Maïwa

Par Notsil
Notes de l’auteur : Une petite nouvelle indépendante ici. Y'a des trucs qui me chiffonnent sans que j'arrive à mette le doigt dessus, donc...

Maïwa était au centre du cercle formé par les femmes de sa famille. Ses mères, sa grand-mère,  ses deux cousines et ses trois tantes, toutes riaient, chantaient et frappaient dans leurs mains.

Ce matin, son premier Sang avait coulé.

Tout le Clan célèbrerait cette bonne nouvelle ce soir, au cours d’une grande fête.

Ses mères étaient venues dès ses premiers cris de joie, pour tracer les symboles rituels. Une demi-lune reliait ses sourcils, tandis que deux autres remplissaient ses joues.

Car désormais, Maïwa vivrait sur le rythme de la lune de Kléïto.

En attendant, elle n’avait toujours pas mangé, et la tête lui tournait. Savoir qu’elle devait attendre le soir suffisait à tordre son estomac. Rituel de purification ou pas, elle avait faim.

Les chants terminés, chaque membre du Clan vint déposer un bâtonnent d’encens à l’entrée de sa tente en guise de félicitations. Au moins, l’odeur âcre camouflait celle du sang. Elle avait beau savoir que c’était naturel, l’odeur métallique face à son estomac vide lui donnait la nausée.

Aujourd’hui, Maïwa serait couverte de présents ; à la fin de sa période de Sang, elle pourrait solliciter l’entrée dans la communauté des adultes.

Comme les autres Clans du désert, c’était une Matriarche qui dirigeait le Clan de Maïwa.

Après tout, les hommes n’étaient tolérés que pour les servir.

Désormais, Maïwa pourrait choisir une Compagne – pour une nuit, quelques mois ou la vie, selon les modalités du contrat qu’elles signeraient. Et décider de louer un homme du Clan si elle souhaitait avoir un enfant.

C’était la solution la plus pratique, à moins d’être suffisamment riche pour entretenir une deuxième tente et un homme. À quatorze ans, elle n’y songeait même pas.

Un nouveau monde s’ouvrait à elle.

*****

Une semaine avait passé et Maïwa possédait désormais sa propre tente, offerte par la Matriarche en personne. Si dans un premier temps elle s’était réjouie d’être enfin une adulte, elle apercevait à peine la somme de travail qui devenait désormais sienne.

Maintenant, elle pouvait monter sa propre affaire. Soit poursuivre au sein de l’entreprise familiale de tissage, soit compter sur ses propres atouts.

La jeune femme adorait la sculpture et le désert regorgeait de splendeurs. Mais son Clan, comme les autres, était nomade. Une question de survie sur ce monde hostile.

Dans l’immédiat, elle n’avait aucun moyen d’acquérir un chariot pour transporter sa matière première. Toutes ses possessions tenaient sur son dos.

–Votre thé, Dame Maïwa.

Elle s’empara de la tasse et but une gorgée. La température était parfaite, comme toujours, et Orus s’était souvenu qu’elle l’appréciait avec une pointe de miel.

Le serviteur se retira en gardant les yeux rivés au sol.

Nul homme n’était autorisé à regarder une femme sans permission. Les serviteurs étaient dressés pour passer inaperçus. Ils s’activaient en silence, si discrets qu’on en aurait oublié leur présence.

Maïwa songea qu’elle devait demander à ses mères de lui en prêter tant qu’elle ne travaillerait pas à son compte. Monter la tente, s’occuper des repas… tant de corvées dont elle pouvait maintenant se décharger.

*****

Le campement installé pour la nuit, les femmes se réunirent autour du feu tandis que la nuit tombait et que les températures chutaient.

Le désert était peut-être une fournaise en journée ; la nuit, il devenait glacé.

–Demain, nous franchirons la passe des Colonnades, annonça Jade, la Matriarche.

En charge du Clan, elle décidait de leur itinéraire. Seule Samara, la chercheuse d’eau, avait le pouvoir d’infléchir leur trajectoire.

–N’est-ce pas dangereux à cette époque de l’année ? s’inquiéta Sarayana.

Elle était celle qui avait donné naissance à Maïwa ; sa première mère.

–C’est le  chemin le plus court vers l’oasis Vertille, expliqua Samara. Nos réserves sont au plus bas. Nous n’avons guère le choix.

–Et contourner serait tout aussi dangereux. Nous traverserions le territoire du Clan Nagoya et nous ne sommes pas en bons termes avec eux depuis que nous avons empiété sur leur marché.

–En effet, reconnut Sarayana.

