Nuit en ville (3) - Pavot somnifère

Par Pouiny

Comme prévu, il s’excusa le lendemain, et avec soulagement, ses compagnons s’excusèrent également. Ainsi, ils le firent promettre de remettre ça dès la fin de la semaine, en faisant plus attention à ne blesser personne cette fois-ci. Reconnaissant de leurs excuses, Alexandre accepta et y alla. Et comme il l’avait espéré, ce fut moins désagréable. S’il buvait toujours beaucoup moins que les autres, qui pouvaient devenir indélicat, il commençait à apprécier le goût de l’alcool et quelques un de ses effets. Surtout, il appréciait rentrer le soir, dans un ciel où l’on ne voyait que la couleur de la lune, se mélangeant au jaune sale des lampadaires, quasiment seul dans les rues où luisait la Seine dans l’heure tardive.

 

Très vite, toutes les occasions furent bonne. Les fin de semaines, les bonnes journées à fêter ou bien les mauvaises à oublier. Les contrôles réussis ou ratés, les répétitions générales avant une représentation, la fin du spectacle à célébrer. Il arrivait même parfois que la demande vienne d’Alexandre. Dans leur rythme effréné où désormais le moindre geste avait un sens, où tout en eux était observé, ces rendez-vous le soir faisaient baisser une pression présente sur les épaules de tous, même de ceux qui semblaient les plus fiers. Pour compenser, tous surveillaient de près leur régime alimentaire. Pour quelques verres, Alexandre vit Charlie s’interdire de manger autre chose que de la salade pendant plusieurs jours. Mais ils n’étaient pas les seuls maîtres de leur alimentation : les professeurs leur avait vivement conseillé des menus, des listes et des aliments proscrits, dont l’alcool faisait pourtant partie. Si l’un d’entre eux apprenaient ce qu’ils faisaient, ils risquaient d’être renvoyé de l’école. Cela rendait les apéros et les soirées d’autant plus grisantes.

 

Au bout de six mois à ce rythme, après une de ses toutes premières représentations, les douleurs qu’il pouvait ressentir dans son corps se multiplièrent, devenant insupportable. Elles ne l’empêchaient pas de danser à son meilleur niveau, car il savait les oublier quand venait le moment. Mais la nuit, quand enfin il s’arrêtait de bouger, son corps entier lui semblait comme criblés de balles. Tout le lançait à lui en brouiller la vue, à le rendre fou. Il ne pouvait pas s’allonger, il ne pouvait pas se reposer : tout en lui hurlait, et en pleine nuit, rien ne lui semblait pouvoir être fait.

 

En essayant de se redresser, parfois, il tombait à terre. Il retenait alors de petits gémissement, seul dans le noir, dans son studio qu’il détestait de plus en plus, qu’il ne prenait même plus la peine de ranger. Dans un sursaut de haine, il réussit à se lever au beau milieu de la nuit, faisant en chemin inverse celui qu’il avait fait quelques heures auparavant pour rentrer chez lui. Il n’était plus alcoolisé : c’était la douleur qui l’avait désinhibé. En un geste vif, il empoigna son téléphone et composa un numéro de son répertoire. Il ne s’était attendu à rien : mais le stress que la sonnerie lui procura fit baisser la douleur, un peu. Mais quand il entendit une voix à son oreille, il s’arrêta immédiatement de marcher.

« … Alexandre… C’est bien toi… ? Qu’est-ce qu’il se passe ?

– Je… Bastien ! Je suis… désolé, je voulais pas te réveiller, mais…

– Attends… trente secondes, je vais sortir, histoire de ne pas réveiller Aïden…

– Ah, oui ! Oui bien, sûr, je comprends. Je suis désolé… Il va bien ?

– C’est bon, je suis dehors, là. Oui, il va bien. Tout va bien, par ici. Et toi ? Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Sa voix douce le fit tomber au sol. La douleur le reprenait.

« J’ai mal, j’ai super mal…

– Quoi ?

– Je sais pas pourquoi, j’ai mal partout, tout le temps, c’est un enfer, j’arrive plus à dormir, je sais pas quoi faire !

