Nouveaux soldats et nouveaux problèmes

Par Sebours

A l’origine, Nunn offrit un peuple à chacun des Sept. Comme ils luttaient les uns contre les autres, leurs sociétés ne créèrent pas de lien lors des batailles. Au terme de la première guerre, Nunn offrit les gobelins à Abath-Khal pour récompenser la victoire de ses guerriers orcs. Le dieu de la guerre regroupa alors ses deux premiers peuples alliés sous sa bannière et ce qui devait arriver arriva… des hybrides naquirent de l’union des races orcs et gobelins.

Constatant cet état de faits, Nunn intervint immédiatement. Il était l’Unique capable d’engendrer une nouvelle espèce. Comme le créateur de toute chose ne pouvait pas défaire ce qui avait été fait, il rendit les hybrides stériles et prit soin dès lors de rendre impossible la reproduction de ses futures créations avec d’autres espèces.

C’est pourquoi seules elfes, orcs, nains, satyres, gnomes, fées dryades et gobelins, soit les huit premières espèces créées par Nunn peuvent s’unir et enfanter ensemble. C’est également la raison qui explique que les hybrides sont stériles.

« Caractéristiques des peuples des Sept »

extrait du Traité sur les sociétés de l’échiquier monde

du maître architecte Vinci

 

Cela faisait un peu plus de soixante cycles que la trêve séculaire avait débuté lorsque Gal décida d’évaluer avec ses fidèles lieutenants l’évolution de leur programme d’armée secrète. L’apparition des derniers nés de Nunn s’avérait à plus d’un titre bénéfique pour le chef de guerre. Ils constituaient un réservoir inépuisable lui permettant de s’acquitter facilement de son marché avec Khur Dural.

Le rythme de reproduction frénétique de ces chétives créatures contrebalançait largement leur faiblesse au combat comme à la tâche. Et dans un premier temps, suite à l’une de ses visions oniriques, encouragé par la voix du maître, le capitaine de Udgog avait demandé à Borg, son ingénieur, de développer un mode d’élevage similaire à ce que les gnomes faisaient avec les lapins. L’idée semblait bonne et l’ingénieur militaire commençait à rencontrer des résultats probants lorsque l’impensable s’était produit. Gal, le géniteur royal, seul orc rouge de sang pur défendait farouchement sa prérogative d’unique reproducteur d’Udgog. Nul autre que lui ne pouvait toucher les femelles, même si leur peau était plus sombre que la nuit elle-même. C’est pourquoi on émasculait les orcs mâles lors d’un rite initiatique ; pour limiter les tensions sexuelles, sources potentielles de mutinerie. Avec la complicité de Gal, Vlad avait échappé à la castration et pour cette raison, jamais il ne toucherait une orque du village. Mais le privilège du géniteur royal ne s’étendait pas jusqu’aux esclaves et le fidèle second avait trouvé un moyen d’assouvir ses pulsions sexuelles en violant les créatures enlevées lors des raids. Et c’est suite à ces unions non consenties que des dernières nées de Nunn avaient enfanté des hybrides semi-orcs.

Cet évènement révolutionnait la manière d’appréhender les derniers nés. Ils étaient la première création de Nunn capable de s’accoupler fertilement avec l’une des huit premières races du bouclier monde. De plus, leur temps de gestation et leur taux de fertilité apparaissaient sans commune mesure avec tout ce que les scientifiques de toute origine avaient constaté jusqu’ici. Là où fertiliser une orque, une naine ou une elfe nécessitait plusieurs dizaines voir centaines d’années, quelques semaines suffisaient avec une dernière née de Nunn. Et celle-ci accouchait en à peine neuf mois contre quatre fois plus pour le peuple premier d’Abath-Khal et au minimum dix ans pour les elfes ou les dryades !

