salon où toute la famille était réunie une fois de plus. Tobias prit place dans le grand fauteuil qu’il avait occupé deux jours plus tôt. Sa mère s’assit à côté de son époux.

        -Fils, tu as vu ce qu’il se passe en ville n’est-ce pas ? Demanda  Samuel.

        -J’ai vu et j’ai entendu les nouvelles.

Mathieu qui serrait la main de Léa, son épouse parla d’une voix presque tremblante :

        -Est-ce que tu sais quelque chose à ce sujet ?

Tobias inspira longuement. Ce n’était pas la première fois qu’il parlait de ses rêves à sa famille, en revanche l’ampleur de ce songe était sans précédents. Alors il parla, n’omettant aucun détail de son cauchemar. À la fin de son récit, le visage de Mathieu était blanc comme un linge, Tobias pensa qu’il allait s’évanouir.

        -Et donc ? Demanda Clara. Que comptes tu faire ?

Tous connaissaient déjà la réponse à cette question.

-C’est évident il me semble, je vais me rendre sur place. Répondit simplement Tobias.

-Tu es fou ! S’exclama Fionna. Il y aura la presse, tu ne peux pas y aller.

Sans répondre, Tobias se leva, embrassa ses parents et se dirigea vers la porte.

        -Tu m’as écoutée Tobias ?

Il s’arrêta sur le pas de la porte et, sans se retourner, répondit :

        -On a déjà eu cette discussion Fionna, je ne resterai pas impassible alors qu’une menace pèse sur LeGrasse.

        -Ça concerne Val-Insmmoth, pas toi ! Argumenta Fionna.

        -Rien ne garantit que ça sera le cas demain.

Puis sans ajouter quoi que ce soit, il ferma la porte au nez de sa sœur.

 

***

Assis sur le plancher de son appartement, Tobias méditait. Devant lui était rassemblé tout son matériel de manière très ordonnée. Le jeune homme pesait soigneusement tout ce que la décision de se rendre à Val-Insmmoth incombait. S’il y allait alors que la presse était sur place, il y avait de grandes chances que l’existence de l’Esper soit dévoilée au grand public, voire, dans le pire des cas, que son identité et ses pouvoirs soient révélés.

Mais en dépit de toutes ses inquiétudes, Tobias savait très bien que s’il ne prenait pas sa vision onirique au sérieux, les conséquences pour la région pourraient être cataclysmiques. Il allait donc se rendre à Val-Insmmoth en secret et une fois sur place mettre son costume afin de ne pas être reconnu.

Le jeune homme rassembla ses affaires, des vivres, du matériel et son équipement. Enfin il quitta son domicile sous le couvert de son habituelle illusion afin de ne pas être remarqué. Il se rendit le plus vite possible chez la seule personne en dehors de sa famille qui connaissait son secret et qui l’avait déjà aidé dans sa traque aux monstres.

En arrivant devant la maison de Marie Roche, Tobias vit qu’elle était déjà dehors à côté de son véhicule, comme si elle l’attendait. Tobias dissipa son illusion et salua Marie d’un grand geste de la main. La jeune femme, de 5 ans son aînée, lui rendit son salut avant de dire :

        -Si tu es là c’est que tu as entendu ce qui ce passe à Val-Insmmoth.

        -Exact.

        -Et comme je m’en doutais ce n’est pas aussi naturel que l’on peut le croire.

Une fois encore, Tobias répondit par l’affirmative.

        -Très bien alors monte vite en voiture je t’y emmène.

        -Merci Marie.

Sans plus attendre Tobias déposa son paquetage dans le coffre du tout terrain et embarqua.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Voltage
Posté le 08/02/2021
Salut,
Ça faisait un petit moment que j'avais enregistré ton livre dans ma pile à lire, mais je n'ai jamais eu le temps de le commencer...Mais maintenant je découvre enfin l'univers de Tobias !
Tout d'abord, j'adore toutes les références à Cthulu ^^ Je suis une grande fan de Lovecraft et j'apprécie beaucoup la présence de détails qui renvoient directement à lui.
Le contexte se met en place, la situation de Tobias, on remarque tout de suite ses valeurs et la mission qu'il s'est donnée. C'est assez cool de savoir qu'il est indépendant, solitaire, lorsqu'il chasse les esprits mais qu'il a à côté une vie de famille.
Selon moi, le début est plutôt accrocheur mais ensuite on ne comprend pas trop...Il y a ces histoires de meurtres, cette commissaire qui en a après Tobias...Mais pourquoi ? Peut-être aurai-je mes réponses dans le chapitre suivant. Aussi cela donne un rendu assez étrange lorsqu'on le voit partir avec Marie, qui est une inconnue à nos yeux, ça nous fait ni chaud ni froid, si tu vois ce que je veux dire...
À part ça, tout est très bien mis en place et on se met très facilement dans la peau du personnage ^^
Hunter_of_Shado
Posté le 07/04/2021
merci pout ton commentaire et pardon de ne pas avoir réagis plus tôt, pour tout te dire si cette histoire va vite c'est à cause de l'aspect nouvelle/histoire courte. Merci en tout cas pour ton intéret et n'hésite pas à me donner plus d'avis de ce genre j'en manque cruellement :)
Vous lisez