– Ok, calme toi, Alexandre, ça va aller, d’accord ? Ne pleure pas, mon grand, ça va aller. »

Ce fut en l’entendant qu’il réalisa que ses larmes coulaient. Il ajouta alors :

« Je suis un imbécile… J’ai fait n’importe quoi, et j’ai tout cassé…

– Mais non, tu n’as pas tout cassé, qu’est-ce que ça veut dire, ça ?

– Je lui ait fait du mal, alors que papa avait raison ! S’écria Alexandre, qui l’écoutait à peine.

– Au sujet de quoi, de l’avortement ? »

Il hocha la tête dans le vide, incapable de prononcer un mot. Mais au silence tendu que Bastien avait dans le combiné, il comprit qu’il avait visé juste. L’hiver était tombé et il faisait particulièrement froid. Il tremblait un peu dans son jardin. Il réfléchi un peu, avant de déclarer d’une voix douce :

« Tu n’as pas tout cassé, Alexandre. Tu t’es trompé, ça arrive. Personne ne peut te demander d’avoir juste du premier coup, surtout sur des sujets aussi compliqué, qui bouleversent l’époque. Ce qui est bien, déjà, c’est que tu reconnaisse ton erreur, pour ne pas la reproduire. D’accord ?

– Je peux plus rien faire, maintenant, j’ai tout cassé je te dit !

– Mais non, je t’assure que non… Charlie et William, ils t’attendent, tu sais ? Parfois, Charlie m’appelle en me demandant si j’en sais plus qu’eux sur toi, d’ailleurs. Ils aimeraient vraiment pouvoir renouer à nouveau avec toi.

– Mais pourquoi ils m’appellent jamais alors ?! Pourquoi a chaque fois, c’est moi qui doit envoyer des messages, leur raconter ce qui se passe, et pourquoi eux ne s’y intéresse pas ?!

– Parce qu’ils n’ont pas envie de s’imposer ? C’est facile, pour moi, de t’appeler. Pas pour Aïden, il déteste le téléphone, mais… Moi, si je te parle, si je commence la conversation, c’est parce que c’est facile. Je sais très bien que ça te fera plaisir. Mais, eux… Ils n’ont pas envie de te déranger, peut-être ?

– Mais… Je sais pas quoi faire, moi ! Je sais plus quoi dire ! J’ai tout raté !

– Calme toi, Alex, calme toi… Où est-ce que tu es, là ?

– Je sais pas… Pas loin, à coté de la Seine…

– Tu es dehors, là ?

– Oui…

– Bon. »

En réfléchissant silencieusement, Bastien entendit des grognements de douleur d’Alexandre. Il l’imaginait au pire, comme une boule de nerf sur le trottoir. Sa main qui grelottait jusque là sur le combiné se ferma nerveusement.

« Tu peux te déplacer, là ? Alex ?

– Je… Je crois, oui…

– Est-ce que tu sais s’il y a un hôpital, pas loin ?

– Pourquoi ?

– Parce que ce n’est pas normal que tu aies autant mal, mon grand. Si tu n’arrives pas à dormir et que tu peux marcher, il faut que tu ailles là-bas.

– Je… Je suis pas sûr de savoir y aller…

– Alors essaye de me trouver un panneau de rue, s’il te plaît. Je peux essayer de trouver le chemin depuis mon ordinateur, répondit Bastien en se levant.

– J’ai peur…

– Je sais, Alex. Je reste avec toi, d’accord ? Je vais t’aider. »

En se mordant la langue, le jeune homme se redressa et marcha lentement vers un croisement. De son côté, Bastien était rentré dans sa maison, le temps de prendre un ordinateur portable, avant de retourner dans le jardin.

« Ok, je pense savoir où tu es, fini par déclarer Bastien. D’accord… Tu es beaucoup trop loin pour aller à l’hôpital le plus proche à pied, Alex. Rentre chez toi, à l’abri, et appelle l’ambulance de là, plutôt…

– Je veux pas rentrer chez moi, laissa échapper le jeune homme.

– Quoi ? Mais pourquoi ?