Gal, Vlad et Borg surent immédiatement qu’ils possédaient une information cruciale, qui bien utiliser pouvait faire basculer leur statut au sein du peuple orc et les amener vers les plus hautes strates du pouvoir. Leur ascension n’était donc pas fini. Après avoir construit la prospérité économique de Udgog sur la fertilité des derniers nées de Nunn, les soumettant à l’esclavage pour les revendre, les trois associés percevait le potentiel insoupçonné de leur hybridation. Ils pouvaient peut-être créer une nouvelle armée innombrable capable de déferler sur le reste du monde. Borg fut donc chargé d’adapter le système d’élevage qui se transforma bien vite en une pouponnière en capacité de produire un flot ininterrompu de guerriers d’une nouvelle race.

Bien entendu, le capitaine Gal modifia immédiatement le rite initiatique du passage à l’âge adulte pour les orcs de sa cité. L’émasculation devint symbolique car il apparaissait à présent impensable de se priver d’un reproducteur potentiel. Si à présent, le géniteur royal conservait la majorité des esclaves femelles sous son joug plutôt que de les vendre, c’était pour alimenter les harems de ses soldats. Rapidement, l’armée de Udgog posséda une structure hiérarchique spécifique. Chaque orc noir fertile se vit attribué un nombre équitable de femelles dernières nées, avec pour perspective de diriger ses descendants hybrides. Cette décision avait été prise en concertation par Gal avec Vlad et Borg dans le but d’encourager la natalité. A terme, chaque orc noir posséderait sa propre escouade de guerriers hybrides. Plus un orc se sera montré actif auprès de son harem, plus il aura de soldats sous son autorité et plus son statut sera important. Afin de ne pas trop les déprécier aux yeux des autres, les orcs noirs émasculés formèrent la garde rapprochée du capitaine Gal. Puis, le géniteur royal leur trouva une possibilité d’évolution valorisante dans la structure hiérarchique pyramidale qui se développait en les plaçant au commandement de dix escouades chacun.

A présent, pour accéder aux plus hauts postes de commandement, il fallait choisir, le jour du rite de passage, entre émasculation symbolique ou réelle ; des combats à mort départageant les prétendants aux plus hautes fonctions s’ils étaient trop nombreux. Voilà comment, en à peine trente ans, Gal s’était composé une armée hétéroclite certes, mais structurée et pouvant rivaliser avec celle du roi Orokko dans sa capitale. Vlad commandait les membres des peuples alliés, toujours plus nombreux. Borg organisait toute la logistique militaire. La garde rapprochée des eunuques dirigeait les géniteurs noirs. Et ceux-ci menaient leurs escouades de semi-orcs gris.

Mais aujourd’hui, un grain de sable venait de se glisser dans cette belle mécanique. Plusieurs couples de semi-orcs étaient parvenus à donner la vie ensemble ! Les hybrides étant théoriquement stériles, aucune attention particulière n’avait été porté sur leurs agissements. Gal organisa donc une réunion de crise avec ses deux fidèles lieutenants.

Vlad proposa immédiatement la solution qui lui semblait la plus évidente. « Hardi ! Émasculons les hybrides avec un rite de passage. Nous éviterons ainsi que ce genre d’évènement ne se reproduise. »

Bien sur, en fin stratège, Gal avait déjà considéré cette possibilité. « Rrrrr ! Je vois plusieurs inconvénients à ta proposition Vlad. J’ai tout d’abord peur que ceci ne remette en question la structure de la société que nous venons de créer de toutes pièces. Rrrrr ! Avec un rite de passage, les semi-orcs pourraient se considérer comme égaux avec les noirs et refuser de leur obéir. De plus, j’ai peur que l’émasculation ne réprime l’instinct sauvage des hybrides. Rrrrr ! »

Borg fit remarquer fort à propos. « Mon capitaine, les gris commencent déjà à se rebeller depuis qu’ils parviennent à enfanter. Après analyse, un mouvement semblerait s’organiser autour des premiers parents. Il faut juguler tout cela au plus vite ! J’en conviens. »

Vlad reprit. « Hardi ! Nous pouvons tuer toutes les femelles hybrides à la naissance. Cela réglerait le problème à la source. »

« Rrrrr ! Mais nous nous priverions de la moitié de nos soldats ! C’est envisageable, mais je préférerais trouver une autre solution mon frère ! » nota le chef de guerre.

