Nuit

Ils me brûlent de l’intérieur.

Ils tournent et se bousculent, se mêlent et hurlent. Ils s’agitent, ils veulent leur liberté. Ils ne m’appartiennent pas. Ils n’appartiennent à personne. Ils veulent me quitter.

Mon esprit consumé tend les bras en suppliant.

Seules mes mains agrippées à la rambarde du balcon me retiennent encore.

Une douleur indicible dévale mon dos jusqu’à mes reins. Mon corps s’arque. Mon cœur brûlant palpite dans ma poitrine.

De mes lèvres, un premier son s’échappe. Puis un autre. Complainte et pleur. Et avec ma voix, les pensées continuent d’affluer et de s’écouler, lentement, mot à mot, accélérant parfois dans un souffle bref, avant de retomber comme un oiseau aux ailes brisées.

Les rayons de la lune glissent sur mes épaules comme une main bienveillante, alors que mon âme et mon esprit frémissent sous la morsure de quelque chose qui n’a pas de nom. Le vide remplace les pensées tourbillonnantes qui me blessaient de l’intérieur.

Silence.

Sérénité.

Et en même temps, j’ai mal, tellement mal de les sentir me quitter. Un désespoir glacé, terriblement familier, gonfle dans ma poitrine vidée de souffle. Mes genoux ploient sous le poids de mon corps que je retrouve brusquement. Dans un dernier soupir, ma voix se brise, alors qu’un nuage nouveau-né brouille à mes yeux mortels la clarté coupante de l’astre de la nuit.