PARODOS gazorla

Par C. Kean

 

La belle saison était morte. Au village, les patriarches et les vieux fils de Gazorla le sentaient bien : le fond de l'air s'était rafraîchi et la nuit galopait vers eux. Cela ne changeait rien. Été, automne, hiver, qu'importe. Leurs champs, leurs bêtes, leurs sexes restaient stériles. Ce pour quoi ils creusaient la terre n'attendait plus de saisons. C'était une autre sorte de moisson.

À l'heure où les femmes veillaient seules le brouet, les hommes réunis parlaient, c'était leur habitude. Mais ce soir, sur la place où ils tiraient leurs chaises, un silence recouvrait leur bouche. Ils l'entendaient dans leurs regards, leurs langues sèches, et dans la crispation de leurs mains. Les hommes attendaient que sonne la cloche de l'église. L'évènement deviendrait commun, et ce serait alors un jour semblable aux autres. Comment en être sûr autrement ?

Car la sorcière était morte.

Et l'on entendait pas la cloche sonner.

Au lieu de cela, une fumée noire montait depuis la colline et l'on se demandait si le curé en reviendrait un jour.

 

 

Le curé avait un nom, mais il n'eut aucun pouvoir face à ceux qui l'entendirent. Des gitans, accoudés les uns aux autres et à une barrière, tous penchés, pas un seul pour tenir droit. Comme si, déjà, le vent les poussait loin d'ici. Tous avec des regards luisants, des sourires obliques, qui ne prennent rien au sérieux. Tous retenant leurs chiens.

Alors le curé fit effort et trouva un nom qui avait plus de sens que le sien.

« Je cherche les jumeaux Galabril. »

Ils lui rirent au nez. Le pire, c'étaient les enfants : ils hurlaient plus que les bêtes sous la saleté de leurs visages. Mais les gitans rient devant, parlent derrière, et bientôt un homme s'avança qui ne ressemblait à aucun autre. Lui ne portait pas de gros gilet de laine terne, ni de pantalon en grossière chute de velours côtelé. Lui portait une chemise blanche, un pantalon plissé avec soin et des lunettes qui donnaient à son visage un air sérieux et savant.

« Mon père, nous ne savions pas si vous feriez le déplacement. Venez. »

La voix était froide, mais la parole honnête. Ce fut la pensée du curé. Il suivit celui qu'il reconnut comme Joshua Galabril, et entra après lui dans la cabane où avait vécu la sorcière.

Il était faux, pourtant, de dire que Joshua Galabril ne ressemblait à aucun homme : il ressemblait à celui-ci, appuyé comme un gitan, de travers, au manteau de l'âtre sans feu. Les mêmes vêtements l'habillaient, le même visage le rendait reconnaissable. Mais c'étaient d'autres lunettes, faites pour dissimuler et non pour voir. Un regard qui ne pouvait être longtemps soutenu. Le curé se retourna vers Joshua qui pointait du doigt un lit étroit, effacé dans l'ombre.

Le corps de la Maria y reposait. Du sang avait coulé de sa tête, ses yeux étaient clos, et sa poitrine se levait avec fatigue.

« Que s'est-il passé ? »

Le curé était aussi médecin. Pour cela, il se déplaçait souvent. Il remonta ses manches et examina la blessure que la vieille ogresse portait au front.

« Vous connaissez les enfants, mon père. Turbulents, qui jouent sans se soucier des conséquences...

– Elle a reçu un jet de fronde.

– Comme Goliath. »

Le curé se souvenait bien des jumeaux. Ils étaient les derniers à être nés à Gazorla. On les avait vus longtemps, ces gamins-là, grandir sans morale, jouer dans la poussière et la chaleur de ce pays aride. Combien de fois étaient-ils descendus de leur colline jusqu'au village, chapardant linge, poules et tranquillité ? L'un parlait fort, riait souvent de la crasse qui assombrissait son visage et, rusé déjà, comme ceux de son espèce, savait faire avaler des kilomètres de couleuvres aux braves gosses du coin encore mal dégourdis. Il leur vendait des peurs, des terreurs dans la nuit et des petits cailloux blancs, désespérément communs sur les sentiers de Lustian, mais ceux-ci, disait-il, étaient différents ; ceux-ci étaient magiques, ensorcelés, et ils les protégeraient plus sûrement que la croix de bois qu'ils portaient autour du cou comme deux oboles sur les paupières. Et l'autre, toujours, suivait le premier comme s'il eut été son ombre. Silencieux, observateur. Lui, on ne pouvait pas le chasser comme on le fait avec les renards affamés qui osent tant que la faim les pousse. L'autre était de la trempe des serpents. Rendus aux âges de l'adolescence, on pouvait être sûr que si l'on apercevait l'ombre de l'un, c'était que l'autre, dans votre dos, avait déjà su vous détrousser.