En bon orc de science, Borg dévoila alors les résultats de ses investigations. « Mon Capitaine, j’ai mené mon enquête. Après analyse, depuis notre découverte sur les « capacités » de reproduction des derniers nés de Nunn, j’effectue des recherches en la matière. Après analyse, si les derniers nés présentent une fécondité exceptionnelle, capable de se reproduire avec les neuf races comme avec les hybrides, ce n’est pas le cas des semi-orcs. Je n’étais parvenu à aucun résultat en laboratoire. Après analyse, jusqu’à présent, neuf couples de gris sont parvenus à enfanter, c’est peu au regard du volume de semi-orcs. Et ils ont tous un point commun. L’un des deux est un de tes descendants, Gal. Sans doute est-ce dû à ton sang pur de géniteur royal, mon Capitaine. »

Voilà qui donnait à réfléchir à l’ambitieux chef de guerre. Mettre en avant la primauté reproductrice des géniteurs royaux assiérait encore un peu plus son autorité sur son armée. Mais cela ne modifierait-il pas également la perception sur sa descendance, même hybride ? Les autres semi-orcs verraient peut-être dans ces fils de Gal leurs leaders naturels. Ou bien peut-être dans ces nourrissons issus de père et mères hybrides ? Décidément, à court comme à long terme, ces naissances impromptues menaçaient la structure hiérarchique que la capitaine pourpre s’échinait à développer avec ses fidèles lieutenants. Il n’entrevoyait qu’une seule solution acceptable et sécurisante. Afin de valider le résultat de ses réflexions, Gal posa une dernière question à son ingénieur militaire. « Rrrrr ! Comment peux-tu être certain que seule ma descendance hybride est en capacité de se reproduire ? »

« Mon Capitaine, après analyse, tes enfants possèdent des yeux jaunes, comme toi. C’est d’ailleurs ce détail qui m’a mis sur la piste. Et ils sont impliqués dans toutes les naissances. Après analyse, j’ai mis un peu de temps à comprendre car comme tu n’as pas ta propre escouade de gris, nous les avions assignés un peu au hasard, mon Capitaine. »

Le capitaine repris la parole pour annoncer ses décisions. « Rrrrr ! Dès aujourd’hui, je ne toucherai plus une dernière née de Nunn. Vlad, tu répartiras mon harem entre les soldats les plus méritants. Rrrr ! »

« Bien Capitaine ! » Le caporal le savait pertinemment, lorsque Gal employait ce ton, on ne pouvait répondre que pas l’affirmative et en respectant son statut de chef de guerre.

Avec une froide lucidité, l’orc rouge poursuivit. « Rrrrr ! Borg, je veux que tu récupères les neuf nourrissons. Trouve un prétexte... n’importe lequel... comme quoi on doit surveiller leur développement ou quelque chose comme ça. Rrrrr ! Ensuite, empoisonne-les, de manière à ce qu’on croit à une mort naturelle. Nous ferons courir le bruit que ces enfants n’étaient de toute manière pas viables.Rrrr ! »

L’ingénieur inclina servilement la tête. « Ce sera fait mon Capitaine. »

« Rrrrr ! Dites-moi à présent qui s’occupe de l’instruction des « gris » ? » demanda le maître de Udgog.

Vlad répondit du tac au tac. « Hardi ! C’est Broar. Veux-tu que je le convoque Capitaine ? »

Dans un sourire de connivence, le géniteur royal acquiesça. « Rrrrrr ! Il est temps de réaliser une grande revue d’effectif de nos nouvelles troupes. Les raids ne suffisent pas à préparer correctement à la guerre. Rrrrr ! Nous allons évaluer l’efficacité des différentes escouades. » Puis Gal se tourna vers Borg. « Rrrrrr ! Dresse la liste de tous mes descendants hybrides, mâles et femelles. Ils constitueront nos cibles privilégiées. Laissons-les dans leurs escouades actuelles. Les regrouper serait trop voyant et pourrait éveiller la suspicion. Rrrrr ! »