–Nous prendrons la route à l’aube, déclara Jade.

*****

Le soleil était encore bas sur l’horizon quand la caravane s’engagea dans la Passe.

Elle devait son nom aux colonnes de grès rouge sculptées par le souffle abrasif du désert. Maïwa adorait l’endroit. Certes, la gorge était étroite, sinueuse et propice aux embuscades. Mais les strates sombres et claires qui striaient les colonnes de pierre étaient une pure merveille à ses yeux de sculpteuse.

Un jour, se promit-elle, elle taillerait cette pierre et en ferait une œuvre monumentale.

La traversée leur prit la journée.

Les rares visiteurs évitaient de se déplacer sous la morsure brûlante du soleil mais les natifs étaient habitués aux températures élevées.

Comme la Matriarche l’avait prévu, ils arrivèrent à l’oasis avec les derniers rayons du soleil.

Les hommes étaient épuisés par les efforts de la route. Après une courte pause et le droit de se désaltérer, ils furent remis à contribution pour monter le campement.

Ils ne se plaignirent pas. Depuis leur enfance, ils avaient appris que renâcler  à obéir signifier être battu ; ou pire, rejoindre la Cage pour un temps.

L’évasion ? Certains en parlaient. Mais qui aurait été assez inconscient pour s’aventurer seul dans ce désert sans fin ?

*****

Maïwa s’éveilla avec un mal de tête géant. La veille, elle se souvenait de la fête donnée en remerciement à Samara pour avoir trouvé de l’eau.

Pour la première fois, elle n’en avait pas bu une goutte, si elle en croyait sa migraine. Sa bouche était sèche et pâteuse. Elle avait soif. La jeune femme s’assit pour se saisir du pichet qu’un serviteur posait toujours à côté de sa paillasse.

Pichet qui était absent.

Maïwa fronça les sourcils. C’était inhabituel.

Elle se leva, passa les multiples épaisseurs qui lui permettaient de supporter la chaleur du désert et ouvrit le rabat de sa tente.

Ce qu’elle découvrit la paralysa.

Les femmes du Clan avaient été regroupées, ligotées comme des bêtes. Il ne fallut que peu de temps à Maïwa pour les rejoindre.

–Que s’est-il passé ? murmura-t-elle à une consœur.

–Des hommes du Désert Blanc, répondit amèrement cette dernière.

Maïwa paniqua. Les mythes étaient donc réels ? Il y avait réellement un désert de glace au-delà des terres brûlantes ? Elysia acquiesça. Maïwa était encore trop jeune pour tout connaitre de leur planète ; en quelques mots chuchotés, Elysia lui dévoila les deux climats extrêmes qui régnaient sur la planète. Si les Matriarches dominaient le côté chaud, les hommes étaient au pouvoir dans le froid. La mince zone tempérée, ceinturée de montagnes, qui séparait ces deux modes de vie, était une zone tampon. C’était là que se trouvait la Porte, ce passage qui permettait de circuler entre les douze planètes de la Fédération ; c’était là également que les criminels purgeaient leur peine. Toute tentative d’évasion les confrontait à des contrées hostiles ; et chacun des peuples de Kléïto avait le droit de disposer des évadés à leur guise. Il s’agissait de leur compensation à accueillir les criminels des douze Royaumes.

Stupéfaite par les révélations de sa consœur, Maïwa reporta son attention autour d’elle, tâchant d’assimiler un maximum d’informations.

Leurs serviteurs étaient également parqués. D’autres hommes s’occupaient d’eux, leur dévoilant un tout nouvel avenir de liberté.

–Qui est la Matriarche de votre Clan ? demanda une voix grave.

L’homme était grand, massif. Bras croisés, il toisait ses prisonnières avec un mépris que Maïwa n’avait jamais vu. Elle frissonna.

–Je suis Jade, Matriarche du Clan Salé, répondit-elle en se levant.

Elle ne baissa pas le regard, refusant de s’avouer vaincue alors même que la situation était sans issue.

–Vous n’avez pas le droit d’être ici, poursuivit-elle. Les Accords vous l’interdisent.

L’homme sourit.

–Je me moque des Accords. Nos Camps sont toujours à la recherche de sang neuf.

–Un contrebandier, cracha-t-elle.

–Exact. Et vous allez bientôt découvrir la beauté du désert blanc et la morsure glacée de ses vents. Vous nous servirez. C’est la juste loi de la glace.

L’univers de Maïwa s’effondra. Un monde dominé par les hommes. C’était inimaginable. Les femmes avaient toujours tenu les rênes des Clans, pour leur survie à tous.