Puis un jour, à peine des hommes, ils étaient partis. Pour chercher fortune au nord, à Poléon. Beaucoup échouaient en chemin, mais le curé le voyait : la fortune, ils l'avaient trouvée. Plus de visages crasseux, plus de vêtements rêches, rapiécés par la vieille Maria. Non, des chemises blanches et repassées, des pantalons à pince, la fière allure au volant d'une de ces automobiles dont on entendait parfois parler de loin. Le curé les avait bien connus, et il se doutait que cette richesse, qui dénotait sur le plancher brut de la cabane de leur mère, n'était pas le fruit d'un travail honnête. Et celui qui parlait fort n'en avait pas fini de rire, d'élargir ses sourires, de bouger ses mains qui n'avaient jamais connu l'ouvrage, comme deux oiseaux libres d'insouciance.

Il lui avait toujours préféré Joshua.

« Je me souviens de vous deux, dit-il. Vous veniez à l'église, il y a longtemps. »

La blessure sur le crâne de l’aïeule était profonde, son souffle s'effilait.

« Nous avons changé de paroisse. »

Il y avait toujours du miel dans la voix de celui dont on ne voyait pas les yeux. Du miel et une piqûre ; un rire. Certains s'imaginaient le diable ainsi.

« Je suis navré pour votre mère. Si on m'avait appelé, peut-être aurais-je pu faire tomber la fièvre.

– Vous n'auriez rien pu. »

Le curé le savait. Il essuya le sang du front de la Maria. Il ne pouvait rien pour elle non plus. Les jumeaux comprirent et se signèrent ensemble.

« Nous trouverons toujours un Père au Royaume de Dieu, ajouta le curé, pour qui la mort ne pouvait se passer de mots. »

Puis il répandit l'huile, et porta de sa voix l’extrême onction. Il entendit, derrière lui, les jumeaux quitter la pièce, rejoindre les funérailles gitanes qui exigent que les morts soient brûlés et que leurs cendres soient libres sur les chemins du monde. Il n'aurait pas été envisageable d'enterrer la sorcière de toute façon, mais une tombe serait creusée pour la Maria. Après tout, elle aussi avait été maudite. Ne disait-on pas que la sorcière lui avait arraché la langue avant de la lui faire manger ? Il lui offrirait le droit de trouver le repos.

Le curé traça un dernier signe de croix sur le front de la vieille, plissant ses rides profondes comme des sillons. Ses genoux craquèrent quand il se releva, le plancher craqua lorsqu'il passa le seuil de la masure.

Dehors il y avait de la musique et des flammes. La mort de Soledad s'était habillée en fête. Le curé cherchait dans l'assemblée la symétrie des jumeaux, le blanc de leurs linges, mais il ne les trouva pas. Il n'y avait que des textures âpres, des couleurs chaudes, les intonations énigmatiques d'une langue inconnue, le couinement d'un accordéon, les plaintes d'un violon. Et au centre, le brasier. On distinguait encore une forme vague, mais humaine, un cauchemar simple, sans fioriture. Silhouette noire que dévoraient les flammes.

La mort toujours entre par les yeux.

Alors qu'il reculait avec horreur, le curé aperçut l'immobilité derrière le mouvement. Il reconnut Joshua. Ou peut-être était-ce l'autre, Arcade. Il n'y avait plus de lunettes pour les différencier. Il se fraya un chemin pavé d'excuses que personne n'entendit. Des mains lui frappèrent le dos, des enfants cherchèrent des poches à détrousser dans sa soutane. Il se dégagea, la foule était derrière lui.

