— Footing ce matin vers cinq heures pour ne pas sombrer dans la folie sanguinaire, puis atelier crêpes poireau-abricot avec le concierge. Bref, un bon début de journée.
— Le concierge ? L'allumé avec sa chatte qui a la teigne ?
— Nan, pas celui qui a une blette sur le pif, l'autre.
— On a un autre concierge au château ?
— Il y a trois entrées, il faut donc trois concierges.
— ....
— Tu n'as pas l'air convaincu.
— C'est juste que, admettons...
— Oui ?
— Pourquoi un concierge pourrait pas gérer trois portes ?
— Tu demanderais à un même cuisinier de faire le flan vanille et la vanille du flan ?
— Non.
— Voilà ! Tu peux pas utiliser deux fois le même épluche-carotte en même temps, il faut donc en acheter deux et donc t'as deux cuisiniers, chacun pour en avoir un.
— Si tu le dis... Et le jogging, ça marche vraiment ?
— Incroyable, je te dis ! Tu devrais essayer, ça donne vraiment un sacré coup de boost au moral !
— Je devrais acheter des sabots de sport alors...
— Tu peux déjà essayer avec ceux de Murielle peut-être ?
— Je sais pas si elle voudra bien. J'ai encore bouffé une vieille qui vendait des mangues au bord du chemin.
— Quand ça ? Tu l'as pas dit à la patronne j'espère ?
— Non, bien sûr. C'était hier, il faisait nuit, j'avais faim, puis j'ai mangé une mangue...
— Oui ?
— Puis deux mangues....
— D'accord.
— Puis toutes les mangues, et je sais pas, entraîné par le mouvement, j'ai aussi gobé la vieille.
— Je parie que tu as encore eu des brûlures gastriques toute la nuit.
— ... Tu le diras pas à la cheffe, hein ?
— Je dirai rien, mais crénom, je t'ai déjà dit de pas mélanger sucres et protéines. C'est pas bon pour la fourrure.
— Je vais peut-être essayer le jogging alors, c'est ce que je me dis... Il paraît que ça aide à réguler l'appétit.
— Tu peux toujours essayer, oui. Puis tu verras, après tu pourras toujours goûter les crêpes poireau-abricot. Elles sont pas bonnes, mais elles sont pas mauvaises.
— Chez le gardien avec la blette sur le nez ?
— Nan, l'autre.
— Lequel autre si y'en a deux autres ? L'autre 1 ou l'autre 2 ?
— Le 2. D'ailleurs, il devrait pas tarder, je te le montrerai quand il passera.
— C'est vrai que le jour se couche... La patronne va pas tarder à se lever. Il paraît qu'elle était de mauvaise humeur au moment du coucher, l'aube était trop forte.
— Elle trouve toujours quelque chose pour râler de toute façon. Non, mais je te dis, tant qu'on a un moment de calme, là, pépère, il faut trouver une solution pour ton histoire d'appétit.
— C'est vrai que c'est pas agréable d'avoir tout le temps de l'appétit sans avoir faim.
— On est en tête-à-tête tous les deux, c'est le moment de trouver des solutions. Il faut être créatif, je crois en toi !
— ...
— Quoi encore ? Pourquoi tu fais cette tête en fesses de limace ?
— Eh bieeeen...
— Mais parle !
— ... Je croyais que j'avais bien donné ma réponse et que non, je voulais pas tringler les rideaux du donjon avec toi. Je suis désolé, mais j'ai beaucoup de mal avec le velours et les moisissures.
— T'es encore là-dessus ? J'ai tourné la page depuis ton rejet, tu sais. Même que...
— ... Que ?
— Disons que je suis même allé faire la poussière dans la bibliothèque.
— Arrête de raconter des obscénités pareilles ! Moi, je suis digne, Monsieur ! Je ne nettoie rien. Imagine qu'un petit passe près de nous, tu veux qu'il entende des choses pareilles ?
— Ooooh, ça va, il est encore tôt, on est seuls. Pour en revenir à la course à pied, tu devrais tenter un autre sport si ça ne te plaît pas.
— Tu penses à quoi ? Parce que je n'aime pas l'ambiance du ballon cheval.
— Qu'est-ce qui te gêne là-dedans ?
— Je sais pas... Je manque d'équilibre sur la balle pour lancer la tête de cheval. Et puis, ils font des blagues pas drôles et ça sent le propre ! Car oui, j'ose le dire, le vestiaire de l'équipe de ballon cheval sent le propre !
— Pas le ballon cheval, donc. On va finir par trouver.
— Je suis certain qu'ils font le ménage entre eux, les portes fermées. Enfin, sinon, on laisse tomber. Je peux bien grignoter, ça ne va pas changer grand-chose.
— Surtout, ne va pas répéter ça à ton croque-mort traitant.
— Qu'est-ce que t'en aurais à faire qu'il me fasse des remarques sur mon acidité éthérée ?
— Il se passe qu'il me fait peur, voilà.
— Mon croque-mort te fait peur ?
— Parfaitement ! Je le trouve si... coloré. Il cache sûrement quelque chose, je suis certain qu'il est du genre à vivre le jour.... Ce type de dépravé.
— Je ne vois toujours pas en quoi ma relation avec mon croque-mort te regarde.
— Eh bien, elle me regarde, parce que quand tu bouffes un gosse, c'est bibi qu'il vient engueuler. Et moi, je veux pas qu'il vienne me voir pour me parler de toi.
— Parce que tu veux pas qu'il vienne te parler de moi ?
— Je veux juste qu'il vienne pas et surtout qu'il me parle pas, ni de toi ni du mauvais temps, ni de la poussée de phéromones de l'herpès des cachots.