– J’ai encore plus mal quand je ne bouge pas… »

Alors qu’il restait immobile en attendant les indications de Bastien, il ne put réfréner un sursaut de douleur qui lui tira un cri étouffé. Le musicien regardait son écran en panique, cherchant désespérément une solution.

« Tu es à une dizaine de minutes d’un arrêt de métro, il y en a qui passe encore à cette heure ?

– Les derniers, sûrement…

– Super. Alors vas-y et avance toi autant que tu peux.

– Tu restes au téléphone ?

– Évidemment que je reste au téléphone. Je te quitte pas tant que tu n’es pas pris en charge par des médecins. Tu vois où est la station, où je te donne les indications ?

– Donne-les moi, s’il te plaît. »

Lentement, il se mit en marche. Il savait parfaitement où se trouvait l’arrêt qu’il essayait d’atteindre, mais il écoutait quand même Bastien, inquiet, jouer au GPS. Il lui indiquait la direction, le nom des rues. Alexandre avait presque l’impression d’être dans un film d’espionnage.

 

Il eut la chance de pouvoir rentrer immédiatement dans un métro désert. Il était éclairé si fort qu’Alexandre eut du mal à garder les yeux ouverts. Malgré le nombre de sièges libre, il resta debout, s’accrochant à la barre en fer.

« Tu en as pour bien dix minutes, commenta Bastien. Ça va aller ?

– Si vraiment ça ne va pas, je marcherai dans la rame. »

Les deux hommes lâchèrent, chacun de leur côté, un soupir de soulagement. De loin, Bastien entendit le moteur du transport démarrer. Il arrivait enfin à se calmer.

« Ça va aller ? Tu te sens bien ?

– Tant que je suis sollicité, que j’essaie de ne pas y penser… ça va, c’est supportable.

– Ça fait longtemps que tu as mal comme ça ?

– Des douleurs aussi fortes ? Elles ont du commencer il y a quelques mois…

– Tu veux dire que tu avais des douleurs avant ?

– Ça fait des années que ça me fait mal de danser. »

Alexandre avait avoué ça comme si c’était normal. Le naturel avec lequel il l’avait annoncé laissa Bastien abasourdi.

« Des années ? Mais, mais pourquoi tu en as jamais parlé ?

– Pourquoi j’en aurai parlé ?

– Parce que ce n’est pas normal d’avoir mal, Alexandre !

– C’est normal pour un danseur, affirma le jeune homme. Pour un musicien aussi, d’ailleurs. Le nombre de fois où tu t’es fait mal aux doigts et aux poignets sur ta guitare sans que ce soit grave… »

Le musicien en resta sans voix. Il espérait l’espace d’une seconde que le jeune homme plaisantait. Mais il n’en était rien.

« Tu aurais du nous en parler, murmura Bastien, se sentant coupable.

– Pourquoi ?

– Parce que moi, sur ma guitare, tu sais que j’ai mal parce que je m’en plains. Et ce que tu sais pas, c’est que j’ai de l’arthrose à la main gauche et que ça fait bien longtemps que je pratique des mouvements d’entretien, des échauffements avant de jouer, bref, que je prends soin de mon corps.

– Quoi ? Tu as… mais… C’est pas une maladie de vieux, ça ?

– Merci pour ta sollicitude, jeunot, se dérida Bastien, grâce à toi je n’oublie pas que j’arrive à un âge avancé.

– Désolé, mais… tu me l’avais jamais dit.

– J’aurais du t’en parler. Si j’avais su que tu me cachais des douleurs pareilles, je t’en aurais parlé.

– Je suis désolé…

– Ça va, Alex. Ne va pas rajouter de la culpabilité à ta douleur… Maintenant, on va faire en sorte que ça s’arrange. D’accord ? »

Le métro s’arrêta pour un nouvel arrêt dans le vide. Malgré la conversation, Alexandre continuait instinctivement de les compter pour se souvenir d’où descendre. Alors que Bastien se taisait et que le moteur redémarrait, il demanda d’une voix basse :

« Je suis vraiment désolé pour ta nuit.