Les jumeaux se tenaient là, à l'écart de tous, adossés au flanc ouest de la cabane. Comme il s'approchait couvert du bruit d'autrui, il surprit ce mot, tombé de la bouche de celui qui devait être Arcade : argent. Puis :

« Mon père ! J'espère que vous ne trouvez pas nos coutumes trop païennes ! »

Le regard d'Arcade s'était arrêté sur lui. Le curé ne répondit pas ce qu'il pensait.

« Si vous n'avez plus besoin de moi, je vais redescendre. On m'attend au village...

– Oui, oui bien sûr, nous ne vous retenons pas plus longtemps. Nous avons déjà trop abusé de votre aide et de votre générosité. »

Il parle avec la bouche d'un renard, se dit le curé.

« Pouvons-nous vous confier le corps de la Maria ? »

Joshua avait parlé. Il acquiesça.

« Sa place dans l'autre monde est auprès de son époux et de sa fille. »

Le ricanement d'Arcade lui parut insupportable.

Le curé se taisait, mais ne partait pas. Il avait une question à son tour. Joshua le vit. Après un silence, le curé osa :

« Pourrais-je ramener l'âne ? »

Les jumeaux se regardèrent, puis se tournèrent vers le vieil animal endormi sous l'auvent.

« Votre mère n'est plus, et Maria ne pourra plus s'occuper de lui. Vous même vous ne resterez pas ici. Il serait utile au village...

– Oui, c'est une bonne idée. Prenez-le donc. Cela fait longtemps qu'il veut rentrer chez lui. »

Le curé fut gêné. Ils savaient qu'il connaissait l'histoire, celle qu'on réservait aux enfants quand, d'enfants, il y en avait encore. Celle qui disait que c'était m'sieur le prêtre avant lui qui était venu un jour contrarier la sorcière. « Vous êtes un âne » aurait-elle dit. Et à partir de ce moment-là, il le fut.

Joshua l'emmena chercher l'animal triste et gris, et lui tendit la longe. Soledad n'était plus, mais devant eux, c'était toujours un âne.

Le curé prit la bête, et partit.

Au village, ce soir-là, on fut surpris de voir redescendre deux prêtres au lieu d'un seul.

 

 

Le lendemain, il ne restait plus rien de la présence des gitans, si ce n'était ce cercle noir sur la colline, où fumaient les débris du bûcher mortuaire de la sorcière. Les cendres s'étaient envolées, et les roulottes, les chiens, les gamins sales, comme les jumeaux, étaient partis.

On était allé chercher le corps lourd de la Maria. Le curé avait dit qu'elle ne passerait pas la nuit. Ce fut vrai. Sur la table de la cabane, on avait retrouvé deux pièces.

Alors, derrière l'église, Carlito bêchait, tournait la terre, creusait une tombe. Pour deux pièces, il y trouvait un certain plaisir. Pas de cercueil, juste un linge, une croix sèche et bientôt du chiendent. Une tombe. Sous les regards des vieux hommes et des vieilles femmes de Gazorla. Plus de sorcière, et plus d'ogresse. Mais la malédiction, pour eux, ne s'en irait jamais.

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Edouard PArle
Posté le 09/11/2022
Coucou !
Clairement, tu restes dans la lignée du prologue en terme de style et d'ambiance même si le temps a passé, que les mères sont mortes.
Maintenant, les jumeaux sont au centre de l'histoire et ce chapitre donne envie d'en apprendre plus sur eux. On les a pour l'instant assez peu vus et on sait très peu à leur sujet.
Un passage que j'ai beaucoup aimé :
"Au village, ce soir-là, on fut surpris de voir redescendre deux prêtres au lieu d'un seul." je m'y attendais pas, bien trouvé xD
Un plaisir,
A bientôt !
C. Kean
Posté le 25/01/2023
Merci pour ta lecture Edouard !