Les trois orcs passèrent la semaine à peaufiner leur opération. Borg lista quarante-huit descendants de Gal. Vlad rajouta à cette liste une vingtaine d’hybrides qualifiés de fortes têtes par l’instructeur Boar. La purge pouvait commencer. Au matin de la nouvelle lune, le chef de guerre réunit l’ensemble de son armée sur le champ de manœuvres récemment créé, se servant du prétexte d’une inauguration pour lancer son jeu de dupes. Malgré la puissance de sa voix, un discours du capitaine n’aurait pas pu être entendu par l’ensemble des troupes ici réunies. C’est pourquoi les soldats avaient obtenu l’ensemble des instructions par leur voie hiérarchique. La journée commença par une revue d’effectif. Les escouades de gris faisaient face à la garde rapprochée et aux peuples alliés formant une allée centrale impressionnante, susceptible d’intimider n’importe quel ambassadeur venu de l’extérieur. Gal commença à avancer au centre du monumental axe. A son passage, les noirs inclinaient la tête en signe de révérence et de soumission. Comme le chef de guerre s’en doutait, les gris, moins au fait de cet usage n’anticipaient pas ce geste pour la plupart, marquant plutôt un mouvement de recul, manifestation animal et épidermique de leurs craintes. De temps à autre, un hybride restait stoïque, droit et fier, affirmant avec panache sa supposée bravoure. Sans crier gare, dégaina son poignard courbe et le planta dans le cœur d’un de ces fanfarons. Gal planta son regard dans les yeux jaunes du semi-orc. Il ne s’était pas trompé, celui-ci faisait bien partie de la liste.

Reprenant sa déambulation tout en nettoyant son poignard ; le chef de guerre déclama. « Rrrrrr ! La bravoure est nécessaire sur le champ de bataille ! Mais l’humilité est indispensable à un soldat pour obéir aux ordres ! Rrrr ! Je ne tolérerai pas la moindre remise en cause de mon autorité ! Par la volonté d’Abath-Khal, j’ai droit de vie ou de mort sur vous tous ! J’exige de vous un respect et une fidélité absolue. Rrrrr ! » Le géniteur royal trancha la gorge d’un autre bravache. Celui-ci s’affala lourdement au sol en tentant vainement de stopper l’hémorragie avec ses mains. En un instant, la victime, morte baignait dans une mare de son propre sang.

Cet acte de sadisme gratuit provoqua la réaction que Gal espérait. Cinq semi-orcs sortirent du rang, faisant ostensiblement face au chef de guerre. Un mâle à la carrure presque aussi imposante que celle de Vlad se tenait au centre. Il ressemblait à la description que ses adjoints lui avait fait du « meneur » des gris. Deux femelles râblées mais néanmoins musculeuses se tenaient à sa droite et deux des plus puissants hybrides gardaient sa gauche. Quatre d’entre eux arboraient les yeux jaunes de Gal. Le capitaine pourpre saisit l’opportunité pour réaffirmer et asseoir définitivement sa primauté sur l’ensemble de ses troupes. Il invectiva donc les rebelles qui lui faisaient face.

« Rrrr ! De quel droit êtes-vous sortis du rang ? De quel droit remettez-vous en cause mon autorité ? Rrrrr ! » Tel un grand prédateur, le géniteur royal avançait lentement vers ses proies en roulant des épaules, dans un grognement grimaçant, les fixant de son regard hypnotique.

