L’automne commence à prendre ses quartiers dans les rues de Lilas, teintant les arbres d’une robe de feu. C’est sa saison favorite. Petite, ses parents l’emmenaient faire de grandes balades en forêt à la recherche de champignons, ou de châtaignes à faire dorer dans la cheminée. Ces plaisirs anodins à l’époque, lui semblent tellement magiques maintenant. Andy n’avait pas le temps pour ce genre de broutilles, préférant jongler entre le foot et la Bande plutôt qu’elle.
C’est pourquoi, lorsque ce jeudi il lui annonce qu’ils partent tous les deux le lendemain, elle se doute que quelque chose cloche.
C’est vrai, depuis quelques semaines, elle et Chris jouent à une joute de regards plus que risqué. Ceux du dernier cours étant passés inaperçus aux yeux du footballeur, elle avait décidé de récidiver au suivant. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est que le mystérieux brun en ferait de même.
Elle use du même stratagème, englobe la salle du regard, puis passe quelques minutes supplémentaires sur lui. Il dodeline la tête de droite à gauche, visiblement en désaccord avec son ami assis à ses côtés. Il cligne des paupières avant de plonger son regard directement dans le sien. Il hausse un sourcil, il semble aussi troublé qu’elle.
Ses lèvres rosées esquissent un sourire espiègle. Elle se liquéfie sur sa chaise, son cœur prêt à bondir de sa poitrine. Elle baisse légèrement la tête et replace au passage une mèche derrière son oreille.
Visiblement fière de son effet, il passe sa langue sur la lèvre inférieure sans détourner le regard un seul instant. Josh lui donne un coup de coude dans les côtes, mettant fin à ce moment irréel. Elle se doutait qu’il lui avait rappelé les risques, si d’autres avaient remarqué leur échange.
Elle se laisse glisser sur sa chaise, la respiration encore haletante. Visiblement insensible aux mises en garde de Josh et d’Andy, il ne s’est pas privé pour la regarder, son sourire charmeur collé au lèvres lorsqu’il a quitté la salle. Elle avait passé le reste de la journée à espérer un jour sentir ses lèvres sur les siennes, surtout avec ce piercing qui l’obsédait.
Elle n’avait pas réussi à fermer l'œil de la nuit, ne sachant pas à quoi s’attendre avec Andy le lendemain. La fin des cours est arrivée bien trop vite à son goût.
La boule au ventre, elle se dirige vers l’inconnu. Ils roulent depuis une demi-heure, sans un simple mot échangé. Elle se crispe lorsqu’elle finit par reconnaître les lieux. Tout mais pas ça !
― Andy, tu m'emmènes où ?
― Au vu de ta question, tu le sais.
Elle avait espéré s’être trompée.
― Pourquoi ?
Il pile, la voiture glisse sur les feuilles mouillées.
― Je déteste quand tu fais l’innocente, mais encore plus quand tu te fous délibérément de moi.
Son ton de voix était tranchant.
― Je ne suis pas aveugle Princesse
Elle se doutait que ce week-end n'était pas anodin, il les avait vus.
― Il te plaît n'est-ce pas ?
Elle est pétrifiée dans son siège, scrutant les rétros au cas où un véhicule surgirait.
― Répond Salope.
Il ne hurle pas, c’est ce qui lui fait le plus peur.
― Oui, susurre-t-elle sur le bout des lèvres.
Elle s’attend au pire après cette révélation, rien ne vient. Il remet le contact et poursuit sa route. La maison au bord du lac est dans la famille d’Andy depuis des années. Faites entièrement de rondin de bois, elle se tient sur deux étages. En apparence cosy, elle donnait vie aux pires cauchemars de Juliette.
―Descend lui ordonne-t-il une fois stationné dans l’allée.
Le cœur au bord des lèvres elle ouvre la portière, attrape son sac et sort du véhicule. Les feuilles orange se reflètent à la surface du lac. Cet endroit aurait dû être idyllique. Il avait tout gâché. Il l'attend sur le perron, visiblement exaspéré de ses pérégrinations.