Et maintenant, elle allait devenir l’une de leurs servantes. Un réceptacle tout juste bon  à leur donner des enfants. Les larmes roulèrent sur ses joues.

À ses côtés, Elysia glissa ses doigts au creux de sa main.

–Garde courage, ma sœur, murmura-t-elle.

*****

Maïwa frissonna comme le vent glacé s’engouffrait sous sa tunique. Leurs ravisseurs préféraient voyager de nuit pour se préserver du soleil implacable du désert.

La jeune femme essayait de calquer son attitude sur l’indifférence glacée qu’affichaient ses ainées. Sarayana et Aélis, ses mères, la couvaient du regard, tentaient de la rassurer par des sourires.

Maïwa ne songeait qu’à l’enfer que sa vie allait devenir.

Quand l’aube s’annonça, voilée d’écarlate, les premiers contreforts des montagnes se dessinaient au loin. Lorsqu’ils les auraient franchies, tout espoir aurait disparu. Maïwa n’était pas la seule à l’avoir compris, car tout autour d’elle, les assurances de façade se fissuraient.

Les tentes furent montées pour les abriter quelque peu de l’ardente morsure du désert. Maïwa étouffa un bâillement, et malgré la chaleur étouffante, s’obligea à chercher le sommeil. La route serait longue encore, cette nuit, et comme Elysia, elle cherchait à ménager ses forces.

La jeune femme dormait profondément lorsque l’agitation soudaine du camp la réveilla en sursaut. Les cris d’alerte et les jurons se mêlaient au cliquètement de l’acier et au sifflement des flèches. Maïwa hésita. Sortir pour tenter sa chance ? Rester cachée à l’abri des combats ?

La décision fut prise pour elle quand la toile de sa tente se déchira sur toute sa longueur. Un homme s’écroula tout prêt d’elle, une flèche noire empennée de rouge fichée dans sa poitrine. Maïwa retint un cri.

–Tout va bien, petite sœur ?

Une archère se tenait près d’elle. Ses longs cheveux blonds étaient noués artistiquement, agrémentés de perles et de plumes colorés. Elle portait une tenue de cuir renforcé ; des brassards protégeaient ses poignets et un carquois pendait à sa ceinture. Ses yeux étaient d’un bleu à peine plus soutenu que sa peau. Maïwa ne pouvait en détacher son regard. C’était tellement étrange !

N’était-elle pas en train de rêver ?

L’apparition lui tendit une main secourable, qu’elle attrapa pour se remettre sur pieds. Tout autour d’elle, les combats s’apaisaient. Maïwa aperçut ses mères, et courut se jeter dans leurs bras, soulagée.

À quelques pas, elle reconnut la Matriarche de leur Clan, en pleine conversation avec… une centauresse ? Maïwa se rappela de ses cours, ennuyeux au possible, qui leur avaient présenté les autres Royaumes de la Fédération. Elle ne s’y était jamais intéressée, convaincue de passer sa vie dans le désert de ses ancêtres. Les autres peuples étaient trop différents. Trop étranges. Trop effrayants. Leur présence ici lui paraissait surréaliste. Comme si les personnages des contes que lui récitaient ses mères prenaient corps.

–Je suis Olane do Thisis, je dirige la Compagnie de la Lune Sanglante, se présenta la centauresse.

Le croissant rouge était épinglé sur sa veste de cuir noir. Un baudrier était fixé à sa taille, supportant une dague et une épée courte.

–Nous sommes arrivées juste à temps, poursuivit-elle. Ces lâches se croient vraiment tout permis de nos jours !

–Vous avez toute notre gratitude, Olane, répondit Jade. Votre compagnie mérite sa réputation.

Les mercenaires se rassemblaient autour de leur capitaine, et Maïwa put contempler toute la diversité qui peuplait les douze Royaumes : deux géantes dépassaient les autres d’au moins deux têtes ; plusieurs avaient la peau aussi noire que l’ébène, d’autres une peau d’une étonnante teinte bleu-vert qui miroitait au soleil.

Une ailée atterrit souplement à leurs côtés.

–Rien à signaler, capitaine. Pas de renforts, ils étaient sûrs d’eux.

–Bien, Eléa. Établis un périmètre de sécurité.

–Veuillez accepter notre hospitalité, intervint la Matriarche Jade. Nous partagerons l’eau.

–Nous acceptons votre offre avec plaisir, répondit Olane.

La Matriarche du Clan Salé lança quelques ordres brefs et bientôt le camp bourdonna d’activité. Les cadavres furent entassés, les blessés regroupés pour être soignés sous les tentes. Ligotés, les prisonniers baissaient la tête sous le soleil brûlant.