Le leader tenta de justifier leur acte. « Nous, les gris, sommes cinq fois plus nombreux ! Pourquoi devrions-nous nous plier au commandement sanguinaire des orcs ? »

« Rrrr ! Vous pensez pouvoir nous tenir tête ! ME tenir tête à vous cinq ?!! » Il tendit le bras et laissa tomber son poignard dans un fracas métallique qui sonnait comme le glas pour ces inconscients. Puis il détacha la ceinture par laquelle son épée était ceinte. « Rrrr !Même sans armes, à un contre cinq, je vais vous prouver que je suis le seul maître de Udgog ! »

Bien que sûr de sa force et de sa supériorité, Gal avait demandé à Borg de tenir ses archers prêts si ce cas de figure se présentait. Mais son objectif demeurait de tuer dans l’œuf toute mutinerie potentielle. Son sens tactique le poussa à attaquer sur le flanc gauche de ses adversaires pour éliminer au plus vite les deux mâles secondaires décontenancés par la menace et ne sachant pas s’ils devaient sortir leurs armes. Alors que le géniteur royal arrivait à distance de ses cibles, le chef des mutins, plus prompt à saisir l’opportunité sortit son épée et se rua sur la gauche de son adversaire. Gal assena un puissant coup de pied latéral au plexus solaire, repoussant le belligérant sur plusieurs mètres avant que celui-ci ne tombe par terre. Dans la fluidité de l’action, le capitaine prit une impulsion. Il sauta pour atterrir de son pied droit sur le genou gauche d’un premier gris. Toujours dans le même mouvement, une seconde impulsion le fit redécoller pour atterrir du pied gauche sur genou droit du dernier mâle belliqueux. Les deux victimes expiatoires se retrouvèrent par terre, hurlant de douleur suite à la fracture de leurs articulations. Pour les assommer et ainsi définitivement les neutraliser, Gal mis un grand coup de pied dans la tête des semi-orcs qui rampaient tel de misérables insectes auxquels ont aurait retiré des pattes. A ce moment précis, les deux femelles, poignard en main, bondirent alors telles des tigresses sur le capitaine. D’un revers de la main, celui-ci envoya la première rouler sur une dizaine de mètres. Il saisit la seconde au vol par la gorge puis appliqua son étreinte inexorable sur sa gorge. Malgré ses gesticulations la pauvresse savait que son sort était scellé. Son poignard ne parvenait pas à entailler les poignets de force métalliques du puissant combattant. Sa compère tenta de la sauver en bondissant à nouveau, mais Gal, toujours aussi prompt la saisit également au vol. Il les étrangla sans leur adresser le moindre regard, fixant le chef des rebelles, marionnette pantelante, l’épée à la main. Gal s’adressa à lui autant qu’à l’ensemble de ses troupes, spectatrices de son indubitable supériorité. « Rrrr ! Tu n’es qu’un pleutre ! Rrrrrr ! Tu tentes de te révolter, mais tu te caches derrière tes femelles ! » Lorsque les guerrières eurent cessé tout spasme, le capitaine jeta les corps inertes sur le sol comme de vulgaires déchets sans importance. Puis il se dirigea vers les deux mâles gisant à terre et posa un pied sur le premier. « Rrrrr ! Tu dégaines ton épée face à un orc désarmé, mais tu laisses tes semblables mourir pour toi ! » Le chef de guerre écrasa violemment la tête du malheureux soldat gris qui explosa sous le choc. « Rrr ! Vous étiez cinq, mais maintenant tu es seul ! » Gal éclata le crâne du deuxième gisant. « Rrrrr ! Et à présent, tu pus la peur ! Je n’ai pas besoin de créatures comme toi dans mon armée ! »

Dans un élan mêlant la rage et l’instinct de survie, le soldat gris se rua sur le géniteur royal en brandissant son épée au-dessus de sa tête. Il abattit son arme de toutes ses forces. D’un leste pas de côté, Gal évita la charge. Le coup ne fendit que l’air et le capitaine bloqua la lame sur le sol en posant son pied sur le plat de celle-ci. Il décocha un crochet du droit au menton du mutin qui se retrouva les quatre fers en l’air après avoir lâché le manche de son épée. Le chef de guerre s’empara de l’arme et poursuivit ses remontrances. « Rrrr ! Tu ne sais pas te servir d’une épée ! » Devant l’attitude menaçante du maître de Udgog, le vaincu tentait de fuir. Mais dès qu’il tentait de se relever, dès qu’il esquissait le moindre mouvement, le capitaine le ramenait au sol en plaquant son pied contre sa poitrine. Sa fin était proche et il le savait. « Rrrr ! Tu n’as aucun sens du combat ! Rrrr ! Tu n’as aucun sens de l’honneur ! Rrrr ! Tu n’as aucun courage, même devant la mort ! » Sur ces mots, Gal lui trancha la tête dans une gerbe de sang, la saisit par les cheveux et la tendit à bout de bras pour la présentée à l’assistance. « Voilà ce qui adviendra de tout semi-orc qui remettra en question notre prédominance. Rrrrr ! »