C'est important de bien enterrer tout les morts au début d'une histoire, sait-on jamais, ils pourraient revenir nous hanter si ce n'était pas fait...~

Soso
Posté le 11/04/2021
Ce chapitre est dans la parfaite continuité du prologue, c’est toujours aussi bon de lire quelque chose d’abouti, de maîtrisé et d'ensorcellant. J’avoue avoir une légère déception de faire un bon dans le temps aussi grand, d’arriver directement aux funérailles de Soledad et la Maria, j’aurai aimé lire un peu l’enfance des deux jumeaux, les connaître avant qu’ils ne se connaissent eux comme des adultes, mais là c’est ton choix et ta narration, ça me va très bien comme ça ! Rien à redire quant à l’écriture, c’est toujours un délice à lire. Tu as un certain don pour les phrases marquantes, j’avoue que j’ai adoré : “Au village, ce soir-là, on fut surpris de voir redescendre deux prêtres au lieu d'un seul.” Bref, cette histoire est une pépite
C. Kean
Posté le 11/04/2021
Ah, j'avoue que je partage un peu cette frustration de ne pas pouvoir raconter davantage la vie et l'enfance des jumeaux. Il y aurait de belles pages très colorées à faire, mais ce n'est pas encore le sujet : ils sont dans cette partie de l'histoire assez "secondaires".

Mais je suis ravie que tu aimes et j'espère que la suite te plaira aussi, même si elle est très différente dans le ton et l'ambiance :)
VavaOmete
Posté le 09/02/2021
Le chapitre 1 confirme le prologue : tu sais poser les ambiance, esquisser les situations pour laisser la place à l'imagination de la personne qui lit de meubler les blancs. Et c'est infiniment agréable.
Merci pour ça !
C. Kean
Posté le 17/02/2021
Merci de ta lecture Vava !
Arriver à donner toute sa place au lecteur dans un récit n'est pas toujours une chose si simple, je suis ravie de voir que ça fonctionne et que tu as pu t'approprier les espacements du texte.
Isapass
Posté le 06/12/2020
J'ai eu un petit flou au début : j'ai cru que j'avais mal compris et que c'était Maria qui était morte et pas Soledad, mais non, elle l'a simplement suivie de peu.
Quant aux jumeaux, je ne les voyais pas comme ça non plus, mais c'est vrai qu'ils n'avaient été que très peu évoqués dans le prologue. Enfin, en tant qu'adultes, en tout cas. Ils sont aussi assez mystérieux et semblent traîner une aura bien sulfureuse !
Cette fois, j'ai pensé à certaines scènes de Giono (encore un auteur que je vénère), c'est dire si ton récit est évocateur. Je pense que c'est dû aux anecdotes et aux détails des conversations avec le curé et les gitans, dont on se demandent s'ils paraissent aussi décalés pour les protagonistes que pour nous.
J'aime décidément beaucoup l'atmosphère qui se dégage de tout ça, et j'imagine qu'on va retrouver les jumeaux par la suite et en savoir plus sur eux. Quant à la malédiction, je ne sais pas quelle sera son importance pour la suite du récit, mais peu importe, si tu n'en parles plus, elle a déjà tenue un rôle non négligeable pour montrer l'étendue du pouvoir et de la haine de Soledad.
C. Kean
Posté le 07/12/2020
Sulfureux, pour les jumeaux, c'est le mot ~
Honte à moi je n'ai encore jamais lu Giono, mais j'ai écouté plusieurs enregistrement d'interview qu'il a donné, et je me sens proche de la façon dont il rencontre ses personnages et déroule ses histoires.
Pour ce qui est de la malédiction, je vais laisser flotter ça dans l'ombre. Mais ce ne sera pas du tout le cœur du récit. Je m'inscris davantage dans le réalisme magique ou merveilleux que dans le fantastique ou la fantasy assumée.
Encore un grand merci pour ta lecture ! A bientôt !
Isapass
Posté le 07/12/2020
Alors je me permet un conseil : pour aborder Giono, je te conseille Le chant du monde. L'intrigue pourrait se résumer en quelques lignes, mais les personnages sont fabuleux, notamment le principal : Antonio, un solitaire en communion totale avec la Terre. Et puis comme dans toute l'oeuvre de Giono, mais particulièrement dans ce roman, la nature est un personnage à part entière et les descriptions sont VIVANTES. Moi en tout cas, je les ai sous les yeux quand je lis, c'est à tomber. On ne se connait pas encore beaucoup, mais d'après ta manière d'écrire, je pense que tu devrais aimer !
Bon, comme tu l'auras compris, je suis inarrêtable... Je te mets juste une petite citation pour te mettre l'eau à la bouche ;)
"Antonio entendit le bruit de la forêt. Ils avaient dépassé le quartier du silence et d’ici on entendait la nuit vivante de la forêt. Ça venait et ça touchait l’oreille comme un doigt froid. C’était un long souffle sourd, un bruit de gorge, un bruit profond, un long chant monotone dans une bouche ouverte. Ça tenait la largeur de toutes les collines couvertes d'arbres. C'était dans le ciel et sur la terre comme la pluie, ça venait de tous les côtés à la fois et lentement ça se balançait comme une lourde vague en ronflant dans le corridor des vallons. Au fond du bruit, de petits crépitements de feuilles couraient avec des pieds de rats."
Si j'avais tu t'y attaques, tu me diras ce que tu en penses ;)
Isapass
Posté le 07/12/2020
*si jamais tu t'y attaques
C. Kean
Posté le 07/12/2020
La question a priori ce n'est pas "si" mais "quand" ! Merci pour cette recommandation, je vais voir à me le faire offrir cette année ~
Rachael
Posté le 27/11/2020
J'ai eu un doute sur la temporalité : si je comprends bien, on est le lendemain de la mort de la sorcière, et la vieille Maria a été tuée aussi ? J'ai eu des doutes, cela ne m'a pas paru très clair à la lecture. C'est peut-être parce qu'en général, il n'y a pas de continuité temporelle entre un prologue et la suite, mais j'ai vu que tu avais une structure particulière pour ton histoire (la structure de la tragédie antique, j'avoue, je ne maîtrise pas...). bref, je le signale à toutes fins utiles...
Sinon, j'ai encore adoré cette ambiance très particulière, et je comprends mieux ce que tu vises : ce côté "tragédie" je l'avais senti sans forcément le verbaliser aussi clairement.
Je trouve très réussi aussi le côté un peu fantastique ou magique, avec par exemple le curé transformé en âne.
C. Kean
Posté le 05/12/2020
Au niveau de la temporalité, tu comprends bien : on est au lendemain de la mort de Soledad et Maria a été blessée à la tête.
Je me pose la question d'ajouter carrément des indications temporelles parce que tu n'es pas la seule personne à avoir rencontré cette incertitude. Il va me falloir trouver une parade.

