Noire Campagne 4

Par Eska

Comme construite par une araignée facétieuse, Aisille arborait en son centre une fière tour, mat ou s'ancraient de milliers de cordages épais rayonnant de son sommet jusqu'à de hautes murailles. Entre deux s'étendaient anarchiquement d'innombrables tentures aux couleurs et motifs bariolés. Le vent s'y engouffrant soulevait les tissus comme autant d'écailles sur le dos d'un dragon endormi. Aux textiles chauds et fluides, la pierre calcaire dans laquelle avait été érigée la ville répondait de sa noblesse millénaire. Autrefois rugueuse, les éléments l'avaient lessivée, polie à l'extrême. Sur sa surface le soleil devenait liquide, couvrant Aisille des couleurs du crépuscule dans une splendeur nacrée. À mesure qu'ils s'approchaient de la ville, Orbec décela une activité inhabituelle sur les cimes de la ville.

-Il y a ... des gens ? Là-haut ? Sur les grands draps ?

-Oui, on les appelle les tisseurs, leur devoir est de maintenir le grand mât depuis des générations. Ils cousent, racommodent, rabibochent toute la corde et les fibres dont sont faites les étoffes que tu vois.

Malgré la beauté insolente devant laquelle s'affaissait sa mâchoire, les épaules d'Orbec ployaient sous le poids d'une menace qu'elles ne connaissaient que trop bien. Il gardait fermement en main la matraque qui les protégeait de ma volonté. L'appréhension qui le tenaillait n'empêcha toutefois pas les odeurs printanières émanant de la ville d'arriver à ses narines. Des notes suaves de fleurs se mêlaient aux effluves d'épices, d'herbes et autres condiments merveilleux charriés par les marchands. À ce concert olfactif se joignit une clameur, scansion intraduisible d'une ville qui s'exprime par les voix de ses protégés. D'où que vienne le voyageur, Aisille se présentait à lui comme un bourgeon prêt à éclore, débordant de vie, n'attendant qu'à épater les sens dans une farandole de couleurs.

-Je ne comprends pas Ysaelle, cette ville, tu ne l'aimes pas ?

-Non, elle me répugne. Les plus belles plantes sont souvent les plus toxiques Orbec.

Le jeune homme me serra dans sa main, pris d'une hésitation.

Il savait se jeter dans la gueule du loup, mais ses jambes lui refusèrent la fuite.

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!Brune!
Posté le 18/02/2023
Coucou Eska,
Quel beau chapître ! La description que tu fais de cette ville est vraiment très réussie ; c'est coloré et poétique. J'adore !
J'ai relevé les mêmes broutilles que Claire ; aussi je ne t'embête pas avec cela et je poursuis ma lecture avec gourmandise ;-)
Eska
Posté le 23/02/2023
Hello Brune,

Merci pour ta lecture et tes encouragements :D
Je note également ce que tu relèves de concert avec Claire, cela n'échappera pas à la réécriture !
Baladine
Posté le 01/02/2023
Bonjour Eska : )
Je prends enfin le temps de lire ce petit bout de chapitre, et c'est un régal. Les descriptions sont très belles et rendent l'ambiance d'une ville où il fait bon vivre, avec ses couleurs, ses bruits, ses odeurs. C'est un vrai plaisir !
Le premier paragraphe est superbe !
Mes petites remarques point par point :
-Sur sa surface le soleil devenait liquide, couvrant Aisille des couleurs du crépuscule dans une splendeur nacrée. => pfiouuu c'est beau
--Il y a ... des gens ? Là-haut ? Sur les grands draps ?
-Oui, on les appelle les tisseurs, leur devoir est de maintenir le grand mât depuis des générations. Ils cousent, racommodent, rabibochent toute la corde et les fibres dont sont faites les étoffes que tu vois. => on se doute qu'Orbec est un des interlocuteurs, mais lequel... et à qui parle-t-il ? Raccommodent avec deux -c, me dit mon correcteur orthographique. Je ne l'aurais pas vu !
- Malgré la beauté insolente devant laquelle s'affaissait sa mâchoire, les épaules d'Orbec ployaient sous le poids d'une menace qu'elles ne connaissaient que trop bien. => je la trouve un tout petit peu alambiquée, celle-là, d'ailleurs je ne suis pas sûre de bien la comprendre :')
- la matraque. La matraque ? Mince je ne me souvenais plus qu'il y avait une matraque, ça doit être l'émotion des derniers jours. C'était pour quoi déjà ?
- Des notes suaves de fleurs se mêlaient aux effluves d'épices, d'herbes et autres condiments merveilleux charriés par les marchands. => ça aussi c'est beau ! Je bute un peu sur le "merveilleux", parce que je me rappelle que c'est le livre qui raconte, et je ne le vois pas du tout capable de s'émerveiller à propos de condiments, par contre ^^
- mettre une virgule avant les apostrophes : je ne comprends pas Ysaelle : je ne comprends pas, Ysaelle.
A très vite
Eska
Posté le 02/02/2023
Bonjour Claire !

C'est toujours un plaisir de te revoir dans mes commentaires :)
Merci pour tes gentils mots ! Ils me font chaud au coeur ! Je découvre tout aussi étonné que toi que "Raccommoder" s'écrit ainsi :O !

La matraque est tenue par Orbec depuis leur retour dans la vallée, il la garde pour assommer Ysaelle si le livre devait tenter quoi que ce soit ! Je l'ai probablement mentionnée sous le terme "casse-tête" dans les chapitres précédents.

Pour le manque de clarté concernant les interlocuteurs, je crois que je vais fusionner ce chapitre avec le précédent, la coupure est vraiment mauvaise et ce problème d'identification vient de la, merci de me l'avoir notifié !

Quant au "merveilleux" du livre, j'ai longuement hésité. Cela se justifiera néanmoins à mesure que le récit avance, son point de vue et sa nature se précisant ;)

Je m'attèle à corriger le reste en temps voulu !

Comme toujours, mille mercis pour ta lecture, et le temps que tu prends à relever tout ça, c'est grâce à ça que j'avance !
Baladine
Posté le 02/02/2023
Mais cette pauvre Ysaelle, tu la maltraites !
Je suis d'accord pour la fusion (même si tu perdras mon commentaire, snif!). Pour 300 mots c'est pas la peine de le mettre de côté ^^ Après ce qui est bien c'est qu'on peut faire des retours sur des éléments plus précis, mais bonnnn.
A très vite
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