― J’ai pas toute la journée, dépêche-toi
Les flashback la frappe à chaque pas. Elle aurait aimé que le traumatisme efface la moindre trace de cet épisode, mais rien n’est jamais comme on l’espère. Lorsqu’elle franchit la porte, la boule au ventre, elle pose les yeux sur les cadres au mur. Historique de la famille en apparence parfaite de sa moitié.
― Dire qu’on a fait notre première fois ici, on prendra cette maison quand on emménagera.
Sa réflexion la laisse sans voix. Elle ne voulait pas penser à l’avenir à ses côtés, encore moins se dire qu’elle vivrait ici. Pas après ce qui était arrivé entre ses murs.
Elle aurait voulu hurler qu’il avait abusé d’elle. Ce n’est pas ce à quoi une première fois doit ressembler. Il lui avait menti, l’avait fait boire à son insu. Avait profité de son état, à demi consciente. Le pire c’est qu'après, il était reparti profiter de la soirée qu’il avait organisé comme si de rien n’était. Elle s’était réveillée le lendemain, victime d’une migraine violente. Ses sous-vêtements éparpillés dans la chambre, le lit taché de sang. Son entre-jambe lui faisant affreusement mal. Elle se rappelait uniquement qu’il l’avait aidé à monter, qu’il s’était couché près d’elle. Puis le trou noir.
Elle avait passé une heure dans la douche, en larmes. Espérant intérieurement que c’était lui, tout en le haïssant si c’était le cas. Il avait fini par lui avouer, lorsqu’il l’avait retrouvé trempée, la peau rougit à force de frotter pour effacer sa honte. Il avait des besoins en tant qu’homme, il n’avait pas supporté qu’elle se refuse à lui aussi longtemps. Seulement trois mois s’étaient écoulés depuis qu’elle lui avait avoué ses sentiments, ça ne semblait pas si insurmontable pour elle.
Ce qu’elle haïssait le plus chez lui, ce sont ses changements d'humeur. Il agit comme s’il avait oublié son aveu dans la voiture. Oui, Chris lui plaisait. Énormément même. Le calme dont Andy faisait preuve à cet instant ne présage rien de bon.
Il écoute, retient et n'oublierait pas une information si lourde de sens et de conséquences.
L'athlète a bien sûr choisi de dormir dans la chambre où tout avait eu lieu.
Après avoir déchargé leurs maigres bagages, il reste planté dans l’entrée de la pièce.
― Je voudrais me doucher, argue-t-elle
Espérant qu’il sorte pour la laisser un peu tranquille
― Depuis quand ça te gêne d’être nue face à moi?
Beaucoup trop longtemps. Elle retire son pantalon, tandis qu’il s’assoit sur le bord du lit. C'en est trop pour elle, elle se dirige vers la salle de bain, prête à s'y enfermer. À peine fait-elle un pas qu’il la stoppe dans son élan
― Reste ici ! intervient-il sur un ton autoritaire, tu as des choses à te faire pardonner. Si tu commençais maintenant ?
La tension est palpable, l’air est tellement chargé qu’un orage pourrait éclater entre eux. Elle reste prostrée au milieu de la pièce, peinant à respirer
― Je vais faire comme si ton aveu dans la voiture était une erreur de jugement de ta part, mais en contrepartie tu vas être sage ce week-end. Compris, Princesse ?
Sa gorge se serre lorsqu’il se lève et s’approche d’elle. Ses cheveux relevés lui facilitent la tâche. Il pose ses lèvres sur son cou, encerclant sa taille de ses mains fortes et puissantes. La chair de poule couvre sa peau. Comme la fois précédente, il fait tomber les couches de vêtements une à une.
― Je t’en supplie, parvient-elle à articuler
― Supplie, j’adore ça.
Il l’a fait reculer, jusqu'à ce que ses genoux percute le bois de lit.
― Allonge-toi, je reviens. Ne tente rien de stupide, je te le ferais payer au centuple.
Il s’éclipse dans le dressing attenant à la chambre, avant d’en ressortir, tenant de longs liens tressés.