Gal arrivait encore à son objectif premier, imposer son autorité à tous. C’est pourquoi il avait laissé le meneur en vie jusqu’à présent. Ainsi, il pouvait porter son discours plus longtemps et organiser un affrontement final théâtral. Mais ceci n’était que le début du spectacle et il fit une annonce solennelle à l’ensemble de ses troupes. « J’ai eu vent de cette révolte avant même qu’elle ait pris naissance ! Rrrr ! N’oubliez jamais que je suis un oniromancien ! Abath-Khal me parle dans mes rêves et me protège ! Je connais le nom de ceux qui ont participé à cette mutinerie et en ce jour, elle prend fin ! Rrrr ! Je traquerai les traîtres jusqu’au dernier ! » Au même moment que Gal prononçait son discours, les orcs noirs, chefs d’escouades saisissaient leurs poignards et comme convenu auparavant, au mot mutinerie ils égorgèrent les semi-orcs qu’on leur avait désigné. Certains gris tentèrent de s’enfuir. Ils faisaient partie de la rébellion mais n’avaient pas été identifiés. Borg avait anticipé cette éventualité, c’est pourquoi ses archers étaient à l’affût et transpercèrent tous les fuyards. Gal profita de cette démonstration de force pour exalter ses troupes.

Il hurla « Qui est votre chef de guerre ? »

La foule répondit chœur. « Le capitaine Gal ! »

« Êtes-vous prêts à mourir pour moi ? »

« Oui, nous sommes prêts ! »

« Rrrr ! Alors nous conquérons le monde ! »

« Oui ! » L’excitation était à son paroxysme. Les soldats braillèrent leurs réponses en brandissant leurs armes haut dans le ciel. Le reflet scintillant du soleil sur l’acier transformait la plaine en un champ d’étoiles. Les étoiles de la victoire que Gal accrocherait bientôt sur la voûte céleste pour la plus grande gloire d’Abath-Khal ?

La suite de la journée se déroula sans heurts avec l’exécution de mouvements de troupe grandeur nature et différents concours pour désigner les meilleurs soldats au combat à mains nues, au tir à l’arc ou à la course. Un immense banquet fut dressé par la suite et dura une bonne partie de la nuit. Toutes ces festivités camouflèrent fort adroitement la purge sanglante commanditer le matin-même. Le lendemain matin, Vlad, Broar et Borg rendirent leurs rapports à leur capitaine. Lors de la purge, cent vingt-neuf semi-orcs avaient été tués. Certains noirs avaient sans nul doute profité de l’évènement pour régler quelques comptes. Mais cela montrait également que la mutinerie avait déjà plus d’ampleur qu’estimée. Le problème semblait néanmoins résolu. Udgog ne serait plus menacée par les descendants hybrides de Gal. Les hybrides ne procréeraient plus jamais et accepteraient leur sort lorsque la fureur des batailles occuperaient pleinement leurs réflexions.