En tout cas, très heureuse que cela te plaise ! Merci de ton retour ;)
Hastur
Posté le 16/11/2020
De retour pour ce parodos. J'ai appris la structure que tu avais mise en place dans un des commentaires ci-dessous. C'est très intéressant :).

Je suis toujours aussi conquis par ton écriture. Ce matin j'y ai retrouvé un sentiment de malaise constant qui m'a rappelé mes premières lectures de Lovecraft, notamment avec la présence des gitans, d'une langue qu'un homme d'église ne comprend pas.

L'ambiance générale est vraiment incroyable ! Encore bravo.

J'ai tiqué sur deux bricoles autrement.

"Mais les gitans rient devant, parlent derrière, et bientôt un homme s'avança qui ne ressemblait à aucun autre."
Je ne sais pas si c'est une expression que je ne connais pas, mais la première parti de la phrase jusqu'au "et" me paraît étrange.

"où fumaient les débris du bûcher mortuaire la sorcière."
de la sorcière ?

Voilà :)
C. Kean
Posté le 16/11/2020
Et encore merci pour l'enthousiasme de ton retour !

Pour la première bricole, il ne s'agit pas d'une expression en soit mais d'une construction en zeugma. Et pour la seconde je m'en vais corriger de suite ~

A bientôt par ici ou sur ta correspondance valienne ;) (ou valane ?)
Raph
Posté le 15/11/2020
Rebonjour,
Bon, j'aime toujours autant ton écriture et n'ai donc pas grand-chose de constructif à dire dessus.
Les deux jumeaux ont des personnalités que j'ai hâte d'explorer, même si j'aimerais peut-être un peu plus d'intériorité (mais je suis peut-être trop impatient !).
Dernier point, petite typo au début : "ils hurlaient plus que les bêteS"
C. Kean
Posté le 15/11/2020
Rebonjour et remerci ! :)
L'intériorité viendra, oui, mais pas avec les jumeaux. Ils seront presque toujours perçus par un regard extérieur et garderont ainsi de leur mystère. Dans le premier tome de ce dyptique en tout cas !