La loi du désert était impitoyable, Maïwa le savait. Le soleil était haut dans le ciel ; les contrebandiers ne seraient abreuvés qu’à la nuit tombée. S’ils survivaient jusque-là.

La grande tente montée, Jade invita Olane et ses lieutenantes à l’intérieur. Seul le Conseil fut autorisé à les rejoindre ; Maïwa, comme Elysia et les autres, patienta dans la fraicheur relative de tentes plus petites. L’adolescente était ravie d’être auprès de ses mères. Les derniers évènements avaient été éprouvants, si différents de son quotidien.

–Comment te sens-tu, ma fille ? demanda Sarayana.

Ma fille, et non « mon enfant », car Maïwa n’en était plus une.

–J’ai eu très peur, maman. Pourquoi les hommes sont-ils si méchants ? Si féroces ?

–Tous ne sont pas ainsi, tempéra Aélis en lui caressant les cheveux.

–Alors pourquoi sont-ils cantonnés au rôle de serviteurs ? contra la jeune fille.

–Cela fait partie des Accords, expliqua patiemment Sarayana. Les enfants mâles nés chez nous nous servent jusqu’à leur vingt-cinquième anniversaire, où ils peuvent rejoindre les hommes du désert blanc.

–Ceux qui exploitent les femmes.

–Jusqu’à leurs vingt-cinq ans, acquiesça Aélis. Comme nous.

–Les Accords nous lient, rappela Sarayana. Grâce à eux, les raids comme celui que nous avons subi sont bien plus rares.

Maïwa garda le silence. Jusque-là, elle avait toujours considéré comme normal que leurs serviteurs soient mâles ; après tout, les hommes ne servaient qu’à concevoir un enfant, tandis que les femmes commerçaient, discutaient, géraient les affaires du Clan au quotidien.

Néanmoins, cette attaque, cette discussion… ses pensées cherchaient à s’adapter à ce nouvel angle de perception.

Y’avait-il d’autres vérités que la sienne ? Les adultes pouvaient-ils avoir tort ? Vivait-elle dans un mensonge ?

–Tu es épuisée, ma fille, commenta Sarayana. Repose-toi. Les mercenaires ne repartiront pas avant demain. Tu pourras leur poser toutes les questions qui te taraudent et obtenir les réponses qui te feront réfléchir. Leur vie est différente de la nôtre, tu en tireras un bénéfice.

*****

Quand Maïwa s’éveilla, le soleil avait déjà entamé sa lente progression vers le zénith. La double toile de sa tente n’étouffait pas les bruits du campement ; en plein préparatifs de départ.

La jeune femme s’étira. Elle était seule, alors elle se vêtit rapidement et écarta le rabat de sa tente. Maïwa plissa les yeux le temps de s’accoutumer à la lueur éblouissante puis s’orienta vers l’endroit où les mercenaires avaient monté leur camp.

Ses rêves avaient été peuplés de songes plus étranges les uns que les autres ; elle brûlait de trouver quelqu’un avec qui partager ses interrogations.

–Puis-je t’aider, petite sœur ?

Maïwa reconnut l’archère à la peau bleue de la veille. Assise à l’ombre d’une tente, son carquois sur le sol, elle s’employait à empenner ses flèches de plumes colorées. La jeune femme admira ses gestes sûrs et précis, observa les pointes effilées à l’autre extrémité. Malgré leur beauté, ces armes étaient mortelles.

–Vous pensez que les hommes sont des créatures dangereuses ?

L’archère rangea sa flèche, considéra le regard sérieux de la jeune fille en face d’elle.

–Assieds-toi, l’invita-t-elle.

Maïwa obtempéra.

–Crois-tu que la réponse soit simple ?

–Je ne sais pas… j’ai eu si peur !

–La peur n’est pas une raison pour condamner, rétorqua la Niléenne. Quel est ton nom, petite sœur ?

–Maïwa.

–Je suis Miwan do Narileene. Comme tu peux le deviner à la couleur de ma peau, je suis originaire du Dixième Royaume, la planète dédiée aux arts. Pourtant, je suis aussi membre de la Compagnie de la Lune Sanglante. Penses-tu qu’on puisse si simplement juger sur l’apparence ?

Maïwa rougit.

–Certes non. Je ne voulais pas vous offenser. Mais pourtant… il n’y a que des femmes, non ?

–Oui, sourit Miwan. C’est le choix de notre capitaine.

–Pourquoi, si les hommes ne sont pas tous mauvais ?