Peu avant le souper, Gal passa à l’improviste à l’atelier de son fidèle ingénieur militaire. Celui-ci s’affairait avec une demi-douzaine d’assistants autour d’un plan représentant apparemment une arme de siège. « Borg, mon bon ami, je suis entièrement satisfait de notre opération. Rrrr ! Si celle-ci a été un succès, c’est avant tout grâce à ta célérité. »

« Merci, mon Capitaine. »

« Mais, es-tu certain de n’avoir oublié aucune cible. Rrrr ! »

« Bien sûr mon Capitaine. »

« Rrrrr ! Vraiment ? » Gal pointa du regard Axel, un adolescent semi-orc que Borg avait pris en apprentissage après avoir repéré sa vivacité d’esprit. Gal en était persuadé, l’ingénieur avait involontairement occulté l’existence de ce gris avec des yeux jaune doré, car il ne voyait plus en lui que son disciple. Il n’en demeurait pas moins que ce jeune adepte constituait une menace potentielle. « Si tu le dis, je te crois.  Rrrrrr !» Le géniteur observa Borg s’arrêter comme pétrifié car il savait l’issue inéluctable. Le savant s’était entiché de ce gamin et le chef de guerre ne parvenait pas à interpréter les émotions de son adjoint à travers son attitude. Comme il ne pouvait pas avoir d’enfant suite à son émasculation, Borg avait trouvé en Axel un fils de substitution. L’ingénieur militaire lui en voudrait-il d’avoir fait ce qui devait l’être ? Ne nourrirait-il jamais un sentiment de vengeance à son encontre ? Ce serait un comble alors que c’est lui, le maître de Udgog qui l’avait extirpé de sa misérable condition ! Décidément, l’exercice du pouvoir s’avérait bien plus compliqué que celui de la guerre. Il lui était impossible d’accorder une confiance aveugle et inébranlable à quiconque, même ses plus fidèles amis !

Dans la nuit le jeune apprenti mourut étouffé dans son sommeil.

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Peridotite
Posté le 23/12/2022
L'Orc Gal se charge de politique nataliste et neutralise la rébellion que celle-ci provoque chez ses sujets.

Dans la première partie, Gal évoque le soucis des hybrides avec son conseil restreint incluant Borg puis il va mater la révolte des hybrides par la force.

Je me suis demandé s'il y avait des révoltes parmi les Orcs aussi. Pourquoi hybrides et Orcs ne s'allient-ils pas contre la politique de Gal ? Après tout, tout le monde l'a dans l'os à part Gal. Celui-ci ne permet même pas à ceux qui le soutiennent d'avoir le droit d'aimer une femme etc, c'est quand même vachement contraignant, pour les femmes comme pour les hommes en fait. On s'attendrait à des troubles bien plus tôt.

Mes notes de lecture

"qui bien utiliser"
> -ée

". Afin de ne pas trop les déprécier aux yeux des autres, les orcs noirs émasculés formèrent la garde rapprochée du capitaine Gal"
> J'avais compris que tous les Orcs étaient émasculés à part les reproducteurs, genre les puissants proches de Gal justement. En fait c'est juste Gal qui s'occupe de la reproduction ? Elle doit être au point mort vu qu'il ne fait clairement pas que ça. Et là, il doit s'entourer de tous les Orcs dans ce cas ? (Car ils sont tous émasculés à part les derniers nés ?)

"entre émasculation symbolique ou réelle"
> Donc ils conservent quand même l'emasculation ?

Je ne comprends pas très bien le principe de tout ça. Pourquoi tous les Orcs auraient accès aux femmes humaines ? La plupart sont émasculés de toute façon. Et ça ne mettrait pas Gal en compétition avec tous les autres pour les femelles orcs, ce qu'il souhaitait éviter jusque là ? Est-ce que ça marche comme chez les chimpanzés genre les femmes choisissent le meilleur et le plus beau pour la reproduction mais aussi pour repousser les autres singes et les laisser vivre tranquilou ? Or Gal qui est violent ne veut plus de ça et a aboli toute compétition par l'emasculation ? Du coup la race des Orcs est sur le point de s'éteindre ? N'y a-t-il pas des révoltes parmi les Orcs, n'y a-t-il pas des Orcs qui sont contre l'émasculation ? Pourquoi que les hybrides sont contre ? Et les femelles qui préfèreraient tel reproducteur/amant ne se rebellent pas non plus ? Que de questions 🙂

Aussi, je ne comprends pas la différence qui existe en Orc rouge, noir et gris. Quelle est leur place dans la société ?