— Les cachots ont encore de l'herpès?
— En même temps, s'ils arrêtaient de gober n'importe qui eux aussi. Puis toujours à suinter, baver et saliver, pas étonnant que ça finisse par déconner s'ils roulent des galoches sans faire gaffe.
— Tu devrais modérer tes propos.
— Comment ça ? Je suis dans une dictature libre, moi !
— Je ne pense pas que le Cercle des Pierres À l'Usage de Fondations Souterraines apprécie ce genre de blagues.
— Ben voyons, encore le CPUFS hein. Tiens, y'a le concierge qui arrive !
— Mais il a une blette sur le nez !
— Mais non, c'est l'autre 2. D-E-U-X. Deux. Blaireau.
— Arrête, je vais rougir...
— Tu le mérites.
— Merci ma moufette.
En tout cas, merci beaucoup pour ta lecture
C'est les HO qui m'amènent et je ne suis pas déçue ! Je me suis bien marrée, c'est tellement absurde que je n'arrêtais pas de me dire "mais mais mais mais what ?" xD
Y a rien qui va dans cette histoire, rien de normal et c'est ça qui est hilarant ! J'arrive même pas à imaginer les protagonistes xD
Bref, très sympa :D Je vais aller lire la suite :3
Bisous !
Hahahaha et merci beaucoup, je pense que je vais reprendre le flan à l'occasion du Nano
Et merci beaucoup pour ton centième commentaire <3
J'adore ! J'ai l'impression de lire une pièce de théâtre absurde (à la manière de Ionesco ou Beckett), et je suis conquise ! J'ajoute ton travail dans ma PAL et vais lire la suite.
Mais merci pour ton passage en tout cas !
Non seulement l'humour absurde y est très bien jaugé, ni trop, ni pas assez, mais en plus ton dialogue est communicant. J'entends par là que l'absence d'indications du genre "dit-il calmement" ou "s'exclama-t-il" est parfaitement comblée par la clarté des paroles de tes personnages. On les imagine parler sans problème.
Et je te parles pas des barres que je me suis tapé en lisant !
"puis j'ai mangé une mangue... puis deux... puis toutes les mangues, et je sais pas, entraîné par le mouvement, j'ai aussi gobé la vieille." Incroyable ! :D
Ton histoire va droit dans ma PaL !
Et ouais, on ne parle pas assez du ballon cheval, je trouve, il faut lui rendre sa place d'honneur
En tout cas, un vrai plaisir de t'avoir fait rire !
Je m’en vais lire le 2
Quoi qu'il en soit, le fait que ça parte en full absurde est quelque chose que j'aime beaucoup et ces dialogues sont aux p'tits oignons, donc autant le dire, j'ai adoré et je m'incline bien bas ! Et vu qu'apparemment, ça va avoir une suite, ça part dans ma PàL !
Bref, tout ça pour dire que je te souhaite le même cheminement ! :D
Pour en revenir à l'histoire, car je suis quand même là pour ça. Je ne sais pas encore trop où tu vas, et c'est cool dans le full-dialogue absurde. Mais, j'avoue que je suis curieux de ce souci de l'appétit sans avoir faim. Et j'aimerais apprendre à connaître cet adorable croque-mort. En fait, on sait pas encore exactement où on va mais en fouillant bien, on a plein de pistes ! Et, j'adore ça !
Sinon, je ne sais pas si c'est voulu mais sauf erreur de ma part, en terme de "noms", on n'a rien pour différencier tes deux personnages. Peut-être que ça viendra ensuite ou que c'est un oubli, je ne sais pas. Je mentionne au cas où. Parce qu'en mentionné, on a la patronne, le(s) concierge(s), le croque-mort... Mais les personnages en présence, on est encore dans le flou. Rien de bien grave, ceci dit.
Rien de grave car l'humour est là, l'absurde brille partout et ça prend le dessus sur le reste ! C'est beau ! :3
Petite astuce que j'ai aussi (à prendre ou à laisser, du coup), des fois quand j'ai rien de spécial à faire dire à un personnage, au lieu de mettre les trois points de suspension, je mets un petit "Ah !" ou un "Oh !" voire autre chose du même genre. Il me semble qu'un "Ah/Oh/OK", ça passerait bien dans ce premier morceau, par exemple. Mais comme je disais, simple suggestion.
J'ai hâte de revenir pour la suite ! Car il est vrai que c'est frais, léger, feel-good à souhait et ce flan, c'est tout ce que j'aime !! :D
En tout cas, je prends chacun de tes retours avec beaucoup d'attention, et ils sont pertinents ! Ravie que ça ait pu te mettre un peu de baume au coeur aussi :)
Bah c'était une petite interlude dans mes lectures trop sérieuses super plaisante à lire. Tout dans le dialogue est fluide. On passe d'une anecdote à l'autre avec une facilité déconcertante. Je ne vais même pas me plaindre de l'absence de décors ou de réelle indication temporelle (même si j'ai compris qu'on approchait du coucher du soleil j'imagine) parce que le long dialogue est juste parfait
Ça irait tellement bien en sketch sur scène ou en petite pièce de théâtre humoristique. Vraiment, j'ai beaucoup aimé ! J'attends la suite héhé
Ecoute, c'était le but, vraiment rire, du rire et encore rire et de l'absurde. Puis je voulais tester le format full dialogue, ayant tendance à un peu trop me reposer sur les descriptions.
Héhéhé, tant mieux si ce début marche alors, de toute façon, je compte bien m'éclater tout autant pour la suite