― Lève les bras
Il commence à entrelacer les cordes autour de ses poignets, serrant plus fort à chaque tour. Une fois son ouvrage terminé, il fait passer l’une des extrémités au niveau de la tête de lit pour l’y attacher.
― Tu peux hurler autant que tu veux, et te débattre comme une lionne, personne ne viendra, tu ne peux pas m'échapper.
Il est tel un chasseur face à sa proie, avide de la voir paniquée. Il caresse chaque centimètre de sa peau. Sa respiration est saccadée, ses mains commencent à s’engourdir.
― Je ne te suffis pas pour que tu roucoules avec ce connard.
Les mots restent coincés dans sa gorge, elle est terrifiée de tout ce qu’il peut lui faire maintenant qu’elle est sa captive.
― Tu aurais voulu que ce soit lui dans cette chambre avec toi.
Au fur et à mesure, son visage se teinte d’une haine qui déforme ses traits.
― Il n'aurait pas eu à faire ce que j’ai fait pour t’avoir entièrement à lui. Un simple sourire comme ceux qu’il t’a lancés et tu aurais fais tomber tes vêtements, sale trainée.
La gifle qu’il lui assène, la sonne par sa violence. Elle réprime des sanglots qui l'étouffent, si elle se tait, peut-être qu’il ira plus vite. Lorsqu’elle revient à elle, il se tient face sur sa droite, son érection fièrement dressé dans la main.
― Ouvre la bouche, Princesse
La terreur l’a saisie, elle n’est plus uniquement la femme qu’il désire à cette instant. Elle n’est qu’un vulgaire jouet sexuel, dans l’incapacité de lui refuser quoi que ce soit.
― Si tu ne le fais pas toi-même, je t’y forcerai, tu le sais.
Dégoûtée, elle finit par obéir. Elle tourne sa tête vers lui. Il pénètre sa bouche centimètres par centimètres. Les premiers haut-le-cœur la saisissent, il ne s'arrête pas. Elle frappe ses poignets contre la tête de lit pour qu’il comprenne.
― Pense que c’est lui à ma place, ça devrait te calmer
Elle refusait de le mêler à ça, même par la pensée. Ce calvaire, c’était le sien.
Elle peine à respirer, la nausée est toujours présente. Il se retire enfin, le temps qu’elle remplisse ses poumons d'oxygène. Il repart à la charge, plus vite, plus loin. Ça ne peut pas être vrai, tout ceci n'est qu’un cauchemar, elle va se réveiller. Elle ouvre de nouveau les yeux, ces abdos lui font face. Il en a visiblement finit avec sa bouche, lorsqu’elle sent un liquide salé couler sur sa langue. Il bloque ses mâchoires.
― Avale petite pute.
Elle a tellement honte à cet instant, qu’elle aurait préféré mourir que de subir ça. Il se rhabille. Toute cette mise en scène pour ça ? Son for intérieur lui crie que ce qu’elle vient de subir n’est qu’un avant-goût. Il a parlé du week-end entier pour être pardonné, pas d’une trentaine de minutes.
― Je suis affamé, que dirais-tu d'une pizza ?
Le retour de l'Andy serviable, aimable et bien sous tout rapport, qui ne colle pas avec elle, ligoté sur ce foutu lit. Son ventre émet un gargouillement qu’elle aurait voulu taire en guise de réponse.
― Tu ne comptes pas en avoir, j'espère ? Ta punition ne fait que commencer Princesse. Tu as assez de réserves pour survivre.
Il se dirige vers la porte, tandis qu’elle frappe, se débat de toutes ses forces avec ces liens.
― Libère-moi par pitié
― Comme si j’allais t’obéir, passe une bonne soirée Princesse, repose-toi surtout, je n’en ai pas fini avec toi.
Les effluves de pizza lui parviennent, ainsi que le murmure de la télévision. La douleur lui tord l’estomac, elle est assoiffée. La chambre est plongée dans le noir, la pluie se fracasse sur les vitres. Elle est frigorifiée. Ses bras sont totalement engourdis. Si elle le pouvait, elle ne parviendrait même pas à s’enfuir.