"J’ai tout d’abord peur que ceci ne remette en question la structure de la société que nous venons de créer de toutes pièces."
> Et pas les autres Orcs du coup depuis des siècles ? 🤔

"les gris commencent"
> Il y a des gris aussi ? Oula je commence à être perdue

"Après analyse"
> Il le dit 2 fois de suite puis 2 autres fois après.

Comment ça se fait qu'ils veulent avoir (et ont eu) un tel contrôle sur la reproduction ? Il y avait trop d'Orcs a nourrir ?

"j’ai mis un peu de temps à comprendre"
> À comprendre quoi ? Cette phrase revoie à l'info précédente ? On s'attendrait à un "j'ai mis du temps à comprendre que quelque chose..."

"Comme le chef de guerre s’en doutait, les gris, moins au fait de cet usage n’anticipaient pas ce geste pour la plupart, marquant plutôt un mouvement de recul, manifestation animal et épidermique de leurs craintes."
> Phrase un peu dure à suivre

"Sans crier gare, dégaina son poignard courbe"
> Il manque le sujet de la phrase

"la victime, morte baignait dans une mare de son propre sang."
> Problème de ponctuation

"Plexus solaire"
> Pas sûr que tous tes lecteurs savent ce que c'est. Tu peux dire le ventre, c'est plus simple, d'autant que c'est une appellation vernaculaire

"sur plusieurs mètres"
> Je me souviens plus, ils ont le système métrique ?

"tu pus la peur"
> pues

"Dans un élan mêlant la rage et l’instinct de survie, le soldat gris se rua sur le géniteur royal"
> Je ne comprends pas pourquoi il ne réagit que maintenant. Avant, il a juste regardé ses compagnons se faire massacrer ? Pourquoi attaquent-ils tous Gal un à un. Ensemble, ils auraient pu le tuer easy peasy.

"le vaincu tentait de fuir. Mais dès qu’il tentait de"
> 2 fois "tenter"

"la purge sanglante commanditer le matin-même"
> -ées

Je suis à nouveau venue avec pleins de questions, on se refait pas ! Sur ce, je te souhaite un joyeux Noël, je reviendrai lire la suite après les fêtes :-)
Sebours
Posté le 24/12/2022
Bonjour Peridotite!
La structure Orc est mieux expliqué plus tard dans l'histoire.(Je l'ai vraiment théorisé après. Donc je ferai des inserts à la réécriture.) Seul le roi Orokko et ses descendants (tous rouges) ont le droit de se reproduire. Ca permet de limiter la démographie des villages et le roi est certain de ne pas se faire prendre sa place. Gal met en place une politique nataliste pour prendre le dessus et le pouvoir.
N'oublie pas que la fertilité est très très faible à pour chez les derniers nés de Nunn!
Et pour mater les révoltes, je vais inclure un système politique aztèque avec des sacrifices. On éradique facilement les meneurs.

C'est bien les questions, ça fait progresser!

Joyeux Noël et joyeuses fêtes!
Sylvain
Posté le 02/12/2021
Décidément, Gal ne rigole pas avec le respect! Inutile de faire grève. Il va même jusqu'à étouffer le fils spirituel de Borg. Celui-ci le trahira-t-il par la suite?

Un petit conseil quand tu décris un combat, évite les formules trop longues, choisis plutôt des termes concis et courts, ça donne du rythme à la lecture, et donc au combat. Tu peux raccourcir certains termes, ça passe mieux. Par exemple:
Au lieu de: "hurlant de douleur suite à la fracture de leurs articulations"
tu peux juste mettre: "hurlant de douleur, les articulations fracturées"

Attention également à ta timeline:
Gal a rencontré les humains 40 ans après le début de la trêve. On en est à 60 ans. Cela ne peut donc pas faire 30 ans que Gal se compose son armée hétéroclite grâce aux humains.
Sebours
Posté le 03/12/2021
Je comprenais dans l'armée hétéroclite tous les mercenaires des peuples alliés (harpies, minotaures...). Il a put les engager grâce aux commerce d'esclaves. Peut-être à éclaircir...
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