– Ça va, je préfère que tu m’aies appelé. C’est important. Puis je peux admirer mon jardin, comme ça.

– Les belle-de-nuit ?

– Non, malheureusement, ce n’est pas leur saison. Mais il y a d’autres choses à voir ! La lune, les étoiles… Le reflet du peu de lumière qu’il y a sur les choux, bon, on est d’accord que ce n’est pas le plus romantique, mais au moins c’est mangeable ! »

Entendre un léger rire dans le creux de son oreille rendit Bastien plus léger. Il ajouta alors :

« Tu veux que je réveille Aïden ?

– Quoi ? Non, ça vaut pas la peine. Autant embêter le moins de monde possible.

– Tu n’embêtes personne, je t’assure. Par contre…

– Oui ?

– Tu m’autorises à parler de tout ceci à ton père ? »

Alexandre resta silencieux. Ses pensées avec la fatigue et la douleur persistante étaient brumeuses. Il lui fallu attendre un arrêt du véhicule pour qu’il dise enfin :

« D’accord. Demande-lui ce qu’il en pense.

– Tu pourrais lui en parler toi, aussi…

– Oui, je pourrai… Je verrai.

– D’accord, j’insiste pas.

– Tu pourrais dire à Charlie que je suis désolé ?

– A… quoi ?

– Non… Tu sais quoi, oublie. Je lui dirai moi-même. Quand j’y arriverai. »

 

Bien que Bastien resta en ligne, le reste du voyage fut plus silencieux. Une fois qu’Alexandre quitta le métro, il marcha avec lenteur jusqu’à l’hôpital où le guidait le musicien. Il ne parlait que pour confirmer ce qu’il entendait de la direction à prendre, négociant avec son corps parasité de plus en plus par des sursauts de douleur. Malgré tout, il marqua un temps d’arrêt avant d’entrer dans l’enceinte du grand bâtiment blanc.

« Tu es sûr qu’il faut que j’y aille ?

– Évidemment, tu ne vas pas faire demi-tour, quand même !

– Mais… Est-ce que ça va vraiment être considéré comme une urgence ?

– Honnêtement, je comprend que ça te fasse peur, mais si ta situation n’est pas une urgence, alors personne n’irait jamais aux urgences. Tu as tellement mal que tu manques à tout moment de tomber par terre, tu ne peux appeler aucun médecin, il faut que quelqu’un vérifie ce que tu as, ou au moins te prescrive quelque chose. D’accord ?

– Ok… bon, j’y vais.

– Super. Je vais te laisser, les téléphones dans l’hopital, ce n’est pas forcément bien vu.

– Tu vas dormir ?

– Non, je vais attendre un peu. Tu pourras me tenir au courant par message de ce qui se passe ?

– D’accord… Je vais ça.

– Super… ça m’ennuie de te laisser comme ça, avoua Bastien après un moment de silence. Si jamais tu as besoin de moi tu peux m’appeler, d’accord ?

– Merci énormément. Je sais pas ce que j’aurai fait sans toi.

– C’est tout naturel, mon grand. Prends soin de toi, d’accord ? A tout de suite. »

Quand Alexandre raccrocha le téléphone et fit enfin face à l’immensité du bâtiment, il manqua de faire demi-tour. Mais en s’accrochant aux mots de Bastien, il entra et se présenta à l’accueil comme il put. Le bâtiment n’était pas entièrement blanc, comme il aurait pu le penser au premier abord. La première partie des murs étaient peintes en bleu clair, comme pour essayer d’égayer un établissement qui, d’autant plus de nuit et tournant au ralenti, semblait morbide. On proposa à Alexandre de s’asseoir sur une chaise le temps qu’un médecin vienne le voir. Il resta debout, à tourner en rond à se focaliser sur le bleu et le blanc des murs. Il aurait bien inversé les couleurs, pour donner l’impression d’un ciel bleu et d’un sol blanc. Mais non, le bleu était au plus bas du mur, et le blanc allait jusqu’au plafond. Il en cherchait encore la logique artistique, alors qu’enfin des infirmiers l’embarquèrent afin d’effectuer quelques tests.