Je vais corriger ce S manquant !
Raza
Posté le 14/11/2020
J'ai également beaucoup aimé, l'imaginaire développé ici, le doute sur la véracité des faits énoncés (mais alors, l'âne, il est vraiment redevenu un prêtre ou bien ?). Je commente alors que j'ai déjà lu le chapitre suivant, ma seule interrogation vient du fait que je ne sais pas si j'ai affaire à un deuxième prologue, ou si l'action ici se déroule en même temps que le chapitre d'après...
C. Kean
Posté le 14/11/2020
Hey, un grand merci pour ta lecture et tes retours !
Pour te répondre, le Prologue et la Parodos sont indépendants mais se suivent : Soledad est morte dans le prologue, on célèbre ses obsèques dans la Parodos.

En fait, la structure du roman reprend celle d'une tragédie antique : la pièce s'ouvre sur un prologue qui annonce le thème, puis il y a la parodos qui présente l'entrée du chœur témoin, ici, les jumeaux. Ce sont eux qui vont permettre d'approcher l'histoire de la famille. Ensuite les différentes parties se déroulent, entrecoupées du stasimon et de l'exodos pour suivre la progression du chœur (les jumeaux). Puis un épilogue.
Ce n'est pas facile de rendre une mise en page pour traduire ça avec PA, mais c'est plus identifiable sur mon doc word ^^'
Raza
Posté le 14/11/2020
Intéressant, je ne connaissais pas cette structure (il faut dire qu'une seule année de grec ça ne suffit pas pour tout savoir...) Merci pour cette explication !
Liné
Posté le 17/10/2020
Hello !

J'ai mis un peu de temps entre ma lecture du prologue et celle du 1er chapitre, mais me voilà - toujours très emportée par la richesse de ta plume. Je ne sais pas si c'est voulu, mais autant le décor que le style ont un petit quelque chose de l'ordre du conte familial. D'ailleurs, est-ce que tu écris avec, en tête, des romans d'épopée familiale ?

Sinon, pour répondre à ton dernier message (sur le prologue), je ne pense pas qu'il soit impossible d'explorer des thèmes féministes en ayant pour principaux protagonistes des hommes (?) - tout dépend des personnages, des actions, du style, etc. A l'inverse, une histoire avec seulement des personnages féminins peut tout aussi bien être misogyne.

A bientôt !
C. Kean
Posté le 13/11/2020
Salut !
J'ai été absente de cette plateforme quelques temps, et c'est une bonne surprise de trouver ton commentaire !

Je n'ai pas vraiment en tête des romans d'épopée familiale, mais les contes et histoires familiales, oui. La mienne et ses transformations en premier lieu très certainement. Après, si je ne suis pas trop du côté de l'épopée, sans doute Emilie Bronte a-t-elle beaucoup influencer ma perception du drame familiale.

Oui, tu as tout à fait raison. C'est drôle d'ailleurs parce que depuis que je me pose cette question du discours féministe que peut porter le récit d'un personnage masculin, ça a mis au clair certains points obscurs, donner un autre sens à certaines relations. Écrire est une exploration infinie.
D'ailleurs, as-tu exploré l'accouchement que tu voulais écrire ?

A bientôt !
Liné
Posté le 14/11/2020
Bon retour parmi nous !

Je voulais te poser la question car, souvent, les romans d'épopées familiales ont une ampleur absolument folle (quand ils sont réussis, of course). Les œuvres de Brontë en ont, justement, de l'ampleur ! - épopées familiales ou pas.

Et ton timing est une très belle coïncidence, car je m’attelle justement à décrire un accouchement ! Je me suis beaucoup questionnée, et à la dernière minute quelques idées m'ont permise de me débloquer (n'ayant jamais accouché, je me posais la question de la légitimité et de la justesse).

A bientôt !
Alice_Lath
Posté le 27/09/2020
À nouveau, je dois dire que je suis toujours aussi impressionnée par ta plume, j'ai dévoré ce nouveau chapitre comme le prologue précédent. Peut-être juste ai-je eu plus de mal à bien visualiser les jumeaux et leur parcours, mais je pense que c'est de ma faute à cause de l'écart entre mes deux lectures haha
Bref, je me contente de signaler que j'apprécie beaucoup l'histoire et que je me plonge extrêmement bien dans son atmosphère. 0 constructivité de ma part donc, mais bon hahaha, voilà
C. Kean
Posté le 11/10/2020
Merci Alice ! Ton retour fait plaisir en tout cas, tant pis pour la constructivité ;)
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