Elle s’éveille après ce qui semble une éternité, l’obscurité règne toujours à l’extérieur. Aucun bruit, ni lumière ne parviennent du rez-de chaussé,il n’est pas couché à ses côtés.
La lumière de la chambre s’allume tout d’un coup, la silhouette massive d’Andy se découpe dans l’encadrure de la porte.
― Bien dormi ?
Elle tente de se relever, oubliant qu’elle est ligotée au lit.
― Détache-moi, je t’en prie. J'ai mal
― Chaque chose en son temps, bois d’abord.
Il approche le goulot de la bouteille de sa bouche, elle a un mouvement de recul.
― Je veux que tu sois consciente cette fois-ci, bois.
Elle se sent revivre après la première gorgée. Malgré le poids de l’eau dans son estomac, elle avale goulûment la bouteille. Il se décide à la libérer. Ses membres sont blancs dû au manque d'oxygénation . Elle peut à peine lever le bras, elle n’a aucune force, elle n’arriverait à rien contre lui.
― Il est quelle heure ? demande-t-elle
― Peu importe, je vais m’occuper de toi, tu ne penseras à rien d’autre.
Jamais il ne se lassera d’elle, cette petite chose qu’il a pu modeler à son envie sans la moindre résistance.
Elle ne désire qu’une chose : que ce week-end d’horreur prenne fin. Elle ignore si nous sommes vendredi soir, samedi ou même dimanche. Il embrasse son cou avant de descendre sur sa poitrine. Il la domine de toute sa stature, elle sent son sexe appuyer contre l’entrée du sien. Il n’a aucune douceur dans ses gestes, juste cette lubricité malsaine qu’il doit contenter par tous les moyens. Il la pénètre d’un coup sec, lui arrachant un cri. Le va-et-vient commence, dans une douleur insoutenable.
― Andy, stop, j’ai mal !
― Ça va passer.
Il accélère le rythme, elle se cramponne à son oreiller. Même son corps sait qu’elle ne veut pas de ce rapport et il lui fait bien comprendre. Des larmes dévalent silencieusement ses joues.
― Andy , je …
Il ne la laisse pas finir, plaque sa main sur sa bouche. Le manque d’air l’angoisse, rendant l’acte toujours plus douloureux. Toute sa haine se ressent dans chaque coup de rein qu’il lui inflige. Il la tue de l’intérieur, cette sensation que des lames lui transpercent le corps sans interruption. Il retire sa main de sa bouche avant d’attraper le bas de sa mâchoire.
― Si je vois une œillade entre vous, je te fais subir cette torture pendant des semaines.
Il est de plus en plus violent dans ses mouvements de bassin. Ses cris brisent le silence.
― Je sais que tu souffres Princesse, ce qui compte c’est mon plaisir, pas le tien. Tu es là pour ça que tu le veuilles ou non.
Il l’embrasse à pleine bouche pour la faire taire.
― Tu es si bonne, ça serait du gâchis de ne pas en profiter.
Il a enfin terminé. Elle se recroqueville en position fœtale. Elle tremble, parcourue de sanglots, elle tente de reprendre son souffle.
― Ne lui fait rien, parvient-elle à articuler
― Comme si j’allais t’écouter. Je l’ai épargner la première fois, il est conscient de ce qu’il risque. Il préfère se brûler les ailes, c'est son problème, certainement pas le tien. Reste à ta place Juliette, j’ai des tonnes d’idées pour te faire regretter de me tenir tête, ne m’oblige pas à en arriver là.
Il avait utilisé son prénom, il ne lui ordonnait pas, il l'exigeait sans discussion, à rester à l’écart de toute cette histoire.
La fatigue a enfin raison d’elle, en s’endormant, elle ne voit que les yeux bleu-gris de Chris.
( et oui je reviens après un peu d'absence )
Déjà, ton récit est plus rythmé qu'au chapitre précédent. On a un peu plus de compassion envers ton personnage, parce que tu marques bien plus son état d'âme que les autres états d'ames un peu plus tôt
Par contre attention, il manque pas mal de point en fin de phrase, surtout dans les dialogues ^^
Merci ☺️