 

Alexandre fit définitivement une croix à sa nuit quand il se trouva immobilisé dans l’intérieur d’un caisson à IRM. Tout n’avait commencé qu’avec une prise de sang, mais très vite, il s’était retrouvé embarqué dans une batterie de test dont il ne comprenait rien. Les médecins autour de lui n’avaient rien de rassurant : certains parlaient de maladie grave, mais Alexandre n’arrivait pas à déterminer s’ils ne semblaient ne pas y croire où s’ils avaient simplement envie d’en finir vite. Quand il avait été placé dans un lit et qu’il ne pouvait désormais ne plus penser à autre chose qu’à ses douleurs, qui lui transperçaient le corps du dos jusqu’en bas des jambes, il comprit bien vite qu’il avait peu de chances de pouvoir rentrer chez lui. Il se fit injecter un produit dont il ne se doutait pas encore du nom, les antidouleurs plus classique n’ayant aucun effet. Ainsi, quand il oublia l’idée de dormir cette nuit, il n’était pas si déçu qu’il l’aurait du. Il se sentait léger, capable d’affronter tous les problèmes de la vie avec beaucoup de sagesse. Il ne se sentait plus capable de redevenir sérieux, ce qui du inquiéter ou tout du moins surprendre Bastien qui recevait certains de ses messages, quand il essayait de le maintenir au courant de ce qui se passait. Ce ne fut quand un médecin lui lit les résultats des examens avec un air maussade qu’il réussi enfin à se contrôler.

« Vous auriez quand même pu vous en inquiéter avant, si vous ressentez ces douleurs avec autant d’intensité…

– Je suis désolé, je ne pensais pas que ça pourrait être grave. »

Il essaya vainement d’ignorer le fait qu’à sa remarque, le médecin leva les yeux au ciel.

« Danseur, hein ?

– Oui.

– Pour faire court, on a trouvé pleins de petites choses, mais qui n’expliquent pas des douleurs aussi intenses. Quelque chose d’autre, de plus grave, pourrait se cacher derrière. Donc, il va falloir revenir faire des examens. Au plus tôt, si possible.

– Je peux encore danser ?

– C’est obligatoire ?

– Plutôt, oui !

– Alors je vous prescrit des séances chez un kiné. Il va absolument falloir un suivi sérieux et régulier. Ne vous cassez pas plus que vous ne l’êtes déjà !

– Je le ferai, assura Alexandre qui n’appréciait pas trop être traité comme un irresponsable. Et pour les douleurs, en attendant ?

– Je vous ai prescrit ça, sur un mois. Ce n’est pas n’importe quoi, alors il va falloir faire attention !

– Comment ça ?

– C’est un morphinique. A faire fondre sous la langue.

– De… La morphine ?

– Oui, c’est ce sous quoi vous êtes, actuellement. »

Surpris, Alexandre resta coi, regardant le médecin avec des yeux de poisson mort. Celui-ci soupira, avant de reprendre :

« Donc vous en prenez pas plus d’un seul comprimé par jour, de toute façon ça sert à rien d’en prendre plus, vu que ça agit huit heures. Si vous avez plus de douleurs le soir, prenez le pour dormir, ça tombe bien, ça détend. Et vous n’arrêtez pas ça n’importe comment, c’est un médicament dont le sevrage est dangereux si on le fait mal !

– D’accord, murmura le jeune homme en regardant la feuille de prescription que lui tendait le docteur.

– Vous avez un jour d’arrêt pour aujourd’hui, pas plus ! Vous pouvez partir dès maintenant.

– Quoi, là, comme ça ?

– Bien sûr. Vous avez des questions ?

– Non… Bah… Merci… »

Il se leva d’un air penaud, avant de repasser devant l’accueil, disant au revoir aux murs bleu et blanc. Mais une fois en début de journée, faisant face au réveil de la ville dont les bruits vrilla les tympans du jeune homme, il reconnaissait si peu de choses qu’il dut appeler une nouvelle fois Bastien pour pouvoir rentrer chez lui.

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