–Tu es trop jeune pour comprendre qu’un homme peut aussi être source de bien des plaisirs !

Maïwa se renfrogna.

–Je ne suis pas aussi innocente que vous pensez le croire !

–Mais tu n’as encore que peu d’expérience sur la diversité du monde qui t’entoure, contra Miwan. Si les hommes étaient aussi inutiles que tu le penses, pourquoi Eraïm aurait-il pris la peine de les créer ?

–Je n’ai pas dit qu’ils étaient inutiles. Juste que… leur façon de nous traiter a été effroyable. J’aurais pu finir esclave dans le désert froid, pour le restant de mes jours !

–Et les hommes qui te servent, ne sont-ils pas esclaves de vos traditions, eux aussi ? rétorqua Miwan.

–Ce n’est pas pareil ! protesta la jeune fille.

–Ont-ils le droit de partir ? Sont-ils payés ? Peuvent-ils refuser d’obéir ?

–Non, mais…

–Alors je ne vois pas de différence, coupa l’archère.

Maussade, Maïwa se renfrogna. Se pouvait-elle qu’elle se trompe ? Miwan était une femme, tout comme elle. Pourquoi ne comprenait-elle pas que les hommes devaient être chargés de chaines pour obéir ? Ceux du désert blanc étaient libres, et voilà où leur liberté les menait : à conduire des raids, à venir les menacer sur leurs terres mêmes.

–Comment savoir ? se plaignit la jeune fille.

Miwan se montra compatissante.

–Il y a des hommes bons, il y a des hommes mauvais. Comme pour les femmes. Comme pour chaque peuple de la Fédération. Il y a ceux aveuglés par l’amour, ceux motivés par l’argent, ceux qui recherchent la gloire. On peut se pardonner beaucoup d’atrocités, sous couvert d’un but plus noble, plus louable. Et bien souvent, plusieurs motivations s’entrecroisent. Rien n’est simple, dans la vie, petite sœur.

–Alors pourquoi on ne nous parle pas de tout ça à l’école ?

–Parce que l’école ne vous donne les bases de votre histoire. Certaines expériences doivent se vivre, pour être comprises.

Maïwa resta silencieuse. Elle était venue chercher des réponses à ses questions, et même si elles n’étaient pas celles espérées, elle en tenait quelques-unes. La jeune fille devinait qu’elle avait besoin de temps pour assimiler toutes ces données. Miwan avait raison sur un point : rien n’était simple. Elle avait cru son avenir limpide, elle le découvrait plus complexe qu’elle ne l’imaginait.

Peut-être était-il temps pour elle de prendre du recul. D’ouvrir son horizon. De confronter d’autres modes de vie.

Miwan se leva, et Maïwa s’empressa de l’imiter. L’archère boucla son carquois, serra les protections sur ses poignets.

–J’aurais aimé poursuivre cette discussion avec toi, Maïwa. Continue de te poser des questions. Un jour, tu trouveras ta réponse. Elle sera différente de la mienne ou de celle de tes mères, car elle t’appartiendra. Et peut-être sera-t-elle différente de celle que tu attendais.

 

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Osewalt
Posté le 10/11/2020
Bonjour ~
Je suis ravie de te retrouver ici, par hasard, alors que PA me propose de te lire !
J'ai vite vu que c'était une suite alors je me suis reportée sur cette nouvelle.
Je l'ai trouvé très fluide et plaçant un monde qui semble impitoyable. Ils posent les bonnes questions aussi.
Ça me donne vraiment envie d'en savoir plus, tout en ayant peur que l'arc principal soit encore plus sombre !
Merci de ce partage ♪
Notsil
Posté le 10/11/2020
Coucou ^^ Merci pour ton passage ^^ Je n'ai pas l'impression que les 12 Royaumes soient vraiment sombres, enfin, un peu, mais pas trop trop trop non plus ;)
Ca me fait plaisir en tout cas, et qui sait, peut-être à une prochaine ^^
Mithaël
Posté le 25/06/2020
Coucou !
Du coup d'après ce que j'ai cru comprendre c'est une histoire indépendante de l'histoire principale ?
Et même si je ne comprends par forcément tout je dois dire que ça m'a donné envie de lire l'histoire principale ^^
Notsil
Posté le 25/06/2020
Coucou ! Oui c'est avec un personnage qui n'apparaitra pas du tout dans l'histoire principale (j'ai pas encore placé cette historie dans la chronologie, mais je pense bien 20-50 ans plus tôt). Chaque planète/Royaume a ses caractéristiques propres, et on ne voit pas celui-ci dans l'histoire principale.
Merci de ton passage ;)
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